Chapitre 34

Mon premier réflexe fût de tirer. Quelle brillante idée Alex!

Je venais de tirer. Je venais de tirer sur un garçon. Je venais de tirer dans le ventre d'un garçon.

- Oh mon dieu! Je suis désolée!

Le garçon était pliée en deux, les mains sur son ventre, en train de gémir.

- Excuse moi, je...

Je m'interrompis en voyant du rouge sur son t-shirt noir. Du rouge. Du sang.

- Oh mon dieu! Tu saignes! Oh mon dieu! Je suis vraiment désolée!

Sans réfléchir, je plaquai mes mains sur son ventre pour... Je ne savais pas pourquoi. Dans ma tête, j'allais stopper l'hémorragie. Il fallait vraiment que j'arrête de regarder Grey's Anatomy. Mais en ce moment, j'étais juste paniquée. Je venais de blesser quelqu'un!

- Ok, c'est bon! dit enfin le garçon. Calme toi!

Il se redressa avec une grimace de douleur.

- Alors premièrement, je n'ai jamais vu quelqu'un dire autant de "oh mon dieu" en si peu de temps. Deuxièmement, baisse immédiatement ce flingue.

Je ne m'en rendais pas compte, mais j'avais toujours mon arme pointée sur lui.

- Désolée!

- Arrête de t'excuser...

- Désolée...

Je grimaçai quand je m'aperçus que je venais encore de m'excuser. Le garçon quant à lui, ricana en secouant la tête de droite à gauche.

- Et troisièmement... Ce n'est pas du sang.

Il retira sa main de son t-shirt et le souleva légèrement. Son torse était intacte, il n'y avait aucune blessure apparente.

- C'est juste de la peinture. De la peinture rouge de ton arme.

Il rabaissa son sweat et sourit.

- La seule chose que j'aurai, c'est sûrement un gros bleu. Donc rien de grave.

Je hochai la tête, confuse.

- Je ne sais pas pourquoi j'ai tiré. C'était un stupide réflexe, dis je piteusement.

- Tu sais, un réflexe n'est jamais stupide. Et puis, c'est le but du jeu... Tirer sur l'adversaire.

- Alors pourquoi tu ne me tires pas dessus? ne puis je m'empêcher de dire en haussant un sourcil.

Il ne répondit pas et se contenta de sourire une nouvelle fois. J'en profitai pour l'observer. Je ne voyais pas grand chose dans l'obscurité, mais comme ma vue s'était adaptée, je pus remarquer qu'il avait les cheveux noirs et les yeux verts. C'est tout ce que je pouvais distinguer sur son visage. Quant à ses vêtements, il portait une tenue entièrement noire, certainement celle qu'il mettait lors des entrainements. Et il avait deux fusils glissés dans les hanses de sa ceinture.

- Pourquoi? Je devrais?

- Peut-être... dis je en haussant les épaules. Après tout, je suis dangereuse. Un peu plus bas et je te rendais stérile.

Le garçon éclata de rire, alors que je me mordis l'intérieur des joues. Toujours trop franche, comme d'habitude...

- Comment tu t'appelles?

- Alex. Alex Patterson. Et toi, tu es?

- Je m'appelle...

Il ne finit pas sa phrase. A la place, il me tira par le bras et me plaqua contre le mur, sa main plaquée sur ma bouche, son corps plaqué contre le mien.

- Pas un bruit! chuchota-t-il alors que je faisais les gros yeux et me débattais.

J'obéis quand j'entendis des Elus courir, puis des coups de feu. Je vis une balle en plastique roulée jusqu'à mon pied, et en croisant le regard de la personne qui m'emprisonnait, je compris qu'il l'avait remarquée aussi. Aucun de nous deux ne bougeait. J'osais -et d'ailleurs je ne savais- à peine respirer. Au moment où je m'apprêtais à me dégager, pensant qu'il n'y avait plus personne, une fille arriva. Quand elle nous aperçut, elle stoppa net et nous fixa. Elle avait des cheveux longs, lisses et roux, et j'étais sûre de l'avoir déjà vu avec Soraya. Elle leva son pistolet vers nous, lentement, les sourcils froncés.

-  Hum, huuuumph! essayai je de dire à travers la main qui était plaquée sur ma bouche.

