6. Un ciel bleu
Assise sur le dos de Speranto, Océana contempla une dernière fois les bâtiments de SOS dragons. La prochaine fois qu'elle reverrait cet endroit serait peut-être dans longtemps. Elle espérait que soigner le dragon ne lui prendrait qu'une journée, mais elle ne pouvait pas en être sûre. Certaines opérations pouvaient prendre plusieurs semaines.
- Océana ? l'interpella Violette. On y va ?
La jeune soigneuse prit un longue inspiration, sans détacher son regard du ciel bleu dénué de nuages.
- Je suis prête, affirma-t-elle.
- Attendez-moi ! intervint Clément qui essayait vainement de grimper sur son dragon.
Étoile ne cessait de se déplacer, pour empêcher son maitre de monter sur son dos. Il préférait largement rester dormir dans la volière, à brouter de l'herbe, que partir en expédition et voler pendant des heures.
Clément serra les dents et bondit sur lui, avec un cri de détermination. Il s'agrippa à son aile et sauta sur son dos. Étoile parut soupirer avant de se résigner.
- C'est parti ! s'exclama Clément en levant le poing. Allons rendre visite à la famille royale !
- On arrive bientôt ? demanda le jeune soigneur d'une voix aussi lasse que son dragon.
- Tu ne vas pas recommencer ! s'énerva Violette.
Ce devait être la vingtième fois qu'il répétait cette question, et la réponse d'Océana était toujours la même :
- Nous ne sommes plus très loin.
Mais cette fois, elle ne mentait pas : ils n'étaient qu'à quelques dizaines de minutes du palais royal. Ils survolaient à présent un massif montagneux, étrangement vert, pour un mois de décembre. Déjà, elle pouvait apercevoir le donjon bleuté, qui était extrêmement haut par rapport au reste du château. Un soupçon de nostalgie l'envahit. Même si elle en voulait toujours à son père de ne pas lui accorder l'attention qu'elle souhaitait, et qu'elle trouvait ses frères terriblement hautains, elle ne pouvait nier qu'elle était contente à l'idée de les revoir.
Elle regarda le ciel, toujours aussi bleu, avant de se rendre compte que, plus loin, au dessus du palais, planaient d'épais nuages blancs, qui laissaient tomber des flocons de neige. Un souvenir lui revint en mémoire.
Elle ne devait pas avoir plus de huit ans. Ses frères et elle jouaient près de la fontaine, dont l'eau était recouverte d'une fine couche de glace. Les jumeaux s'envoyaient des boules de neige tandis qu'elle ajoutait deux petits cailloux à son bonhomme de neige, en guise d'yeux. Ce dernier était devenu son meilleur ami jusqu'à la fin de l'hiver. Elle s'était tellement attaché à lui, que, lorsqu'il commença à fondre, elle en fut dévastée. Si bien que son père avait pris la décision de l'ensorceler pour qu'il devienne éternel.
Les lèvres d'Océana laissèrent apparaitre un sourire quand elle se demanda si son bonhomme de neige était toujours à sa place, attendant qu'elle revienne le voir. Elle se promit d'aller faire un tour à l'arrière du palais pour le vérifier.
Elle fut soudainement tirée de ses pensées. Un énorme dragon noir venait de surgir et leur barrait la route. Une silhouette encapuchonnée se dressait sur son dos.
- Océana, je présume ? demanda l'individu d'une voix rauque.
L'intéressée sursauta. Comment se faisait-il que... Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits. Elle était la princesse du royaume des eaux. Beaucoup de gens connaissaient son nom. Elle resta tout de même méfiante : l'homme n'avait pas l'air de vouloir boire un thé en sa compagnie.
- Où allez-vous ? questionna-t-il froidement.
- Ça ne vous regarde pas, argua Violette.
Laciata s'était mise à grogner. Océana se racla la gorge.
- Nous sommes pressés, répondit-elle d'un ton suffisant, peu importe ce que vous nous voulez, nous n'avons pas le temps.
- Si vous saviez ce qui vous attend... ricana l'homme. Le processus est enclenché ! Il est trop tard pour faire demi-tour.
- De quoi parle-t-il ? s'inquiéta Violette en jetant un regard affolé à son amie.
- De rien. Il essaie simplement de nous déstabiliser, la rassura Océana.
Cela ne voulait rien dire, si ce n'est que cet homme était fou. La jeune soigneuse crut pourtant percevoir un rictus sur les lèvres de l'intrus, à travers la pénombre qui lui masquait le visage.
- Retirez votre capuchon ! ordonna Clément, sans vraiment savoir pourquoi.
Speranto commençait lui aussi à grogner.
- Ça ne servira à rien. Partons d'ici, trancha Océana en donnant un coup de talon sur le flanc de son dragon.
Ils l'imitèrent et les dragons plongèrent en piqué pour arriver devant l'énorme château du roi des eaux. Océana ne put s'empêcher de regarder en arrière. L'homme avait disparu.
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