Chapitre seize
" I wrote this song as a message for help, on behalf of anybody finding they self. I wrote this letter to numb your pain, 'cause everyday I wake up, I'm feelin' the same. I got issues just like you got issues. I've been hurt, I seen the scar tissue... "
Le premier couplet de la chanson At My Best de Machin Gun Kelly et Hailee Steinfeld se répercute dans mon esprit et les paroles sont en écho avec ma situation actuelle.
Je suis seule sur un banc. Il fait froid mais tant pis. J'ai besoin de cet air.
Qu'il me congèle le cerveau. Pour que je ne pense plus à rien. Pour que j'oublie que comme c'est parti là, je vais voir mon monde disparaître en cendres. Enfin, rectification, il est sûrement déjà en cendres. Transformé en Enfer par un sorcier qui me fait penser au Dieu du mal.
Le froid me pénètre, me glace les entrailles mais j'en ai besoin.
Il me fait me sentir vivante. Parce que pour l'instant, je suis morte à l'intérieur.
— Hey Lila !
Oh non.
David.
David Johnson est encore là.
Je suis un fer et il est l'aimant, irrésistiblement attiré ?
Je lève la tête pour le voir debout devant moi. Un arrière goût de déjà vu se fait ressentir. Ses mains sont dans ses poches et il arbore une tenue décontractée.
Il est craquant, je dois l'admettre.
— Et ben, tu es toute triste, tout va bien ?
Oui, tout va très bien. Aucune nouvelle de ma famille, le diadème de ma mère contient quelqu'un, je perds le contrôle de moi-même et mon monde, chaque jour, est plus proche de ressembler aux Enfers. À part ces petits problèmes, tout va très très bien !
David s'assoit à côté de moi, l'air de rien.
Première option : m'en aller en courant comme une banane qui veut échapper au mixer.
Deuxième option : rester et demeurer muette et mimer " je souhaite que tu dégages abruti ".
Troisième option : parler comme une adolescente normale de ce monde.
— Qu'est-ce que tu veux ? je réplique sèchement et de la même manière que l'autre jour.
— Oh euh... ju-
— Rien, juste discuter, c'est ça ? je finis sa phrase.
C'est plus fort que moi, je souris et lui aussi.
— Tu sais quoi ? Je vais t'appeler la fille au mp3, lance-t-il, taquin.
Mes lèvres se fendent en un sourire qui vient illuminer mon visage le temps d'un instant. Il pose son regard sur mes mains contenant le boîtier noir qui diffuse de la musique.
— Pourquoi ? Tu n'as jamais vu une fille écouter de la musique via un mp3, c'est ça ? je le questionne.
Je hausse les sourcils et le dévisage avec sidération.
— À vrai dire, non.
— Comment ça ?
Cette fois, c'est à moi d'être vraiment surprise. Je quitte les yeux de David pour me concentrer sur mes mains, bien décidée à ne pas lâcher mon mp3.
— On écoute pas de musique sur un mp3. C'est sur un téléphone qu'on fait ça.
Je ne dis rien.
— En tout cas, si t'es une sorte d'alien ou quelque chose du genre et que tu viens d'un autre univers, d'une "contrée tellement lointaine que je ne connaîtrais pas le nom etc...", tu dois être sacrément déçue d'être ici.
Je souris, parce que ce qu'il a dit est vrai. Je viens d'un autre univers. Mais sa réplique était tout sauf sincère. Comment pourrait-il se dire que je viens d'un endroit qui selon les humains, n'existent pas ? Enfin rectification. Ils ignorent que ce monde qui n'existe pas existe.
Mon cerveau s'embrouille tout seul.
— Qu'est-ce qui te faire dire que je suis un extraterrestre et que je viens d'un autre monde ? Je viens du Sud de la France, je lâche d'un coup et sans pauses.
Je me surprends à l'observer encore et encore, en me demandant pourquoi il me fait la conversation alors qu'il y a sûrement des personnes plus intéressantes que moi dans cet établissement.
— Bah, t'as pas de téléphone déjà. Tout le monde en a un ici. Ceux qui n'en n'ont pas sont rares. Les gens sont même abrutis avec. Tu viens du Sud de la France ? Pourquoi suis-je étonné ? Et pourquoi je ne te crois pas ?
— Oui, je viens du Sud de la France.
Non, je suis née et j'ai vécu au milieu de créatures surnaturelles dans un univers parallèle. Moi-même je suis une créature.
— Comment ça ta mère dit que vous êtes abrutis sur vos téléphanes ?
— C'est ce que dit ma mère. Et c'est téléphone, pas « téléphane ».
Je rougis.
— Oups ! Mais pourquoi ? Elle dit vraiment ça ?
— Ouais. Elle dit que moi-même je suis débile quand je suis dessus. Un crétin pour la citer. Elle m'accuse d'avoir Tiktok et ce genre d'applications qui te font passer un temps fou devant les écrans alors que j'ai même pas ça. Moi tout ce qui m'intéresse avec un téléphone c'est garder contact avec mes amis, écrire des textes et écouter de la musique. C'est tout.
TikTok ? Applications ? Je ne comprends pas ces deux mots. Tout comme je ne comprends pas la moitié de la discussion.
— D'où tu viens, Lila ?
— Je ne peux pas te le dire.
Ces mots sont sortis si brutalement et si rapidement de ma bouche que je les regrette presque aussitôt.
Quelle stupide fille ! Bien sûr que si je peux lui dire ! Je viens du Sud de la France !
Je ne viens pas du Sud de la France. Je ne viens pas de ce pays, tout court. Je ne viens de nulle part. Ou alors je viens des Enfers.
Je me lève et quitte le banc.