Comme je voyais bien que parler ne servait à rien, et qu'à part moi, personne ne semblait réagir, je secouai vigoureusement la tête de droite à gauche en regardant la rousse dans le blanc des yeux. Je la suppliais silencieusement de ne pas tirer. Elle sembla hésiter, baissa son arme avant de la relever, puis de la ranger à nouveau.

- Maria! entendis je soudain. Maria, où es tu?

La fille pinça très fort ses lèvres, avant de murmurer.

- Vous avez de la chance...

Puis elle détourna la tête et s'écria:

- J'arrive!

Et elle s'en alla. Quand les bruits de pas s'éloignèrent, le garçon se pencha vers la droite et observa le couloir.

- C'est bon, il n'y a plus personne.

Il me relâcha enfin et j'eus l'impression de respirer pour la première fois.

- T'es un grand malade! m'emportai je.

- C'est une blague? C'est qui qui m'a tiré dessus il y a cinq minutes à peine?

- C'est qui qui m'a à moitié étouffé il y a trente secondes à peine?

- Comme tu l'as si bien dit, à moitié...

Je ne répondis, bien décidée à rejoindre Alice au plus vite. J'allais partir d'ici, et maintenant.

- C'est quoi ce que tu as sous ton t-shirt?

- Quoi? Rien! m'exclamai je un peu trop vivement.

- Me mens pas.

- Je ne mens pas.

- Menteuse.

- Je ne suis pas une menteuse! répondis je, agacée.

- Alors dis moi ce que tu as sous ton t-shirt.

Je soufflai longuement et me tournai vers lui. Mais avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, il avait déjà saisi mon sweat et tirer sur mon carnet.

- Ahaha! Je l'ai! dit-il d'un air triomphal.

- Ne touche pas à ça! Je te l'interdis! m'écriai je.

- Et tu vas faire quoi pour m'en empêcher?

- Arrête ça! Donne le moi!

Alors qu'il ricanait et se pavanait toujours, il lâcha soudainement mon carnet.

- Ah bordel! Ce truc m'a cramé la main!

Je me précipitai vers le livre qui glissait au sol et le ramassai.

- Ne touche plus jamais à mes affaires.

Je frottai la couverture argentée et le hibou qui l'ornait pour enlever la poussière. Ce grimoire était vraiment magnifique. Tout en relief et en métal, plutôt lourd, avec pour décoration un énorme hibou aux yeux oranges. Tous les ornements du carnet prenaient naissance à un endroit très précis: au cadenas. Le système de fermeture avait l'air plus que complexe. J'arrêtai d'observer la couverture, et rangeai rapidement mon livre.

- C'était quoi ce truc? Ton machin m'a littéralement brûlé la main...

- Tu n'avais qu'à pas y toucher... Et maintenant, excuse moi, mais je dois y aller.

Alors que je m'apprêtais à partir, il m'apostropha.

-C'est de l'autre côté...

- De quoi est ce que tu parles?

- Tu veux certainement retourner dans ta chambre.

- Oui, et? dis je en croisant les bras.

- Les dortoirs sont de l'autre côté...

En cet instant très précis, je me sentis plus bête que jamais.

- Ok, génial. Merci et au revoir.

- Attends, dit-il en me retenant par le bras.

- Quoi encore?

- Tu es perdue.

- Bravo. Brillante constatation.

- Oh c'est bon, arrête de râler! Je te propose mon aide là. Contrairement à toi, je connais l'Institut comme ma poche. Je peux te ramener aux dortoirs, et ce, les yeux fermés.

Je croisai les bras et levai les yeux au ciel.

- Super, j'ai trouvé mon héros.

- Si tu préfères te débrouiller toute seule, tu peux. Moi, j'en ai marre de cette soirée. Je rentre.

Je tapotai frénétiquement du pied sur le sol. Ce sale petit emmerdeur était ma seule chance de rejoindre Alice.

- Ok! Ok! Aide moi s'il te plait. Je suis complètement paumée... Tous ces couloirs se ressemblent comme deux gouttes d'eau et... c'est un vrai labyrinthe ici!

Je vis un sourire s'épanouir sur son visage. Il avait gagné et il en était très fier.

- Allez suis moi Grincheuse.

- Oh par pitié, ne m'appelle pas comme ça!

