En bref, voir RM parler à une fleur, ça me fait quand même marrer, j'y peux rien.
Jimin passe moins d'une dizaine de minutes plus tard, et aussitôt je vois Taehyung se redresser avec un air tout content qui ne prédit rien de bon pour le pauvre Chimchim. Et j'ai vu juste : pour tourner deux séquences, il faudra à Jimin un temps de travail fou, simplement parce que dès que la caméra se met à tourner, l'esprit machiavélique de V en fait de même. Ainsi il n'arrête de faire le pitre dans le dos du caméraman, profitant du fait que le chorégraphe est reparti puisque tous les plans de danse sont terminés et du fait que le manager a pris une pause et n'est pas dans les parages. Même l'équipe technique n'arrive pas à le calmer – principalement parce qu'il ne se fait remarquer qu'une fois sur dix, malgré son manque flagrant de discrétion... je suspecte les équipes autour de nous de faire exprès de ne pas bouger le petit doigt.
Et Jimin fait tout pour ne pas le regarder, mais c'est peine perdue et chaque fois que ses yeux se posent sur son ami, il ne rit pas, non, en revanche il est assez déconcentré pour foirer sa prise, et il a beau lui demander d'arrêter à plusieurs reprises, ça ne marche pas.
C'est seulement une fois la première demi-heure passée que Jimin a ce qu'il qualifie d'une « idée de génie » lorsqu'il s'exclame :
« Charlie, vient t'occuper de Tae, il s'ennuie je crois.
- Hein ? demandé-je en tournant mon attention vers lui. Je ne vois pas ce que...
- Oui je m'ennuie, confirme V en me coupant la parole tout en hochant vivement la tête avec une sourire débile.
- Super, se réjouit Jimin, va jouer avec Charlie et les autres.
- Oula, répliqué-je. Non mais moi je ne...
- Juste avec Charlie ça ira, me coupe de nouveau V. Allez viens bébé ! »
J'ai beau protester, rétorquer que je veux rester assise pour me reposer, il m'attrape le poignet, me relève et me tire à l'écart.
« Tae, lancé-je alors, c'est moi qui passe après Jimin, lâche-moi !
- T'inquiète, vu comme il avance, il en a encore pour un certain temps. Allez viens, je veux aller voir le champ comme J-Hope et toi tout à l'heure !
- Mais y a rien à voir, c'est toujours les mêmes fleurs...
- C'est pas ce que j'ai pu voir depuis le haut de la colline...
- Comment ça ?
- Oh, alors tu ne l'as pas vu ? Très bien, dans ce cas ça va être moi le guide ! »
Je suis toute chamboulée que V me tienne aussi puissamment le poignet et je crois que je n'arrive pas vraiment à réfléchir correctement. J'ai l'esprit embrumé par mes sentiments et le souffle rendu court par le fait que l'on est en train de courir loin du lieu de tournage, avec l'approbation préalable du caméraman qui, dès qu'on passe à sa hauteur, lâche un « bon tant mieux, ils passeront en dernier, comme ça les autres pourront se concentrer ». Ah, j'ai l'impression qu'on est cordialement invités à ne pas revenir avant un bout de temps...
Je suis quand même étonnée de constater à quel point le fait que l'on s'isole ensemble ne paraît déranger personne. Enfin... je sais bien que ni lui ni moi ne pensons à quoi que ce soit de « mal », mais tout le monde ici est tellement ennuyeux qu'ils pourraient bien trouver quelque chose à redire. Et pourtant non, au contraire, ils se réjouissent qu'on se casse (enfin, surtout que V se casse, je crois). En attendant je suis bien contente que mon cœur ait choisi de tomber amoureux du garçon qui est le plus souvent collé à moi, parce que chaque fois qu'on est un peu plus proches, je fonds littéralement et mon séjour ici devient plus beau encore à mes yeux.
C'est nul d'être amoureuse, mais c'est quand même chouette (non ça n'a aucun sens, je m'en fous).
« Tu peux me lâcher le bras maintenant, demandé-je alors que l'on s'éloigne du groupe.
