Chapitre I.

Hey :) courage, les autres chapitres sont beaucoup moins longs !

Eliot s'étira et arrêta son réveille-matin avant que celui-ci ne sonne. Il était épuisé et avait beaucoup de mal à sortir de son lit ce matin.

- Saloperie de lycée... Souffla-t-il à voix basse en se frottant les yeux.

Il tenta de se redresser mais son oreiller l'aspira en arrière, comme s'il puisait le peu d'énergie de l'adolescent. Eliot n'avait jamais aimé le lycée. Il n'y était pas à sa place. En fait, il avait l'impression de n'être à sa place nul-part. La seule raison qui le rendait un peu enthousiaste à l'idée d'aller en cours était de voir ses deux fidèles amis : Finn et Andy. Mais, la raison qui le faisait se lever chaque matin et faisait battre son cœur un peu plus vite, était qu'il pourrait voir Dallas.

Dallas était un élève populaire de terminale. Il avait tout pour plaire et avait tapé dans l'œil de l'adolescent il y a quelques mois déjà, en début d'année. Eliot était en classe de Première L, voilà déjà deux ans qu'il supportait son établissement scolaire et les regards curieux, parfois malsains, de ses camarades, toujours ouverts à la critique et la méchanceté.

Il bailla à plusieurs reprises avant de décider, contre son gré, de se mettre debout. Son premier réflexe fut d'ouvrir ses volets : c'était un matin de printemps, pourtant, il fut saisit par le froid dès que celui-ci entra en contact avec sa peau. Une mèche de cheveux châtains et bouclés tomba le long de son front. Délicatement, Eliot repoussa sa tignasse emmêlée vers l'arrière. Puis, rapidement, l'adolescent sortit un jean, un t-shirt noir et une paire de Vans et alla se préparer.

En face du miroir de la salle de bain, il observa son reflet avec un air désapprobateur. Il était allé chez le coiffeur il y a trois jours. Celui-ci avait rasé ses cheveux sur les côtés et avait laissé, en haut de son crâne, une épaisse masse de cheveux bouclés qu'Eliot attacha en un petit chignon à l'arrière de son crâne. C'était une coiffure atypique mais qui lui allait bien. Du moins, c'était ce que ses proches disaient. Eliot s'approcha de la glace pour analyser son visage plus minutieusement : ses yeux étaient cernés, il avait les pommettes rouges et son air fatigué était assez repoussant.

Pour se réveiller, il avait prit l'habitude de passer sa mine endormie sous l'eau froide. A chaque fois, son corps entier frissonnait et une vague froide le parcourait de la tête aux pieds. Une fois satisfait du résultat, Eliot retourna dans sa chambre à la décoration épurée et attrapa son sac de cours qu'il jeta sur son dos sans ménagement. Lorsqu'il arriva au rez-de-chaussée, il croisa le regard vide de son grand frère, Jacob, âgé d'une vingtaine d'années. Comme chaque matin, ils ne s'échangèrent pas un mot. L'adolescent au chignon jeta un œil à la fenêtre qui montrait l'extérieur : il n'y avait aucune voiture, ses parents étaient donc déjà au travail.

En hâte, Eliot attrapa un paquet de biscuits qu'il mangerait en chemin et fit claquer la porte derrière lui. On entendit Jacob grommeler, agacé par le bruit que cela avait provoqué. Eliot poussa un soupir... Sa relation avec son frère était désastreuse. Entre eux, c'était devenu compliqué il y a quelques années, sans raison apparente. Mais ce qui était sûr, c'était que Jacob détestait son frère au plus au point.

En marchant jusqu'à son arrêt de bus, Eliot resserra ses bras contre son torse pour se réchauffer. Il songea un instant au fait que prendre une veste aurait sûrement été un choix judicieux puis il haussa les épaules : de toute façon, il était trop tard pour faire demi-tour. Son bus arriva rapidement et le châtain s'empressa d'y entrer pour se mettre au chaud. Du regard, il parcouru chaque paire de siège à la recherche d'une petite tête brune très foncée, aux yeux noisette et au visage enfantin.

Puis une main se leva, attirant son attention. Eliot trouva enfin ce qu'il cherchait : Andy. Il le salua en levant sa main en retour. Son ami Andy était plus jeune que lui, il était en seconde et ils s'étaient rencontrés dans ce bus : Eliot écoutait de la musique tellement fort qu'Andy avait put l'entendre malgré la présence des écouteurs, et, ayant adoré le morceau, lui avait demandé de partager ensemble leur musique. Depuis ce jour, bien qu'Eliot ne parle pas beaucoup et ne soit pas très expressif, ils ne s'étaient plus quittés. De plus, son ami était toujours joyeux et avait un rire très communicatif, ce qui le rendait attachant, et bien qu'il est du mal à l'admettre, Eliot aimait ces qualités qu'il aurait voulu avoir aussi.

