Chapitre 4.

Nymouria ouvrit finalement les yeux. Elle était réveillée depuis une bonne vingtaine de minutes mais elle ne voulait point se lever. Elle était bien dans son lit. Elle se redressa et regarda autour d'elle. Elle avait oublié de fermer son volet en bois. Ce fut la raison pour laquelle le soleil arrivait à pénétrer dans la petite pièce. Elle se leva et regarda par la fenêtre. En remarquant la hauteur du soleil, elle se dit qu'il était encore tôt. Elle se tourna vers sa coiffeuse. Elle sourit en apercevant le vase où se situait la rose bleue que lui avait offert Soren, il y a de cela quatre ans. Nymouria avait grandi. Elle avait passé quatre années dans ce château, à servir la princesse. Elle partit se changer et regarda une dernière fois la fleur. Elle remercia pour la énième fois Soren de lui avoir offert un tel cadeau. On vint frapper à sa porte. Elle resta sans bouger, fixant la porte, se demandant qui pouvait vivre la déranger à une heure aussi matinale. Elle finit par s'avancer vers le battant et regarda à l'extérieur. Sa gouvernante se tenait devant elle, un balai à la main, de grosses poches sous les yeux. La jeune brune ne se posait point de question. Elle la voyait s'acharner avec son travail. Prise de sa profonde gentillesse, elle l'aidait de temps en temps.

-Nymouria... J'ai encore plein de pièces à nettoyer, pourrais-tu t'occuper de laver les affaires sales dans le lac d'à côté?

La petite acquiesça. Cela ne la dérangeait point. Elle quitta sa petite chambre et alla dans la salle où était entreposé le linge. Elle prit deux grosses bassines à bras. L'une était remplie de draps, tandis que l'autre, de nappes de table. Elle fit attention à ce que personne ne la voit. Elle et sa gouvernante se feraient sévèrement punies si quelqu'un venait à apprendre qu'elles ne faisaient point le travail demandé à chacune. Elle se dépêcha de quitter la demeure des Sebastian et marcha tranquillement jusqu'au lac à quelques mètres plus loin. Elle posa les bassines à côté d'elle, enleva ses chaussures et elle s'installa confortablement au bord du petit port, les pieds jouant dans l'eau. Le lac était aussi pur que la couleur de ses yeux. Ici, elle pouvait trouver la tranquillité. Personne ne pouvait venir la déranger. Mais elle devait faire vite, sinon, quelqu'un s'apercevrait de sa disparition et les ennuies s'en suivront. Elle prit un drap au hasard et le trempa dans l'eau. Elle prit sa savonnette et frotta le tissu. Elle continua son travail, toute souriante. Elle finit de nettoyer le contenu de la première bassine. Il lui restait deux ou trois nappes à s'occuper. Elle passa le revers de sa main sur son front, essuyant les quelques gouttes de sueur. Sous ce soleil brûlant, elle ne pouvait qu'avoir chaud. Elle respira un grand coup, les yeux fermés, et expira, un sourire joyeux incrusté sur son visage. Soudain, elle entendit des pas se rapprocher rapidement d'elle. Elle s'apprêta à se retourner mais deux mains vinrent la pousser dans le lac. Elle remonta à la surface et elle regarda la personne qui avait fait un acte aussi sournois. Son regard s'adoucit lorsqu'elle vit une jeune demoiselle à la longue chevelure noire, vêtue d'une longue robe rouge rubis. Nymouria sentit ses joues prendre la teinte de cette tunique. La jeune fille qui venait de la pousser dans l'eau riait de bon cœur, prête à pleurer.

-Soren... Ce n'est point gentil...

-N'es-tu point contente de me voir de bonne humeur? demanda-t-elle, essayant de paraître surprise.

La brune soupira et s'accrocha au petit pont de bois. L'ébène lui tendit la main mais la servante l'ignora.

-Tu m'en veux?

-Ce n'est point cela. Vous n'avez point besoin de m'aider, dit-elle, le ton froid, ignorant son regard.

Soren soupira.

-Nous en avions déjà discuté, il y a de cela de nombreuses années.

-Peut-être bien mais c'est la coutume. Nous n'avons point à donner notre avis. Vous êtes princesse, vous n'avez point à aider de pauvres êtres ridicules telle que moi..., expliqua la fille aux yeux bleus, essorant sa tenue.

