Chapitre 11
A contre cœur, je remonte la fermeture éclair jusqu'au col en soufflant d'exaspération. Je suis déguisée en panda. Un putain de panda qui va se retrouver sur des skis. A quoi ça sert de s'épiler si je me retrouve avec des jambes noires poilues à cause de ce déguisement ? Je grommèle dans ma barbe (heureusement inexistante pour sa part), et me fixe avec circonspection devant le miroir. Quelqu'un toque à la porte de ma chambre et quelque secondes plus tard, Matthieu apparait, visiblement désireux de savoir si je respecte ou non mon pari. Et puis, n'oublions pas que je vais skier avec son cadeau de Noël.
Il fait la moue, comme s'il essayait de contenir son rire. Je le regarde par le truchement du miroir en plissant les yeux.
- Si tu t'avises de faire le moindre commentaire, tu peux être sûr que je m'enferme dans cette chambre et que vous ne me verrez jamais déguisée en mangeur de bambou !
Il lève les mains en signe de reddition.
- Promis, pas un mot.
Il fait demi-tour, mais juste avant de refermer la porte, sa tête réapparait.
- Mais rajoute la capuche quand même, c'est beaucoup plus chouette avec les oreilles.
Sur ce, il me fait un clin d'œil et referme la porte. Stupide jeu ! D'un pas lourd je me traine jusqu'au salon pour attaquer ma journée de ski. Oui oui, en combinaison... de pyjama. Charlie qui était en train de nettoyer sa tasse, m'aperçoit et un grand sourire moqueur s'installe sur son visage. Elle repose sa tasse au fond de l'évier et croise les bras.
- Mais regardez-moi ça ! Qu'elle est ravissante, cette petite boule de poils !
- Tu sais ce qu'elle te dit la boule de poils ...?
Je venais de descendre les dernières marches de l'escalier et allais lui expliquer le fond de ma pensée quand elle me fourra du chocolat dans la bouche.
- Mange, ça te rendra moins irritable.
Je mâche énergiquement le chocolat – tout en savourant bien entendu -, mais continue de bouder. Evidemment, la veille, le jeu s'est arrêté juste après moi car tout le monde avait peur de récupérer un gage. Quelle bande de trouillards. Je prends une part de brioche et me verse du thé. Thomas débarque en sifflant, lorsqu'il remarque mon accoutrement. Il passe à côté de moi tout en ébouriffant mes cheveux, puisque je n'ai pas encore eu le courage de mettre la capuche. Je le repousse de ma main qui ne porte pas la part de brioche à la bouche.
Enfin, je rejoins Liz qui est déjà en bas, pour mettre mes chaussures. Elle ne dit rien sur ma tenue et me sourit simplement pour me saluer. Enfin une qui me respecte. Les trois autres compères arrivent un à un et nous sommes tous prêts au bout de cinq minutes. Thomas et Matthieu refusent catégoriquement que j'enfile un manteau puisque, je cite : « Ca enlèverait tout le charme de la blague » d'après Thomas, et que « un peu de singularité dans un monde où tout le monde est habillé pareil ne fait de mal à personne », sur les dires de ce cher Matthieu. C'est clair que les microbes que je vais attraper ne vont pas lui faire de mal, à lui ! Sans parler de mon casque qui reste bien sagement sur le banc du garage. Ma pauvre petite tête bientôt fracturée...
J'ai quand même pris mes précautions en étant plus que bien couverte sous la combi. Mes poches aussi, sont bien remplies. Barres de céréales pour remonter le moral. Charlie rabat ma capuche sur mon crâne et me voilà pourvue de petites oreilles noires et d'un museau. (J'ai même un petit pompon sur les fesses !). Je récupère ma paire de ski et mes bâtons tout en accédant à l'extérieur. Je me demande combien de temps il me faudra avant d'être complètement trempée pour cause de chutes. Dix minutes ? Je ne me donne pas plus.