Il avait déjà essayé de faire semblant mais ce n'était pas son fort. Eliot n'était pas timide, il était réservé et il était le premier à certifier que c'était deux états très différents. De plus, il ne manquait pas de confiance en lui, enfin, c'était le message que son apparence renvoyait et ça lui convenait très bien puisque personne n'avait fait tomber son masque jusqu'ici.

Le bus ralenti progressivement, signifiant qu'ils étaient arrivés devant le lycée. Eliot soupira... Le temps d'un instant, il avait oublié sa destination. Une main pleine de compassion se serra sur son épaule. Andy savait à quel point il était compliqué pour Eliot de venir en cours. Ensemble, ils descendirent du véhicule, et, sans un mot, ils avancèrent jusqu'aux grilles qui renfermaient la prison. Le portail principal était déjà ouvert, mais Andy retenu Eliot par la manche lorsqu'il s'apprêta à pénétrer dans l'établissement.

- Attends, Finn m'a dit qu'il arrivait bientôt. Lui annonça-t-il, tout sourire, en agitant fièrement son téléphone portable.

En rencontrant Andy, Eliot avait partagé avec lui son seul ami : Finn Corset. Un immense gars châtain clair, aux yeux marron, épais comme un lampadaire. Il était plus ou moins le cerveau du groupe : Eliot admirait et enviait son sang-froid permanent et le recul qu'il prenait sur chaque situation.

- Tiens, écoute-ça ! S'amusa Andy en tendant un écouteur noir vers son ami.

Eliot se concentra... Coldplay. Un choix intéressant. Il aimait bien le chanteur, il le trouvait « pur ». Puis petit à petit, ses yeux plongèrent dans le vague et plus aucune pensée parasite ne vint saccager son esprit... Il l'avait vu. Il était là, devant lui. Son cœur s'emballa légèrement et Eliot respira par la bouche, à demi-ouverte, pour se calmer. Ses yeux verts émeraude scrutèrent, de loin, une silhouette familière qui s'approchait d'un groupe de terminales.

Dallas. Il ne connaissait de lui que son nom et ses courbes, mais... Ça avait été un coup de foudre. A sens unique, certes, mais Eliot était incapable de détacher son regard de ses cheveux noirs et obscurs à chaque fois qu'il le voyait. Une dizaine de mètres à peine les séparer, et, à cette distance, il pouvait nettement voir ses dents blanches qui souriaient.

D'ailleurs, à qui souriait-il ? Eliot l'observa atteindre son groupe d'amis.

Il souriait... A une fille ! Ah oui... L'adolescent avait oublié ce détail... Dallas était hétérosexuel et, en plus, cette nana dont Eliot ignorait le prénom était sa copine. Elle était petite et pulpeuse et de longs cheveux blonds qu'elle avait lissés descendaient jusqu'à ses fesses.

L'adolescent au chignon vit leurs bouches se rencontrer et une langue passa rapidement entre les lèvres qui se cherchaient. Eliot eut un haut-le-cœur. Il détourna rapidement les yeux et croisa le regard de deux gars qui semblaient s'amuser de lui... Merde, depuis combien de temps étaient-ils entrain de le voir observer Dallas ? C'était trop gênant. Il se sentit rougir et fut encore plus mal-à-l'aise. Surtout que l'un d'entre eux commença à rire.

Dans l'écouteur, une autre chanson se mit en route. Du Fauve. Très bien.

Eliot ramena son attention sur Andy, qui semblait aussi pensif que lui. Comment ne pas être absorbé par les paroles ? Il ne le dérangea pas et essaya de se souvenir de qui étaient ces gars. Eliot fut surprit de constater qu'il n'avait même jamais vu celui qui avait rit.

Par contre, il avait déjà vu l'autre traîner avec Dallas. Il aurait mit sa main à couper qu'ils étaient meilleurs amis. Ce gars avait un look spécial, encore plus qu'Eliot et son habituel chignon qui trônait sur le haut de son crâne. Lui, au contraire, était grand et musclé. Sa mâchoire était carrée, anguleuse, et ses yeux étaient d'un bleu azur étincelant. Eliot trouvait son style amusant, voir, féminin, car ce gars avait toujours ses cheveux blonds ondulés qui étaient relevés par un bandana, différent chaque jour. De plus, un petit anneau noir traversait son oreille et faisait office de boucle d'oreille. En creusant dans ses souvenirs, Eliot réussit à se souvenir qu'il portait un prénom d'origine différente, peut-être Russe ou quelque chose du genre.

Cette pensée lui fit esquisser un sourire. Puis, dans son dos, Eliot entendit le groupe s'éloigner. Ses épaules se relâchèrent alors, et il soupira d'aise. Soudain, une main osseuse vint s'abattre dans son dos, ce qui le fit perdre l'équilibre de quelques pas. Il fronça les sourcils d'un air désapprobateur.

