Chapitre 14.
Soren n'en revenait point. Comment cela "De l'amour!"? Elle ne pouvait point aimer une fille. Ce n'était à peine pensable.
-Le penses-tu vraiment, Eloriane?
-Je ne le pense point, j'en suis sûre! Tu as toutes les caractéristiques pour l'être.
-Peut-être bien, mais j'ai tout de même du mal à le croire.
Eloriane ébouriffa les cheveux de la princesse et la motiva:
-Fais-moi confiance!
Elle se leva du lit et se tourna vers sa cousine.
-Allez! Maintenant, tu dois lui avouer tes sentiments.
Le cœur de la jeune fille aux yeux couleurs sangs rata un battement. Ses joues s'empourprèrent.
-Je... Je ne peux point aller la voir pour lui faire part de...
-Oh que si! Je t'y obligerais!
Elle la força à se lever du lit et l'entraîna jusqu'à sa coiffeuse.
-Je vais arranger un peu tes cheveux pour que tu sois présentable devant ta future épouse!
-Mais...
-Point de "mais" qui tienne! Laisse-moi faire.
Nymouria était dans le jardin, assise sur l'escarpolette, se balançant légèrement. Elle contemplait la magnifique couleur bleu du ciel. Elle tenait entre ses mains, la rose bleue que Soren lui avait offert alors qu'elles n'avaient que huit ans. Le visage souriant de la personne qu'elle aimait lui revint en mémoire. Elle serra la tige entre ses doigts, alors qu'elle se disait qu'elle n'aurait jamais pour elle seule sa princesse. Elle lâcha un juron en faisant tomber sa fleur, alors que des épines avaient transpercé sa peau. Elle inspecta sa main et remarqua que des filets de larmes rouges coulèrent des plaies. Cette couleur pourpre lui fit penser à la couleur sanglante des yeux de sa princesse. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle avait tellement peur de la réaction de sa noiraude lorsqu'elle lui avouerait ses sentiments. Elle ne savait point du tout comment elle allait réagir. La simple pensée de savoir qu'elle l'abandonnerait lui fit un pincement au cœur. Elle risquait de perdre gros, mais de gagner tellement plus. Que préférait-elle réellement? Risquer son amitié avec Soren ou rester sur sa position? Elle n'eut point le temps de réfléchir plus longtemps qu'une petite tête noire se posta juste devant elle. Elle manqua de tomber de la balançoire.
-Je ne m'attendais point à te retrouver ici! dévoila la noiraude.
-Je... Pardon... Je n'aurais peut-être point dû...
-Qu'est-ce qui te fait dire que je ne voulais point te voir? Justement...à ce propos...
Elle n'osa plus la regarder et rougit un peu plus.
-...j'avais à te parler...
Leurs joues s'embrasèrent. Celle aux yeux perçants commençait à éveiller la curiosité de la brunette.
-Qu'as-tu donc à me dire? osa-t-elle demander d'une petite voix, montrant sa timidité.
Soren faisait des petits bruits gênés avec sa bouche. Elle aurait préféré se taire.
-Rien d'important. Oublie.
-Tu t'es lancée. Va jusqu'au bout de tes pensées.
-Ce n'est rien, je te dis!
Nymou' souffla de frustration. Elle n'avait point le droit de lui faire cela!
-Tu n'es point gentille de me laisser comme cela! Je veux savoir! bouda-t-elle en faisant la moue.
Soren rit doucement, essayant de calmer les battements de son cœur.
-Arrête donc de faire la tête! On dirait une enfant de quatre ans!
Elle arrêta immédiatement et la fixa. Cela n'arrangeait point le cas de Soren qui lui demanda, presque sèchement:
-Pourquoi me regardes-tu ainsi?
-J'attends que tu m'expliques ce que tu avais à me dire!
Soren soupira. Elle n'avait plus le choix. Elle regarda son "amie" et recommença à rougir. Elle en avait marre de ne point pouvoir contrôler ses émotions. Elle se décida de prendre son courage à deux mains et plongea son regard rougeâtre dans les yeux bleutés de Nymouria.
-Je sais que c'est difficile à avaler mais depuis que je te connais, je t'ai toujours considérée comme ma meilleure amie. Quelqu'un m'a ouvert les yeux et m'a fait comprendre que ce que je ressentais envers toi était plus qu'une simple amitié.
La brune comprit où elle voulait en venir et se sentit...tellement heureuse!
-Si tu venais à partir, je ne pense point que je survivrais. Je ne peux point vivre sans tes étreintes, sans tes caresses, sans tes yeux, sans ton joli petit minois, sans ta présence, tout simplement. Enfin bref, je pense que tu as compris: je t'aime.
Nymouria ne put contrôler ses larmes. Ce n'était point des larmes de tristesse. C'était des larmes de joie. Elle se leva de l'escarpolette et se jeta dans les bras de la princesse à la chevelure nocturne. Elle était aux anges. Pour elle, à cet instant précis, c'était le Paradis sur Terre. Elle plaça ses mains sur les joues de Soren et la regarda droit dans les yeux, le nez et le front fixé.
-Soren... Moi aussi, je t'aime!
Le sourire de la princesse rayonna de mille feux. Elle glissa l'une de ses mains dans la nuque de la demoiselle, tandis que l'autre se logea au creux de son dos. Elle la rapprocha peu à peu d'elle, alors que leurs yeux se fermèrent, jusqu'à ce que leurs lèvres ne firent plus qu'une. Un baiser amoureux prit sa place. C'était doux. C'était passionné. C'était mythique. Jamais elles ne s'étaient délectées d'un goût aussi pur. Elles se séparèrent doucement, un petit sourire niais au visage. Leurs yeux pétillaient de joie. La servante retira ses mains des joues de sa princesse qu'elle chérissait et la regarda, apeurée.
-Qui a-t-il? demanda-t-elle, ne comprenant point sa réaction.
-T...Ta...joue...
Elle l'effleura du bout des doigts et remarqua qu'une légère trace de sang y était. Elle commença à s'inquiéter. Saignait-elle de la pommette? Soudainement, Nymouria lâcha un soupir de soulagement.
-Ce n'est rien. Ne t'inquiète point.
Elle lui montra sa main, qui s'était fait écorcher par la rose un peu plus tôt.
-Je t'ai tâchée.
La princesse était toujours anxieuse, mais point pour la même raison.
-Comment t'es-tu fait cela?
Nymouria se gratta l'arrière du crâne, gênée, souriant doucement et lui expliqua sa mésaventure.
Un peu plus loin, dans les champs de fleurs, le serviteur brun aux yeux noirs avait visualisé la scène du baiser entre les deux jeunes filles. Un petit sourire machiavélique apparut sur son visage alors qu'il les guettait encore un peu.
-Je vais raconter tout ceci au Roi. Je me demande quelle punition il leur administra.
Il se leva sans se faire repérer par la princesse et sa servante et retourna au château.
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