Chapitre 9 - La plaine

Le lendemain, un garde en tenue de cuir armé d'un coutelas vient nous chercher Maïna, Ralph et moi pour nous escorter vers la sortie est. Nous avons à peine le temps de ramasser nos choses et de grignoter quelques bouts de pain que celui-ci nous pousse dans les tunnels. 

Lorsque nous atteignons un embranchement, nous apercevons Fur. Celui-ci fait une accolade à ses parents. Puis, sans attendre plus longtemps, nous quittons les lieux.

Je jette un œil à Ralph qui baisse la tête et fixe ses pieds. Cette fois, je ne l'interroge pas.

Nous marchons profondément sous la montagne, des gouttelettes suintent sur la paroi par endroit. Des fontaines sont aménagées pour que la population ait accès à de l'eau fraîche. Des ponts surplombent même des rivières sombres et tourbillonnantes ou des gens pêchent. Partout, des sculptures dans la pierre sont visibles.

Nous traversons une bondée ou une foule s'amuse autour d'un lac scintillant. L'écho des cris de joie nous assaille. Des niches, sont creusées dans les murs pour permettre à qui en a besoin de se reposer.

Nous rencontrons des hommes et des femmes couverts de poussières qui transportent des minerais dans des brouettes. Fur m'explique que ces gens sont des mineurs qui rapportent leurs cargaisons. Celles-ci sont par la suite livrées aux bijoutiers, aux sculpteurs et aux forgerons.

Des fresques gigantesques sont visibles partout sur notre chemin. J'essaye de les comprendre et de les examiner, mais le temps me manque. Maïna en profite pour nous raconter quelques légendes.

— Dans les temps anciens, un dragon veillait sur notre Terre, le grand et sage Vto. Ses ailes étaient si vastes que lorsqu'il les ouvraient la nuit tombait.

— C'est lui ici, lancé-je en provoquant un écho dans le tunnel.

— Oui, c'est lui. Il est dit que ce dragon règne maintenant sur les montagnes du Nord et empêche le froid de nous atteindre par ses flammes.

Tous émerveillés, nous écoutions toutes ces histoires, les unes après les autres sans broncher.

Nous marchons une journée entière en parcourant les milieux de vies de cette population souterraine. J'ai les yeux grands ouverts et j'essaye de ne pas manquer une miette de cette visite incroyable.

Finalement, il est tard, le garde nous indique un dortoir où nous détendre. Nos pieds sont douloureux et la bonne humeur n'est plus au rendez-vous. Nous mangeons à satiété un repas qui est posé sur une table dans le centre de la pièce. Fur tombe littéralement endormi dans son assiette. Ralph se couche sur son lit et moi je ne peux m'empêcher de questionner Maïna.

— Est-ce que tu sais où on va ?

— Non.

— Tu sais quand je serai assez forte pour sauver mes parents ?

— Non.

— Tu crois qu'ils sont toujours vivants ?

— Je ne sais pas.

— Tu sais ce qu'il y a de l'autre côté de la montagne ?

— Non... mais laisse-moi dormir à la fin !

Clairement, elle est épuisée elle aussi. Je m'assoupis, l'estomac noué en pensant à ma famille et aux événements à venir.

Le lendemain, après m'être longuement étiré, je déjeune avec appétit en compagnie des autres avant de reprendre la route.

Dès le milieu de l'avant-midi, nous arrivons dans des tunnels plus étroits surveillés par des gardes armés. Quelques kilomètres plus loin, notre guide nous quitte en nous indiquant de continuer droit devant.

Au fil de notre avancée, nous sentons de petits courants d'air qui s'insinue dans les corridors. Puis, nous débouchons enfin sur une plaine verdoyante et odorante. Des fleurs bercées par le vent et des herbes hautes sont visibles à perte de vue.

— Où on va maintenant ? demande Fur impatient.

— Toujours vers l'Est, répond Maïna.

Fur lâche un soupir, avant de s'élancer dehors. Ralph plus calme nous suit d'un bon pas. Je mets une brindille dans ma bouche que je mâchouille un long moment. 

Des sauterelles sautillent devant nos pieds. Des coccinelles se promènent sur nos vêtements à notre plus grand plaisir. Fur qui n'a jamais profité de l'extérieur examine tout en détail et fonce dans toutes les directions en quête de nouveauté.

Les heures de marche sont entrecoupées de pauses repas et de sieste. Maïna témoigne d'une patience infinie envers nos jérémiades enfantines.

— C'est moi qui dors à droite !

— Non, c'est moi !

— Et puis, j'ai mal au pied et j'ai faim ! Maïna !

Celle-ci pour nous relaxer nous chante une chanson de sa contrée.

La nuit venue

La brume advenue

Le vent souffla

La mer s'agita

Les gens endormis

Sous cette frénésie

Ne virent pas

N'entendirent pas

La magie nocturne

Endormir la lune

Pour qu'au matin

Le soleil se lève enfin

Sous les cris des criquets et les étoiles, nous trouvons la tranquillité et nous endormons paisiblement.

Les jours se suivent dans la grande plaine et sont terriblement longs. Puis, alors que nous perdons espoir, nous apercevons des arbres et une surface bleue à l'horizon.

Mes petites jambes fatiguées me poussent à avancer, pressées d'arriver à destination. Vers la fin de la journée, nous déposons enfin nos sacs sur le sol près d'un lac ou nous plongeons les pieds sans attendre.

— Bonjour Ralph !

Ralph lève la tête pour voir qui parle. C'est une sirène ! Celle-ci a les cheveux blonds humides et la peau recouverte d'écailles. Elle nous regarde gaiement. Le bas de son corps est plongé dans l'eau.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Je pensais que tu étais partie.

— Je suis venue ici pour terminer ton éducation. Je t'attendais.

Ralph sourit et nous présente sa bienfaitrice, Agathe.

Puis, une bête rouge en forme de lézard s'approche de Fur et grimpe sur son bras.

— Tu étais ici toi aussi Hector !

La créature pour toute réponse frotte sa tête contre le cou de Fur visiblement heureux de retrouver son ami.

Puis, venant de la forêt qui borde l'eau, un grésillement se fait entendre. Nous distinguons ce qui semble être un vol d'oiseau. Un volatile se détache du groupe et se pose sur mon épaule !

— Odilou ! Mais, que fais-tu ici ?

La fée me sourit, et gesticule dans tous les sens. Je n'y comprends rien.

Puis, excédée, elle exécute quelques mouvements qui créent un souffle de vent.

— C'est toi l'Air !

Un petit hochement de tête confirme mes dires. Nous étions donc enfin réunis, les quatre éléments et nos mentors pour parfaire notre éducation.


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