Alors que la veille, on ne pouvait voir à trois mètres devant nous à cause de la neige, aujourd'hui, le ciel est dégagé, même ensoleillé. Peut-être que je n'aurais pas si froid que ça après tout... Je grimpe la petite pente pour accéder aux pistes et Charlie me rattrape en sautillant. On dirait que cette fille est toujours gracieuse, même quand elle est entravée par des chaussures de skis pour le moins pesantes.
- Allez, ne fais pas cette tête ! Ca va être drôle ! Et puis James ne pourra pas résister à ton charme sauvage...
- Charme de panda sauvage, je n'aurais pu rêver mieux... je marmonne. Et puis pourquoi tu me parles de James ? Je me fiche de ce qu'il pense de moi. Là n'est pas la question...
C'est à son tour de lever les yeux au ciel. Elle sait très bien qu'il ne me laisse pas indifférente. Comme nous ne sommes pas en avance pour le cours avec mon amie, nous nous dépêchons de monter sur nos skis. Liz, Matthieu et Thomas décident de nous accompagner pour saluer James. Je dévale la descente à toute allure, heureusement, nous sommes en retard et personne ne me fait de remarque. J'arrive devant l'ESF sans être tombée et sens une petite pointe de fierté grimper en moi. James qui est dos à nous ne nous a pas encore vus. Lorsqu'il se retourne, il écarquille les yeux et un instant je ne comprends pas pourquoi, jusqu'à ce que je me remémore la façon dont je suis habillée.
Je gère plutôt bien mon chasse-neige pour un panda. Il dit bonjour à tout le monde même si Thomas ne semble pas très affable et se tourne enfin vers moi en souriant.
- Je ne savais pas que c'était le carnaval aujourd'hui... me taquine-t-il.
- Alice aime exprimer sa véritable personnalité, explique Charlie en pouffant.
Je la fusille du regard.
- Ce que Charlie essaye de te dire, c'est que j'ai été contrainte – j'insiste fortement sur le dernier mot- de me ridiculiser sur les pistes.
- Pas besoin d'être un panda pour te ridiculiser, il suffit de te regarder skier cinq minutes... déclare nonchalamment Thomas qui remet son gant tout en écoutant la conversation.
- Je vais remédier à cela, ne t'inquiète pas ! me promet James en faisant un clin d'œil.
Promesses vaines. Je commence déjà à avoir froid ainsi vêtue. Je frissonne légèrement, ce que James remarque en levant un sourcil, attentif. Thomas jette un dernier coup d'œil à mon moniteur avant de me donner rendez-vous ici dans trois heures. Nous les regardons tous les trois partir pour ensuite nous diriger nous-mêmes vers la télécabine.
- Vous avez fini les sablés d'hier ? demande James pour engager la conversation.
- Alice a fini les sablés d'hier, corrige Charlie d'un ton goguenard.
- Mais tu n'as pas peur d'attraper des caries avec tout ce sucre ? rit James en passant devant la machine à forfaits.
- Bien sûr que non ! je m'offusque une fois que la machine passe au vert. Je me lave scrupuleusement les dents !
- Je suis sûre que tu nourriras tes enfants essentiellement de sucre, ajoute Charlie alors que nous nous asseyons sur le télésiège. Bonbons le midi, gâteaux le soir...
- Tu sais très bien que je ne veux pas d'enfants, je riposte en levant les yeux au ciel et enfonçant les mains dans les poches de ma combinaison. Ca bave, ça pue et ça crie tout le temps.
- Comme toi, en somme... me signale Charlie.
Je renifle de mépris. Sale fourbe.
- Tu ne veux pas d'enfants ? s'étonne James en me fixant les sourcils levés.
Doublement sale fourbe cette Charlie. Elle fait exprès de mettre le sujet sur la table devant lui.
- Mmm... non, je baragouine en faisant la moue. J'aime mon autonomie et m'occuper de Charlie est déjà un travail à temps plein.
