PDV Bronte

Je travaille un dossier, lorsque mon transmetteur sonne. Je décroche.

- Oui Sandor ?

- Conseiller Bronte, je suis désolé de vous déranger, nous avons comme qui dirait un problème.

- Comment cela ?

- Mademoiselle Fathdon est instillatrice. Nous avons besoin de vous.

- Elle est instillatrice ?! m'exclamais je.

De mauvais souvenirs remontent en moi, il faut absolument que j'aide Sophie. Absolument, elle ne doit pas vivre ce que j'ai vécu.

- Où êtes vous ?

- Dans le parc de Foxfire.

- J'arrive de ce pas, ne bougez pas !

Je raccroche.

Je ne m'attendais pas à cela.

Je ne suis plus le seul instillateur des cités perdues. Je me lève et prend ma cape avant de sortir. Je fouille dans mes poches à la recherche d'un cristal de saut.

- Bronte tout va bien ? demande Velia que je manque de percuter.

- Euh, je ne sais pas trop. Disons que nous avons un nouvel instillateur.

- Quoi ? Qui ?

- Sophie, elle vient de déclencher son talent.

- Ses parents, sont-ils au courant ?

- Je ne sais pas. Je dois y aller. Si tu peux les avertir.

- Je vais le faire.

Je saute à Foxfire. Je vois Sandor, qui me conduit près de Sophie. Elwin tente de la réveiller.

-Ne faites pas cela Elwin. Déclarais-je.

- Mais il faut bien la réveiller.

- Je vous le déconseille amèrement. Elle peut avoir des retours d'instillation si elle se réveille d'un seul coup et cela ne peut guère arranger les choses. Et davantage vous blesser. Combien de temps a duré l'instillation ? demandais-je.

- Peut-être une dizaine de minutes. me répondit le jeune Sencen.

- Bien.

Elwin m'aide à l'asseoir contre un arbre.

Elle a pris un sacré choc.

- Je vous conseille de vous écarter.

Ils s'exécutent.

Je sors de ma poche une fiole. Et lui fait respirer. Elle se réveille d'un seul coup, une onde me percute, c'est douloureux. Je prends une grande inspiration.

- Sophie. Sophie. Calme toi. Prends une grande inspiration.

Elle a une respiration haletante. Elle laisse passer une seconde onde.

- Je sais que c'est douloureux. Mais tu dois à tout prix contrôler tes émotions. Tu en es capable.

Des larmes coulent sur ses joues.

- Sophie ! S'exclame Oralie. Je tourne la tête vers les nouveaux arrivants.

- Je vous déconseille fortement d'avancer. Dis-je à l'attention de Velia et mes deux collègues.

Sophie ne parvient pas à se calmer. Et elle peut encore perdre le contrôle.

- Sophie. Tu en es capable.

- Non. Non.

- Pense à quelque chose qui te rende heureuse. D'accord ?

Elle acquiesce. Elle commence à se calmer.

- C'est bien. Très bien. Tu y arrives.

- Qu'est ce qu'il se passe ? S'inquiète-t-elle.

- Ce n'est rien Sophie. Tu es instillatrice, comme moi.

J'indique à Elwin qu'il peut à présent venir soigner Sophie. Je me relève d'un pas chancelant. Cela ne fait pas du bien de se prendre des vagues de douleur.

- Bronte tout va bien ? S'enquit Velia.

- Je vais bien. Ne t'inquiète pas. Lui assurais-je. Oralie se précipite près de sa fille.

- Merci Bronte.

- Je t'en prie Kenric. Je ... Je dois y aller si vous avez besoin de moi héler moi.

Je sors mon cristal et saute. J'arrive sur une plage de sable blanc. Au loin se dresse fièrement Lumenaria la scintillante. J'aurais souhaité que personne ne bénéficie de mon talent. Il est tellement cruel. Je m'assois par terre et fixe l'horizon. Je soupire. Je ne suis pas près.

Pas près pour tout ce qui va se passer.

Je retire mon diadème et me masse les tempes.

Les minutes s'écoulent.

- Je savais que je te trouverai ici. Survient une voix qui me fait sursauter.

- Velia !

- Pardon je t'ai fait peur.

Elle s'assoit près de moi.

- Non, je ne t'ai juste pas entendu arriver.

- Tu es parti si vite. Tu es sûr que ça va ?

- Oui.

- Tu sais. Tu n'es pas obligé de mentir.

- C'est juste que... Je ne m'y attendais pas.

- C'est surprenant, en effet.

- Effrayant. Repris-je.

- Pourquoi dis tu cela Bronte ?

- C'est terrible. C'est terrible d'être instillateur.

- Mais... Tu vas pouvoir l'aider. Me dit Velia.

- Si seulement je pouvais.

- Mais tu peux. Déclare-t-elle en posant sa main sur mon épaule.

- Non. Je ne suis pas en mesure d'enseigner.

- Voyons, bien sûr que si. Tu as réussi à la calmer, tu vas réussir à lui enseigner. J'en suis certaine.

- Non, Velia. Ne crois pas cela.

- Mais enfin, pourquoi dis tu cela ?

- Je ne sais pas comment lui enseigner, j'en suis incapable. Je découvre chaque jour des facettes de mon talent. Je... Je crains ne pouvoir lui apprendre. J'ai tant de mauvais souvenirs, Velia, de mes apprentissages. Je ne peux pas.

- Oh Bronte. Tu n'as eu personne pour l'apprentissage de ton talent... Mais tu ne peux pas la laisser seule face à ce dernier. Tu aurais aimé qu'on te l'enseigne. Fais ce que tu aurais aimé qu'on t'apprenne. Je suis certaine que tu en es capable Bronte. Après tout, tu es capable de tenir le conseil.

Je porte mon regard à nouveau sur l'océan.

- Je peux essayer. Mais je ne sais pas si...

- Arrêtes de dire que tu ne vas pas y arriver. me coupe-t-elle. Tu en es capable.

Je prend sa main dans la mienne.

- D'accord. Je vais essayer. Comment va Sophie ?

- Elle va bien. Kenric et Oralie l'ont ramené chez eux.

- Bien.

Nous demeurons alors tous les deux en silence. Velia appuie sa tête contre mon épaule. Heureusement que je l'ai. Les semaines à venir s'annoncent être dures.