Elle fronça les sourcils et se rapprocha dangereusement de Nymouria. Elle passa son index sous le menton de la brune et la força à la regarder dans les yeux. Les joues de la mouillée s'empourprèrent alors que le visage de l'ébène se rapprocha un peu plus du sien.

-Tu n'es point un être ridicule! grogna la noiraude. Tu es une personne comme moi. Nous sommes tous pareils, sur Terre. Comprends-le.

Nymouria sourit moqueusement. Elle trouvait ces paroles tellement idiotes.

-Tu crois vraiment que nous sommes tous égaux? C'est dans ta tête qu'il en est ainsi! Les riches seront toujours supérieurs aux pauvres! Tu m'es supérieure! Tu nous es supérieure! Tu...

Un bruit assourdissant retentit dans l'air. La tête de Nymouria venait de pivoter sur le côté. Sa joue était enflée. La princesse venait de la gifler. Elle regretta immédiatement son geste.

-Je... Excuse-moi, Nymouria! Je ne voulais point...

Un voile humide vint recouvrir la vue de la brune. Elle avait mal. Elle toucha l'endroit où la main de sa maîtresse l'avait heurtée. Sa pommette la brûlait. Elle tourna le dos à la personne qu'elle était forcée d'obéir et retourna à son activité première. Elle plongea la nappe dans l'eau et attrapa la savonnette.

-Princesse... Laissez-moi...

-Nymouria...

-Laissez-moi! cracha-t-elle.

Une larme coula le long du lieu qui brûlait. Elle serra les dents, essayant de retenir les suivantes, en vain. La douleur était trop forte. Elle n'en pouvait plus. Les perles salées vinrent rejoindre les autres appartenant au lac. Deux bras enlacèrent la pleureuse et une tête se posa sur son épaule.

-Je suis désolée... Le coup est parti tout seul... Je ne voulais point...

-C...Cela n...n'est rien... Je... Je ne vous en v...veux p...point..., dit-elle entre deux sanglots.

La noiraude s'en voulait énormément. Elle avait fait pleurer la personne qu'elle aimait autant que son propre frère. Elle se disait qu'elle n'aurait plus le courage de se regarder dans un miroir sans avoir honte. Elle resserra sa prise et nicha sa tête dans son cou.

-Je suis désolée... C'est juste...que je n'aime point lorsqu'on me contredit...

Nymouria se tourna vers la princesse, un petit sourire forcé sur son visage humidifié par les larmes.

-Vous êtes la princesse. Vous pouvez faire ce que vous voulez de moi. Comme me faire du mal...

-Ne dis point cela, Nymouria! Et arrête de me vouvoyer! On a conclu un marché!

-Oui, pardon... Excuse-moi...

Soren sourit légèrement, mais la voir avec les joues rouges ne lui plaisait en aucun cas. Elle avait beaucoup pleuré. Puis elle se mit à éternuer. Elle était trempée jusqu'aux os. L'ébène ne resta point sans rien faire. Elle lâcha son amie pour se lever. La brune ne voulait point qu'elle stoppe l'étreinte. Elle aimait la sentir contre elle. Elle eut comme un gros vide sur le moment. Soren l'aida à se lever et l'entraîna de force jusqu'au château.

-S...Soren... Et le linge?

-On les recherchera plus tard. Pour l'heure, nous devons te changer. Tu es trempée!

Nymouria ne pouvait que rougir face à l'inquiétude de sa chère princesse. Elle était prête à tout pour lui faire plaisir. Elle était devenue sa seule raison de vivre depuis la mort de ses parents. Elle était prête à échanger sa vie contre la sienne.

Elles arrivèrent à destination rapidement et elles allèrent se réfugier dans les appartements de la princesse. La pauvre servante était en train de grelotter. Soren s'inquiétait pour sa santé. Elle ne pouvait point la laisser dans un tel état. Elle lui prit la main et l'entraîna jusqu'à la salle de bains reliée sa grande chambre. Elle se dirigea vers la baignoire. Elle était très grande pour une petite fille de huit ans. Elle lui dit de rester ici et elle quitta les lieux. Elle chercha l'une de ses servantes dans tout le bâtiment. Elle finit par trouver Angelora. Elle se rapprocha d'elle et lui demanda:

-Angelora! Je t'en supplie! Pourrais-tu arrêter tes activités pour aller chercher de l'eau chaude, afin de remplir mon bain?

