Chapitre 19

J'avais la tête en bouille et les tripes chamboulées. Pas étonnant que je remette mon déjeuner. Je pris mon paquet de mouchoirs dans mon sac et m'essuyai rapidement la bouche. Des créatures avaient essayé de me tuer. Des bêtes immondes, semblables à celles qui résident dans les cauchemars des enfants. Je me laissai glisser au sol, telle une poupée désarticulée. Maintenant que l'adrénaline était redescendue, je ressentais pleinement les effets de ma  folle course. À commencer par mes paumes. Elles étaient brûlées , certainement superficiellement, mais cela faisait comme même un mal de chien. Quant à mes jambes, c'était la même galère. En plus de m'être arraché la peau sur le béton, tel du fromage sur une râpe, j'étais tombée sur la bouche d'aération , qui avait causé les mêmes dégâts que sur mes mains. J'avais également un vilain bleu sur ma cheville , à l'endroit exact ou le monstre avait enroulé son membre visqueux. Et maintenant, un loup se tenait devant moi. Un loup! Comme si ma journée ne pouvait pas être pire.

- Merci, dis je à haute voix.

Cela pouvait sembler débile de remercier un animal, mais après tout, il ou elle venait de me sauver la vie. Alors, peu importe qu'il me comprenne ou pas, je me sentais redevable.

- Je t'en prie, répondit-il d'une voix grave.

Ce fut le choc. Ma bouche s'ouvrit d'elle même et mes yeux s'écarquillèrent.

- Attends... Tu... Tu...

Je n'arrivais pas à aligner plus de deux mots tellement cette situation me semblait invraisemblable.

- Je parle, c'est exact.

Je secouai la tête de droite à gauche, les mains sur les oreilles, comme si je pouvais tout nier en bloc.

- C'est impossible, marmonnai je pour moi même. Impossible...

- Et pourtant, tu as la preuve du contraire devant toi.

Je soufflai et pris ma tête à deux mains. Je pensais que les sorciers étaient les seules créatures surnaturelles à exister. Et maintenant, je savais qu'il y avait aussi des monstres répugnants et des loups parlants! Et puis quoi encore? Des vampires et des loups-garous? Je blêmis à cette idée. Et si c'était vrai? Je crus un instant que j'allais à nouveau être malade, mais je devais être plus résistante que ce que je ne pensais car je ne le fis pas.

- Je ne sais même pas pourquoi ça m'étonne..., dis je en agitant les bras. Toutes ces histoires sont complètement dingues!

Il ne répondit rien et j'en fus soulagée. Il me fallait un peu de temps pour assimiler la nouvelle et le fait qu'il jacasse sans arrêt m'aurait perturbée. Soudain, je partis d'un énorme éclat de rire. C'était nerveux , sans aucun doute mais au moins, cela me permettait de déverser la pression.

- Tu es sérieuse?

- Je suis désolée! C'est juste que... la magie existe! Et les sorciers aussi! Des énormes bestioles se trimballent dans la ville et des loups qui savent parler font de même. Qu'est ce qui va se passer après? Je vais croiser des gnômes magiques? Des léprechauns? Est ce que Flipper le dauphin va me rendre visite?

Je racontai n'importe quoi, je le savais, mais cela m'aider à accepter. Mon rire se calma au fur et à mesure et je poussai un profond soupir.

- Tu vas me forcer à y retourner. 

Vu son visage, il dût comprendre que je parlais de l'Institut. Comme il ne disait toujours rien, j'insistai.

- J'ai raison?

Mon ton était dur, presque cassant. Mais je pense qu'il pouvait le comprendre.

- Oui, répondit-il après ce qu'il me parut une éternité. Il faut te soigner et je dois parler à votre dirigeant.

- Ok, dis je en haussant les épaules, pas d'humeur à me battre. Mais d'abord, je veux que tu me dises ce qu'il vient de se passer. C'était quoi ces trucs?

- Des goules.

- Des goules? répétai je bêtement.

- Des démons si tu préfères. Je t'expliquerai en détail plus tard.

- Si je gagnais de l'argent à chaque fois qu'on m'a dit ça, marmonnai je dans ma barbe.

