Chapitre Un

« Il vécut en paix et mourut le 13 août 1889. Il fut enterré dans la grande forêt de Sorcellia, près du portail qui mène à la Terre, et chaque année, des milliers d'elfes accomplissent un rituel autour de sa tombe afin de lui rendre hommage... »

Je vais finir par me taper la tête contre le mur. Cela fait au moins la centième fois que l'on me répète la même histoire. Je sais qui est le fondateur de notre univers. Un magicien avec des visions ayant fini par trouver, par hasard, le portail qui sépare la Terre de notre monde. Je sais quelle est la dynastie qu'il a créé, puisque c'est celle de mon père et donc la mienne par descendance. Je sais quels étaient ses pouvoirs, le nom de la femme dont il était amoureux, la date de sa mort. Je sais absolument tout ce qu'il y a à savoir.

C'était il y a plus de deux-cent-trente ans.

Mais bon, c'est toujours comme ça en classe. On s'ennuie très souvent et après, on a une quantité de devoirs qui dépasse la quantité de robes que je pourrais porter par semaine.

Je crois bien que je préférerais avoir un tuteur. Cependant, ma mère veut que j'aille étudier comme tous les autres.

Je préfère de loin les cours de lecture, où Madame Morrez nous lit des contes apportés de la Terre par notre fondateur. C'est bien plus passionnant d'entendre des contes sur les aventures de créatures magiques qu'une énième fois l'histoire de Sorcellia.

J'entends soudain la cloche sonner. Enfin, je vais pouvoir sortir de cette salle d'histoire. Cela fait maintenant deux heures que je suis assise à écouter Madame de La Tour nous répéter la genèse de notre monde et à tenter de ne pas bâiller à m'en décrocher la mâchoire.

Je me lève, range mes affaires et sors précipitamment de la salle. Cette journée est finie et je vais enfin pouvoir rentrer au château. J'ai hâte ! Je ne tiens plus en place et je tremble d'excitation. Je me retiens de crier de joie. Pas parce que la journée est finie et que je rentre chez moi, mais parce que ce soir, nous sommes le premier jour du mois de juin. C'est la Fête des Lumières. La seule soirée et la seule nuit de l'année où le ciel sera peint de toutes les couleurs. Toutes les magies seront représentées. Pour l'occasion, tous les habitants se réunissent sur la grande place du village pour danser, parler, manger, boire et regarder les étoiles. C'est l'événement le plus important de l'année.

En sortant de l'établissement, je prends le chemin du château. Depuis le sentier caillouteux où je me trouve, j'ai une vue imprenable sur la campagne lointaine. Les tours élancées du château tranchent le ciel et les nuages remplis d'eau avancent paisiblement. La brise fraîche caresse mon visage.

L'endroit est vraiment magnifique. Je suis sûre que si j'avais des talents de dessinatrice ou de peintre, j'installerais mon chevalet ici pour reproduire ce merveilleux paysage...

Et dire que dans quelques heures, ce ciel si bleu deviendra noir et parsemé d'étincelles lumineuses ! Il y aura du rose, du bleu, du jaune, du violet et toutes les autres couleurs !

Je me réjouis comme une enfant de dix ans. Que pensent mes deux gardes, non loin de moi, en me voyant sautiller ?

Le plus étonnant, c'est que personne ne peut expliquer d'où vient cette fête. Le ciel, chaque année, ce jour là, est comme ça. Il y a très longtemps, un roi, nommé Jadès, a trouvé cette voûte céleste tellement jolie qu'il a décidé d'en faire une célébration annuelle.

Je suis tellement excitée, tellement impatiente, que je manque de percuter les deux filles qui se trouvent devant moi.

Gwendolyn et Kaitlyn.

Aïe.

Les deux pestes du village. Magie verte. Je les déteste. Elles me détestent.

Au moins c'est réciproque.

— Alors Lili, ça ne fonctionne toujours pas ? ricane Gwendolyn.

— Ou peut-être que c'est juste toi qui n'as toujours pas compris ! ajoute Kaitlyn, en riant à son tour.

Je sens la colère monter en moi, comme à chaque fois qu'elles m'adressent la parole. Je brûle d'envie de leur mettre des tartes.

— Tout va bien, Mademoiselle ? m'interroge l'un de mes gardes en me rejoignant.

Je pousse un soupire en voyant Philémon et François, mes deux protecteurs, se placer de part et d'autre de moi.

