Chapitre 181

Alors que je m'apprête à partir dignement, le bras qui s'enroule autour de ma taille m'en empêche et je me sens brusquement tirée de côté, si bien que j'en perds l'équilibre et m'étale sans le moindre panache contre le torse de V. Quel crétin...

« Moi aussi je veux mon câlin !

- Tu me soules...

- Mais... ?

- Mais t'as du bol que je t'aime...

- Ah, je le savais. Et puis tu as dit que tu nous aimais pareil Jimin et moi, alors je veux mon câlin moi aussi... et un bisou esquimau ! »

Son odeur me rend dingue, son visage est magnifique et j'ai la sensation de... WHAT !

« T'es malade, je ne vais pas te faire un bisou esquimau !

- Mais t'en as fait un à Jimin...

- Et alors ?

- Bah j'en veux un aussi moi, si tu nous aimes de la même façon...

- Il a raison, souligne Jimin.

- Vous me fatiguez vous deux...

- Oui on sait, admet Tae. Bisou ? »

Il m'enlace comme Jimin un peu plus tôt, mais ses mains dans le creux de mon dos qui m'attirent contre lui me font un effet bien différent. Il est doux, j'ai l'impression qu'il me serre comme si je pouvais me casser, et sa délicatesse me fait complètement fondre, si bien qu'envoûtée par ce contact entre nous, j'enroule mes bras autour de sa nuque et ose lever les yeux pour plonger mon regard clair dans le sien. Mon cœur s'emballe beaucoup trop pour la situation... quoique vu notre position, non, je ne m'emballe au contraire pas assez. Et en plus il commence à approcher son visage du mien, et j'ai juste envie de l'embrasser. Alors je baisse la tête et ferme les yeux en grimaçant légèrement quand je sens le bout de son nez se poser contre le mien, et je le sens bouger très doucement avant de sentir son souffle chaud sur mes lèvres lorsqu'il commence à parler :

« Tu ne réponds pas à mon baiser ? »

J'ouvre les yeux ; grosse erreur. Il est si près, je voudrais dévorer ses lèvres alors même que je n'ai jamais embrassé un garçon. Sérieux, il n'y a que moi qui trouve ce moment ultra ambigu ? Pitié que quelqu'un me rassure.

Ainsi donc mon regard se plante dans le sien de nouveau et je le trouve bien trop proche pour ne pas faire un AVC là, maintenant, tout de suite. De nouveau son nez vient contre le mien, et je souris, amusée, quand il penche la tête de côté en riant puis commence à mouvoir son nez tout mignon. Je m'esclaffe à mon tour, me sentant plus détendue tout à coup, et ose répondre à son bisou, rapprochant son visage du mien en resserrant mes bras autour de son cou. Je termine en lui faisant un simple câlin, le serrant puissamment contre moi en posant ma joue contre la sienne, toute chaude et toute douce.

« T'as beau passer ton temps à le nier, je sais que tu adores mes bras, se moque-t-il.

- Si tu le sais pourquoi encore me demander avant de me faire des câlins ?

- Par pur principe, parce que je ne veux pas faire quoi que ce soit que mon bébé n'accepte pas pleinement.

- C'est tellement mignon...

- Bon bah je vais prendre ça pour une autorisation à vie à te faire des câlins, sourit-il.

- Oula non, je n'ai pas dit que...

- Câlin ! »

Il me serre plus fort qu'avant et je soupire en étouffant mon rire. Ça me fait tout drôle de le savoir si physiquement proche, de sentir son corps à travers son fin t-shirt un peu trop ample pour lui. Je crois que je raffole de lui, c'est cool mais ça me gonfle d'être aussi débile quand il est vers moi. En fait, mon intelligence dépend du nombre de mètres qui nous sépare, et plus ce nombre est faible, plus je deviens bête. Il n'a pas une bonne influence sur moi, mais je ne l'en aime que plus. Me sentir si bien dans les bras d'un garçon, avoir cette sensation que mon cœur ne demande qu'à s'échapper de ma poitrine tant il bat fort, et celle d'être sur un petit nuage chaque fois qu'il est dans le coin...

« Oh mais t'as raison, murmure-t-il tout bas de sa voix grave si suave, t'aimes quand je te prends dans mes bras mais t'oses pas l'avouer.

- Oups, démasquée...

- Je crois que je t'aime encore plus comme ça... »

Je ne réponds rien et garde ma tête dans le creux de son cou, dissimulant comme je le peux mes rougeurs, honteuse de l'avoir finalement admis malgré mon sourire, et quand je le sens déposer une traînée de baisers dans mon cou, je me recule pour stopper ce moment de peur d'en devenir dingue et de perdre les pédales, rappelant à Taetae d'une part que Jimin est encore avec nous et nous observe en se marrant, et d'autre part que nous avons quand même un entraînement qui ne va pas tarder à commencer et que vu l'heure, les autres sont sur le point de débarquer pour nous prévenir qu'il est temps d'y aller.

« Vous dérangez pas pour moi, sourit Jimin, moi je vous trouve tellement à croquer ensemble.

- Tu te sens pas un peu...

- Voyeur ? complète Taehyung quand il voit que je cherche mon mot.

- Non pas le moins du monde, » répond l'autre sans que son sourire ne le quitte.

Non mais je rêve... Je soupire en levant les yeux au plafond avant de sortir de la chambre et de tomber nez-à-nez avec J-Hope.

« Oh, salut Hobi. Tu voulais quelque chose ?