Je me levai et m'époussetai, plus par contenance que par nécessité. J'empruntais le chemin inverse à celui que je venais de parcourir et me retrouvai à mon point de départ. Je me mouvai incroyablement lentement car mes jambes me faisaient souffrir le martyr. Je poussai un gémissement et le loup sur les talons, me mis en marche vers l'Institut.

- Tu es quoi au juste?

Il ne me répondit pas qu'il était un loup. Il savait de quoi je voulais parler.

- Un gardien. Je vais partie du Cercle Supérieur.

- Un quoi? Du quoi?

- Ils ne t'ont pas appris grand chose hein?

Il parlait des Elus et je ne voulais pas rejeter la faute sur eux.

- Je ne leur en ais pas laissé l'occasion.

- Pour faire bref, je protège les sorciers importants. Ou qui ont des difficultés, dit-il en lorgnant vers moi.

- Eh! Je n'ai pas de diff...

- Ne m'interromps pas. Dans ton cas, qui n'ont pas été formés. Le Cercle Supérieur est un groupe de sorciers...

- Composé de douze membres... l'interrompis je à nouveau.

Il sourit et je dus avouer que cela faisait un drôle d'effet. Un loup qui souriait? C'était du jamais vu pour moi!

- Les sorciers sont ils si prévisibles?

- Un peu, avouai je.

- Ces douze sorciers, comme tu l'as si bien dit, n'appartiennent à aucun clan. Ils sont neutres et beaucoup plus puissants que tous ceux que tu as pu rencontrer.

- Donc il y a le Cercle, composé des sorciers issus de différents clans et le Cercle Supérieur...

- Tout à fait.

- Et  c'est eux qui t'ont envoyé? Le Cercle Supérieur?

- Tout à fait.

- Tu peux dire quelque chose d'autre que "tout à fait"?

- Tout à fait.

J'émis un grognement et le loup releva la tête vers moi.

- Quand ces abrutis d'Elus t'ont laissé partir, le Cercle Supérieur a piqué une crise. C'était une décision vraiment stupide et dangereuse, puisque ta vie est en péril. Je suis donc chargé de te former en tant que sorcière et de te protéger. Je te suis depuis des jours, mais tu n'as rien remarqué.

Alors que je m'apprêtais à lui poser une question, une personne qui marchait sur le même trottoir que nous, mais en sens inverse, s'arrêta.

- Mademoiselle ... Est ce que vous allez bien?

Je jetai un coup d'oeil rapide au loup . J'étais dans de sacrées ennuis.

- Oui, oui, répondis je après quelques secondes de léthargie. J'ai eu un accident de moto il y a une semaine, je suis en rééducation. On voit encore mes brûlures et je boîte un peu. Désolée si j'ai pu vous faire peur.

L'homme d'une quarantaine d'année hocha la tête, l'air soulagé. Jusqu'au moment ou il tourna la tête vers mon compagnon.

- Est ce que... est ce que c'est un loup? balbutia-t-il.

Je tentai de rattraper le coup le plus rapidement possible , en affichant une nonchalance feinte .

- Bien sur que non! C'est mon chien.

L'inconnu me regarda hébété. J'allais devoir lui donner des détails pour le convaincre.

- Comme dans ce dessin animé... Vous voye ? Balto.

J'avalai ma salive et continuai.

- Le héros est un croisé entre un chien et un loup. C'est pareil pour mon chien, une race rare. D'ailleurs, le mien porte le même nom que ce fameux héros, Balto.

Je caressai la tête du loup, l'air affectueuse. Je trouvai sa fourrure  incroyablement douce.

- Oh! Oh , oui, je vois!

L'homme porta la main à son coeur et sourit.

- Je suis désolé! Je dois dire que quand je vous ais vus, je me suis posé des questions!

- Cela se comprend, répliquai je en plaquant un énorme sourire sur mon visage. Excusez moi mais je suis pressée.

- Oui, bien sur. Je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps, encore pardon.

Je souris poliment une fois de plus et continuai mon chemin l'air de rien. Mon soi disant chien émit un long sifflement, chose dont je ne savais pas qu'il était capable.

