Chapitre 20

J'étais entrée dans ma chambre et avais défait la fameuse boite noire. Il y avait tout un tas d'objet n'ayant aucun rapport les uns avec les autres. J'avais pris les draps bordeaux qui s'y trouvaient et avais fait mon lit. Puis j'avais sortis toutes les affaires à disposer dans la salle de bain. J'avais également trouvé un cadre vide que j'avais posé sur ma table de chevet. Je me demandais pourquoi Greg en avait laissé un dans ma boite mais ne m'en souciais pas plus que ça. Alors que je croyais avoir tout déballé dans ma chambre, je remarquai que j'avais laissé quelque chose au fond de la boite. Des tenues d'entrainements. Je sortis le premier vêtement qui n'était rien d'autre qu'une veste en cuir noir. Elle ressemblait à un perfecto avec toutes ses tirettes et son col en triangle. J'avais déjà vu Alice portée exactement la même, et Jake en avait une similaire, mais beaucoup plus masculine. Il y avait aussi un t-shirt à longues manches, un t-shirt basique, un débardeur , des pantalons et des bottines. Et plein d'autres accessoires. Tout était noir évidemment. Je décidai de me changer en enfilant une tenue complète et rangeai le reste dans une armoire. Tout me semblait en ordre dans ma petite chambre, mais je me promis de très vite ramener certaines de mes affaires, histoire de m'y sentir comme chez moi.

Je sortis de la pièce, une boule d'angoisse me serrant le ventre. J'appréhendais réellement la réaction d'Alice. Serait elle heureuse? Enervée? Surprise? Il n'y avait qu'une seule façon de la savoir. Je soufflai un grand coup, traversai le couloir et toquai à la porte de sa chambre. Il n'y eut aucune réponse. Je mis ma main sur la clinche et tentai d'ouvrir la porte. Elle était évidemment verrouillée. Je levai la tête et les mains au ciel , en poussant un cri de frustration. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'entendis pas les bruits de pas dans le couloir.

- Tu cherches Alice?

Je me retournai après un sursaut. Une fille aux cheveux noirs et raides se tenait devant moi. Ses yeux étaient très fortement maquillés, encerclés de fard à paupières et d'eyeliner. Elle avait opté pour un rouge à lèvres mauve. Elle était occupée à fermer sa porte et mâchait un chewing gum.

- Oui, répondis je simplement. Tu sais ou elle est?

- Tu l'as ratée. Elle est partie en direction du réfectoire il y a cinq minutes.

J'acquiesçai en signe de remerciement.

- Je suis Alex.

Un blanc s'installa, le temps que la fille fasse éclater sa bulle de chewing gum.

- Et moi, Soraya.

Puis elle haussa les sourcils, l'air pensive.

- Tu ne serais pas la fille qui a fait une crise la dernière fois? Les larmes de sang?

Je me sentis immédiatement mal à l'aise. Je détestais parler de ça , surtout avec des inconnus.

- Ouais, c'est moi. Désolée, je dois y aller.

Et je m'enfuis, sans me retourner.


***


Le réfectoire était bondé. Il y avait du monde partout, si bien que je restai plantée quelques instants sur le seuil, le temps de repérer Alice. Elle était à table, occupée à manger avec Raphaelle et Astrid. Je m'insinuai dans la foule et traversai la pièce au pas de course. J'avais hâte d'en finir; d'être débarrassée de cette angoisse inflexible qui me murmurait que je n'allais pas être la bienvenue. Mais c'était ridicule. Alice était mon amie non? Il n'y avait pas de quoi stresser.

Raphaelle fut la première à me voir. Elle écarquilla les yeux et donna un coup de coude à Astrid.

- Aie ! s'écria cette dernière.

Puis Astrid posa les yeux sur moi.

- Alex?

Alice se retourna immédiatement et je restai sans voix, tandis qu'elle me détaillait de haut en bas.

- Alex, c'est bien toi! dit elle, visiblement soulagée.

Un grand sourire se forma sur son visage et elle se rua sur moi. Ses bras se refermèrent autour de mon cou et elle me serra contre elle. Je reculai un peu pour ne pas perdre l'équilibre. Elle nous avait presque fait tomber dans son élan.

- Tu m'as tellement manquée!

- Toi aussi, tu m'as manquée!

Je la pris dans mes bras et lui rendis son étreinte , le sourire aux lèvres.

