Chapitre 210

Sa voix s'éteint à la fin de sa phrase, comme s'il la regrettait. Il baisse les yeux et lie ses doigts entre eux de façon gênée.

« Oublie, reprend-t-il honteux d'avoir trop parlé, c'est débile d'être triste pour ça. »

Je pose mon téléphone sur la table basse et me laisse tomber à genoux sur le canapé, me retrouvant à califourchon sur lui. Peu importe la position, car l'important, ce sont mes bras autour de lui et ma joue contre la sienne. Mon geste le surprend, il met quelque secondes avant de finalement poser ses paumes sur mon dos, et je le serre contre moi comme si ma vie en dépendait, simplement pour lui faire comprendre que...

« Dans ce cas-là, soufflé-je sans cacher ma peine, moi aussi je dois être vraiment débile. »

Je le sens sourire, ses lèvres posées sur mon cou, et après y avoir laissé un baiser des plus doux, il pose ses mains sur mes épaules et m'intime silencieusement de reculer.

« Tu peux rester avec moi le temps que les autres arrivent ? »

Sa question m'étonne, mais j'y acquiesce avec un sourire que la pénombre doit l'empêcher de voir distinctement puisque je suis dos aux fenêtres. Mon simple mouvement de tête cependant lui confirme ma volonté et ses mains descendent dans mon dos avant qu'il ne se rallonge, m'entraînant avec lui. Il vient chercher la couverture qu'il avait précédemment retirée pour s'asseoir et la glisse sur nous puis s'allonge à son tour. Certes, son visage est près du mien, certes son corps est si près de moi que je peux sentir sa chaleur en émaner, certes ses bras m'étreignent toujours pour m'éviter de tomber d'un canapé trop étroit pour que deux personne s'y allongent sans avoir à se serrer l'une contre l'autre, pourtant je ne ressens pas la moindre tension, et je crois que les seuls sentiments qui gouvernent ce moment sont la tendresse et la tranquillité. Prisonnière de son étreinte, je me sens paisible ; comme toujours ses bras secourables sont là pour m'empêcher de tomber.

« Hey, bébé...

- Hum ?

- Je peux avoir mon bisou du matin ? »

Je ris doucement à sa question mais souffle un « oui » qui réussit à faire naître sur son visage le plus beau des sourires. Il s'avance de quelques centimètres, cette courte distance qui nous sépare, et embrasse ma joue sans même se rendre compte qu'il est à la frontière de mes lèvres. Je ne le lui fais pas remarquer, préférant que ce moment reste cet instant de pure douceur qu'il a été jusque là.

« Je voudrais pouvoir te serrer plus fort, soupire-t-il.

- Tu m'étoufferais...

- Si c'est fait avec amour ça serait quand même considéré comme un meurtre ?

- Oui désolée.

- Ah merde, ironise-t-il.

- Et en plus ma famille demanderait sûrement à ce que mon cadavre soit rapatrié.

- Double merde.

- Je ne te le fais pas dire. »

Il me donne une petite tape sur le front et je lui tire la langue de façon puérile avant que nos rires ne se mêlent tendrement. C'est pour ce genre de moments de pure osmose entre nous que je suis tombée amoureuse de lui. Toutes ces fois où on fait les idiots, toutes ces fois où ça pourrait devenir extrêmement ambigu mais où c'est finalement les rires qui prennent le dessus. J'aime cette forme de sérénité de notre relation, j'aime ne pas me sentir brusquée par mes sentiments, pouvoir simplement apprécier ce qu'il se passe sans y voir forcément du désir où ce genre d'émotions trop puissantes qui ont tendance à me mettre rapidement mal à l'aise.

J'ignore combien de temps on passe à simplement être allongés dans cette position. Ni lui ni moi n'avons sommeil, du moins nos yeux qui ne se lâchent plus ne se ferment pas un seul instant, car pour ma part, je passe mon temps à rêvasser. Les traits de son visage se gravent peu à peu dans ma mémoire, je veux être sûre de ne jamais en omettre le moindre détail, et je ne peux même pas expliquer à quel point il est agréable de me perdre dans son regard sombre. Tout chez lui me fascine, m'appelle, m'intrigue, il est devenu quelqu'un de très spécial à mes yeux, pas seulement à cause de mes sentiments pour lui, mais pour tout ce qu'il est sans distinction.