- Ouais t'as raison. »
Il joint le geste à la parole, mais alors qu'il laisse enfin libre mon poignet, il vient lier mes doigts au siens, se tournant brièvement pour me servir un gros sourire tout à fait charmeur.
Si quelqu'un a vu mon cœur il pourrait me le rendre ? Je crois qu'il s'est enfui loin, très loin d'ici pour être certain de ne pas exploser dans la seconde...
Après une centaine de mètres, alors que nous sommes désormais juste devant le champ, l'allure ralentit et il me lâche pour que nous marchions côte à côte, tranquillement. Il a l'air tellement serein lui, alors que moi, dans ma tête c'est tout l'inverse, je suis en totale panique en même temps que je me rends compte que je suis heureuse comme jamais. En fait je n'ai pas besoin de grand chose, simplement de lui près de moi, sans rien de plus. Marcher avec lui est déjà tellement agréable que je sens mon cœur flotter avec douceur (oui parce qu'entre temps, visiblement, il est revenu se loger dans ma poitrine).
« Dis on va où ? demandé-je.
- C'est une surprise, t'inquiète c'est pas très loin.
- J'aime pas les surprises, je veux savoir...
- Tu vas aimer, je te le jure. »
Son tendre visage se tourne vers moi et de nouveau je ne peux pas résister à la vue de cet être adorable. Son air innocent est tellement doux, si attendrissant que chaque fois j'ai envie de le croquer (euh... pas au sens propre, on est d'accord... quoique...). Je lui rends son sourire et il prend la tête de notre binôme, passant par un chemin que je n'avais pas emprunté avec Hoseok. Je me pose de sérieuses questions quant à l'endroit qu'il veut me montrer, mais j'ai bien compris que je n'obtiendrais de lui aucune réponse, alors je reste muette et apprécie le son tranquille de la petite campagne paisible.
Mais alors que j'ai les yeux levés vers le ciel, observant des oiseaux qui viennent de s'envoler, effrayés par notre passage, ma vue est tout à coup obstruée par les mains de Taehyung.
« On est bientôt arrivés, souffle-t-il de sa voix la plus belle à mon oreille comme s'il me disait un secret, je veux garder la surprise intacte, alors laisse-toi faire, fais-moi confiance.
- Euh...
- Tu ne me fais pas confiance ?
- Si bien sûr, je crois même te l'avoir déjà prouvé non ?
- Ah oui, c'est juste, ça remonte. Allez, on y va tranquilles, fais attention où tu marches. »
Même si ses mains m'empêchent de voir, je sens son corps tout près du mien, je perds complètement mes moyens mais garde mon calme (en surface du moins) et suis docilement le chemin qu'il prend, posant prudemment chaque pied devant l'autre.
Bien évidemment je manque de trébucher au moins une fois, mais puisque le rythme de notre marche est particulièrement lent, je me rattrape seule sans aucun mal, même si j'ai le droit à un touchant « T'es sûre que ça va ? » de la part de V.
« Eh je suis pas en porcelaine, me moqué-je, faut que t'arrêtes de t'inquiéter pour moi.
- Ça je sais bien mais que veux-tu, j'aime être certain que tout va bien.
- C'est mignon... »
Nous nous figeons et je sens dans sa voix qu'il sourit et est enthousiaste quand il me dit que ça y est, nous y sommes. Il retire ses mains de mes yeux, et tandis que mes paupières s'ouvrent, la lumière du jour inonde mes rétines et je découvre alors, étonnée, un tas d'herbe d'au moins deux mètres de haut. Sérieux d'où ça sort ?
« Pourquoi on ne le voyait pas de là où on était ? l'interrogé-je. Et d'ailleurs pourquoi tu m'as amenée là ?
- On ne le voyait pas parce qu'on était là-bas, indique-t-il en me montrant le tracteur du doigt, juste derrière cet engin. Alors forcément, de là où on était, c'était le tracteur qu'on voyait, pas ce qu'il y avait derrière. »
Bah oui forcément, on est juste trois mètres derrière la machine, je suis bête... Et l'herbe, j'imagine que c'est celle du chemin dont la terre a visiblement été récemment retournée.