- Tu es revenue? Tu fais parti des Elus? Quand Astrid a prononcé ton prénom, j'ai cru qu'elle avait halluciné.

Alice recula, les mains toujours sur mes épaules et me fixa quelques instants.

- Cet uniforme te va à merveille. Qu'est ce qu'il te rend sexy!

J'éclatai de rire. C'était elle, la Alice que je connaissais. Cette fille pétillante et enjouée, qui avait toujours le mot pour rire. Elle m'entraina à table et je m'assieds à côté d'elle. Raphaelle posa sa main sur la mienne et me sourit tendrement.

- Je suis contente que tu sois de nouveau parmi nous.

- Merci. Je dois dire que ça me fait plaisir de vous revoir.

- Et moi, je veux tout savoir! s'exclama Astrid. Je savais que tu étais de retour mais je ne sais toujours pas pourquoi.

- Attends un peu ... commença Raphaelle.

- Tu savais qu'Alex était là ? finit Alice.

Je passai ma main dans les cheveux pour remettre en place une mèche qui me tombait dans les yeux.

- Longue histoire, dis je en même temps qu'Astrid.

Alice leva les yeux au ciel, sans se départir de son sourire. Puis elle remarqua les bandages sur mes mains.

- ALEX ! QU'EST  CE QUE T'AS FOUTU?

Je grimaçai et alors que j'allais répondre, je fus brusquement tirée en arrière. Les pieds de la chaise sur laquelle j'étais assise grincèrent au sol dans un bruit épouvantable tandis que les filles me regardèrent avec des visages horrifiés. Et elles n'étaient pas les seules. D'autres personnes présentes dans la salle me dévisageaient ouvertement. La traction s'arrêta soudain, et je serais tombée en avant si mes mains n'étaient pas crispées contre le siège. Quelqu'un me saisit le bras -un peu trop violemment- et m'entraina avec lui. Je me dégageai et me retournai vers l'inconnu. Qui n'en n'était pas un. Jake me faisait face, visiblement furieux. Il était exactement comme dans mon souvenir.  Grand, beau, blond, irrésistible. Avec un pincement au coeur, je me fis la réflexion que ce n'était pas le meilleur moment pour m'extasier devant lui. Comme il ne disait toujours rien, je me décidai à prendre la parole.

- Salut...

Jake ne répondit pas, ne cligna pas des yeux, ne cilla pas. J'enfonçai mes mains dans mes poches, cachant par la même occasion mes bandages. Je me balançais d'avant en arrière sur mes talons, mal à l'aise. Son silence me terrifiait. En ce moment même, j'aurais préférer être en face de quatre autres goules plutôt que de devoir affronter le regard inquisiteur de Jake.

- Jake, écoute. Je...

- Tais-toi.

Je sortis mes mains de mes poches et croisai les bras devant ma poitrine. Comme si cela pouvait me protéger de ce que Jake allait dire. Des ses remarques , de ses critiques.

- Je ne sais pas ce que tu es venue faire ici, déclara t il. Je ne sais pas pourquoi tu es revenue mais...

Il crispa les poings et détourna la tête comme si il ne pouvait pas se résoudre à me regarder, comme si je le dégoutais.

- Mais retourne chez toi. Je veux que tu partes immédiatement et que tu ne reviennes jamais.

Ses mots creusèrent un trou dans ma poitrine. Je ne m'attendais pas à ça. Je ne savais pas qu'il serait aussi en colère, qu'il utiliserait des mots aussi crus. Qu'il me considèrerait comme la dernière des idiotes. Que son rejet me causerait autant de peine. 

Je relevai la tête pour la première fois et croisai ses yeux. Ses yeux bleu que j'adorais; qui avant, me regardaient avec bienveillance et qui maintenant ...

Mes yeux s'embuèrent de larmes. Je ne voulais pas partir, encore. Je ne voulais pas perdre mes amis, perdre Jake.

- Jake, je t'en prie! Laisse moi t'expliquer.

- Il n'y a rien à dire, rétorqua t il sèchement. J'en ai assez de toi.

Il amorça son départ mais j'empoignai le bas de son t-shirt violet pour le retenir. Mes doigts effleurèrent par inadvertance sa peau et il frissonna. J'eus la même réaction. Pendant un instant, Jake ne bougea pas. Il resta immobile et j'eus l'espoir qu'il s'était calmé. Son regard avait changé , il était de nouveau celui que j'appréciais. Mais l'instant d'après, son visage redevint neutre. Il me prit le poignet et me força à le lâcher.