Alors qu'il se mit en route, je le suivis pour, j'espère, enfin retrouver le chemin jusqu'aux dortoirs.

- Alors dis moi... Comment ça se fait que tu connaisses si mal l'Institut?

- Comment ça se fait que tu poses autant de questions?

- Je suis curieux. Alors?

Je soupirai et me passai la main dans les cheveux pour dégager mon front.

- Je suis arrivée il y a peu. Disons que je suis nouvelle.

- Tu es un transfert?

- Un quoi?

- Un transfert. Un transfert d'un autre Institut. Mais j'imagine que ce n'est pas le cas. Sinon, tu saurais ce que c'est.

- Je suis nouvelle, murmurai je.

- Tu l'as déjà dit...

- Non, une vraie nouvelle...

Il s'arrêta net et je fus obligée de faire de même.

- Tu veux dire que... c'est toi la fille? Celle qui a débarqué sans prévenir? Celle qui ne savait pas qu'elle était une sorcière? Celle qui intéresse tant Valentin?

- Oui, c'est moi. D'autres questions peut-être?

- Oui. Ca fait quoi d'apprendre que toute sa vie est basée sur un mensonge?

- Merci pour la délicatesse.

- Je t'en prie.

Je laissai échapper un soupir et haussai les épaules.

- C'est une sensation étrange. C'est affreux et... naturel en même temps.

- Naturel?

Je levai les yeux au ciel et me remis en route. Heureusement pour lui, il m'emboita le pas.

- Au début, j'avais vraiment peur. Je ne comprenais pas réellement ce qui m'arrivait. Après, j'ai voulu renier tout ça. La magie, les sorciers, l'Institut... Je voulais juste retrouver une vie normale.

- Et ensuite?

- Ensuite? Et bien... Je ne sais pas. J'ai essayé de me détacher de ce monde, mais j'avais l'impression qu'il me suivait. Je pratiquais tout le temps la magie, sans le faire exprès. Je n'arrivais pas à contrôler mes pouvoirs, je devais me cacher... Je n'avais personne à qui parler de tout ça... J'ai deux amies humaines qui sont au courant, mais... Ce n'est pas pareil. Ce n'est pas comme parler avec quelqu'un qui comprend ce que ça implique réellement d'avoir des pouvoirs. Et puis, je me suis fait attaquée et j'ai dû me rendre à l'évidence... Je fais partie de ce milieu...

Je laissai échapper un ricanement et continuai.

- Maintenant, je me demande comment j'ai fait toutes ces années pour vivre sans magie... Comment j'ai fait pour ne pas la voir...

Un silence s'installa alors que nous continuions de marcher côte à côte.

- Pourquoi tu me dis tout ça? demanda-t-il finalement.

- Parce que tu m'as posé la question, répondis je simplement.

- Ok, et... Pourquoi tu as accepté de me répondre?

Je soufflai longuement en le dévisageant.

- Peut-être parce que si toi, et tous les autres Elus, vous connaissiez mon histoire, vous arrêteriez de me juger et de penser que je travaille pour Valentin!

- J'ai entendu ces rumeurs... m'avoua-t-il.

- Et bien comme tu l'as si bien dit, ce sont des rumeurs.

A nouveau, il y eut un blanc, durant lequel aucun de nous deux ne parla.

- Et donc tu as deux amies qui savent... que tu es une sorcière...

- Oui... répondis je.

- Et... Greg est au courant de ça?

Je lui jetai mon regard le plus noir.

- Non, j'ai décidé de leur dire ça comme ça, sans penser aux conséquences... Mais évidemment qu'il est au courant! Qu'est ce que tu crois?

- Je voulais juste être sûr...

Quand il vit que je ne répondis pas, ce fut à son tour de lever les yeux au ciel.

- Sinon, dit il, pourquoi est ce que tu es là?

- Je te l'ai déjà dit, je me suis fait attaquée et...

- Non, je veux dire, pourquoi est ce que tu participes au rituel?

Je compris immédiatement que j'avais intérêt à faire attention à ce que j'allais dire. Il ne fallait surtout pas que je fasse une gaffe, et ce sujet était extrêmement dangereux.

- Je ne sais pas. Je voulais juste y participer, me fondre dans la masse... Mais ça ne me plait pas tant que ça... Je pense que je ne recommencerai pas l'année prochaine...