- Très drôle ! grommelle l'intéressée en tournant vivement la tête vers moi.
Eh bien quoi ? Elle me lance une pique, je riposte.
- Je suis désolé mais la façon de penser et la répartie des enfants est la chose la plus drôle du monde ! assure James, un sourire au coin des lèvres.
Alors là, je ne sais vraiment pas où il va chercher ça, celui-là. Au lieu de répondre, je regarde le paysage. Comme je l'ai déjà dit, le temps est magnifique par rapport à la veille. Avec intérêt, j'observe les dunes enneigées qui scintillent grâce au soleil. On dirait des montagnes de sucre glace pailletées et ça me donne envie de les croquer. Les sapins et chalets enneigés qui sont parsemés sur les pistes ressemblent aux figurines miniatures sur les buches de Noël. J'inspire l'air frai et pur de la montagne à grande goulée d'air. C'est revigorant, aussi, je ferme les yeux et profite. Lorsque je les rouvre, de petits flocons givrent sur la rambarde du télésiège. Je regarde avec intérêt les motifs géométriques qui se dessinent à cause du froid. On dirait de la magie. Du bout du doigt, je les effleure mais la chaleur de mon corps fait disparaître le flocon.
Je fais la moue et me renfonce dans mon siège en regardant à nouveau le paysage. J'évite de me pencher ou de regarder en arrière à cause de mon vertige. Cependant, cela ne m'empêche pas de détailler les pics qu'on aperçoit au loin. Je me demande un instant la sensation qui doit nous être procurée lorsqu'on est au sommet. De la joie pure, sûrement. Une sensation de puissance et d'accomplissement. Sauf quand on a le vertige comme moi, bien évidemment. Nous arrivons enfin en haut de la piste et un surfeur qui était avec nous, relève la barre de sécurité pour que nous puissions descendre. Je me hisse et fais lourdement tomber mon corps sur la terre ferme. Mes skis dévient lentement jusqu'à un endroit désert, James et Charlie derrière moi. Notre professeur de ski tape dans ses mains et annonce :
- Aujourd'hui, on poursuit la méthode pour que vous acquériez une meilleure glisse. Charlie tu peux partir devant, comme ça je pourrais observer tes mouvements lors de la descente. Alice, reste derrière moi et suis attentivement mes gestes. Ca te permettra d'adopter la bonne allure et des virages adaptés.
- Oui, chef ! répond ma meilleure amie en se mettant en route.
James me lance un regard pour s'assurer que je suis d'accord et je hoche la tête en signe d'assentiment. Aussi, il prend un premier virage vers la gauche en plantant bien son bâton droit et les skis en chasse neige. Ma langue est légèrement tirée, tant je suis concentrée pour appliquer parfaitement ses mouvements. Il fait exprès d'aller lentement pour me forcer à adopter le bon rythme et pour que je puisse détailler avec précision la façon dont il incline les jambes ou le buste. J'avoue détailler l'ensemble du spécimen, mais évitons de lui préciser ce détail.
Heureusement pour moi, James a commencé par une piste verte, ce qui me permet d'être plus en confiance avec le terrain. Ceux qui se lancent dans des pistes noires qui ne sont rien d'autre qu'un champ de bosses énormes, sont à mon humble avis, pour le moins suicidaire. Comment peut-on prendre du plaisir à rebondir comme un ressort entre des blocs de neiges ? Mystère Albert. Je continue ma descente derrière James qui se retourne de temps en temps afin de vérifier si tout va bien. Mes mollets me tirent un peu, je me demande si c'est normal.
A un moment donné, j'entends quelqu'un crier :
- Sympa le costume !
Par simple curiosité, et sachant qu'on s'adresse à moi, je me retourne pour découvrir mon interlocuteur. Un gars et deux filles me sourient et je leur fais un clin d'œil en riant.
- Merci ! Rien de telle qu'une bonne fourrure pour être au chaud à la montagne !
