Chapitre 21
Toc, toc, toc.
Je frappai trois coups à la porte du bureau de Greg. Alice me jeta un oeil amusé et s'apprêta à enter par elle même. Mais elle eut à peine le temps d'amorcer son mouvement que Greg apparut sur le seuil.
- Ah Alex! J'allais justement envoyer quelqu'un te chercher. Entre.
Greg disparut au fond de la pièce et je vis Alice faire la moue.
- Salut Greg, moi aussi je vais bien, c'est gentil de le demander, bougonna-t-elle.
Je souris jusqu'aux oreilles -vraiment contente de l'avoir retrouvée - et suivit Greg. Je m'installai dans un des fauteuils en cuir et Alice s'assied dans celui à côté de moi. Balto -qui se tenait jusqu'à présent près de l'énorme bibliothèque- vint immédiatement se poster à mes pieds.
- Salut , lui soufflai je.
Il ne répondit pas mais me regarda intensément.
- Je suis content que vous vous soyez retrouvées, déclara Greg en nous observant Alice et moi. Vous faites la paire toutes les deux.
Alice gloussa et me donna un coup d'épaule.
- La super équipe est de retour!
Greg rit et se laissa glisser dans son siège, puis redevint sérieux.
- Alex, j'ai conscience pour toi que ce ne sera pas facile, mais je veux que tu reprennes les entrainements le plus tôt possible.
- Avec Jake? demandai je, soudain nerveuse.
- Pas forcément. Je pensais plutôt que tu pourrais rejoindre le reste du groupe. Les autres sorciers et sorcières. Si ça te tente bien sûr...
- Evidemment! dis je avec plus d'enthousiasme que je ne pensais en avoir.
- Parfait! Mais avant ça, je veux que tu vois avec Madeleine. C'est celle qui te donne le feu vert. Pas question que tu fasses quoi que ce soit avant que tu ne sois guérie.
- Oh, vous savez, ce n'est pas grand chose.... répondis je en lorgnant sur les bandages autour de mes mains.
- Je préfère quand même que tu te ménages. Par mesure de précaution.
- Entendu.
Il hocha la tête.
- Je me suis mis d'accord avec le gardien...
- Balto, l'interrompis je.
- Quoi?
- Il s'appelle Balto.
Nous lorgnâmes tous sur lui et je crus voir une lueur de reconnaissance dans ses yeux bleu quand il tourna la tête vers moi.
- D'accord , concéda Greg visiblement contrarié. Balto. Je disais donc, que Balto te suivra partout. Sous couverture, pour ne pas attirer l'attention. Il se fera passer pour ton chien.
- Pour mon chien?
- Oui , exactement comme tu l'as fait dans la rue.
- Je ne suis pas certaine que ma mère appréciera... Elle n'a jamais voulu avoir d'animaux et...
- Alex! Nous nous sommes mis d'accord. Pas seulement moi et Balto mais moi et le Cercle Supérieur. Tu comprends? Je me suis engagé.
La mâchoire crispée, les yeux plissés... Tout dans son attitude laissait entendre qu'il n'y avait pas matière à discuter.
- J'essayerai de la convaincre, promis je sans grande conviction .
Même si je n'y croyais pas, je ne voulais pas m'attirer les foudres de Greg. Il valait donc mieux tenter ma chance auprès de ma mère.
- Merci, dit Greg dans un souffle.
Il mit son menton dans son poing et prit le temps de réfléchir.
- Je peux contribuer, annonça-t-il perdu dans ses pensées. J'imagine que ça changerait la donne.
Il fronça les sourcils, plissa les lèvres et se gratta le menton. Puis il se mit à farfouiller dans un des ses tiroirs. Alice me jeta un regard interrogateur.
- Voilà , je l'ai!
Alice et moi nous penchâmes en avant comme un seul homme, pour voir ce que Greg brandissait fièrement. Un petit objet rectangulaire , munie d'une puce...