Elles veulent juste me démonter, comme d'habitude. Mais à part ça...

Kaitlyn et Gwendolyn tressaillent face à ces deux hommes robustes en costumes noirs qui manient parfaitement la magie pour me défendre et j'esquisse un léger sourire.

— Tout va bien, réplique Kaitlyn en essayant de garder la tête haute. Nous parlions du fait que Lili est très embêtée de ne pas avoir de pouvoirs. Quel dommage pour elle ! Nous nous devons de consoler la princesse !

Quelle ironie ! Consoler la princesse ? Tu es plutôt en train de m'irriter les nerfs et je suis à deux doigts de vouloir t'insulter. Enfin, c'est plutôt ma  bienséance liée à mon rang qui me retient. Je ne n'étais pas une princesse, je lui ferais manger la poussière au détour d'un couloir.

Mes cinquante kilos et mon mètre cinquante-cinq ne font de toute façon pas le poids face à deux filles plus grandes que moi et qui peuvent à tout moment dégainer leur magie. En théorie, elles n'en n'ont pas le droit. Le règlement interdit quiconque de faire appel à sa magie pour nuire. Je me sens donc rassurée d'avoir deux gardes imposants et charismatiques qui assurent ma sécurité.

— Imaginez qu'en fait, ce n'est qu'une malheureuse humaine avec quelques pauvres dons ? ajoute Kaitlyn à son amie. Ce serait vraiment dommage pour elle ! Sorcellia est un endroit bien plus beau et bien plus agréable que cette petite Terre remplie de faibles dont sa tante !

Elles ont osé.

Mes poings se serrent. Pourquoi ont-elles mentionné ma tante ?

— Et bien vous êtes toujours en train d'imaginer Lili en tant qu'humaine à ce que je vois, intervient la voix familière de Savana dans mon dos. Allez donc voir ailleurs si j'y suis !

Un sourire illumine mon visage en la voyant arriver avec Stella.

— Arrêtez donc d'offenser la princesse ! s'exclame Philémon. Viendra un jour où elle sera extrêmement puissante !

Kaitlyn soupire avant de tourner les talons et fuir avec son amie devant mon air stupéfait. C'est tout ? Elle s'enfuit comme ça ? 

Ces deux filles sont juste prétentieuses. Elles n'ont pas une seule once de gentillesse et ne se soucient que de leur image...

— N'écoute pas ce qu'elles te disent, me dit Stella. Elles sont juste jalouses car elles n'habitent pas dans un château comme toi et qu'elles ne se font pas escorter par deux beaux hommes !

Elle fait un clin d'œil aux deux gardes et je ris avant de retrouver mon sérieux.

— Oui, peut-être, mais elles n'ont pas tort concernant ma magie... Je n'ai toujours pas de grands pouvoirs ! Cela fait six ans que vous avez une puissante magie !

C'est la vérité pure. Depuis leur dix ans, mes deux meilleures amies savent manier leurs pouvoirs... Je vais sur mes dix-sept ans et toujours rien qui peut me servir ! Je me sens vide, j'ai l'impression d'être inutile comme une robe restée dix ans dans le même placard sans être mise !

— Ne t'inquiète pas ! Ça va finir par arriver, j'en suis sûre ! affirme Stella tandis que nous reprenons le chemin du château.

                                                                                        *

Je suis à peine arrivée dans le château que je suis presque emmenée de force dans la salle de bain par mes domestiques. La baignoire a été remplie d'eau fumante et une agréable odeur vient chatouiller mes narines.

— Il faut vous préparer pour le grand soir, princesse Lili ! s'exclame Grace, la plus vieille de mes domestiques.

Je ne peux m'empêcher de frissonner d'excitation tandis que mes servantes tentent tant bien que mal de me retirer ma robe et les fixations dans ma chevelure couleur noisette.

Lorsque j'entre dans la baignoire, mes domestiques se retirent pour me laisser un peu d'intimité et je sais qu'elles sont parties préparer ma robe et mes bijoux pour la fête.

Je suis tellement excitée que je tape des mains telle une petite hystérique, projetant de l'eau au sol.

Après quelques minutes à me prélasser dans l'eau chaude, je m'extirpe et attrape mon peignoir rose sur lequel est brodé mon prénom. J'ouvre la porte de la salle de bain et Grace rentre et me fait asseoir sur le tabouret afin de me coiffer.

— Je pense qu'il serait plus convenable de vous faire un chignon, m'informe ma servante en commençant à démêler ma longue chevelure.