En réalité je caille, mais bon, peut-être qu'en le disant j'aurais un peu moins froid. Comme j'avais continué de skier tout en étant retournée et en parlant, mon attention a légèrement diminuée à cause de ma distraction passagère. Je chavire quelque peu en me retrouvant dans le bon sens et manque de percuter James qui s'écarte à temps.
- Oh ! je m'exclame en m'approchant dangereusement d'un pilonne.
- Attention ! Ralentis ! s'écrie James d'une voix plus haut perchée qu'à son habitude.
Je le dépasse, complètement paniquée. Sous le coup du stress, j'oublie comment gérer mes skis et mon ventre se tord de crainte. La neige crisse et je m'imagine déjà m'écraser comme une crêpe contre le poteau. Avec témérité, James reprend le contrôle de la situation et accélère pour me rattraper. Il file à toute allure et m'empoigne les deux bras avant de faire un dérapage contrôlé, la mine sérieuse.
- Tu es folle, ma parole ! J'ai cru que tu allais t'encastrer contre le pilonne ! souffle-t-il en vérifiant que je vais bien. Je sais que tu es un panda aujourd'hui, mais évitons de compléter le look par un œil au beurre noir !
Je ris à cause de sa remarque et en sentant la peur retomber lentement en moi. Dans un élan naturel, je pose mon front contre son torse, et ferme les yeux, maintenant rassurée. Je suis soulagée et souffle. Il ne bouge plus, ne parle plus. J'entends seulement le bruit des snowboarders et skieurs qui poursuivent leur chemin. J'inspire son odeur de pin et de menthe fraîche avec délectation. Lorsque je prends conscience de la position dans laquelle je suis, je relève immédiatement la tête, gênée. Mes joues rosissent et je m'écarte un peu plus en affichant un air désolé.
- Pardon, j'ai agis sous le coup du soulagement.
Il détourne à son tour les yeux et toussote en passant une main dans ses boucles blondes.
- Il n'y a pas de mal.
On aperçoit Charlie en contrebas qui secoue avec frénésie son bâton pour nous rappeler sa présence.
- Heu... On ferait peut-être mieux de la rejoindre, commence James en la regardant.
- Oh... hmm, oui... Allons-y, j'approuve en remettant ma capuche qui était retombée sur mes épaules à cause du vent.
Nous retrouvons donc Charlie qui ne manque pas de me faire une remarque.
- Alice, je suis sûre à 99% que tu as une anomalie génétique. Tu dois avoir un aimant en toi qui est attiré par tout ce qui peut faire mal ou qui est susceptible de te faire tomber. Si tu veux un conseil, va consulter un spécialiste, on sait jamais.
- Pfff... Arrête hin...
Mais quelle belle répartie ! Nous reprenons notre cours et skions pendant deux heures, ne faisant des pauses que lors des remontées mécaniques. James nous demande si tout se passe bien pour nous et est très consciencieux dans son travail. Il n'hésite pas à réexpliquer telle ou telle méthode lorsque nous n'avons pas compris et nous montre précisément ce que nous devons faire. Il fait même des schémas dans la neige pour montrer l'inclinaison. Ca se sent qu'il va devenir prof de maths, lui...
Malheureusement, malgré toute notre bonne volonté, il m'arrive malgré tout de tomber quelques fois. James m'assure que c'est normal puisque je suis encore débutante, mais je remarque bien Charlie qui ricane à chacune de mes chutes. Elle est vicieuse cette rouquine. Je prends de plus en plus de plaisir à skier, même si je suis complètement frigorifiée. Mon pyjama n'étant pas imperméable, il a rapidement absorbé la neige lorsqu'il m'est arrivé de percuter le sol froid. Alors, je suis maintenant complètement trempée, mais j'évite de le dire. Je ne veux pas embêter tout le monde avec mes problèmes et il ne me reste plus beaucoup de temps à tenir avant la fin du cours. J'irai juste réprimander pas très pacifiquement Thomas et Matthieu pour leur idée complètement stupide. Je suis quasiment sûre que les oreilles de mon panda ont viré du noir au blanc, puisqu'elles ont givré.
