1. La poursuite

- On va finir par le retrouver, promit Violette, autant pour persuader Clément que pour s'en convaincre elle-même. Il ne doit plus être loin, maintenant...

La mine sombre, le jeune soigneur tenta, tant bien que mal, d'esquisser un sourire. Il avait des courbatures partout et le froid mordant le démoralisait.

Ils cherchaient depuis l'aube le dragonnet bleu qui s'était évadé de son box. Cela allait bientôt faire cinq heures que le petit groupe bravait les températures hivernales, à l'affut du moindre indice.

Une bourrasque de vent vint heurter le visage de Clément. Il s'effondra sur le sol, épuisé.

- Allez, l'encouragea Océana, Zax ne doit plus être très loin, à présent.

- Vous croyez vraiment qu'il y a encore un espoir ? soupira-t-il en laissant retomber ses épaules.

- Il n'est jamais trop tard, insista Violette en lui tendant la main.

Clément s'en saisit et se releva d'un geste las.

- Regardez la réalité en face ! On est complètement perdus. Zax a tout juste trois mois. Jamais un dragon aussi jeune n'a réussi à survivre, au beau milieu de la montagne, en plein mois de décembre !

- Et les dragonnets sauvages, alors ? rétorqua Violette.

- Ils ont leur mère ! Zax est tout seul. À l'heure qu'il est, il doit être enterré sous ces kilomètres de neige, pendant que son corps se vide de toute sa chaleur !

Violette frémit à cette pensée. À moins que ce ne soit à cause de la tempête glaciale, qui la forçait à s'envelopper de ses bras.

- J'essaie juste d'être réaliste... bredouilla-t-il.

- C'est un dragon du nord, objecta Océana, il est adapté aux températures extrêmes. Si on...

Elle fut interrompue par le mouvement brutal de Violette, qui leur ordonna de se taire. Les yeux clos, elle tendit l'oreille.

- Vous avez entendu ? murmura-t-elle.

- Quoi donc ? s'enquit Clément.

- Ce couinement...

Océana s'immobilisa pour tenter d'entendre quelque chose. Clément fit de même ; c'est à peine s'il osait respirer.

Les secondes s'écoulèrent. Aucune trace de vie ne se manifestait.

- Par ici ! s'écria soudain Océana.

Elle désigna un sapin, au loin.

Le petit groupe se mit à courir du plus vite qu'il le pouvait. Ce qui était plutôt compliqué, étant donné l'état de leurs muscles engourdis.

Lorsqu'ils arrivèrent au pied du sapin, les gémissements avaient cessé. Les longues branches du conifère retombaient lourdement sur le sol blanc immaculé, tandis que la cime de l'arbre s'agitait, sous l'effet du vent. Violette souleva une branche. Puis une autre. Clément fit le tour du sapin tandis qu'Océana criait :

- Zax ! Zax ! Tu es là ?

Un silence pesant s'installa.

- Je... Je crois que je l'ai retrouvé ! annonça Violette au bout d'un moment.

Pourtant, son ton paraissait hésitant. Océana et Clément s'approchèrent. Une grosse boule de neige semblait se déplacer.

Je n'aurais pas dû sauter le petit-déjeuner, ce matin, pensa Clément, voilà que j'ai des hallucinations !

Océana s'accroupit et gratta un peu la neige qui se mouvait. Cette dernière retomba, pour laisser apparaitre un fragment de peau bleue claire, lisse mais tremblante. La créature arrêta soudainement d'avancer. Océana balaya le reste de la neige de la main. Un jeune dragon grelottant se dressait devant eux. Il s'ébroua pour enlever les flocons qui s'accrochaient à lui et secoua la queue, sans cesser de dévisager les trois amis. Il éternua et Océana décida de le prendre dans ses bras.

- Tiens, lui dit Violette, tu peux utiliser ma capuche pour le réchauffer.

Elle la déboutonna de son épais manteau pour la donner à Océana. Celle-ci la remercia et enveloppa le dragonnet à l'intérieur.

- Alors Zax, qu'est-ce qu'il t'a pris de t'enfuir ? lui demanda Clément en fronçant les sourcils.

Le jeune dragon se contenta de se recroqueviller sur lui-même pour s'endormir.

- Il doit être fatigué, sinon il se serait débattu, expliqua Violette. Laissons-le se reposer.

Les cheveux noirs de la jeune femme virevoltaient dans le vent et ses joues étaient rougies par le froid. Elle devait plisser les yeux pour pouvoir apercevoir quelque chose, à travers le blizzard qui régnait sur les lieux.

- Nous avons un problème : par où devons-nous aller pour rentrer à SOS dragons ? intervint Clément.

- Je n'en ai pas la moindre idée, avoua Violette, nous nous sommes égarés, à force de chercher Zax.

- Si on meurt à cause de lui, souffla le jeune homme, je vous jure que je vais...

- On ne va pas mourir, l'interrompit Océana. Jusqu'à présent, nous n'avons fait que monter tout droit. Il suffit donc de redescendre dans la même direction.

Clément la dévisagea, perplexe.

- C'est vrai, admit-il en entamant la marche.

Ils durent déambuler durant plus de deux heures avant d'arriver devant un sentier de pierres. Océana jeta un regard au dragonnet endormi dans ses bras.

- Quelqu'un se souvient si on est passé par la droite ou par la gauche ? demanda Clément.

- Je crois qu'on a croisé ce sapin, dit Violette en désignant l'arbre le plus proche d'eux.

Clément roula des yeux.

- Tous les sapins se ressemblent, Violette.

- Mais non, assura-t-elle d'un ton qui se voulait convainquant, celui-ci est différent !

- Je ne vois pas de différence, rétorqua Océana en analysant le conifère sous tous les angles.

L'arbre était tout ce qu'il y avait de plus banal : des épines, de longues branches, une couleur verte... Il n'y avait rien qui pouvait le différencier des autres. Pourtant, Violette persistait :

- Faites-moi confiance ! s'emporta-t-elle. Je vous dis que c'était celui-ci.

Ils optèrent donc pour la droite.

Après avoir sillonné entre quantité de sapins, manqué de se tordre la cheville un nombre incalculable de fois, et supporté les nombreuses plaintes de Clément pendant plus d'une heure et demi, ils arrivèrent au milieu d'une vaste plaine, où l'herbe commençait à reparaitre, et la neige à se dissiper.

- Je vous avais bien dit que c'était le chemin de droite ! lança fièrement Violette.

- Ce n'était que de la chance, grommela Clément.

- Maintenant, je sais me repérer, murmura Océana, SOS dragons n'est plus très loin.

Ils continuèrent leur marche jusqu'à atteindre trois bâtiments, encerclés par des enclos fleuris, ainsi qu'une haute volière, de laquelle s'échappaient gémissements, grondements et grognements de dragons.

- Nous voilà arrivés ! déclara Océana, en regardant Zax, qui ronflait.

- Je vais chercher de quoi manger ! décréta Clément qui ne pouvait plus supporter les incessants gargouillements de son estomac.

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