Je lui offre un timide sourire, l'informant que je suis d'accord.

Pendant quelques minutes, je la laisse me coiffer et me maquiller légèrement. Puis quand elle a terminé, je suis invitée à rejoindre ma chambre, juste à côté, afin de mettre ma robe, tandis que mes servantes nettoient la salle de bain et rangent tous les flacons et les accessoires à leur place.

J'enfile ma tenue de princesse et le jupon qui laisse du volume puis essaie d'attacher la fermeture.

Ma robe est magnifique, mais aussi très dure à fermer toute seule. Au moins, je suis sûre qu'elle ne risque pas de s'ouvrir pendant la soirée.

J'avance jusqu'à la longue glace posée dans un coin de ma chambre et m'admire.

Le résultat me rend sans voix.

Des perles nacrées parsèment le corsage moulant et font ressortir la douce couleur rose de cette tenue de princesse. La jupe ample en satin s'étale gracieusement jusqu'au sol et les paillettes qui la recouvrent scintillent à chaque mouvement. Des rubans de soie dévoilent mes épaules dénudées et une élégante rose s'épanouit sur la bretelle de gauche.

Je me sens à l'aise dans cette robe qui me correspond parfaitement.

Selon la tradition, à chaque fête des lumières, chacun s'habille de la couleur de sa magie. Notre famille constitue la magie rose. Ma mère nous a donc dégoté, à ma sœur, Daisy et à moi, des merveilleuses robes. C'est Roseillia, notre grand-mère maternelle, qui les a confectionnées dans son atelier enchanté, non loin du château. Il faut dire qu'elle a fait un fabuleux travail. Et encore, fabuleux est un euphémisme.

Une fois ma robe fermée par Grace, je pars à la recherche de Daisy.

Alors que je me dirige vers la chambre de mon aînée, je la vois, debout au milieu du long couloir central.

J'en ai le souffle coupé. Ma grande sœur me fait face, vêtue d'une robe très différente de la mienne, et pourtant de la même couleur. Elle est juste magnifique. Ses longs cheveux blonds sont proprement coiffés en un chignon d'où quelques mèches sauvages s'échappent. De petites paillettes sont fixées sur ses paupières et elle arbore une sublime couleur sur ses lèvres. Son port altier et son charisme sont magnifiés par la fine broderie qui habille ses manches et son décolleté. Sa robe, plus imposante que la mienne, est agrémentée d'une sublime traîne pour parfaire le style de conte de fée.

Je me sens ridicule à côté d'elle tellement elle incarne la perfection.

— Tu es magnifique comme ça ! lui dis-je d'une voix qui doit probablement trahir ma jalousie.

— Et toi tu es splendide ! me répond-elle.

Je ne suis pas convaincue. Pourtant, je devrais la croire. Nous avons le même visage et les mêmes yeux aux nuances roses et grises. Daisy est juste une version de moi blonde et plus vieille de deux ans.

— Ma petite sœur est même plus que ravissante, me murmure-t-elle ensuite à l'oreille.

Je sens mes joues rosir.

Je suis en accord avec ma magie si mes joues rosissent.

Je jette un coup d'œil à l'horloge sur le mur, juste au dessus de la coiffeuse. Il est dix-huit heures trente. Les célébrations commencent dans une bonne demie-heure. C'est donc le moment d'y aller.

Ma sœur soulève ses jupons pour mieux marcher et nous descendons dans le salon où nous attendent papa et maman. Eux aussi sont incroyablement beaux. Je suis émerveillée ! Ils se tiennent debout au milieu du hall. Maman porte une robe avec un décolleté qui met en valeur sa silhouette fine. Quelques nuances de blanc rappellent une robe de mariée et illuminent son visage. Son diadème est posé sur sa chevelure parfaitement coiffée et parsemée de petites étoiles roses et de paillettes argentées. Papa porte un costume avec les mêmes paillettes qui sont sur la fleur de ma robe. Il a coiffé ses cheveux. Lui aussi arbore son diadème et en plus de ça, il tient une fleur dans les mains.

Ma famille est la meilleure chose qui soit. Je crois que rien ne pourrait me rendre plus heureuse. Excepté mes pouvoirs. 

S'ils pouvaient se manifester, ce serait encore mieux.