- Une carte de crédit? s'étonna Alice.
- Oui, une carte de crédit. Pour toi, Alex.
Il me la tendit mais je n'osai pas la prendre.
- Pour moi?
- Tu peux acheter tout ce dont tu as envie. Budget illimité.
- Illimité? répéta Alice. Illimité?
Elle était au bord de l'hystérie mais Greg n'y prêta pas attention. Il me fixait, yeux dans les yeux.
- Commence par acheter des affaires pour Balto. Nourriture, laisse, panier.... Si ta mère sait que tu sais te débrouiller financièrement, elle acceptera plus facilement. Après , tu peux acheter de quoi meubler ta chambre, des vêtements, un ordinateur, des livres... Ce que tu veux !
Alice laissa échapper un petit cri.
- D'ailleurs, tu vas y aller maintenant. Ne te gêne surtout pas pour dépenser, on veillera à alimenter ta carte.
Il se leva et nous poussa gentiment, Alice et moi, dehors.
- J'ai encore des choses à régler avec Balto. Tu viens le récupérer toute à l'heure, avant de rentrer chez toi?
- En fait, je pensais rester ici pour le week-end.
- Pas de soucis. Il te rejoindra plus tard.
- Greg? intervint Alice.
- Oui?
- On peut t'emprunter Bob s'il te plait?
Il sourit et sa peau se plissa aux coins de ses yeux.
- Bien sûr. Amusez vous bien.
- Greg ? dis je à mon tour.
- Oui?
- Vous êtes sûr pour la carte? Je ne veux pas m'imposer ou utiliser de l'argent qui pourrait être utile à d'autres...
Je me doutai bien que tout le monde n'avait pas droit à ce traitement de faveur et je me sentais un peu coupable de posséder un tel avantage alors que je venais d'arriver.
- Sûr et certain. Pour tout te dire, nous ne manquons pas d'argent. Cette carte est à toi.
Et il claqua la porte.
- Je n'ai rien compris, avouai je. Qu'est ce qu'il vient de se passer?
- Ce n'est pas grave! Je vais t'expliquer en voiture!
- En voiture? Quelle voiture? Et on va ou?
- En ville! répondit-elle en faisant l'impasse sur mes premières questions. On va faire du shopping!
***
Alice et moi avions emprunté un ascenseur -le premier que je voyais dans le bâtiment- pour nous rendre au parking souterrain. Elle m'avait expliqué que "Bob" était le chauffeur et garde personnel de Greg.
- Il est un peu froid de premier abord, avait-elle dit. Mais si tu apprends à le connaitre, tu verras qu'il peut être très sympa.
Nous étions maintenant entrain d'arpenter le parking. Le bruit de nos pas raisonnaient en un long écho contre la cavité.
- On fait quoi? dis je tout bas. Il est ou Bob?
Alice se rapprocha de moi sans cesser de marcher.
- Greg a dû le prévenir de notre arrivée. Il est certainement déjà à la voiture. On va le rejoindre.
- D'accord Mais écoute Alice, je ne me vois pas dépenser tout l'argent de Greg pour des broutilles. Je vais acheter des affaires pour Balto et c'est tout.
Alice s'arrêta et me prit par les épaules, me forçant à en faire de même.
- Alex. Tu ne comprends pas? Greg t'a donné LA carte de crédit. Celle à budget illimité! Illimité! Tu ne dois pas te rendre compte. Greg ne me l'a JAMAIS ne serait-se que, prêtée.
- Oui, je sais. Mais c'est son argent.
Nous nous remîmes en marche.
- Tu es au courant que Greg ne regarde même pas ses comptes? C'est sa secrétaire qui le fait. Il s'en fiche totalement...
- Sérieux?
- Sérieux.
Alice fronça les sourcils et tourna vers la droite traversant les rangées de voitures.
- Tu peux me dire pourquoi on chuchote depuis toute à l'heure? demanda t elle.
- Je n'en n'ai aucune idée!