Alors que nous nous arrêtons contre un flanc de la montagne pour une nouvelle explication, mon éternuement violent interrompt les paroles de James. Je commence à avoir le nez qui coule en plus de ça, charmant. Je veux un bain chaud et une couette. Il s'arrête de parler et me regarde, soudain attentif à mon état. Je m'excuse et secoue la tête pour qu'il reprenne, ce qu'il fait. Cependant, il est de nouveau interrompu par un second éternuement. James marque un temps d'arrêt pour la deuxième fois et un pli soucieux apparait sur son front.
- Tu es certaine que ça va ? Je ne voudrais pas que tu tombes malade.
- T..tout...va... pou...pour... le m... mieux, t'in...quiè...quiète...p...pas, j'assure sans pouvoir contrôler mes claquements de dents et mon grelotement.
C'est insupportable, j'ai l'impression d'être un disque rayé. Face à mon état déplorable, James fronce les sourcils et secoue la tête avec désapprobation.
- Non, ça ne va pas. On va aller te mettre au chaud avant que tu ne tombes malade.
- P...pas be...besoin, je proteste alors que j'aperçois les pointes de mes cheveux brun cristalisés par le froid.
Sans m'écouter, il retire son blouson d'ESF, se déchausse et vient m'enfiler de force son manteau. Je finis par capituler- même si je n'ai pas trop le choix- en sentant la chaleur englober mon corps. En plus, ça sent James, alors je ne dis pas non.
- M...merci...
Je suis reconnaissante, c'est très généreux de sa part. En prime, nous avons une vue sur ses pectoraux et ses biceps moulés par son pull. Charlie se penche vers moi et me chuchote d'un ton amusé :
- Sale petite chanceuse. Bien joué le coup de « j'ai froid, donne moi ta veste ».
- Ce n'é....tait...p..pas f...fait ex..près...près, je la contre, v....va dire ça aux.... aux ga...garçons qui m'ont for...forcée d'en..fifiler ce ma...chi...in.
Elle roule des yeux en souriant pendant que James se frotte les mains pour se réchauffer.
- Ca vous dérange si on décale un peu le cours pour aller se réchauffer dans un chalet ?
- N...non, je dis immédiatement.
Rien de mieux qu'une salle bien chaude pour me remettre d'aplomb. Charlie ne s'oppose pas non plus à l'idée et nous trouvons rapidement un bar-restaurant pour le moins bombé. Nous arrivons à nous faufiler entre les personnes et nous installons à une petite table qui laisse tout juste la place pour s'asseoir et ne pas toucher quelqu'un d'autre. James interpelle une serveuse qui semble débordée et elle lui fait comprendre d'un signe de tête qu'elle l'a vu.
Nous profitons de ce temps d'attente pour regarder la carte et je choisis un chocolat chaud ainsi qu'une gaufre au Nutella. Je les ai bien méritée ces deux-là. Une petite musique d'ambiance se fait entendre à travers le brouhaha des conversations et des rires gras de certains hommes. Tout le monde semble détendu, les casques et bonnets retirés, les fermetures éclaires défaites. Le sol est trempé par la neige fondue (comme ma combi en fait) et les vitres sont recouvertes de buée à cause du choc thermique. J'ai envie de dessiner cette scène joyeuse.
Au bout de plusieurs minutes, la serveuse revient enfin. Elle a attaché ses cheveux blonds en nattes pour avoir un peu moins chaud. Je la comprends, la pauvre. J'annonce mon choix et je vois James et Charlie se lancer un regard amusé du coin de l'oeil. Mon amie prend un vin chaud et James un cappucino. Même si mon vêtement est toujours humide, je suis beaucoup mieux à l'intérieur.