- C'est pareil pour moi, dit il en me regardant. Avant, j'adorais ces rituels et ces jeux débiles... Mais maintenant, tout a changé. Je crois que je suis devenu trop vieux pour ça...

Quelque chose me peina dans son discours. Il avait l'air profondément attristé par ce qu'il venait de m'avouer. Le fait de grandir, changer, et de se désintéresser de ce qu'on aimait tant auparavant.

- Viens c'est par là, dit il enfin me me prenant le bras.

Je regardai les alentours essayant de me repérer, sans succès.

- Et au faite, pardon pour la tâche.

- La tâche? répétai je bêtement.

- De peinture. Sur ton t-shirt. J'ai dû en mettre dessus quand je t'ai poussé contre le mur toute à l'heure.

Je baissai la tête et constatai, qu'en effet, mon sweat était souillé.

- Poussé? Tu veux plutôt dire écrasé, oui!

Il se contenta de sourire en hochant les épaules, et je lui rendis son sourire. Nous tournâmes à gauche et arrivâmes dans un très large couloir d'au moins cinq mètres de large et en pente. Une chose était sûre, je n'étais jamais venue ici.

- C'est pas le chemin des dortoirs hein?

Il eut une moue malicieuse, semblable à celle d'un enfant de quatre ans prêt à faire une mauvaise blague.

- Pas vraiment... Disons juste que nous faisons un petit détour...

- Tu étais censé me ramener jusqu'à ma chambre!

- Pas de panique, c'est ce que je vais faire.

Je commençai à grommeler dans ma barbe toutes sortes d'insultes pires les unes que les autres. Et maintenant, j'étais encore plus perdue puisque je n'étais jamais venue ici! J'étais donc obligée de le suivre.

- Allez, viens et arrête de bouder! Tu vas adorer, je te le promets!

Je ne répondis pas et me contentai de le suivre. Le couloir, extrêmement large, remontait légèrement. J'avais l'impression que nous allions bientôt remonter à la surface.

- On y est, regarde.

Je devais avouer que je ne m'attendais pas à ça. Au plus j'avançai, et au plus je pouvais apercevoir... les étoiles. Nous étions à l'extérieur.

- Voici le coeur de l'Institut. Nous sommes dans le centre du bâtiment.

Devant moi se dressait un jardin, ou plutôt une cour ouverte. Une fontaine surmontée de petits angelots trônait au milieu. Elle était entourée par quatre bancs en pierre grise, et par des couloirs dotés de colonnes antiques.

- C'est tout bonnement magnifique! Pourquoi personne ne m'a jamais emmené ici?

- Peut-être parce que tu n'as pas de bons amis, dit-il en s'approchant de la fontaine.

- S'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est que j'ai de bons amis, rétorquai je gentiment.

Je le rejoignis près de la fontaine, et m'assis sur le bord. Laissant tremper mes doigts dans l'eau, je savourai sa fraicheur étonnante. Elle m'apaisait.

- ça fait du bien d'être à l'air libre. Parfois, j'ai l'impression d'étouffer dans ces souterrains... avouai je.

- Moi aussi... J'aime bien venir ici... Surtout le soir, il n'y a pratiquement personne. En journée, cet endroit est bondé.

- Je me doute... répondis je vaguement.

- Tu sais, ce lieu est spécial...

- Ah bon? En quoi?

- Et bien... Cette fontaine, c'est la fontaine aux soupirs.

Curieuse, je penchai la tête sur le côté et me mordis la lèvre. Je regrettais déjà ce que j'allais dire.

- Continue.

Il sourit de toutes ses dents et enchaina.

- On l'appelle comme ça, car on dit que les amoureux venaient se retrouver ici. Ils poussaient des soupirs de soulagement quand ils voyaient que leur compagnon était bien venu, puis des soupirs d'aise quand ils s'embrassaient.

- C'est une belle histoire...Très romantique! commentai je en haussant les sourcils. Et surtout très niais!

- Tu n'es pas vraiment du genre romantique... Je me trompe?

- Non, pas du tout.

- Alors la suite va te plaire. On appelle cette fontaine comme ça, non seulement pour ce que je viens de te dire, mais aussi parce que les amoureux poussaient des soupirs de tristesse quand leurs prétendants ne venaient pas, ou les quittaient.