- Joli. C'était du grand art.

- Merci. Mais en fait, c'est quoi ton vrai nom?

Il médita quelque instants, comme s'il avait besoin de réfléchir pour s'en souvenir.

- Balto.

- Attends, mais ...

- Balto, ça me convient. Appelle moi comme ça maintenant.

- Comme tu veux.

Par prudence, nous décidâmes d'éviter les rues très fréquentées, pour ne pas attirer l'attention d'autres passants. Nous avions déjà eu de la chance que le piéton ne remarque pas mes vêtements abimés, ce qui n'aurait pas collé avec la version de l'accident de moto. Après quelques instants de marche, durant lesquels, j'expliquai à -désormais- Balto, mon parcours en tant que sorcière, nous arrivâmes à l'Institut. Je fus étonnée de retrouver le hall entièrement vide. Ce n'est pas qu'il était habituellement noir de monde, mais Etienne s'y trouvait presque toujours.

- Nous devons descendre des escaliers en colimaçon et c'est assez glissant. Est ce que ça va aller?

Balto me regarda comme si j'étais une sombre idiote.

- Je suis un loup, Alex. Pas un enfant de deux ans. C'est plutôt pour toi que je m'inquièterais. Tu m'as l'air sacrément empotée et en plus de ça, tu es blessée.

Sans un mot de plus, il avança vers la porte. Malgré sa réflexion pas très sympathique, je pris le temps d'admirer son pelage sous la lumière des néons. Sa fourrure était grise et luisante, mais on pouvait observer un peu de brun se détacher au niveau de ses oreilles. Il y avait quelques endroits plus clair comme au niveau de son museau allongé ou de son ventre. Ses yeux presque noirs, étaient vifs. Il était tout simplement magnifique.

- Je suis peut-être vachement intelligent mais je ne sais tout de même pas ouvrir des portes.

Balto attendait devant la grande porte en bois, l'air perplexe.

- Enfin, je suis capable de l'ouvrir... Mais je ne garantis pas l'état de la poignée après...

Je levai les yeux au ciel, et comme je le faisais autrefois, ouvris la porte, saisis une lampe de poche et entrepris de descendre. Tout mon corps me faisait mal et je dus ralentir considérablement l'allure. Bizarrement, cela réveilla des sentiments étranges en moi. Une certaine appréhension à l'idée de débarquer -à nouveau- dans le monde fantastique de la magie; mais aussi une immense joie, rien qu'au fait de penser que j'allais les revoir. Et de l'inquiétude par rapport à leur réaction. Et si ils m'avaient déjà oublié? Leurs vies devaient être tellement mouvementées, avaient ils vraiment le temps de se souvenir de moi? Pas sûr.

Je sortis du cagibi et débarquai dans le réfectoire. Plusieurs personnes nous dévisagèrent, Balto et moi. À cause de mon état ou du gardien? Je n'en avais aucune idée. Peut être à cause des deux. Priant pour ne croiser personne que je ne connaisse, j'avançai parmi les novices.  Je voulais d'abord aller voir Greg avant de raconter mon histoire à tout le monde. Malheureusement, mon voeu ne fut pas exaucé.

- Alex?

Je tournai la tête à gauche et aperçus la provenance de l'appel. Astrid se leva et vint vers moi.

- Oh mon dieu! Qu'est ce qu'il t'est arrivé? Et pourquoi tu es avec un gardien? dit-elle en fixant Balto.

- C'est une longue histoire... Est ce que tu sais si Greg est dans son bureau?

- Normalement oui mais...

- Super. Désolée, il faut que j'y aille. Et si jamais tu croises Jake, Alice ou Raphaelle... S'il te plait, ne leur dit pas que tu m'a vue.

Elle me regarda un instant, troublée.

- D'accord , finit elle par dire.

- Génial, merci , dis je en m'éloignant.

Alors que je partais, elle m'appela et je me retournai.

- Et Alex? Je suis contente de te revoir.

- Moi aussi, répondis je en souriant faiblement. Moi aussi.