Je n'ai toujours pas la capacité de produire de grandes choses. Pour l'instant, ce sont juste quelques petites étincelles, même minuscules, qui sortent de mes mains. Je suis la seule à l'école à être dans ce cas de figure, alors qu'une voyante a prédit que j'étais destinée à être brillante. Il faut croire que la vieille femme et sa boule de cristal se sont trompées. Je suis tout sauf brillante. Comme c'est parti là, je n'ai aucun avenir dans ce monde. Pourtant, une petite voix au fond de mes entrailles continue de me dire d'espérer.

Les rares personnes qui n'ont aucune capacité magique ou très peu sont parfois amenées à partir et aller sur Terre. Cela m'amène à penser à ma tante, Martine. Dans la même situation que moi, elle a quitté sa vie pour rejoindre l'autre monde dépourvu de magie. C'était il y a presque vingt ans. Elle n'est revenue qu'une fois nous voir. Elle avait l'air de s'y plaire, sur cette Terre. Il paraît qu'elle est même tombée amoureuse d'un mortel.

Je n'arrive pas vraiment à imaginer ce que les gens font là-bas pour s'occuper. Je sais que les jeunes vont à l'école pour étudier et décrocher le métier de leurs rêves, mais que font-ils durant tout leur temps libre ? Je doute qu'ils courent dans la forêt avec leurs amis, qu'ils confectionnent des potions ou des robes et qu'ils se baignent nus dans des rivières enchantées au milieu des sirènes...

Des fois, je suis curieuse de savoir à quoi ressemble la vie sur Terre. Il parait que le temps s'écoule à la même vitesse. Je trouve ça incroyable. Deux mondes totalement différents, mais qui au final sont unis par des points communs. C'est comme les êtres d'une même communauté, d'un même monde. Nous sommes tous différents par nos goûts, notre caractère, notre façon d'exister.... Et pourtant, nous partageons d'autres choses. Nous vivons dans le même univers. Nous regardons le même ciel. Nous avons les même coutumes, la même langue... Enfin, une des langues.

Il paraît même que Sorcellia fait la taille de la France. C'est le pays de notre fondateur, que je ne peux donc qu'apprécier. C'est pour cette raison que nous parlons tous le français. Mais nous pouvons également nous exprimer en anglais qui est la langue que la femme du fondateur adorait et pouvait parler. Nous l'apprenons en quelque sorte pour lui rendre hommage.

Pour en revenir aux dimensions, j'ai toujours du mal à réaliser que notre monde a la même superficie que la France. Cela signifie que Sorcellia est bien moins grand que la Terre, qui contient presque deux-cents pays, parfois deux fois plus immenses que la France.

Et le plus merveilleux dans tout ça, c'est que Sorcellia est une mini planète qui contient soixante-mille habitants alors que la Terre est une grande planète de huit milliards d'habitants !

Comment je sais cela ? Et bien, il nous arrive d'en discuter en histoire et ce sont les rares moments où je ne m'ennuie pas dans cette matière.

J'ai même appris que la Forêt Sorcellienne est une équivalence de l'Amazonie, une forêt dans un pays dont j'ignore le nom. Équivalence n'est peut-être pas le terme exact pour comparer ces deux places peuplées d'arbres. En effet, l'Amazonie est trois fois plus importante que notre propre forêt ! Est-ce que cela rend pour autant notre forêt plus ridicule ? Non, bien sûr ! Elle s'étend sur près de la moitié de notre territoire et est peuplée de créatures surnaturelles et de mystères.

Je pense tout de même que la Terre regorge de secrets en tout genre.

Peut-être qu'un jour, j'irai.

— Amusez-vous bien ! annonce Grace depuis le bout du long couloir, ce qui interrompt le fil de mes pensées.

Je secoue la tête dans tous les sens. J'ai trop laissé mes idées vagabonder. J'ai trop laissé mon âme s'emporter. Comme d'habitude.

Nous remercions notre servante et la saluons.

Grace est à notre service depuis une dizaine d'années. Elle est très gentille. C'est elle qui s'occupe de faire le ménage, la cuisine et le linge avec Rosa, Eva et Manuela, trois autres charmantes femmes. Parfois, il m'arrive de les aider, surtout quand je suis trop énervée car ma magie ne vient pas ou en faible quantité.

Oui. Quand je suis énervée je suis efficace pour laver les robes de ma mère.

Nous avons également d'autres servantes et serviteurs mais je n'arrive jamais à retenir leurs noms tant ils sont nombreux.