Dans une certaine mesure, même sa connerie ma fascine.

Je ferme doucement les yeux, me recroquevillant contre V qui commence à caresser mon dos avec douceur tandis que mes mains s'appuient sur son torse. J'aime bien sentir les battements de son cœur sous mes doigts, et son t-shirt fin me laisse deviner chacun de ses soubresauts. Je pourrais m'endormir, mais j'apprécie trop ce moment pour en avoir envie.

Tout est actuellement si parfait...

« On devrait peut-être se lever, je crois que les réveils viennent de sonner. »

Effectivement, nous étions dans un silence si parfait que moi aussi j'ai pu entendre les sonneries aigües provenant des chambres des garçons. Je n'arrive pas à croire que ça fait presque quarante minutes que nous sommes allongés l'un à côté de l'autre...

Je me relève en premier et vais à la table de la cuisine me servir mon petit-déjeuner tandis que V reste confortablement installé sur le canapé, enroulé dans sa couverture comme un petit sushi. Les deux portes des chambres des garçons s'ouvrent presque en même temps et l'atmosphère devient conviviale quand ils arrivent, rapidement suivis par Aly que je vois sortir de notre chambre en bâillant à s'en décrocher la mâchoire. Elle a toujours l'air fatigué et je vois bien que quelque chose la tracasse. Je sais qu'elle songe déjà à demain soir...

« Bien dormi V ? » s'enquiert Jimin.

Le jeune garçon vient s'allonger sans la moindre délicatesse sur son cadet, faisant gémir celui-ci de douleur et de surprise à la fois. Le pauvre petit Taetae, les yeux fermés, ne s'attendait pas à ce qu'un Chimchim sauvage s'installe confortablement sur lui. Il se débat faiblement avant de laisser tomber, et finalement quand Jimin s'étend à côté de lui, au lieu de se lever V préfère enrouler ses bras autour de son dos et ses jambes autour de ses hanches, si bien que la couverture qui se trouvait auparavant sur lui se trouve désormais entre eux deux. Les yeux clos, accroché à son aîné, Taehyung cale tranquillement sa tête contre son torse et Jimin à son tour passe ses bras dans le dos de son cadet.

« Alors c'est ça que ça donne quand on met deux personnes qui aiment les câlins ensemble ? fait remarquer Suga d'un air rieur.

- Moi je les trouve adorables, dis-je avec un sourire niais sur le visage (mais j'y peux rien, ils sont beaucoup trop chou tous les deux !).

- Oh oui moi aussi, sourit Aly à son tour.

- Bon à part ça j'ai faim, grogne J-Hope d'une voix fatiguée, quelqu'un a préparé le petit-déj' ?

- Tu peux quand même te le préparer seul...

- Mais j'ai envie de le manger, pas de le préparer, » gémit le danseur.

Jimin, qui s'est relevé entre temps tandis que Taehyung se repose toujours tranquillement sur le canapé, lance un regard moqueur à Hoseok qui ne le remarque même pas, trop dépité pour faire attention à autre chose qu'à l'assiette vide posée sur la table. D'ailleurs, plutôt que de manger quelque chose qu'il lui faudrait préparer, Hobi s'oriente plutôt vers mes biscottes et mon Nutella, comme ça il n'a rien à faire.

« Je te jure, tu me ferais presque penser à Suga, rigolé-je alors qu'il se sert.

- On se donne à fond toute la journée, rétorque le plus âgé des rappeurs, on a le droit d'être fainéants.

- Il marque un point, souligne Aly.

- Merci. »

Suga et elle échangent un regard complice et ma petite sœur, installée aux côtés de J-Hope, adresse aussi à ce dernier un sourire amical auquel il répond en passant son bras autour de son épaule pour lui offrir une étreinte rapide mais qu'elle apprécie tout autant.

