Chapitre 9.
POINT DE VUE DE : Mister_Blue ...
La musique battait son plein et les basses faisaient vibrer tout son être, c'était à peine s'il pouvait se tenir debout tant les vibrations étaient fortes.
L'adolescent tourna légèrement sur lui-même : il y avait au moins une cinquantaine de personne, pratiquement toutes issues de son lycée. Bien qu'il ne puisse pas donner un nom à tout le monde, chaque visage lui semblait familier.
Il regarda l'heure sur son téléphone et soupira lorsque, en relevant les yeux, il aperçut que ses idiots de potes n'étaient toujours pas là. C'était toujours les mêmes qu'il fallait attendre. Lui, il aimait être en avance et était donc bien placé pour reprocher la «non-ponctualité» des autres.
Il s'accorda trois minutes de plus avant d'envoyer un texto à sa bande d'amis.
Lassé, il sortit à nouveau son portable, et au même moment, une fille lui barra la route, faisant goûter sur le sol une des boissons quelle tenait dans les mains.
- Attention, ma chemise coûte au moins 70 balles ! Râla-t-il, sa voix perçant la musique.
- Je suis vraiment désolée... Je suis une amie d'Amanda, je peux lui demander si elle a une tenue de rechange ? Proposa la pauvre adolescente pulpeuse. Je t'ai tâché au moins ?
L'adolescent scruta son corps. Elle était très jolie. Cependant, il ne répondit pas tout de suite et une voix raisonna au loin, coupant la réponse qu'il s'apprêtait à donner :
- Paola, on a soif, bouge-toi !
La jeune fille haussa les épaules, esquissa un léger sourire, le plus faux possible qu'elle était capable de faire, et le contourna en levant ses gobelets avant de disparaitre dans la foule.
L'adolescent soupira, et, sans attendre, reprit sa course en direction du jardin, les yeux rivés sur son écran, focalisé sur le message qu'il écrivait.
Soudainement, il fût percuté de plein fouet par quelqu'un qui venait de son côté droit.
Un frisson le parcouru lorsqu'il ressenti une vague piquante traverser sa chemise pour venir serpenter le long de son torse.
Les mains écartées, son regard glissa lentement le long de ses vêtements.
- Vous avez tous décidé d'être cons aujourd'hui ? S'énerva-t-il. Soixante-dix euros foutus en l'air ! T'as intérêt à me les rembourser ! Lança-t-il, la mâchoire serrée, tout en se tournant vers son assaillant.
C'était un petit gars, aux yeux verts anis et aux cheveux châtains bouclés qu'il dévisageât un moment. Il était rouge écarlate et semblait incapable de dire quoi que ce soit.
- Quoi ? Je t'impressionne ? Tu comptes même pas t'excuser ?
Le jeune bégaya un moment avant de pouvoir sortir une phrase compréhensible :
- Je suis désolé, je t'avais pas vu... T'aurais dû attendre de... D'avoir fini ton affaire sur ton téléphone avant de te dépla...
- J'ai pas besoin de tes conseils.
Il soupira : Crétin...
Il marcha un peu, et, sans soucier de la présence du petit châtain, chercha la fameuse Amanda du regard, en vain. Son message attendra un peu : il devait absolument sauver sa chemise et se changer. Il avait trainé avec cette fille quelques fois au lycée quand ses amis restaient avec les siens mais ne lui avait jamais parlé.
En fait, il ne savait même pas s'il été capable de la reconnaitre.
Impatient, il tâta sa chemise et fit volte-face, abandonnant l'idée de chercher l'organisatrice de cette soirée.
En s'aventurant dans la maison, il tenta d'ouvrir plusieurs des portes pour trouver la salle de bain, mais, visiblement, celle-ci devait sûrement se trouver à l'étage.
Exaspéré, il emprunta les escaliers en slalomant entre les corps chauds pour atteindre la pièce tant attendu, qu'il trouva enfin.
L'index sur l'interrupteur, il fût étonné de voir à quel point cette pièce était étroite et mal-agencée. A nouveau, il poussa un soupire, laissa la porte à moitié ouverte dans son dos, et dégrafa sa chemise.
Son torse sculpté comme de la roche se dévoila alors timidement, l'ouverture de son habit laissant apercevoir des abdominaux tracés à la règle, et renforcés au ciment.
L'eau coula du robinet. Il quitta entièrement les manches qui le gênait et, à demi-nu, passa son tissu sous l'eau en pestant tout ce qu'il savait. La musique n'était plus qu'un bruit de fond désagréable, recouverte par des cris d'adolescents déchirés.
Quelqu'un toqua. Il ne sursauta pas.
A peine avait-il jeté un œil au-dessus de son épaule, qu'un rictus se forma au coin de ses lèvres.