Nous échangeâmes un sourire et pressâmes le pas. Je ne savais pas pourquoi mais cet endroit me donnait la chair de poule. Il y faisait frais et à part le bruit de nos pas et de nos respirations , il y régnait un silence de mort.
- Je ne sais plus exactement ou Bob parque la voitu...
- Bonjour.
Alice hurla comme une dingue et planta ses ongles dans mon avant bras tandis que je poussai un cri strident en me retournant vers la voix. Un homme grand et chauve se tenait devant nous.
- Bob ! Vous nous avez foutu une peur bleue! s'exclama Alice.
- Désolé, je ne voulais pas vous effrayer. Miss Hunter, Miss Patterson, dit il en ouvrant la portière arrière. Si vous voulez bien monter à bord.
Je haussai un sourcil mais suivis quand même Alice à l'intérieur du van. Bob referma la porte et passa devant le volant. Je bouclai ma ceinture et examinai l'ensemble de la voiture. Les sièges étaient en cuirs bruns, grands et moelleux tandis que les vitres arrières étaient teintées. De nombreuses options étaient intégrés à l'engin -vu le nombre de bouton- et un petit frigo noir était encastré dans l'accoudoir de Bob. Ce dernier portait un costard et une cravate noirs sur une chemise blanche. Je ne comprenais pas la règle qui disait que les agents de sécurité devaient mettre un costume. Et si jamais ils étaient amenés à se battre? Tout le monde serait d'accord pour dire qu'un jogging était plus pratique.
- Ou devons nous aller Mesdemoiselles?
- Le centre commercial, s'il te plait. Chez Pixy , précisa Alice.
- Bien Mesdemoiselles, répondit Bob.
Il démarra la voiture.
- Bob! Je t'ai déjà dit mille fois que tu pouvais m'appeler Alice. Et il en est de même pour Alex.
Bob nous regarda dans le rétroviseur et je hochai la tête en guise d'affirmation. Il retourna son attention devant lui.
- C'est la règle Miss Hunter. Je travaille pour vous.
- Non, tu travailles pour Greg.
- Je suis votre employé, renchérit-il.
- Non, tu es mon ami! Pas vrai Boby?
Alice le gratifia d'une tape sur l'épaule avec un sourire en coin et je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire.
- Miss Hunter, dit Bob en soufflant d'exaspération.
Mais il souriait lui aussi.
- T'inquiète pas Boby. Je ne dirai rien à Greg.
La voiture arriva devant une grande grille en métal et stoppa. Bob ouvrit sa fenêtre et passa une clé magnétique sur un capteur. La porte de fer glissa sur le côté et Bob fit rouler la voiture jusqu'à l'extérieur de l 'enceinte.
- On commence par acheter des affaires à Balto, prévins je Alice. Pas question de dépenser pour tout et n'importe quoi.
C'est ce que j'avais dit. Mais avec Alice, impossible de résister.
***
Après avoir été dans une animalerie, Alice m'avait trainée dans de nombreuses boutiques. Du magasin de vêtement, nous étions parties à la parfumerie, puis dans un magasin de décoration et ainsi de suite. Alice avait réussi à me faire dépenser de l'argent dans chaque endroit ou nous avions posé les pieds. Bob nous avait suivi partout, que se soit pour nous aider à porter nos sacs jusqu'à la voiture ou pour nous protéger en cas de danger. Cette après midi avait été mouvementée et assez fatigante -à cause de mes blessures j'avais les jambes en feu-, bien que je devais admettre qu'Alice et moi nous étions éclatées. Grâce à elle, je n'avais -presque- pas pensé à Jake et à ce que je comptais faire de lui. Est ce que j'étais censé le laisser respirer? Lui laisser du temps? Ou, au contraire, aller le voir dès que possible et mettre les choses au clair? Je n'en n'avais aucune idée, mais sachant que j'étais terrifiée à l'idée de le revoir, je penchais plutôt pour la première option.