« De toute façon mon Aly nous soutient toujours, rappelle Hoseok avec un air fier. C'est pour ça que je l'aime. »

En disant cette dernière phrase, le garçon prend les joues de la pauvre Aly entre ses mains et prononce ça d'un ton enfantin, ce qui fait rire sa plus grande fan qui le repousse avec douceur en grommelant qu'elle n'est plus une enfant et qu'il faut arrêter de la traiter de cette façon.

« D'accord, acquiesce Jungkook, dans ce cas c'est toi qui feras la vaisselle. »

Elle n'a même pas le temps d'essayer de se défendre qu'on a déjà tous approuvé l'idée du maknae.

« Jungkook, tu es diabolique, grogne-t-elle alors.

- Oh allez, y a pire, si tu veux je t'aiderai. »

Elle ne le laisse pas paraître, mais à cette lueur dans les yeux, je n'ai plus de doutes : ma sœur n'est tout de suite plus autant contre le fait de faire la vaisselle si Kookie lui vient en aide, et finalement elle acquiesce avec un « bon si tu me jures que tu m'aides... » qui me fait trop craquer, et même J-Hope ricane à sa remarque.

C'est alors que nous avons presque terminé notre petit-déjeuner que V se décide enfin à se lever, et puisque la seule place de libre est celle entre Suga et Jungkook, c'est sur celle-ci qu'il s'installe, en face à gauche de moi. Ses lèvres forment un joli sourire qui m'est destiné tandis qu'il commence à manger.

« Pas de bisou du matin ? » demande malicieusement Aly.

Je dois lui dire que je l'ai déjà eu et qu'en prime j'ai passé plus d'une demi-heure dans les bras de V ? Ce dernier se donne à lui-même une petite tape sur le front, comme si ma sœur venait de lui rappeler quelque chose.

« Ah t'as raison, suis-je bête ! »

Je lance un regard interrogateur à Tae qui quant à lui m'adresse un clin d'œil complice, nos deux gestes passant inaperçu (à part pour Aly que je vois lever un sourcil étonné). Il se relève, fait le tour de la table et s'installe accroupi en face de moi qui le surplombe puisque je suis toujours assise sur ma chaise. Il pose ses mains sur mes genoux et me tend sa joue, attendant visiblement que je fasse un pas vers lui à mon tour.

Je me penche et laisse mes lèvres s'attarder sur sa joue qu'il me tend, devenant sans aucun doute rouge pivoine, honteuse d'agir ainsi devant les autres. Quand on est seuls, je n'ai pas de problème, mais une telle marque d'affection devant le groupe, ça me gêne toujours.

Tout satisfait, il se relève et alors qu'il rejoint sa place, il n'hésite pas à m'embarrasser encore un peu plus :

« Tes lèvres ont quelque chose de particulier, personne ne pourra jamais les remplacer, c'est dommage. Je l'aime bien mon petit bisou tout doux du matin. »

RM soupire en levant les yeux au ciel et pour ma part, je préfère en rire qu'en être gênée, même si j'avoue que les premières secondes, mon rouge pivoine ne me quitte pas.

« Jimin me remplacera, je suis sûre qu'il adorerait te faire un bisou tous les matins, plaisanté-je.

- Super j'adorerais, ironise alors le concerné.

- Ça ne vaudra pas les tiens, mais je suis preneur, rigole V.

- Bon à part ça, est-ce que le fait qu'il soit déjà bientôt la demie intéresse quelqu'un ? demande Nam avec lassitude.

- Non pas spécialement. »

Face à l'honnêteté de Taehyung, RM lève une fois de plus les yeux au plafond en soupirant et va se préparer dans sa chambre, accompagné par les deux autres garçons qui occupent cette même pièce, tandis que Jimin et J-Hope vont à leur tour se changer. Pour ma part, je fais l'effort de mettre ma vaisselle dans l'évier et m'en retourne à ma chambre, laissant les deux maknaes qui vont s'occuper de tout nettoyer et le retardataire dans la cuisine.

Les palpitations de mon cœur s'apaisent peu à peu, je vais bientôt finir par ne même plus remarquer quand elles s'emballent...

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