- Hey... Je suis Amanda, j'habite ici. Se présenta la jeune fille qui était apparue dans l'encadrement de la porte, comme par magie.
Elle avait un teint rose, ses joues s'empourpraient et cela semblait bien amuser notre homme.
- Je te mets mal à l'aise, chérie ? Lança-t-il avec un regard ardent, presque affamé, et un sourire séducteur comme elle n'en avait jamais vu.
Timidement, elle fuyait son regard et bégaya.
- Je suis juste... Venue te proposer une serviette, et un t-shirt de mon beau-père si tu veux ? Se contenta-t-elle de répondre, espérant que cette diversion couvrait son mal-être. Paola m'a dit que tu avais été...
Une voix masculine la coupa, et des pas se rapprochèrent :
- Amanda ! Liam et Eliot ont perdus leurs téléphones !
L'adolescent fronça les sourcils. Amanda fit les gros yeux.
C'était la voix de Finn Corset, le frère de Paola.
Il arriva devant la porte, juste derrière la taille de sa bien-aimée. Ses yeux constatèrent avec désarroi le spectacle qu'offrait cet abruti devant le miroir.
- Qu'est ce qu'il fout là, lui ? Et toi ? Demanda Finn, remonté.
- Je lui ai proposé une serviette, on lui a renversé du cocktail dessus et...
Amanda disait vrai, mais elle fût à nouveau coupée, cette fois-ci par l'Apollon torse-nu :
- T'inquiètes pas, je l'ai pas forcée à regarder. Il sourit, dévoilant toutes ses dents. J'en ai pas eu besoin... Ricana-t-il.
Le futur couple resta sans voix. Finn fixa le sol, comme pour assimiler et se calmer.
L'adolescent essora sa chemise, la jeta sur son épaule, et sans prendre la peine de se rhabiller, il voulu contourner le châtain clair. Mais au moment où leurs corps se frôlèrent, il fût retenu par la main de Finn sur son torse qui força dans la direction inverse pour le ramener à lui et le stopper.
- C'est trop facile de fuir après avoir fait son p'tit numéro. Grogna Corset, enragé.
Amanda eut juste le temps de se dégager, que déjà, Finn poussa brutalement l'adolescent dans le couloir. Les quelques personnes présentent eurent un mouvement de recul à l'unisson, le regard fixé sur eux.
Mais l'adolescent était loin d'être effrayé. Il se retourna violemment et empoigna Finn par le col en le plaquant contre le mur.
- Je te déconseille de jouer à ça, j'en ai rien à foutre moi de ta copine. Lui glissa-t-il.
Finn prépara un crachat, et, à cette vue, l'adolescent reprit :
- Garde ce que t'as dans la bouche ou la même chose finira là où je pense.
Puis après un mouvement de tête énervé de sa proie, il lâcha prise et reprit les escaliers, prêt à descendre.
- C'est la plus mauvaise soirée de ma vie. Chuchota-t-il, comme pour lui-même.
Il descendit les escaliers, et à son arrivée en bas, un gars de sa classe lui tendit un verre:
- Vodka-Pomme, juste pour toi ! T'es passé au bon moment, je trouve ça dégueu. Et... Il chuchota : y'a plus de Vodka que de Pomme !
Après un clin d'œil espiègle, il disparu dans la foule.
L'adolescent haussa les épaules et prit une gorgée. Aussitôt avalée, il ne put s'empêcher de tousser.
Sérieusement, y'avait de la Pomme dedans où il avait oublié de la mettre ?
Peu de temps après, et, se sentant toujours aussi seul, ne voyant pas l'ombre de l'un de ses amis, il décida qu'il était temps de tenir sa promesse.
Il allait le faire. Même s'il peinait déjà à tenir debout, bien droit.
Il allait appeler «l'Ecrivain à la Jupe». Il se sentit presque transpiré lorsqu'un frisson de stress le parcouru des pieds à la tête.
Il se rapprocha de l'entrée, au pied des escaliers. Il y avait un guéridon sur lequel plusieurs téléphones étaient posés, mais surtout, c'était moins bruyant qu'ailleurs, il y avait un tabouret. ...Merdique, certes, mais un tabouret quand même.
Ses doigts frémissants composèrent le numéro de téléphone de la personne avec laquelle il avait eu des échanges si personnels. Il ravala sa salive bruyamment, le contact s'afficha, et, transpirant, il rapprocha le mobile de son oreille.
Première sonnerie.
Deuxième sonnerie.
Troisième sonnerie.
Son regard commence à se perdre dans le vague.
Quatrième sonnerie.
Puis une tâche lumineuse attise la curiosité de ce même regard.
Cinquième sonnerie.
Un téléphone sonne sur le guéridon.
Sixième sonnerie.
L'adolescent plisse les yeux et penche la tête.