Sur le chemin du retour, j'avais profité du temps mort en voiture pour passer des coups de fil. Ma mère -pour lui fournir une excuse bidon quant au fait que je ne dormirais pas à la maison-, Charlie et Mélodie -pour les tenir informer des derniers évènements- et Lionel - juste pour prendre de ses nouvelles-.
Une fois rentrée à l'Institut, Alice et moi avions rangé nos emplettes et j'avais préparé un espace dans ma chambre pour Balto. J'y avais soigneusement disposé un panier et des coussins, deux gamelles, un sac de nourriture -bien que je ne sois pas sûre de ce que mangerait Balto -et tout plein d'autre objets.
Ensuite, Bob avait proposé de me conduire chez moi. D'une part pour récupérer certains effets personnels et de l'autre pour y déposer ce dont Balto aurait besoin; exactement comme je l'avais fait à l'Institut. Alice avait retourné toute ma chambre et avait crée une véritable pagaille. Mais grâce à elle, j'avais remis la main sur de vieux objets comme mon appareil photo polaroïde ou les chaînes que j'accrochais toujours à mon jeans. Retrouver mes chaînes m'avait fait penser à l'époque ou je faisais du skate bord et Alice et moi étions allées à sa recherche dans la cave. Et en plus de l'avoir finalement récupérer, nous avions aussi trouvé de vieilles photos de moi...
J'étais retournée dans ma chambre -à l'Institut- avec Alice. Nous avions commandé des pizzas et regardé un film devant mon nouvel ordinateur. Tout ce que j'avais rapporté de chez moi était au sol, dans des caisses en carton. Je m'étais promise de les rangées dès le lendemain, car je n'avais plus la force de le faire maintenant. Allongée à côté d'Alice, je m'endormis devant le film.
***
Quand je me réveillai, je découvris que l'ordinateur était toujours allumé. Alice avait fait comme moi, elle s'était laissée emportée dans les bras de Morphée avant la fin du film. J'éteignis le pc et filai prendre une douche, faisant -comme me l'avait conseillé Madeleine -attention à ne pas savonner mes blessures. Une fois propre et séchée, j'appliquai la crème sur mes brûlures et emballai soigneusement mes blessures avec des bandages. Je m'emparai d'un chemisier vert olive en soie -acheté par Alice pour moi- et mis un jeans boyfriend avec un ourlet. Je me séchai rapidement les cheveux et les brossai , avant d'en faire une queue de cheval haute. Deux petites mèches s'en échappèrent et encadrèrent mon visage. J'entendis quelqu'un frapper à la porte et sortis vite de la salle de bain avant que le bruit ne réveille Alice. Mais quand j'arrivai, il est déjà trop tard. Alice est assise dans le lit, les cheveux en pétard et les yeux fatigués.
- Qu'est ce qui se passe? demanda t elle, la voix pâteuse.
- Rien, rien. Juste quelqu'un qui frappe à la porte.
Je me dirigeai vers celle ci et l'ouvris. Un garçon que je n'ai jamais vu se tenait dans l'encadrement de la porte.
- Léo ! s'écria Alice.
Je me retournai vers elle et la vis se couvrir le visage avec les draps, puis partir en trombe s'enfermer dans la salle de bain.
- SALUT ALICE, dit le dénommé Léo assez fort pour qu'elle l'entende depuis la salle de bain .
- Tire toi ! rétorqua t elle.
J'entendis Léo rire et reportai mon attention sur lui. Il était grand et musclé, comme tous les garçons qui s'entraînaient d'arrache pieds à l'Institut. Il avait des cheveux châtains courts et des yeux noisettes. Il portait un t-shirt gris clair.
- Tu vas me laisser entrer ou tu préfères que je poireaute sur le pas de la porte?
Il arborait un immense sourire et semblait extrêmement joyeux.
- Je peux savoir qui tu es? demandai je, suspicieuse.
Il me regarda de haut en bas.