- C'est beaucoup plus réaliste comme ça.

- Tu es vraiment pessimiste...

- Si tu le dis, répondis je en haussant les épaules. Pourquoi tu m'as emmené ici?

Ce fut à son tour de hausser les épaules.

- J'en sais rien. J'avais envie de venir, et tu étais là... Alors voilà... Je t'ai juste prise avec.

Je ne dis plus un mot après. Je penchai juste la tête en arrière et observai les étoiles et la lune. Cette nuit, elle n'était qu'un mince croissant. Mais elle brillait comme jamais dans le ciel bleu.

- Tu sais... Tu me dois un truc.

Je relevai la tête et regardai celui qui m'avait interrompu dans ma contemplation.

- Comment ça? dis je en arquant un sourcil.

Grâce à la lumière, je percevais mieux son visage et pouvais mieux distinguer ses expressions.

- Oui. Je t'aide à retrouver ton chemin. Tu m'es redevable.

- Pas du tout! m'exclamai je en me redressant. Et puis d'ailleurs, tu me fais faire un détour de dingue et n'arrête pas de me poser des questions. Je n'appelle pas ça aider.

- Mais tu m'as tiré dessus!

- ça n'a rien à voir!

- Et ton livre m'a brûlé la main!

- Tu n'avais qu'à pas y toucher! dis je en me relevant.

- Et je t'ai empêché de tomber dans une embuscade dans le couloir!

- Tu t'es surtout protégé toi!

- Et je t'ai fait découvrir ce lieu!

Je levai les mains au ciel, impuissante.

- Dire que je commençais enfin à t'apprécier! Et tu as tout gâché!

Je soupirai avant de continuer.

- Tu sais quoi? Je vais rentrer toute seule. Je ne veux pas t'être redevable.

Sans attendre, je partis. Je trottinai jusqu'au couloir que nous venions d'emprunter un peu plus tôt et le descendis entièrement avant de me demander ou j'allais bien pouvoir aller. Une chose était sûre... Ce mec était vraiment très agaçant! S'il pensait que j'allais lui rendre un service, il se fourrait le doigt dans l'œil.

- Attends! entendis je derrière moi.

Il fallait que je me décide et vite. Nous avions tourné à gauche pour venir ici, nous venions donc de la droite! Je devais donc prendre à gauche. Parfait. Je tournai sans attendre et m'engouffrai dans le couloir. J'avançai en marche rapide pour qu'il ne puisse pas me rattraper, mais évidemment, cela ne servit à rien.

- Attends!

- Fous-moi la paix! chuchotai je.

- Je crois que tu as oublié tes armes.

- Je m'en fiche, tu peux les garder!

- Attends moi!

En deux trois temps mouvements, il était devant moi et me bloquai la route. Je récupérai mes deux fusils et lui fit un sourire forcé.

- Merci. Tu peux y aller maintenant.

- Tu prends la mouche pour rien. T'es vraiment pas une rigolote.

C'était décidé. J'allais le tuer. Il me menait en bourrique depuis des lustres et maintenant il venait se plaindre de mon comportement?

- Ecoute moi bien, ça bien vingt minutes que tu es censé me ramener aux dortoirs, et ça fait vingt putain de minutes que je te suis partout en t'entendant jacasser, poser des questions et raconter des stupides légendes à propos de fontaine! Alors maintenant, je dois retourner dans ma chambre, puisque quelqu'un m'y attend!

Il y eut un grand silence, hormis ma voix qui résonnait encore contre les murs.

- Wahouw. Tu en avais des choses sur le coeur...

- Laisse tomber, je n'ai pas que ça à...

- Allez Grincheuse, viens, dit il en me prenant le poignet. Tu n'avais qu'à dire que ton petit copain t'attendait dans ta chambre.

Là dessus, il me fit un clin d'oeil absolument éhonté.

- Je... Tu sais quoi, je ne vais pas me justifier devant toi!

- Je plaisantais. On y est presque, t'emballe pas.

Toujours tractée par la force de son bras, je remerciai le ciel de m'être enfin fait arriver à destination. Ma conscience me rappela que même si ce garçon était particulièrement énervant, c'était en parti grâce à lui que j'allais retrouver Alice.

- Désolée d'avoir été aussi agressive. Mais elle m'attend depuis longtemps et doit commencer à s'inqui...