-C'est que... Princesse, votre père demande à me voir...

Soren dut changer de ton pour qu'elle accepte.

-Et si je te disais que je ne demandais point ton accord?

-Je... Très bien...

-Merci, répondit-elle avec un grand sourire. Je te laisse dix minutes. Dépêche-toi!

-Mais...

Elle ne put la contredire puisqu'elle était déjà partie. Angelora se demandait pour réagissait-elle ainsi. Elle n'avait jamais donné d'ordres à qui que ce soit.

-Peut-être que son instinct de royale personne a finalement pris le dessus..., pensa-t-elle. Nous ne connaîtrons plus la gentille princesse d'autrefois...

Elle devait faire vite pour deux raisons. La première, pour ne point s'attirer les foudres de la princesse. Et la seconde, pour ne point faire attendre le roi. Il l'avait appelée pour une raison qu'elle ne connaissait guère. Elle avait peur. Allait-il la mettre dehors? Mais elle faisait parfaitement bien son travail et dans les temps. Pourquoi? Elle était très anxieuse mais elle essayait de ne point y penser. Elle partit au puits dont l'eau était chaude et prit quatre seaux qu'elle remplit à ras bord. Elle en plaça deux au extrémité du bâton qu'elle passa à ses épaules et elle prit les deux derniers à l'aide de ses mains. Elle se dépêcha de monter à la chambre de la princesse. Elle frappa à la porte avec difficulté puisqu'elle était occupée de tout part. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard. Soren était dans l'entrebâillement et la remercia en lui prenant des mains l'un des seaux.

-Ouh! Que c'est lourd!

Angelora se permit d'entrer pour remplir la baignoire de cette eau chauffée du puits. Soren en fit de même avec le sien.

-Princesse... Ce n'est point raisonnable de vous fatiguer de la sorte.

-T'ai-je autorisée à prendre la parole? Non, alors quitte les lieux. Je n'ai plus besoin de toi.

Angelora se sentit vexée par les paroles de la princesse. Elle n'était point comme cela auparavant. Elle s'en alla, retrouver le Roi dans la salle du trône. Une boule se forma au creux de son ventre. Sa gorge se noua. Elle avait très peur. Elle devait se calmer à tout prix. Elle prit son courage à deux mains et frappa à la porte. Un puissant "Entrez!" se fit entendre de l'autre côté. Elle regretta immédiatement d'être venue au monde. Mais elle était curieuse de savoir ce que lui voulait le roi. Elle poussa légèrement la porte et passa sa tête dans l'entrebâillement. Elle referma la porte derrière elle et se dirigea d'un pas hésitant au milieu de la salle, sur le grand tapis rouge. Elle s'agenouilla et prononça quelques mots bien distincts, faisant entendre les vibrements d'inquiétude dans sa voix.

-Que me vaut l'honneur de parler avec vous, Majesté?

-Redresse-toi.

Elle s'exécuta et devint raide comme un piquet.

-J'ai une faveur à te demander.

Elle se demanda alors de quelle utilité lui serait-il. Elle n'était point la plus compétente de tous les serviteurs du château.

-Il m'en va de mon devoir d'exécuter votre souhait.

Il lui fit signe d'approcher. Elle s'inquiétait. Était-ce si important? Elle fit ce qu'il lui indiquait de faire. Elle se pencha vers lui alors qu'il approchait sa bouche de son oreille.

-J'aimerais que tu surveilles le prince Frigiel. Il semble plus pâle depuis quelques temps. Il reste dans sa chambre jour et nuit, mise à part pour aller manger.

C'était donc cela. Le sujet de leur conversation était l'héritier du trône. Elle aurait pu le deviner.

-Je te demande donc de le surveiller.

Elle se demanda alors si elle devait lui parler de l'évanouissement du jeune Frigiel, il y avait de cela quatre ans. Mais elle se retint. Elle lui avait promis de ne rien révéler à personne. Et elle ne trahissait jamais ses promesses.


Pendant ce temps, du côté de la princesse et de sa servante personnelle, elles étaient toujours dans la chambre. Nymouria s'était cachée sous le lit durant la présence d'Angelora. Elle se tourna vers son amie et la regarda, étant en désaccord.

