Chapitre dix

Encore un rappel : n'oublie pas de cliquer sur la petite étoile pour me soutenir si l'intrigue te plaît !

— Ah mais oui, madame Stevens, vous êtes venue il y a trois jours, c'est bien ça ?

Ma tante hoche la tête.

— C'est exact.

— Très bien alors, tout est réglé, je dois juste retrouver les emplois du temps de ces trois charmantes demoiselles.

J'ai chaud. Je ne sais pas si c'est à cause de la température de la pièce ou bien de mon anxiété, mais j'ai chaud. Mon haut me colle au corps.

Nous sommes dans le bureau de madame Pinet, la proviseure adjointe du lycée, pour récupérer quelques papiers et connaître notre classe avant le début des cours.

Notre classe. J'ai encore du mal à réaliser.

Nous n'avons pas eu trop de mal à nous orienter. Le bureau était tout de suite à notre droite quand nous avons franchi les deux portes principales.

La proviseure se lève et se dirige vers une pile de papiers posée sur une armoire blanche fermée à clé.

Pendant qu'elle cherche ses documents, j'en profite pour détailler son bureau.

C'est une petite pièce assez encombrée. Les murs blancs sont recouverts d'affiches, de cadres photos et de tableaux. À droite du bureau, une belle bibliothèque trône. Elle déborde de documents et de livres. Certains menacent de tomber. De l'autre côté se trouve un petit meuble blanc fermé à clé, ainsi que deux belles plantes vertes. Une odeur d'expresso parvient à mes narines quand sa collègue de bureau, la CPE, allume la machine à café.

Le léger bip d'un appareil se mélange au son de papiers que l'on classe et range.

Les bruits ne font qu'accélérer les battements de mon cœur qui manque de jaillir de ma poitrine à chaque instant.

Au bout de ce qui me semblait durer une éternité, madame Pinet trouve ce qu'elle cherche et se rassoit dans son fauteuil.

— Et voici pour vous mesdemoiselles.

Elle nous tend à chacune un dossier. Je suis tellement nerveuse que j'ai du mal à attraper les feuilles. Mes yeux s'attardent même sur les bagues qui ornent ses doigts.

—Vous y trouverez vos emplois du temps ainsi que le règlement du lycée. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à venir toquer à ma porte, je suis là tous les jours de la semaine, excepté le vendredi après-midi.

Elle marque une pause. J'évite tant que je peux de croiser son regard qui ne ferait qu'amplifier mon stress.

—Vous allez donc pouvoir rejoindre vos classes respectives. Je vous prie d'attendre devant mon bureau, un professeur viendra vous escorter jusqu'à votre salle de cours.

Vos classes respectives ? Pourquoi a-t-elle parlé au pluriel ? Je prie intérieurement pour avoir mal entendu.

C'est une évidence. Je vais être dans la même classe que mes deux amies. Ils ne peuvent pas nous séparer.

Nous sommes le trio de choc, destiné à rester soudé.

Nous saluons madame Pinez puis nous avançons dans le couloir.

— Bon, les filles, c'est le moment de vous laisser, annonce ma tante.

—J'espère qu'on est ensemble ! s'exclame Savana avant de fouiller dans ses papiers.

— Regardez sur l'emploi du temps, c'est sûrement indiqué, suggère Stella avant de chercher le sien.

Je n'ose même pas regarder. Tout mon corps n'est que panique.

Je me décide néanmoins à m'informer de ma classe. Je suis en T1, ce qui signifie la première classe de terminale.

— Je suis en T2 ! annonce Savana en brandissant sa feuille en l'air.

— Et toi Lili-M... Lila ? m'interroge Stella.

Elle aussi a du mal à s'y faire avec mon nouveau prénom.

Nervosité. Tristesse. Rage. Ces trois émotions tournent dans le manège qu'est actuellement ma tête.

—Je suis en T1, je réponds avec une grimace.

— Bon bah bonne nouvelle, je suis avec Savana.

Je devine la suite.

— Mauvaise nouvelle, Lila, tu n'es pas avec nous.