Est-ce qu'il rêve ou est-ce bien son propre numéro qui s'y affiche ?
Plus de sonnerie.
Le voilà bouche-bée.
L'écran va s'éteindre, mais, juste avant, en l'espace de quelques secondes, il laisse remarquer le fond d'écran qu'il abrite.
L'adolescent eut juste le temps de se rapprocher... Ce logo... C'était celui du groupe dont «L'Ecrivain à la Jupe» avait publié la chanson sur son blog ?
Lentement, son visage se contracta, il n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que... Cette personne était présente à la même soirée que lui. Il n'avait plus qu'à refaire un test, et trouver son identité.
Il recula son tabouret, pour être un peu plus en arrière sur le guéridon et se baissa, pour être un peu plus discret.
Puis il recommença. Il pianota à nouveau pour que le même numéro que le précédent s'affiche. Et, encore, il le plaqua contre son oreille et attendit. L'écran de l'autre téléphone s'alluma.
Première sonnerie.
Deuxième sonnerie.
Troisième sonnerie.
Quatrième sonnerie.
Il retient son souffle.
Cinquième sonnerie.
Une silhouette passe devant lui.
Sixième sonnerie.
Elle attrape le portable. Elle ne décroche pas.
Plus de sonnerie.
C'est une fille.
L'adolescent ouvre grand les yeux pour bien la scruter. C'est celle de tout à l'heure, il en est certain. Celle qui avait faillit lui renverser une boisson dessus. L'amie d'Amanda.
Alors, c'était elle ? L'Ecrivain était ce joli petit bout de femme ?
Elle disparu dans le salon, se mêlant à une foule d'adolescent, le regard du plus grand posé sur elle.
Instinctivement, il se leva. Pour mieux la regarder.
Elle se dirigeait vers cet idiot de Finn Corset, entouré de ses amis, comme toujours.
Puis elle tendit le téléphone en direction de quelqu'un d'assis sur le canapé. Mais au même moment, quelqu'un brouilla la vue de l'adolescent en passant devant lui. Il râla et se pencha sur le côté.
Une chevelure châtain bouclée se dégagea d'un petit espace vide entre les corps qui dansaient.
La personne sourit en levant la tête et rangea le téléphone entre ses cuisses. On aurait dit un remerciement.
L'adolescent eut un fort mouvement en arrière, écrasant au passage le pied d'un inconnu.
Une goutte de sueur glacée perla sur sa tempe battante.
C'était ce gars qui lui avait renversé son verre dessus.
Comment s'appelle-t-il déjà ?
Rappelle-toi, rappelle-toi ! Pensa-t-il.
Ray !
Il s'appelle Eliot Ray. Évidemment. Le meilleur ami de Corset.
L'idée que l'auteur blog avec qui il avait tant échangé puisse être un gars l'écœura au plus haut point. Ce type ne devait surtout pas savoir que c'était lui. Sa réputation serait ruinée.
Nerveusement, il serra les poings et se mit à rire.
Il n'était plus qu'à quelques mètres d'eux.
Il cria, l'alcool aidant, en leur direction, transperçant la musique :
- Bande d'abrutis !
Puis, prit d'un ras-le-bol monumental, il disparu en adressant un majestueux doigt d'honneur au propriétaire du téléphone, qui le regardait fixement, presque paniqué. Finn se redressa mais Amanda le retint en le stoppant avec son bras, et le nouveau aux cheveux auburn était là aussi, se reculant pour éviter une bagarre qui n'aurait pas lieu étant donné que l'adolescent était parti.
Sur le chemin du retour, il écrasa les quelques gobelets qui trainaient sur le gazon humide.
Eliot fronça les sourcils, il se leva. Lui, personne ne le retint.
Il fit quelques pas, après avoir feint d'avoir besoin de prendre l'air, et se retrouva sur le seuil de la porte. Il n'y avait plus personne qui fumait, dehors. Il faisait froid, il commençait à pleuvoir et il se retrouva seul... Comme à son habitude.
Son téléphone dans la main, il le déverrouilla.
2 appels manqués.
Son cœur s'emballa, il battait à tout rompre.
«Mister_Blue»
... Il voyait flou. Il tituba et se rattrapa à la porte d'entrée.
C'était pour ça... C'était pour ça que le gars avait gueulé. C'était bien lui sur le banc.
Et maintenant, il connaissait l'identité d'Eliot...
Dangereux. Très dangereux. Les «ignorants» devaient le rester.
Il tomba à genoux, essuyant des larmes nerveuses d'un revers de manche, mais il ne pouvait lutter... Il éclata en sanglot. Il devait partir. Personne ne devait le voir.
S'il pensait que sa vie était déjà un enfer, il n'était pas prêt pour ce qui allait suivre, il en était persuadé.
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