Nous quittons le château et traversons l'allée de cailloux blancs avant que nos gardes n'ouvrent la grille et nous fasse monter dans le carrosse. Mes parents s'installent côte à côte juste en face de nous et ma mère nous offre un regard plein de tendresse tandis que notre père donne des indications au cocher.

Le carrosse commence à avancer et je vois ma sœur river son regard sur le paysage qui défile.

Mes doigts jouent nerveusement avec les pans de ma robe tandis que j'essaie de canaliser mon agitation.

Le trajet entre le château et la place du village est court, si bien qu'en seulement quelques minutes, nous voilà déjà à l'endroit des festivités.

Mon enthousiasme est à son paroxysme quand j'aperçois enfin la place du village. Il y a des lumières de partout, et le ciel commence à s'assombrir. La lune est déjà là et éclaire l'assemblée de Sorcelliens déjà réunis comme les flammes d'un chandelier.

Il y a énormément de monde. L'ambiance de fête est bien présente.

Je suis aussi nerveuse. Tellement nerveuse que je manque de tomber en me prenant les pieds dans ma robe à la descente du véhicule lorsque nous sommes invités à sortir du véhicule. L'un de nos gardes était prêt à me rattraper en cas de chute. En tant que princesse, je dois faire bonne impression mais je sais que mes gardes seront toujours présents en cas de problème.

Bon, sauf si une force maléfique apparaît, je doute qu'ils ne fassent le poids dans ce cas là.

— Lili, fais attention ou tu vas déchirer ta robe ! me met en garde Daisy en riant.

J'adore ma sœur, sauf quand elle commence à se moquer de moi. Dans ce cas, je crois que je pourrais presque l'étrangler avec les jupons de sa robe. Je lui donne un petit coup de coude, ce qui accentue son rire.

Les premiers habitants que nous croisons s'écartent pour nous laisser passer et l'un d'eux annonce : « Voilà le Roi et la Reine ! »

Je vois Daisy passer devant moi avant de se précipiter pour rejoindre la foule réunie sur la place. Je fais de même.

— Soyez rentrées à deux heures maximum si on ne vous récupère pas plus tôt ! nous avertit notre mère avant que nous ne soyons trop éloignées.

Je hurle un « Oui, Mère ! » en harmonie avec ma sœur avant d'aller à la recherche de mes deux meilleures amies.

Il n'est pas bien difficile de les repérer. Stella est en jaune et Savana en bleu. Il me suffit de chercher parmi les gens de leur couleur de magie respective.

Je suis ébahie par le nombre de lumières. Les arbres qui longent le chemin menant à la place, ont pour l'occasion été décoré de guirlandes lumineuses. Cela rend leurs feuilles brillantes et leur donne un grand air majestueux. J'aime aussi toujours autant le mélange des différentes couleurs parmi les costumes des Sorcelliens. Un arc-en-ciel de personnes.

Comment allons-nous voir les étoiles dans le ciel avec tant de lumière sur la place ? Et bien tout sera éteint au moment d'observer le ciel constellé d'étoiles. De toute façon, on les voit déjà bien assez.

Je heurte soudain quelqu'un avant même d'avoir rejoint mes amies.

Oh !

— Et bien alors, princesse Lili cherche ses amies, on dirait ?

Je soupire.

— Laisse moi tranquille, Kaitlyn.

— Ou sinon quoi ? Tu vas me menacer, me jeter un sort ? Utiliser sa magie pour faire du mal à autrui est interdit.

J'essaie de partir, mais elle se met juste en travers de mon chemin.

— Oh, mais que suis-je bête ! Il est inutile de te dire ça ! Tu ne pourrais même pas !

Elle ricane. Je tente de fuir une seconde fois, mais elle me retient.

— N'oublie pas, princesse. Sans de grands pouvoirs magiques, tu ne vaux rien dans ce monde.

Des fois, j'aimerais être prise d'un élan de courage pour lui mettre une gifle. Enfin, non. Des fois, j'aimerais ne pas être une princesse juste pour pouvoir lui faire avaler les jupons de sa robe.

Je suis pas sûre qu'ils soient très comestibles.

Mes deux gardes se rapprochent encore pour intervenir au moment où Kaitlyn tourne les talons.

Sauf que celle-ci est plus rapide.

                                                                                                                                                                                                     Des fois, j'aimerais que le père de Kaitlyn ne soit pas le grand rival de mon père. Parce que si on commence déjà à chercher des noises à ce dernier, on est prêt à faire la guerre.


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