- Je suis Léo, répondit-il simplement.
- Merci, ça, je le sais. Mais qui es tu vraiment? Et qu'est ce que tu me veux?
- Ah oui, bien sûr. Je vois ce que tu veux dire.
Il toussota dans son poing pour s'éclaircir la gorge.
- Je m'appelle Léo Garcia. Je suis le meilleur ami de Jake et... pour tout te dire Alice est raide dingue de moi!
Il avait terminé sa phrase un ton plus bas, comme si il me confiait un secret.
- Arrête de dire des conneries et dégage! s'écria cette dernière.
- Moi aussi, je suis content de te voir! répondit il en hurlant.
Il se retourna vers moi et continua:
- Et pour ce que je viens faire ici... C'est un peu plus compliqué.
Il passa à côté de moi et alla s'affaler sur le lit. Sur MON lit. Je fermai la porte et lui fis face.
- Comme je te l'ai dit, je suis le meilleur ami de Jake. Ce qui veut dire que je passe tout mon temps avec lui.
Il passa une main sur son visage.
- Et ces temps ci, il n'est pas de, disons... très bonne humeur.
Léo releva les yeux vers moi et capta mon regard.
- Et crois moi , le mot est faible.
Je poussai un long soupir et haussai les épaules.
- Et qu'est ce que tu veux que j'y fasse? En quoi ça me regarde?
Léo fronça les sourcils et parut déstabilisé.
- Tu... Tu n'es pas Alex?
- Si. Si, c'est moi. Pourquoi?
- Et bien voilà!
- Voilà quoi?
- S'il est comme ça, c'est ta faute... répondit-il comme si c'était une évidence.
- J'espère que c'est une blague. Je viens de rentrer et je n'ai absolument rien fait pour provoquer sa colère.
- Il m'a raconté ce qu'il s'est passé au réfectoire.
- C'est lui qui m'a immédiatement agressé! rétorquai je.
- Je connais Jake par coeur. Il est comme un frère pour moi. Et je te dis, que tu es à la source du problème.
- Et bien je m'en fiche! Il a réagit comme un enfant, et j'ai assez de problèmes comme ça pour m'occuper d'un truc en plus!
- Oh Alex! Pitié! J'ai besoin de ton aide! Les gars et moi, on en peut plus des sautes d'humeur de Jake.
- Comment ça "les gars" ? demandai je, soudainement agacée . Et qu'est ce qui me prouve que tu es vraiment le meilleur ami de Jake? Comment cela se fait il que je ne t'ai jamais vu?
Léo sourit et pencha la tête sur le côté.
- Ok, ok! On se calme Calamity Jane! Je suis bel et bien le meilleur ami de Jake. Si tu ne m'a jamais vu, c'est parce que j'étais en mission pour une histoire de surveillance. Jake devait venir avec moi, mais au moment ou je suis parti, il devait te surveiller donc il a "annulé". Et quand je dis "les gars", je parle de mes amis et de ceux de Jake. Ludo, Red et Samael.
Devant mon air perdu , il fronça les sourcils .
- Bon sang , j'arrive pas à y croire! Jake ne t'a jamais parlé de nous?
Je répondis par la négative et Léo jura. Tandis que je réfléchissais aux paroles de Léo, un déclic se fit.
- Il m'a bien parlé une fois des ses ... "amis ninja dragueurs".
Je me souvins de cette après midi dans la forêt, ou après un entrainement, nous nous étions allongés côté à côté dans l'herbe pour parler. Lors notre discussion, Jake m'avait envoyé une poignée de feuilles en plein visage et cette simple blague s'était transformée en vraie guerre. J'avais l'impression que cela remontait à une éternité alors que ça s'était passé il y a seulement un peu plus d'un mois. Rien que de ressasser tous ces souvenirs, je voyais le mal de crâne arriver. Ne tenant plus en place, je me mis à ranger les caisses en carton sur le sol.