— Eh ! Où tu vas ?
Il m'agrippe le poignet, me forçant à me retourner.
— Pourquoi ne dis-tu pas d'où tu viens ?
— Parce que... je ne peux pas.
Je panique et manque de tomber sous les tremblements de mes jambes.
Nos iris se croisent et une mèche de cheveux vient soudainement dissimuler les miens.
— Tu ne viens pas du Sud de la France, hein ?
Je lève la main pour l'enlever mais David est plus rapide et le fait pour moi.
— Si mais je ne peux pas te dire où exactement, j'affirme.
Sa peau contre la mienne provoque un choc dans tout mon corps si bien que j'ai la sensation que je vais m'évanouir. Mes lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des siennes.
Je vais fondre.
— Pourquoi ?
Le temps vient de s'arrêter. Les secondes sont suspendues dans un vide indescriptible avant de s'égrener à nouveau.
Bon sang ! Je perds le contrôle !
— Tu es jolie, Lila. Dommage que j'ignore d'où vient cette beauté.
Bon sang !
Mon esprit est-il victime d'une hallucination ? Ai-je seulement imaginé cette situation ?
— Je rêve ou bien tu me dragues ? je lance.
Ces derniers mots restent sur mes lèvres et je me rassois, ne sachant plus comment réagir.
— Peut-être... enchaîne-t-il, sans développer davantage, me laissant davantage perplexe et sans voix.
Ses iris se voilent soudain d'une lueur dangereuse et je sens mon âme qui se brusque.
— Tu seras déçu quand je repartirai, je lui précise. Je serai partie avant même que tu ne puisses lever le petit doigt.
Il ne dit rien. Il se contente de me fixer de ses grands iris bleus qui évoquent la couleur de l'eau. Ou le bleu de la magie de Savana.
Savana, vient me sauver, je t'en prie, avant que je me noie.
— Et alors ? Autant en profiter, non ? Des fois, une expérience courte peut venir embellir notre vie.
Qu'est-ce qu'il insinue ?
— Et après, on met des mois à s'en remettre, de ce moment qui a " embellit notre vie ", je rétorque.
— Pourquoi ne pas essayer de s'entendre ? J'ai l'impression que tu ne n'aimes pas tout simplement parce que tu ne veux pas te lier avec quelqu'un si tu repars.
Bingo !
Les filles, venez me sauver avant que je ne me noie dans ce regard plongé sur moi !
— Il y a de l'idée, je rétorque en croisant les bras sous ma poitrine.
— Pourquoi ne pas être amis ?
— Pourquoi veux-tu absolument être ami avec moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ?
— Parce que tu m'intrigues...
Je l'intrigue ? Et bien lui aussi, figurez-vous !
— Peut-être que tu es une sorte de Raiponce, enfermée dans une tour depuis presque ta naissance et cela expliquerait pourquoi tu ne connais pas le mot téléphone, explique-t-il en rebasculant sur le sujet précédent de notre conversation.
Français, s'ils vous plaît !
Je ne dis rien.
— Je sais ! Tu es une espionne ! C'est pour ça que tu ne peux rien dire !
D'accord...
— Ou alors en fait t'es une super-héroïne et tu dois sauver la Terre des méchants.
L'idée est bonne, David. Je dois surtout sauver mon propre univers des mains d'une monstruosité. Mais si ça continue, peut-être que la Terre sera en danger. Je le sens au fond de moi.
— Et en quoi je t'intrigue ? Pourquoi donc ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?
— Parce que tu es intrigante. Dès le premier jour, je n'ai vu que toi. C'est comme si tu émanais une odeur différente de tous les autres gens présents autour.
Mon corps entier se raidit. Je suis surprise de la tournure que prend notre échange.
— J'aime les mystères Lila. J'aime me divertir. Quand une nouvelle fille arrive, je me dis que c'est peut-être un bon moyen d'être amie avec. Des fois que cela mouvemente ma vie.
— Donc tu imagines que je peux rendre ta vie mouvementée du simple fait que je suis bizarre à tes yeux ? Je ne suis pas certaine de saisir ton idée.
— C'est ça, acquiesce-t-il en hochant la tête.
— D'accord...
Je ne vois vraiment pas où il souhaite me mener.
— Ma vie est nulle, j'essaie de trouver les bonnes personnes pour la rendre meilleure. Un jour, je saurai peut-être qui tu es... soupire-t-il.
Je reste coite.
— Si jamais tu es intéressée, fais-le moi savoir, soupire-t-il en s'éloignant. J'essaie juste de trouver un sens à ma vie.
Il est désespéré, lui aussi ?
— Attend, je le rattrape.
— Quoi donc ?
Nos yeux se rencontrent à nouveau et je dois lutter contre mon estomac qui me joue des tours quand je comprends réellement l'enjeu de notre discussion.
Il veut que l'on devienne amis. Il a besoin de réconfort. Il est troublé et n'a pas su l'expliquer clairement mais il a besoin de moi. Et si je profitais de ces jours sur Terre pour nouer des liens ? Peut-être que cela me donnera la force nécessaire pour avoir envie de battre Jaffe.
— Tu vas toujours faire ton petit truc de magie ? je l'interroge.
— Non, j'abandonne, répond-il sous mon air intrigué. J'ai trop de devoirs et mon projet m'occupe tout mon temps.
— Ton projet ? C'est quoi ?
— Je suis mu-
— David ! Coucou ! crie une voix qui m'est familière en interrompant David dans sa réplique.
Je sursaute quand une fille me pousse pour dire bonjour à David.
Argh ! Je manque de trébucher.
Je n'ai pas le temps de réagir qu'un personnage familier apparaît dans mon champs de vision.
Kaitlyn.
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