Je m'éclipsai rapidement, mais je sentais le poids de son regard dans mon dos. Sans me tromper une seule fois, je guidai Balto jusqu'au bureau de Greg. La dernière fois que j'étais venue ici, j'avais finis en larmes et je m'étais enfuie comme une lâche. Je n'en avais donc pas vraiment de bons souvenirs. Prenant une grande inspiration, je frappai à la porte. Il n'y eut aucune réaction. Je réessayai mais personne ne vint m'ouvrir ou m'indiqua que je pouvais entrer. Je regardai Balto, confuse. Je n'avais pas envisagé un plan de secours au cas ou Greg ne serait pas là. Balto leva les yeux au ciel et huma l'air.

- Deux personnes sont à l'intérieur, annonça-t-il. Un homme et une femme.

Ce qu'il venait de faire était vraiment trop cool. Je m'imaginai toutes les possibilités que nous pouvions avoir avec une compétence pareille. Mais je ne lui fis aucun compliment pour ne pas qu'il prenne la grosse tête.

- Avoue que tu es impressionnée, je ne dirai rien.

- Moi non plus!

Je me détournai de lui et ouvris la porte d'un coup sec. En effet, Greg était à l'intérieur avec une femme que je n'avais jamais vu. Ils levèrent tous les deux les yeux vers moi, étonnés d'une telle impolitesse. Puis Greg me reconnut et son visage se transforma instantanément.

- Alex!

Il se précipita vers moi et m'emmena vers le siège que j'avais déjà occupé plusieurs fois.

- Tu es dans un de ces états! Qu'est ce qu'il c'est passé?

Sans attendre ma réponse, il se tournai vers la femme qui se tenait derrière lui. Grande, blonde, ongles parfaitement manucurés; elle avait tout d'une femme de pouvoir. Elle portait un tailleur blanc et du rouge à lèvre vif. Etrangement, son visage m'était familier. J'étais pourtant sûre de ne jamais l'avoir rencontrée.

- Tu peux nous laisser seuls s'il te plait? lui demanda-t-il.

- Bien sûr! Prends tout le temps dont tu as besoin.

Puis, alors qu'elle allait sortir, elle s'arrêta et se retourna vers Greg.

- Dès que tu as finis, tu me l'envoies à l'infirmerie.

Il hocha la tête, et la femme m'adressa un sourire d'encouragement avant de poser sa main sur mon épaule et de sortir. Balto qui était jusqu'à présent resté dans l'ombre s'approcha et Greg le remarqua enfin.

- Un gardien?

Il dirigea son regard vers moi et sourit légèrement .

- Dans quels ennuis t'es tu encore fourée?

Je répondis par un haussement d'épaules.

- Alex s'est fait attaqué par quatre démons; des goules, pour être précis. Elle en a brûlé trois et je me suis chargé de la dernière.

Greg écarquilla les yeux et me regarda comme si j'étais une bête de foire.

- Tu as brûlé trois goules? Comment?

Balto répondit à ma place et expliqua en détail tout ce qu'il s'était passé. Je compris qu'il avait assisté à tout mais n'avait choisi de m'aider qu'au dernier moment.

- Alex, tu m'écoutes?

Je clignai des yeux plusieurs fois, décontenancée. Greg m'avait posé une question mais j'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais pas entendu.

- Oui, pardon.

- Est ce que tu t'es entrainé à la magie pendant ces dernières semaines? répéta-t -il.

- Non, affirmai je.

Puis je me souvins des incidents qui avaient eu lieu.

- Mais mes pouvoirs se sont exprimés tous seuls.

Je lui racontai mes aventures et ma difficulté à contrôler les sautes d'humeur de ma magie.

- Je voix, dit-il en se frottant le menton, les sourcils froncés. Je vais te laisser aller à l'infirmerie et m'entretenir avec le gardien. Est ce que ça va aller pour marcher jusque là?

Je me levai de mon siège et clopinai jusqu'à la porte.

- Sans problème, assurai je.

Je sortis et allai vers le petit cabinet de Magaly. Elle devait surement y être à cette heure ci. Une fois devant, je m'arrêtai et repris mon souffle. J'étais complètement épuisée, vidée. J'allai toquer à la porte mais elle s'ouvrit d'elle même. La femme qui se trouvait quelque instants plus tôt dans le bureau de Greg se trouvait dans l'embrasure.