- Très bonne idée ! je concède à James. Moins de ski, plus de chocolat, ce plan me semble parfait!
Il sourit en jouant avec la carte sur la table.
- Oh ne te réjouis pas si vite, je n'en ai pas fini avec toi.
Nos commandes arrivent et nous savourons lentement nos boissons- et ma gaufre. J'aime la façon dont James analyse son environnement, les gestes précis qu'il fait pour amener la tasse de café de la table à sa bouche où ses lèvres pulpeuses la rencontrent. Il penche la tête en arrière et je regarde sa mâchoire remuer. J'en oublie même de manger ma gaufre et ma fourchette reste en suspend au dessus de mon assiette. Charlie boit une gorgée pour étouffer son gloussement.
Nous discutons ensuite de tout et de rien. J'apprends que James aime beaucoup voyager, tout comme moi. Il a fait un année sabbatique pour découvrir le monde ce qui me fait penser à celle que j'ai eu en temps que jeune fille au pair en Amérique. Nous sommes en train de débattre sur la destination de nos rêves quand je sens mon portable vibrer dans ma poche. Après m'être excusée je décroche en voyant le nom de Thomas s'afficher.
- Allô?
- À l'huile, non je déconne. Vous en avez encore pour longtemps? Je me pèle les fesses devant l'ESF depuis dix minutes.
Merde... j'avais complètement oublié qu'on devait se rejoindre. Je toussote.
- Oui oui on arrive bientôt, on est en route! je mens. Il y a... des embouteillages de skieurs, en fait.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? marmonne Thomas à l'autre bout du fil.
- Ouai, tu sais... Tout le monde veut rentrer au chalet, alors ça créer des ralentissements sur les pistes....
Alice ferme-la, je me sermonne. Je me mords la lèvre pour ne pas sortir d'autres âneries.
- Ok.... déclare lentement Thomas. Mais dépêchévez-vous quand même.
Et il raccroche. James et Charlie semblent attendre une explication et je leur raconte rapidement que nous devons rejoindre Thomas. James lève un sourcil mais n'ajoute rien. Nous payons et nous remettons en route sans attendre. Pendant le trajet, un petit qui a perdu son groupe de ski se met à me suivre en pensant que je suis sa prof, à cause du manteau de James que je porte. Il a un brassard indiquant qu'il passe sa première étoile. Cependant, au bout de deux minutes je le vois repartir lorsqu'il se rend compte qu'il skiait mieux que moi. Mon orgueil a été piqué à vif mais il faut avouer que je ne fais pas une monitrice de ski très crédible.... Il nous faut vingt minutes supplémentaires (et une chute pour moi) pour arriver jusqu'au point de rendez-vous.
Thomas a le bout de ses cheveux courts noirs et frisés qui gèle et claque presque autant des dents que moi tout à l'heure. Aïe, les trentes minutes d'attente ont remplacé Thomas farceur par Thomas grognon.
- Où sont Liz et Matthieu ? demande Charlie en s'arrêtant.
- Ils sont partis faire une balade en amoureux.
- Marre de tenir la bougie ? plaisante Charlie.
Thomas et moi protestons d'une même voix:
- La chandelle, Charlie !
Nous nous regardons et rigolons. Celle-ci hausse les épaules comme si de rien n'était. Elle a tellement l'habitude de se faire reprendre. J'entends James rire avant de nous sourire.
- Je vous laisse, à la prochaine !
Je soupire un au revoir en le regardant partir. Thomas qui est toujours à mon côté me demande soudain:
- Mais qu'est-ce que tu fous avec son blouson ?
Je sens mes épaules se contracter et le fusille du regard :
- Évite de m'envoyer dans le froid glacial sans le mien, la prochaine fois ! je réplique.
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Hey Hey!! Comme toujours, je ne demande que des avis en espérant que le chapitre vous a plu ! À bientôt!
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