Mon visage se décompose. Mes mains se crispent. Mon cœur s'arrête de cogner violemment. Puis repart de plus belle.

J'ai peur.

Terriblement peur. Et le pire, c'est que Jaffe n'est même pas devant moi.

*

Un surveillant est chargé de m'escorter jusqu'à ma classe. Je ne tiens plus en place. Les filles sont déjà parties avec un enseignant depuis deux minutes. Je suis seule dans un couloir désert. Je tourne en rond, tel un lion enragé dans une cage, en essayant de me calmer.

Et si mes pouvoirs apparaissaient en plein cours ? Et si je fais une bêtise ? Et si je n'arrive pas à mentir ?

Trop de questions. Pas assez de réponses. Trop de doutes. Pas assez de tranquillité.

Mon esprit est agité de pensées comme un bateau en pleine tempête. Ou comme un maracas dans les mains d'un enfant.

Je n'ai pas le temps de me poser d'autres questions que le surveillant qui doit m'accompagner à la salle vingt revient.

— Mademoiselle Stevens, on y va ?

Je ne prends pas la peine de répondre et me contente de le suivre.

Chacun de mes pas me rapproche du moment fatidique.

Nous montons les escaliers menant au premier étage et avançons de quelques mètres dans le couloir, jusqu'à la première porte à gauche. Nous ne croisons personne. Les cours ont déjà commencé.

Et si je me ridiculise ?

Le professeur, dont j'ignore le nom et la matière qu'il enseigne, toque à la porte, qui s'ouvre une dizaine de secondes après. Un jeune femme d'une trentaine d'année, vêtue d'un chemisier blanc impeccable et d'une longue jupe rose à motifs fleuris, apparaît dans l'encadrement de la porte.

Elle porte du rose sur elle. Je sens que je vais l'adorer.

— Je vous amène la nouvelle, Lila Stevens.

Il m'invite à avancer, ce que je fais après un bref moment d'hésitation.

— Oh mais oui bien sûr ! Entre, je t'en prie, nous t'attendions ! Je suis madame Couts !

— Bonjour... je parviens à dire.

L'autre enseignant nous salue puis s'en va.

Je rentre dans la salle derrière madame Couts et ferme la porte derrière moi.

Je sens immédiatement la présence d'une trentaine de paires d'yeux posées sur moi. Je suis terriblement mal à l'aise. J'aimerais disparaître sous terre tant mes joues s'empourprent.

Arrêtez de me regarder par pitié... Vous n'avez jamais vu une humaine ?

Puis je me rappelle que je ne suis pas humaine.

Madame Couts se tourne vers sa classe.

— Voici Lila Stevens, votre nouvelle camarade de classe. Je vous prie de bien l'accueillir cette année.

Elle marque une pause. Je ne sais pas sur quel pied danser. Mes doigts triturent nerveusement le col de ma chemise.

— Il y a une place de libre au fond, m'indique-t-elle.

Sans un mot, je me dirige vers la table désignée, au dernier rang, juste à côté d'un gars... Qui n'a pas l'air très appréciable et qui se contente de me lancer un regard noir.

Je m'installe et madame Couts débute son cours sur la poésie moderne.

J'en profite pour balayer la salle de classe du regard, chose que je n'ai pas fait avant à cause du stress qui me poussait à ne regarder que mes pieds.

Les murs de la pièce sont blancs. Un poteau soutient le plafond tout à gauche et est parsemé d'inscriptions en tout genre. Quatre fenêtres donnent vue sur un paysage de campagne qui me fait vaguement penser à l'étendue de Sorcellia. Des affiches entourent un tableau sur lequel figure la date d'aujourd'hui ainsi que quelques noms d'auteurs. Je parviens à en lire un : Guillaume Apollinaire.

Cela ne fait que deux minutes que je suis assise à ma table que quelqu'un m'apostrophe.

Bon sang !

— Alors toi, c'est quoi ta petite histoire ?

La fille qui est devant moi s'est retournée pour m'adresser la parole, faisant au passage virevolter sa chevelure blonde.