- Eliot, réveille-toi s'il te plaît... Je viens de te dire « bonjour » pour la troisième fois.

C'était Finn. Il avait du arriver il y a peu de temps.

- Salut, désolé, je suis un peu fatigué en ce moment. Se contenta de répondre Eliot en rendant l'écouteur à Andy.

Il tourna les talons sans les attendre et s'empressa de partir, l'air faussement serein, vers le lycée. Premièrement, la sonnerie venait de retentir et il ne voulait pas être en retard une énième fois cette semaine, et, deuxièmement, il savait que Finn aller lui demander des explications sur cette fatigue, bien qu'il doive se douter que c'était dû à la famille compliquée d'Eliot, et l'adolescent ne tenait pas à se livrer. Il détestait ça, et, Finn arrivait toujours à ses fins. Il ne forçait jamais Eliot à parler, il avait apprit à respecter son silence, mais à chaque fois, dans un excès de confiance envers son grand-frère de cœur, Eliot s'ouvrait. C'était rare, mais ça arrivait.

L'adolescent se jeta sur une table du fond de sa classe, près de la porte, dans l'angle, en espérant que Finn, qui, au passage, était dans la même classe que lui, ne le remarque pas et s'en aille près de n'importe qui d'autre. Malheureusement pour Eliot, Finn arriva, un air presque paternel figé sur le visage et vint s'assoir sans bruit à côté de l'adolescent.

- C'est Jacob ? Demanda-t-il alors, le regard loin, la voix paisible.

A l'entente de ce prénom, Eliot se figea. Son sang ne fit qu'un tour et il sentit même son estomac se nouer. Il n'aimait pas parler de son frère.

- Finn, s'il te plaît... Soupira-t-il.

En signe de paix et d'abandon, Finn leva les mains. Il avait comprit qu'il ne tirerait rien de son ami aujourd'hui. Il changea rapidement de sujet et Eliot le remercia intérieurement, il savait que son meilleur ami avait sentit son malaise :

- Toi aussi Andy t'as fait écouté la nouvelle chanson de Coldplay ?

- Ouais. Pas mal. Lança Eliot en sortant ses affaires, un ton neutre dans la voix.

Leur conversation fut rapidement coupée par la voix stridente de leur professeure de mathématiques. Eliot la détestait. Déjà, sa voix était insupportable, puis sa mâchoire tordue était presque énervante, et, en plus il ne comprenait rien aux mathématiques. Heureusement qu'il était en classe Littéraire. A peine le cours avait-il commencé, que, déjà, Eliot sortit son compas pour écorcher la table pendant les deux prochaines heures...

La matinée passa rapidement, pour le plus le grand soulagement de l'adolescent et la pause déjeuner arriva à grand pas. Eliot espérait, en son fort intérieur, que Finn ou Andy ne remettent pas le sujet de ses problèmes familiaux sur la table. Plus que l'ignorance de son frère, ce qui blessait l'adolescent était l'absence de son père. Il le voyait rarement : celui-ci avait un métier prenant et il était toujours aux quatre coins du monde, pour de longues périodes. Pire que ça, lorsqu'il rentrait, au lieu de profiter de sa famille, il passait ses nerfs sur tout le monde, instaurant une mauvaise ambiance.

Eliot fut tiré de ses pensées lorsqu'il sentit l'odeur de la nourriture qui s'échappait du self. A midi, Finn et lui avait rejoint Andy au rez-de-chaussée du lycée. Son estomac gargouilla bruyamment et il s'aperçut qu'à l'entente de ceci, un sourire s'était dessiné sur le coin des lèvres d'Andy et Finn. Eliot fronça les sourcils : il avait horreur que ses amis se moquent de lui en secret.

- Arrêtez. Dit-il, l'air douteux.

Le duo moqueur porta son attention sur lui.

- Arrêter quoi ? Questionna Finn, un brin provocateur, espérant sûrement détendre Eliot.

- Ça, votre petit jeu, vos petits sourires... Vous m'exaspérez. Répondit Eliot alors qu'un rictus se formait au coin de sa bouche pulpeuse.

- Excusez-nous votre altesse ! S'amusa Andy en donnant une petite claque amicale derrière le chignon bouclé d'Eliot.

Les trois amis rirent quelques secondes.

Mais, soudain, le rire d'Eliot disparu. Il croisa des yeux remplit de haine à son égard, des yeux furieux. Il ravala sa salive amèrement et baissa le regard le plus vite possible, tentant d'éviter tout contact avec ce type : Travis.

Il attendit qu'il s'éclipse dans le couloir pour respirer un bon coup. Andy et Finn le dévisageaient tout les deux avec une expression pleine d'interrogations.