« Mais ça ne répond pas à ma seconde question, rétorqué-je en me retournant vers lui.
- Qui était... ?
- Je te demandais pourquoi tu m'avais amenée vers un tas d'herbe... »
Non pas que j'espérais un rendez-vous romantique (bon en vrai si, un peu) ou un truc de fou, non, mais enfin... c'est de l'herbe quoi...
« Ah oui ! Bah juste pour ça. »
Il vient se planter juste devant le tas, dos à ce dernier, et se laisse tomber sur l'herbe qui forme alors un énorme pouf sur lequel il se repose. Il tapote la place juste à côté de lui, m'invitant explicitement mais silencieusement à le rejoindre.
« Tout ça juste pour te reposer sur un tas d'herbe ? rigolé-je.
- Pas seulement non, je vais me reposer avec toi sur un tas d'herbe, c'est très différent. »
Ne rougis pas, ne rougis pas, ne rougis pas, ne... Et merde !
Bon tu as rougi, mais ne lui souris pas bêtement, ne souris pas, ne souris pas, ne...
Putain j'suis pas douée...
« T'es chou, allez viens ! »
D'un signe de tête, il m'intime une fois de plus de le rejoindre, et je me laisse tenter sans trop résister, m'installant confortablement à côté de lui, m'affalant de la même façon que lui quelques secondes plus tôt.
« Agréable, hein ?
- Oh ça oui ! »
C'est tout doux, tout mou, et ça sent bon la nature alors que l'herbe n'est pas même humide. Je m'enfonce un peu plus encore dans cet énorme coussin avant de le sentir bouger, et quand je rouvre les yeux, je vois Taetae qui vient de se placer juste en face de moi, ses bras encadrant mon visage, le regard rieur avec un large sourire aux lèvres.
« Le champ a beau être magnifique, la plus belle fleur ici c'est toi. »
Je le regarde quelques instants avec un petit sourire en coin avant d'éclater de rire, rapidement suivi par lui.
« C'est la pire chose que tu m'aies jamais sortie ! ricané-je.
- Ouais j'avoue, mais que veux-tu j'étais vaguement inspiré. »
Je souris et lui donne une petite tape sur le front à laquelle il répond en grimaçant et en lâchant un « aïe-euh » qui ne convaincrait personne. Il avance son visage de sorte à ce que ses lèvres soient au niveau de mon front et y dépose un tendre baiser avant de se laisser retomber juste à côté de moi. Automatiquement, chacun tourne son visage vers l'autre et je sens mon cœur s'enflammer alors que pour la énième fois, j'apprécie de me perdre dans son regard brûlant et pourtant si doux.
« Je veux pas bouger, susurre-t-il d'une tonalité plus basse encore qu'à l'accoutumée.
- Tu ne veux jamais bouger, le corrigé-je. Quand t'es allongé sur ton lit tu veux pas bouger, quand tu dors dans la voiture tu veux pas bouger, quand tu roupilles sur le canapé tu ne veux pas bouger... T'es comme Yoongi en fait.
- Pas exactement non... C'est juste que quand t'es là je veux profiter de chaque moment.
- C'est déjà mieux trouvé que le coup des fleurs, le raillé-je pour cacher mon embarras et mon euphorie à ses mots.
- Oh, je progresse ! J'en prends bonne note ! »
Ça oui il progresse ; à mon arrivée je n'aurais jamais imaginé pouvoir tenir à ce point aux garçons, et encore moins tomber si éperdument amoureuse de l'un d'entre eux. Tae ramène ses bras derrière sa tête puis lève les yeux au ciel avant de sourire :
« Eh Charlie... J'ai envie de faire un truc débile.
- Tu crois sérieusement m'étonner ?
- Non t'as raison... Mais là on risque bien de se faire engueuler... »
Je n'ai pas bougé depuis tout à l'heure et, toujours tournée vers lui lorsqu'il reporte son regard sur moi, je prends un air interrogateur, attendant de savoir ce qu'il peut bien avoir derrière la tête – et ça dieu sait que c'est compliqué de le deviner...
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