- Cela ne m'étonne même pas qu'il ait dit ça! Tout ça parce que la dernière fois nous...
Léo s'arrêta brusquement et releva la tête.
- Laisse tomber, tu veux pas savoir...
Sans faire attention à sa remarque , je pris mon skate-board et le glissai au dessus de ma penderie . J'entendis l'eau coulée et en déduisis qu'Alice s'était décidée à prendre sa douche.
- Bref, tout ça pour dire que j'aimerais que tu arranges cette histoire avec Jake...
- Je suis désolée de te le dire Léo, mais ce n'est plus mon problème. Jake m'a fait comprendre qu'il ne voulait plus me voir; et la moindre des choses est de respecter sa volonté.
Il leva les yeux au ciel et souffla.
- Je sais. Mais j'ai vraiment besoin de ton aide. Il faut que tu lui parles. Que vous mettiez les choses au clair.
- Il ne veut pas me parler. Il ne veut même pas de moi ici.
- Je sais.
- Donc, tu te rends compte que ce que tu me demandes est impossible.
- Ecoute. Je pense que tu ne te rends pas compte. Quand tu as décidé de quitter l'Institut, c'est moi qui me suis tapé le Jake tristounet et ennuyeux, sans parler d'Alice qui était tout le temps morose. Et maintenant que tu es de retour parmi nous, je dois me coltiner le Jake en colère, voir enragé. Mets toi à ma place, je vis un enfer!
Comme je ne répondis pas et continuai à mettre de l'ordre dans la chambre, il enchaina:
- Tu le rends dingue! Littéralement. Ce qui veut dire que Jake perd les pédales. Et j'en ai marre de cette putain de situation à la con...
Je restai sans voix. Je ne m'attendais vraiment pas à ça.
- Tu es venue ici, puis tu es partie et ensuite tu es revenue. Que tu le veuilles ou non, tu es responsable.
D'un seul coup, je me sentis incroyablement coupable et égoiste. Il fallait que je rectifie le tir. Non seulement pour Léo mais aussi pour Jake et pour moi... Car peu importe ce que je disais, Jake était un ami auquel je tenais et je ne voulais pas le perdre. Il est vrai que nous ne nous connaissions pas depuis longtemps, mais les circonstances de notre rencontre changeaient la donne. Je me sentis empreinte d'une détermination nouvelle.
- Ok. Tu as raison , j'irai lui parler.
Léo sourit d'un air triomphant.
- Génial! Merci , mille fois!
Il se leva et jeta un regard vers la salle de bain.
- Bon , j'imagine qu'Alice va rester enfermer là dedans jusqu'à ce que je sorte donc... je ferais mieux d'y aller.
Il ouvrit la porte et hésita à sortir.
- J'aimerais qu'on soit amis. Tu as l'air d'être une fille bien et ce serait chouette... pour Alice et Jake.
Il sa gratta le sourcil droit.
- Je ne veux pas que tu m'en veuilles parce que je suis venue te harceler.
Je souris et sentis la frustration qui me tordait l'estomac depuis que Léo était arrivé s'évaporer.
- D'accord. On est amis.
Il sourit et me tendit sa main. Je l'attrapai et la serrai.
- J'y vais. Je vais essayer de dompter le monstre Jake, avant qu'il s'aperçoive que je lui ai fait faux bond...
Il quitta la pièce sur ces mots. Je me laissa tomber dans le lit en soufflant. La porte de la salle de bain s'ouvrir laissant apparaitre Alice, toute fraiche et toute pimpante.
- Alors, qu'est ce qu'il voulait? me demanda-t-elle.
Je tapotai le lit à côté de moi.
- Viens, que je t'explique...
Voilà! Désolée pour l'attente et les fautes d'orthographes... Bientôt, un évènement un peu particulier arrivera et j'espère que ça vous plaira... Mais je n'en dis pas plus! Sinon, n'oubliez pas de voter si vous avez aimé et/ou de commenter pour me donner votre avis :)
ENJOY :p
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