- Elle? m'interrompit-il.

- La personne qui m'attend. Mon amie. Bref. Elle doit vraiment s'inquiéter là.

- Je comprends. Désolé d'avoir fait mon imbécile.

Je lui souris sincèrement alors que nous empruntions un centième couloir. Une question me vint subitement en tête.

- Dis...

- Ouais?

- Comment ça se fait que tu ne savais pas qui j'étais? Je veux dire, tout le monde a entendu parler de moi, et tout le monde a déjà placé mon nom sur mon visage. Mais toi non. Et puis... je ne t'avais jamais vu avant.

- C'est qui qui pose des questions maintenant?

J'allais répondre, mais il fut plus rapide.

- Je suis parti pendant trois mois. Longue histoire. Je viens tout juste de revenir. Mais cela ne m'a pas empêché d'entendre parler du "phénomène Alex".

- C'est pas drôle...

- Si, un peu. Tu aurais pu faire un effort et rire.

Et je ris, franchement.

- Je préfère ça, dit il en riant légèrement lui aussi.

Il s'arrêta soudain et me lâcha le poignet.

- Et bien voilà. On y est. C'était pas si compliqué que ça hein?

Et en effet, je reconnus le grand escalier de marbre blanc que j'empruntais si souvent. Je ne pus m'empêcher de sourire à sa vue, et de lâcher un soupir de soulagement.

- Mais c'est qu'elle sait sourire! s'exclama mon compagnon.

Je ne répondis pas, et lui donnai simplement une tape sur le bras. J'étais trop contente de reconnaitre enfin les lieux. Je lui jetai un regard en biais et lui fis un sourire en coin.

- Merci. Merci beaucoup. J'ai été une vraie emmerdeuse tout le trajet mais tu m'as quand même aidée.

- Je t'en prie.

Il y eut un silence gênant, pour au moins la dixième fois de la soirée, qu'il coupa rapidement.

- Bon et bien, c'était un plaisir.

- Le plaisir est partagé, dis je en faisant une courbette.

Il sourit, puis fit la chose à laquelle je m'attendais le moins au monde. Il s'approcha de moi, passa une main derrière ma nuque, l'autre autour de ma taille et m'embrassa. Ses lèvres se posèrent doucement sur les miennes et mon cerveau s'emballa. Qu'est ce que j'étais censé faire? Son baiser était agréable et doux, et je ne pus m'empêcher de le laisser continuer, sans lui rendre réellement pour autant. Un curieux sentiment de culpabilité montait en moi, sans que je ne sache réellement pourquoi. Et cela était extrêmement dérangeant. Mais je devais avouer qu'il savait ce qu'il faisait et embrassait plutôt bien.

Quand il se détacha de moi, je m'humectai les lèvres et relevai les yeux vers lui. Il souriait.

- Tu ne m'es plus redevable maintenant.

Mes yeux s'écarquillèrent d'eux même, mais je ne pus retenir un sourire moi aussi. Ce garçon était vraiment insupportable!

- Bon. A la prochaine Alex! dit-il en s'éloignant, les mains dans les poches.

Je souriais toujours, totalement incrédule.

- Tu ne m'as toujours pas dit comment tu t'appelais! m'écriai je alors qu'il s'apprêtait à disparaitre au coin du couloir.

- T'en fais pas! Je te retrouverais!

Je ne répondis rien. Je le regardai juste partir, jusqu'à ne plus le voir. Je restai seule un moment dans le noir, dans l'incompréhension totale. Je n'étais pas sûre d'avoir compris ce qu'il venait de se passer, mais cela ne faisait rien. Maintenant, je voulais juste rejoindre Alice et découvrir enfin ce que contenait tous ces documents sur moi.

Salut tout le monde! Voilà le chapitre de la semaine que je vous avais promis! J'espère qu'il vous plaira, et surtout, qu'il vous aura surpris! ;) N'hésitez pas à vous lâcher dans les commentaires et n'oubliez pas de voter :) Qu'est ce que vous pensez de l'escapade d'Alex et d'Alice? Que pensez vous que les filles vont découvrir dans tous ces documents, et le fameux carnet? Quelles sont vos impressions sur le nouveau personnage? Bref, j'attends vos réactions dans les commentaires!

Enjoy! <3

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