- Tu ne peux pas me forcer à quitter l'Institut! m'écriai je.

- C'est vrai que tu n'as pas eu besoin de moi pour nous trahir la première fois!

Je trouvai les paroles de Jake injustes. Cela ne s'était pas passé comme ça et il le savait. Peut importe ce que Greg, lui ou les autres pensaient, au fond de moi, j'étais toujours humaine. Et pas une sorcière! Jake savait très bien que cela n'avait pas été une décision facile pour moi. Il aurait dû me comprendre.

- Comment peux tu dire ça? Je pensais que nous étions amis!

- Et bien tu croyais mal!

Je secouai la tête. Cette discussion ne menait à rien.

- Tu n'es qu'un idiot! crachai je.

Jake allait répliquer tandis qu'il était de plus en plus en colère, mais quelqu'un l'en empêcha.

- Stop! dit Alice. Arrête ça tout de suite. Tu n'as pas le droit de lui parler comme ça.

Elle restait calme mais sa voix était menaçante.

- Alors comme ça, tu prends sa défense? demanda Jake.

- Oui, je prends sa défense. Car comme elle l'a si bien dit, tu es un idiot. Un idiot qui regrettera amèrement ses paroles dans quelques jours.

Jake pinça ses lèvres en une courbe fine et détourna la tête.

- Très bien, répondit-il sèchement. Fais comme tu veux! Reste ou pars, je m'en fiche. Mais ne m'approche pas.

Les poings serrés et la mâchoire crispée, il s'en alla aussi rapidement qu'il était arrivé, me laissant ébahie et sonnée. Alice enroula son bras autour du mien et empoigna la chaise laissée en plan au milieu de la salle, avant de me conduire à notre table. Elle me fit asseoir et emmêla nos deux mains.

- Jake a réagit excessivement. ça lui passera, ne t'en fais pas.

Astrid me tendit une serviette. Je la pris et essuyai mon visage. Je n'avais même pas remarquer que je pleurais à chaudes larmes.

- Merci, murmurai je d'un voix brisée.

- Ne la remercie pas, tu es couverte de morve. C'est dégoutant! déclara Alice.

Elle me décocha un clin d'oeil et je compris qu'elle faisait de l'humour. Mais je n'étais pas d'humeur à rire.

Raphaelle revint -je ne m'étais même pas rendue compte de son absence- et déposa une assiette de spaghettis devant moi.

- Non merci. Je n'ai pas très faim.

C'était un énorme mensonge, puisque je n'avais rien avalé depuis ce matin, mais je me voyais mal manger et discuter tranquillement avec mes amies alors que je venais de me disputer avec Jake.

- Tu as intérêt à vider cette assiette ! déclara Alice.

Elle prit ma fourchette, enroula une bonne portion de pâtes et la plaça entre mes mains. Elle me jeta un regard noir, et, à contre coeur , j'acceptai cette bouchée. Ce n'est seulement qu'après avoir avalé que je me rendis compte que j'en avais encore envie.

Cristale arriva et s'assied. Elle haussa un sourcil en me voyant .

- OH NON ! Je croyais qu'on était définitivement débarrassé de toi.

- La ferme, ordonnai je.

Elle rit et mit ses pieds sur la table.

- Alors comme ça, il y a de l'orage dans l'air avec Jake?

- Comment t 'es au courant?

- Bon Dieu, mais toute la planète est au courant! Vous gueuliez comme des possédés! D'ailleurs tout le monde t'observe.

Je regardai aux alentours. Cristale avait raison. Les gens m'observaient en chuchotant .

- N'en rajoute pas Cristale, dit Raphaelle d'un ton plus sec que d'habitude.

L'intéressée leva les yeux au ciel mais n'insista pas. Les regards qu'on me jetait me donnaient envie de vomir. La curiosité malsaine qui en émanait m'oppressait.Je n'avais pas envie de rester une minute de plus ici.

- J'ai été super contente de vous revoir les filles, commençai je. Mais j'ai besoin de m'éloigner de ... de tous ces gens qui m'observent.

- On comprend, s'empressa de répondre Astrid avant que Cristale n'intervienne. On se voit plus tard?

- Promis, répondis je avec un faible sourire.

Je me levai maladroitement et remis ma chaise en place.

- Je viens avec toi, décida Alice.

- Ok , dis je en haussant les épaules.