- Entre, je t'en prie.

Je m'exécutai et la femme me guida jusqu'au lit d'auscultation ou je m'assieds.

- Magaly n'est pas là? demandai je malgré moi.

J'étais seule dans la pièce avec une inconnue et cela me stressait légèrement.

- Non, elle s'occupe d'un gamin blessé.

Elle me lança un sourire entendu et continua.

- Une flèche plantée dans l'arcade sourcilière. Un accident lors d'un entrainement.

J'avalai ma salive bruyamment. Si c'était ça que j'avais raté lors de mon absence... Aucun problème pour moi!

- Mais ne t'inquiète pas, je ne mors pas! Je vais bien m'occuper de toi, je suis médecin.

Elle posa sa main sur mon dos et me demanda si je me sentais bien.

- À l'exception de mes jambes et de mes mains, oui.

- Je vais comme même te faire un check-up complet, par mesure de sécurité.

Après avoir écouté battre mon coeur, avoir pris ma tension et avoir fait d'autres tests de routine, elle m'annonça les résultats.

- Ta tension est un peu trop élevé, surement à cause des derniers évènements mais rien de bien inquiétant. Le reste va parfaitement, je vais m'occuper de tes brûlures.

Je me couchai et elle prit se qui ressemblait à une pince à épiler. Elle retroussa mon pantalon ou plutôt ce qu'il en restait, puis délicatement, commença à enlever des morceaux de chairs de ma jambe. Je poussai un petit cri et me crispai.

- Je suis désolée, ça risque de faire mal, me dit elle d'un ton d'excuse. Tu peux me parler, pour te distraire si tu veux.

Je hochai la tête, malgré qu'elle était de nouveau concentré sur ma jambe et par conséquent, ne me voyait pas.

- Je suis Alex Patterson, me présentai je.

- Je sais, dit-elle en riant légèrement. J'ai déjà entendu parler de toi.

Elle me regarda et mon impression de déjà vu me percuta de plein fouet. Cette femme me disait manifestement quelque chose.

- Et vous êteeeees? demandai je en laissant trainer ma voix.

Elle me sourit et se présenta.

- Je suis Madeleine Campbell. Tu peux m'appeler Madeleine.

Je pris quelques instants à comprendre ce qu'elle venait de me dire.

- Excusez moi, mais... Vous êtes Madeleine Campbell?

- Oui, c'est ce que je viens de dire, dit elle en fronçant les sourcils. Tu es sûre que ça va?

Je passai outre sa question et allai droit au but.

- Vous êtes la mère de Jake!

Elle me fit un sourire en coin que j'avais déjà vu de nombreuses fois sur le visage de Jake.

- C'est exact.

- C'est vraiment dingue votre ressemblance!

- C'est à ce point là?

Je l'observai quelques instants et essayai de retrouver des éléments du visage de Jake.

- Vous avez les mêmes yeux et le même sourire, finis je par conclure.

Ma remarque sembla lui faire plaisir car elle sourit de plus belle.

- Jake m'a déjà parlé de toi. Il pensait que tu pourrais devenir une bonne sorcière tu sais. Enfin, avant que tu décides de partir. Il a eu du mal à s'en remettre je pense. Comme si il avait l'impression d'avoir échoué.

Je me mordillai la lèvre. Jake devait m'en vouloir de l'avoir laissé tomber... et maintenant il avait certainement dut tourner la page. Comment allait il réagir en me voyant?

- J'ai finis! s'exclama Madeleine.

En effet, elle avait retiré tous les morceaux de peau abimés de mes jambes. Elle prit un linge propre et l'imbiba d'alcool. Quand elle passa le tissu sur ma jambe, je frissonnai et gémis. J'avais l'impression de revivre ma brûlure une deuxième fois. Elle s'empara d'un bandage blanc aux bordures rouges et l'enroula autour d'une de mes jambes puis de l'autre.

- Je vais passer à tes mains maintenant. Je vais devoir nettoyer le tout, donc je procède de la même façon que pour tes jambes.

