Chapitre 13
Un baiser? Sophie se redressa dans son lit, le cœur battant et les yeux papillonnants. Evidemment, elle pouvait refuser. Fitz ne la forcerait à rien, mais elle savait que cela endommagerait leur amitié ambiguë. Et pourtant, après sa dernière altercation avec Keefe, son esprit était plus troublé et plus divisé que jamais. Choisir, choisir, choisir. Autrement dit, en garder un, jeter l'autre. Or Sophie s'y refusait depuis le début, redoutant l'instant où son dos rencontrerait le mur derrière elle, reculant toujours.
Je ne t'oblige à rien, mais tu n'auras pas mon secret concernant Idunn! claironna la voix de Fitz, un peu taquine.
Je sais, je sais, marmonna la jeune fille en réponse.
Un court silence passa, elle s'affala un peu plus dans son lit. Elle réfléchissait aux différentes options qui s'offraient à elle. Et ce n'était pas glorieux.
Que se passe-t-il si je refuse? Si je choisis de ne rien connaître d'Idunn?
Une pause, un peu déçue.
Eh bien, rien!
L'enthousiasme feint de Fitz ne trompa pas la jeune fille une seule seconde. Elle inspira profondément.
Je modifie le marché. Tu me parles d'Idunn, et je t'embrasserais quand je le voudrais.
Marché conclut! bondit aussitôt Fitz, de peur qu'elle ne revienne sur sa décision et change d'avis.
Sophie se retourna une dernière fois dans son lit, allongé à plat sur ses draps réchauffés par ses mouvements nerveux en tous sens. Les mains le long du corps, s'imposant une immobilité totale, les sens aux aguets, elle poussa sa télépathie à une écoute la plus attentive possible.
Je t'écoute.
Très bien, articula Fitz. Alors... où commencer? Idunn, il est bon que tu le saches, était la fille de très proches amis à mes parents, la famille Cox, et nous étions très amis durant notre petite enfance. Elle était brune, cheveux coupés courts, yeux bleus, comme tu t'en doute, petite de taille et grande d'esprit. Elle était Psionipathe, et avait révélé son Talent presque aussi tôt que moi, à un an près. Cinq jours après manifesté son don, elle a disparu.
Disparu? s'écria Sophie, se redressant immédiatement dans son lit, abasourdie. Comment ça?
Le principe d'une disparition, ironisa Fitz, c'est que tu ne sais pas vraiment ce qui s'est passé, ni où.
La plaisanterie du garçon la rassura sur l'immensité de son chagrin.
Et alors? le pressa Sophie. La suite de l'histoire?
Alors... alors rien. Idunn est partie.
Il y eut un silence.
Et... elle était quoi exactement pour toi, Idunn?
Un soupir télépathique.
Mes parents voulaient, dans l'idéal, que je me marie avec elle.
Lourd silence. Sophie retient sa respiration. Fitz sait qu'il devrait parler, argumenter et la rassurer, mais la tête d'Idunn flotte dans ses souvenirs brumeux. C'est finalement la jeune Télépathe qui se chargea de briser le silence une énième fois.
Et toi? Qu'est-ce que tu voulais?
Disons... que ça ne m'aurait pas dérangé.
Une pause.
Mais c'est de l'histoire ancienne, ajouta Fitz d'un ton faussement enjoué.
Sophie ferma les yeux un court instant, tête levée vers le plafond. Un long soupir s'échappa de ses lèvres à demi entrouvertes dans la pénombre de la nuit sans lune. Même avec toute la volonté du monde, elle ne parvint pas à y croire.
Après un échange de banalités, elle coupa la connexion télépathique avant de s'enferrer dans un sommeil entrecoupés de longues plages d'insomnie.
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