Et nous nous dirigeâmes vers nos chambres.


***


Arrivées en haut, je me laissa tomber mollement sur mon lit. Alice referma la porte de ma chambre et s'assied au bord du matelas.

- Je suis contente que tu sois de retour, peu importe ce qu'en pense Jake.

Un long silence s'ensuivit.

- Merc . Comment est ce que tu vas sinon? Pour de vrai.

Elle se laissa choir à coté de moi et souffla longuement.

- Je vais beaucoup mieux depuis que tu es rentrée.

Ses mots me touchèrent. Je lui pris la main et la serrai.

- Tu m'as vraiment beaucoup manqué, déclarai j .

- Pourtant c'est ma faute si tu es partie.

Je fronçai les sourcils et me souvins des paroles qu'elle m'avait dites avant que je n'entre dans le bureau de Greg. Elle m'avait demandé de partir.

- Ce n'est... Je...

Je lâchai un ricanement et passai la main dans mes cheveux. Je n'arrivais pas à trouver les mots pour exprimer ce que je ressentais et cela avait le don de m'agacer.

- J'avais déjà pris ma décision. Je voulais partir et avoir une vie normale. Comme avant.

Je penchai la tête sur le côté et croisa son regard.

- Mais je n'ai pas directement compris. Que j'avais déjà fait un choix depuis longtemps.

Elle hocha la tête.

- D'accord.

- D'accord, répétai je.

Il y eut un nouveau silence et je décidai de changer de sujet.

- Depuis que je suis là, une question me turlupine.

- Vas y.

- Tu ne te serais pas refais une coloration par hasard?

Alice éclata de rire.

- Avec tous tes problèmes, tu trouves le temps de te poser des questions à propos de mes cheveux? T'es quand même grave! Et oui, j'ai refais mes mèches... C'est plus rouge comme ça! D'ailleurs, tu devrais te teindre les cheveux en rouge toi aussi, ça t'irait bien.

- Tu rêves! m'exclamai je.

- Bien entendu, tu ne te ferais pas des mèches... Mais toute ta chevelure!

- Ma mère ne me laissera pas le faire... Et JAMAIS, je ne toucherai à ma couleur de cheveux!

Alice sourit.

- Tant pis, j'aurais essayé!

Elle me fixa quelques instants d'un air rieur et je lui renvoyais sa moue. Puis elle reporta son attention sur mes mains.

- Pourquoi tu as des bandages? Tu ne m'as pas encore expliqué. Tu t'es blessée?

Et je lui expliquai tout. Dans les moindres détails. Que ce soit mes petits accidents en magie ou la course poursuite avec les goules. Je lui parlai même de Balto et remontai mon pantalon pour qu'elle voit mes jambes. Pendant tout ce temps, elle m'écouta sans m'interrompre, le visage grave. C'était ça qui était génial avec Alice. Elle pouvait un instant, être une vraie folle, capable de me faire rire et de me remonter le moral. Et l'instant d'après, être douce et attentionnée. Elle m'écoutait et était compréhensive. C'était l'une des nombreuses raisons pour laquelle je l'appréciais.

- Tu es géniale. Tu as fais brûlé des goules? Avec une bombe de déodorant? C'est tellement cool...

- J'aurais plutôt dit pathétique... Je suis censée être une sorcière mais je ne sais pas utiliser ma magie comme je devrais.

- C'est normal, tu débutes. Et c'est à cela que servent les entrainements. A t'améliorer.

- Je sais, c'est juste que je me sens inutile.

- Je peux comprendre. Mais c'est faux tu dois le savoir.

Je me relevai et m'étirai.

- Tu dors ici?

- Euh... je ne sais pas, répondis je.

La question me prit par surprise.

- S'il te plait. Reste ce week-end.

- Ok. Je dois aller parler à Greg. Je lui dirai que je reste.

Je me dirigeai vers la porte et l'ouvris.

- Tu viens? demandai je, hésitante.

- Et comment! Je ne te quitte plus!


Salut, tout le monde! Je suis vraiment vraiment désolée pour cette longue absence! Je suis partie un mois en vacances et je dois avouer que j'ai eus vraiment du mal à me remettre dans le bain . Mais ce break m'a aussi donné plein d'idées et je pense que les prochains chapitres vont vous plaire (en tout cas , j'espère!). Dites moi si vous avez aimé cette partie, je prie pour qu'elle ne vous déçoit pas!

Gros bisous!

XOXO

                               




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