Et comme promis, Madeleine se servit de sa pince à épiler pour s'occuper de mes mains. La douleur était encore pire que pour les jambes.

- Votre proposition de me distraire en parlant tient toujours?

- Bien entendu. De quoi veux tu parler?

Elle tira sur un lambeau de peau. Je fermai les yeux et serrai les dents pour ne pas crier.

- De la magie, du Cercle... Des Obscurssisseurs...

Madeleine me jeta un drôle de regard.

- Est ce que tu mijotes quelque chose? me demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté.

Je décidai de jouer franc jeu.

- J'essaye de découvrir ce que tout le monde tente de me cacher.

Nous nous fixâmes dans le blanc des yeux pendant un instant, puis Madeleine acquiesça.

- Cela me semble normal. Que veux tu savoir?

Elle avait recommencé à travailler sur mes mains et j'essayais d'en faire abstraction.

- Quel est le but de Valentin?

Elle ne releva pas la tête et continua à nettoyer mes mains, mais je vis qu'elle avait tiqué sur ma question.

- Tu t'intéresses au chef des Obscurssisseurs? C'est dangereux Alex, très dangereux...

Je ne répondis rien et elle poussa un soupir.

- Il veut prendre le pouvoir du Cercle Supérieur. Il veut tout contrôler , tout diriger. Exterminer tous les Humains et bâtir un empire ou la magie régnera. Et seuls ceux qui obéiront à ces ordres resteront en vie.

- Et pourquoi personne ne l'arrête? Si on si met, tous ensemble, on pourrait l'en empêcher!

Elle secoua la tête négativement.

- Le problème, c'est que le Cercle Supérieur est aveugle. Ces membres pensent que Valentin peut apporter de bonnes choses aux monde des sorciers. Ils ne savent pas ce qu'il a vraiment derrière la tête puisque Valentin les baratine. Tant que le Cercle Supérieur ne comprend pas, nous ne pouvons qu'essayer de les démasquer. Révéler la supercherie, apporter des preuves! Voilà ce que nous pouvons faire. Et seulement après, passer à l'attaque, même si nous menons déjà quelques offensives.

- Ils se font appeler les Obscurssisseurs! Qu'est ce que le Cercle Supérieur ne saisit pas?! m'emportai je.

Madeleine dut trouver ma colère très amusante car elle éclata de rire.

- Pour nous, ce sont les Obscurssisseurs mais pour le Cercle Supérieur, c'est un club de sorciers rejeté par l'élite.

Madeleine passa son linge imbibé d'alcool sur mes mains et les enroula du même bandage qu'elle avait utilisé pour mes jambes.

- C'est terminé. Je vais te donner des bandages propres et une crème à appliquer. Tu étales la crème tous les matins et soirs et remplaces les pansements tous les jours. Fais attention quand tu te laves, le savon peut irriter tes blessures. Si jamais quoi que ce soit se passe ou que tu as mal, passe les parties concernées sous l'eau froide. Compris?

- Oui.

Je me levai et pris ce que Madeleine me tendait. J'allais sortir tandis qu'elle désinfectait ses instruments.

- Et... merci. De m'avoir expliqué pour Valentin et soignée.

Madeleine vint près de moi et me serra brièvement dans ses bras. J'en fus assez étonnée, mais je l'appréciais et cela ne me dérangeai pas.

- Je t'en prie. Si tu as besoin d'autre chose...

Elle prit une feuille et en déchira un morceau, puis écrivit quelque chose dessus. Elle me tendit le morceau de papier et je pus voir que c'était son numéro de téléphone.

- Merci encore! dis je sincèrement émue. Je l'utiliserai, j'en suis sûre.

Madeleine prit une mèche de mes cheveux et la cala derrière mon oreille.

- Et, je te conseille de parler à Jake. Il vaut mieux que tu lui dises que tu es revenue plutôt qu'il ne le découvre par quelqu'un d'autre.

Je me frottai la nuque et acquiesçai.

- D'accord. Mais qu'est ce qui vous dit que je vais revenir?

- Une intuition, répondit-elle en haussant les épaules. Au revoir Alex.