-Tu n'étais point obligée d'être aussi vilaine avec elle. Elle t'a rendue service!

-Peut-être, mais ta santé compte plus que la façon dont je traite mes sujets.

L'ébène se plaça derrière la brune et défit son tablier. Nymouria sursauta en se rendant compte de ce qu'elle faisait.

-S...Soren... Pourquoi fais-tu cela?

-Tu vas prendre un bain. Tu ne vas point le prendre toute habillée, tout de même?

Elle défit les boutons au dos de sa petite robe noire et fit glisser les manches le long de ses bras. La pauvre brune rougissait énormément. Elle ne pouvait point la contredire. Mais étant très pudique, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir se cacher la partie génitale. (Lucy-Gondra: A huit ans, on n'a pas encore de la poitrine. Enfin, je crois. ... Est-ce que quelqu'un peut me le certifier?) Soren la poussa par les omoplates et l'entraîna jusqu'à la salle d'eau. Elle la força à entrer dans la baignoire.

-Maintenant, tu te détends. Je vais te préparer une tenue propre. Tu ne vas point remettre une robe déjà mouillée.

Elle s'apprêta à quitter la salle mais Nymouria la rappela à l'ordre.

-Je... Ne me laisse point seule...

Soren se retourna et lui sourit.

-Tu veux que je prenne un bain avec toi?

Nymouria rougit comme un catadioptre (Lucy-Gondra: Je n'ai pas trouvé mieux...) mais acquiesça. La princesse essaya de se débarrasser de sa robe mais en vain. Nymouria voulut l'aider et sortit de l'eau. Elle avança un pas vers elle mais elle glissa. Elle essaya de garder l'équilibre en s'agrippant à l'ébène mais elles tombèrent toutes deux. Nymouria se retrouva à califourchon sur sa princesse adorée, complètement nue. (Lucy-Gondra: Ça me fait trop rire de les imaginer!) Quelques gouttes d'eau vinrent tomber sur la belle tunique de Soren. Elles furent toutes les deux gênées au plus haut point. La brune se leva précipitamment, manquant de tomber une seconde fois. Elle tendit sa main vers la princesse qui la prit avec joie. Elle l'aida à enlever sa robe puis elles entrèrent dans la baignoire. Un silence prit sa place dans toute la pièce. Soren détendit l'atmosphère en lui jetant de l'eau à la figure. Nymouria sourit malicieusement et fit pareil. Elles s'amusèrent de longues minutes à ce jeu enfantin. Soren proposa de commencer à se laver. Elle prit une lotion sur le rebord et en appliqua sur sa main.

-Retourne-toi, ordonna-t-elle gentiment.

Nymouria se mit de suite dos à elle. Deux mains vinrent se poser sur son dos, la faisant frissonner.

-So...Soren... Qu'est-ce que...tu fais?

-Je te lave. Cela semble plutôt facile à comprendre.

Elle la laissa faire, tête baissée et rouge. Jamais personne lui avait fait une telle chose. Elle s'était toujours lavée toute seule. Les mains de la princesse descendirent petit à petit jusqu'à attendre ses fesses. Elle sursauta en lâchant un petit cri de surprise.

-Point ici, voyons! s'étrangla-t-elle.

Soren se mit à rire face à la réaction de son amie.

-N'aimes-tu point cela? sourit-elle narquoisement en posant à nouveau ses mains sur son petit postérieur.

Elle poussa un petit gémissement et se leva d'un coup.

-N...Ne...

-Oh! On n'a point le droit de rire avec toi...

Elle l'attrapa par la jambe et la fit glisser. Elle se retrouva de nouveau assise. Elle prit une nouvelle lotion et en appliqua dans ses cheveux. Elle la massait tranquillement. Nymouria se détendit presque instantanément. Elle la trouvait très méticuleuse. Ses gestes étaient doux et agréables. Elle était apaisée. Elle ferma les yeux, profitant pleinement. Elle se sentit étrangement très fatiguée et finit par s'assoupir. Sa tête vint se reposer contre le torse de la princesse qui fut aussi rouge qu'une tomate. Elle lui caressa tendrement les cheveux, profitant de cette situation pour admirer de son beau visage endormie.

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