— C'est pas souvent qu'on a des nouveaux à cette période de l'année ! Tu t'es fait virée de ton ancien lycée ? Tu as du changer parce que tu te faisais harceler ? Tu as du déménager ?

Le ton de sa voix me déplaît.

— Euh...

Non, je ne me suis pas fait virée. Même si mon manque de pouvoir aurait pu être une excuse. Non, je ne me faisais pas harceler, même si Gwendolyn et Kaitlyn voulaient ma peau. Oui, j'ai dû déménager. Mais disons qu'il y a une différence entre mon ancienne vie et maintenant.

— Bah dis-moi, tu viens d'où ?

Dire que je viens du Sud de la France ? Non, pimentons un peu les choses !

— D'une contrée tellement lointaine que tu ne connaîtrais même pas si je te le disais.

Avec tante Martine et les filles, nous avons éclairci pas mal d'idées et nous avons bien fait de vérifier ce point là ! Il est primordial de s'inventer un passé dans ce genre de situation !

Hey salut toi ! Je viens d'un monde où les loups-garous hurlent tout le temps, où les vampires se croient plus forts que les sorciers et où les sirènes font des concours de qui a la plus belle nageoire...

— Bahaha t'es même pas drôle...

La fille me regarde avec des grands yeux. Ses iris sont marrons. Son visage est encadré de deux mèches sorties de sa queue de cheval haute. Ses traits sont durs. Pourtant, elle est très belle, même si j'ai l'impression d'être en face de Kaitlyn. Ou de Gwendolyn. Elle semble hautaine.

— Dis d'où tu viens.

Je constate qu'une dizaine de personne s'est retournée pour observer notre petit échange.

Je me surprends à croiser le regard d'un garçon assez mignon à ma gauche, sur la même rangée. Il m'offre un léger sourire.

— Sam, laisse donc Lila tranquille. Tu auras tout le loisir de l'embêter à la pause, annonce madame Couts.

Je soupire de soulagement. La dénommée Sam ne m'embêtera plus avant une heure minimum.

Pourtant, deux minutes après, elle recommence :

— Aller, dis nous d'où tu viens !

— Laisse-la tranquille, Sam, intervient le garçon dont j'ai croisé le regard quelques secondes auparavant.

— Et si j'ai pas envie ? Alors, Lila j'ai pas retenu le nom de famille, tu viens d'où ?

Ça y est. Cinq minutes que je suis dans cette classe et j'en peux déjà plus.

— La colère est synonyme de danger. Fais gaffe, la dernière fois que t'étais en colère, t'as fait jaillir de la magie de tes mains.

— C'est pas faux. Au moins, ça lui referait le portrait.

Sam me dévisage.

— Laisse la tranquille Sam, elle n'a peut-être pas envie d'être assommée de questions dès le premier jour.

— Mais fiche moi la paix toi ! réplique-t-elle sèchement au garçon.

Je fronce les sourcils.

—Ou sinon quoi ? Tu me menaces de m'embrasser de nouveau ? Pari risqué si j'ose dire.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Finalement, je retire ce que je viens de dire.

Face au brouhaha persistant qui ne daigne pas se dissiper, madame Couts hurle un " silence " coléreux en frappant la table.

Je sens que cette année va être passionnante.

*

— Alors, elle te plaît ta classe ? m'interroge Savana tandis que je croque une frite.

La matinée est passée tellement lentement que je suis incroyablement heureuse de retrouver mes amies pour le déjeuner.

Il faut croire que la nourriture que mange les humains est très différente ici. À Sorcellia, nous mangeons des soupes et des potages avec des plantes cueillies dans la forêt, des repas avec des baies, et des fruits. Sur Terre, les produits subissent de nombreuses transformations.

Je réfléchis à comment formuler ma réponse à Savana quand je croise le regard de Sam, attablée avec le garçon de toute à l'heure.

— Trois filles qui se la pètent, un duel entre deux personnes qui se seraient déjà embrassés mais qui semblent se détester et un imbécile qui ne sait pas faire deux plus deux, mais oui, ça peut me plaire ! je réponds, l'air exaspéré.

— Wow.

Oh oui Savana, tu peux dire wow.


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