- Au revoir.

En quittant la pièce, les bandages et la crème en main; je ne savais pas trop quoi faire. Après un moment d'hésitation, je décidai de retourner au bureau de Greg. Balto y était resté et je devais savoir ce qu'il allait se passer pour lui. Quand j'arrivai dans le couloir, je les vis tous les deux en train de discuter sur le pas de la porte.

- Qu'est ce qui se passe? demandai je, plus pour qu'il me remarque qu'autre chose.

Ils relevèrent la tête et se fut Balto qui commença le premier.

- Tu es officiellement une Elue. Félicitations.

Sa voix était monocorde mais pleine de sarcasmes.

- Il faut lui laisser le choix! insista Greg. On ne fonctionne pas comme ça ici!

- Vous avez vu les dégâts qui ont été causés quand vous l'avez laissé choisir? Elle revient!

- Alex a décidé de partir et nous devons respecter sa décision!

- Euh... Si je peux me permettre... dis je d'une petite voix.

Ils parurent se souvenir brutalement de ma présence.

- Je me ferais un plaisir de revenir chez les Elus. Si vous m'y autorisée, ajoutai je à l'intention de Greg.

Il sembla décontenancé et se frotta les temps.

- Tu ... Tu veux revenir?

- Avec tout ce qu'il s'est passé... Je pense que partir à été une erreur. Je pense que si je ne reviens pas...

Je haussai les épaules et plissai les lèvres.

- Je pense que si je ne reviens pas, je serrai morte avant la fin de l'année.

Ma déclaration récolta un silence de plomb.

- C'est bien ce que tu veux? demanda Greg après quelques instants.

- Oui! répondis je un peu trop vivement. C'est bien ce que je veux.

- Parfait . Si telle est ta décision... Mais à présent plus de retour en arrière. Tu fais partie des Elus, tu restes une Elue.

- Oui bien sûre! m'exclamai je. Je ne vous décevrai pas!

Je fus tellement soulagée! Je sentais maintenant que c'était la bonne décision, la bonne chose à faire. Et j'aurais dut le comprendre bien plus tôt.

Greg disparut quelques instants dans son bureau et en ressortit avec une caisse noire.

- Voici tes affaires. Comme tu avais refusé de nous rejoindre, je devais la ranger mais... J'ai été très occupé!

Je mis la crème et les bandages dans la caisse et la pris.

- Et voici ta clé! continua Greg. Tu es en face de la chambre d'Alice. J'imagine que tu n'y voies pas d'inconvénient.

Il me fit un clin d'oeil et je répondis par mon plus beau sourire.

- Heureux de t'avoir parmi nous.

- Merc ! Merci de me laisser une seconde chance!

- Je vais te laisser t'installer et expliquer quelques petites choses au gardien... Nous avons décidé qu'il te suivrait en permanence ou presque. Il pourra assurer ta sécurité.

- Quoi?! m'écriai je. Et comment je vais expliquer ça à ma mère qu'un loup me suit partout? Et à mes amis? 

- Tu n'auras qu'à dire que je suis ton chien, décréta Balto. Comme tu l'as dit à l'homme que nous avons croisé en rue.

Je secouai la tête, résignée. Je ne voulais pas piquer une crise alors que Greg venait de me reprendre.

- D'accord, d'accord! capitulai je. On se retrouve plus tard, pour rentrer chez moi ensemble. Je vais dans ma chambre.

Et effectivement, j'y allai. Dire que maintenant j'avais un loup garde du corps! Si ça ce n'était pas ridicule! Et en plus de ça, j'avais un entraineur et une amie auprès de qui me faire pardonner... Et ça ne s'avérerait pas facile...


Salut tout le monde! J'espère que ce chapitre vous aura plu! C'est à partir de maintenant que ça va vraiment commencer, puisque Alex a (enfin) décidé de rejoindre les Elus. N'hésitez pas à commenter et à voter, ça me fait toujours très plaisir! Merci à tous de me suivre, vous êtes de plus en plus nombreux... ^^

PS : dédicace à kenzasieber , pour tous ces gentils commentaires ! :D

ENJOY !




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