- Il t'embête encore ? S'inquiéta Finn en parlant à voix basse.

Aussitôt, cette phrase vint percuter le cœur d'Eliot de plein fouet. Par reflexe, il reprit ce tic qu'il avait quand il stressait ou qu'il était mal-à-l'aise : il tritura un bracelet brésilien qu'il portait au poignet. C'était bête, mais il fallait toujours qu'il est quelque chose entre les mains. Ça le rassurait. Travis faisait parti de la bande de Dallas et avait prit Eliot pour cible l'année dernière.

- Non, non... T'en fais pas. Laissa-t-il aller en remarquant un clin d'œil compatissant d'Andy.

Avant, à chaque fois qu'il sortait du lycée, ce gars l'attrapait et lui demandait de l'argent, des clopes et bien d'autres choses. Heureusement, cette histoire de racket s'était soldée par une exclusion temporaire et un rapport pour Travis. Quant à lui, Eliot avait hérité d'une méfiance vis-à-vis des plus âgés que lui, des gars aux regards agressifs.

Les cours reprirent dans l'heure qui suivie et l'après-midi parue bien longue. En plus, Eliot commençait à avoir un peu chaud et se félicita finalement d'avoir renoncé à sa veste. La cloche sonna, annonçant la fin des cours. Enfin ! C'était terminé ! Il ne restait plus qu'à prendre le bus direction la maison et l'adolescent retrouverait la paix. Du moins, si la maison était vide.

Il salua Finn qui, ce soir, rentrait chez lui en voiture, accompagné par sa mère. Eliot décida d'attendre Andy un moment, mais ne le voyant pas arriver, il pensa qu'il allait louper son bus et s'éloigna le long du trottoir. Il commença à défaire les nœuds de ses écouteurs, tout en se concentrant pour faire entrer une cigarette à l'orée de sa bouche.

Soudain, quelqu'un l'empoigna et il sentit son corps être projeté contre le grillage, en un bruit sourd, à l'abri des regards indiscrets et sauveurs potentiels. La cigarette roula à ses pieds... A moitié aveuglé par le soleil, le châtain eut du mal à identifier la personne qui le persécutait. Il sentit qu'on le tenait fermement par le col. La silhouette était si proche de lui qu'il pouvait nettement sentir son souffle sur son visage. Puis ses yeux s'acclimatèrent à la luminosité et il plongea dans l'iris sombre de...

Travis. Eliot pensa d'abord à un mauvais rêve mais le coup de jambe qu'il se prit dans le genou le ramena à la réalité. Il retint un râle de douleur et soutint le regard colérique de son assaillant.

- Je t'ai manqué, Petit ? L'interrogea-t-il justement, un rictus au coin des lèvres et la voix mielleuse à souhait.

- J'ai rien pour toi. Le railla Eliot avec une voix qui se voulait faussement pleine d'assurance.

- Si. Tu as ça. Grogna son assaillant.

Du regard, Travis indiqua le paquet neuf de cigarette qu'Eliot venait d'ouvrir. Un silence s'installa. Eliot n'avait absolument pas envie de lui donner son paquet. Il l'avait payé lui-même et en avait vraiment besoin pour décompresser. C'était hors de question. Il s'apprêtait à lui dire et à camper sur ses positions, mais un poing impatient vint s'abattre contre son visage, avec toute la force dont un corps peut faire preuve.

Sa mâchoire craqua, comme si cette brute de Travis lui avait déboitée, mais elle semblait encore fonctionnelle. Bouche-bée, le regard ahuri, il fixa l'horizon, l'air absent, la respiration haletante. Eliot voyait des étoiles et se sentit désagréablement faible.

- Bouge, j'ai pas que ça à foutre ! Aboya Travis en lâchant sa proie avec force et rage.

Eliot atterri lourdement sur le sol, balancé avec violence par Travis. Ses vêtements étaient désordonnés et son esprit complètement ailleurs. Il eut comme des flashs de la violence dont Travis avait abusé avec lui l'année passée. Son cœur battait la chamade et sa bouche se mit à chevroter. Il leva les yeux : Travis avait disparu, et, son paquet de clopes aussi. Il soupira et laissa sa tête tomber vers l'arrière en tentant de reprendre ses esprits. Sa main palpa l'ossature de sa mâchoire en tremblant.

Après un peu de répit, Eliot se releva, il attrapa son bracelet brésilien nerveusement et disparu jusqu'à chez lui... A pied. En rentrant, il hésita à prévenir Finn par SMS puis se ravisa. Il passerait encore pour le faible et c'était hors de question. Il trouverait une solution tout seul, en se pliant à Travis ou en l'affrontant...

Si la bande à Dallas commençait à s'en prendre à lui, sa vie risquait d'être bien plus compliquée qu'elle ne l'était déjà...

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