- Rien de spécial, comme tu dois t'en douter. Je voulais juste te prévenir qu'une fois que Jungkook aura fini de se faire laminer par ta sœur on pourra partir répéter.

- Ils ont décidé de se faire une partie à cette heure-là ?

- Ils sont jeunes et stupides, tu t'attendais à quoi de leur part ?

- Et bien sûr Jungkook a cru qu'il pourrait gagner... C'est presque mignon.

- Il est têtu.

- Je vois ça... »

J-Hope sourit et me fait un bref signe tandis que Tae et Jimin viennent se poster derrière moi. Quand je me retourne, c'est pour leur faire face mais je ne m'y attendais pas et sursaute (à ma façon bien sûr).

« C'est trop mignon, rit V, quand tu sursautes tu réagis à peine !

- Pff, c'est même pas drôle, grogné-je.

- Oh si, ça l'est, tu clignes juste des yeux mais tu gardes une poker face admirable.

- T'es con, laisse-moi tranquille. »

Je le pousse hors de la pièce tandis que Jimin en sort en pouffant bêtement mais discrètement, et une fois la porte fermée, je vais dans la salle de bain pour me changer rapidement avec des vêtements plus confortables.

Lorsque nous arrivons dans la salle, nous avons tous le sourire, conscients que tout ne peut que bien se passer... Enfin bon, Jungkook a beau en avoir conscience lui aussi, il fait la gueule, battu quatre à un par Aly à Fifa. Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle joue régulièrement à un jeu de sport. Eh bah si.

Et elle l'a écrasé, comme d'habitude. Jungkook enchaîne raclée sur raclée, mais il persiste naïvement. La seule fois où il l'a vaincue ne compte pas vraiment vu l'état dans lequel était Aly, mais le « golden maknae » continue de penser qu'un jour il pourrait y arriver.

Quoi qu'il en soit ça me fait sourire : lui et elle passent des moments ensemble, tous deux, et je suis vraiment contente en sachant que ces instants sont si précieux à Aly. Jungkook ne fait pas ça pour passer du temps avec elle, mais elle est comblée malgré tout et tant qu'elle est heureuse, je le suis (étant donné qu'Aly est une des rares personnes capables de concurrencer J-Hope question optimisme, je suis assez contente d'imaginer que mon bonheur dépend en partie du sien).

Ainsi donc, la séance débute par quelques échauffements que chacun fait dans son coin. Puisque notre chorégraphe n'est pas là, nous nous autocritiquons, jugeant grâce au miroir les performances de chacun. Je passe une grande partie de mon temps à m'entraîner seule mais vers le milieu de la séance, les garçons m'appellent pour que l'on revoie nos chorées.

Je ne critiquerai plus jamais la sévérité de notre chorégraphe, et pourquoi ? Parce que quand ils s'y mettent, les garçons sont encore pires. Je me fais gentiment engueuler par Jimin, J-Hope et Jungkook, et même V et Jin se mêlent au débat à propos du fait que dans ma première chanson je suis trop à droite. Bon, faut dire qu'avec eux au moins, ça me fait plus rire que rager, mais de fait, ils ont l'impression que je ne les prends pas au sérieux...

« Charlie arrête de te marrer, me reproche Jungkook avec un air las, on ne rigole pas.

- Mais comment je peux te prendre au sérieux avec cette petite bouille toute mignonne ?

- Nam, toi tu lui fais peur, explique-lui...

- Charlie, tu écoutes Kookie, grommelle le leader qui ne semble pas apprécier d'être mêlé au débat.

- Non mais avec ce surnom c'est pas possible, ça fait pas sérieux, me moqué-je.

- Oh vous êtes chiants... »

Le leader lève les bras en signe d'impuissance et va dans le fond de la salle chercher sa bouteille d'eau. La clim pulse, nous n'avons pas trop chaud, en revanche c'est Aly qui doit être gelée. Par chance elle a pensé à amener un gilet chaud qui recouvre déjà ses épaules. Je pense que les garçons l'avaient prévenue qu'il ferait frais.

Le groupe reprend calmement son souffle et pour ma part, je fais quelques pas dans la salle en expirant bruyamment, les mains sur les cuisses, me penchant légèrement en avant. Je suis en train de mourir des poumons, mais je reste digne... non je blague c'est complètement faux, je m'allonge par terre de façon pathétique et je me plains d'être trop fatiguée pour supporter les critiques de sept garçons à la fois. Une vraie gamine (mais attention, j'assume).

Ma dignité ? Ça fait bien longtemps que je l'ai perdue, je n'ai plus le moindre espoir de la retrouver un jour, du moins pas dans ce pays et encore moins avec ces garçons. Mais étonnamment, je m'en porte très bien, je précise quand même.

« Moi je ne t'ai pas encore critiqué, fait remarquer Suga, alors t'arrêtes tes gamineries et on reprend.

- Suga tu n'as pas dit le moindre gros mot, ça me fait bizarre.

- C'est ça, moque-toi de moi. Allez viens.

- Je suis déstabilisée... Monsieur qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon ami grincheux ?

- Alors d'abord si tu m'appelles encore « monsieur » je t'encastre dans le mur et ensuite je ne suis pas ton « ami grincheux »... et puis ce n'est quand même pas la première fois que je ne suis pas vulgaire en ta présence, me fais pas croire le contraire. »

Est-ce que je dois admettre que c'est juste pour le faire chier ? Non, de toute façon il le sait déjà, autant rire encore un peu.

« Dans ce cas, si je ne t'appelle pas « monsieur », comment je dois t'appeler pour être polie avec mon aîné ? Oppa ?

- Oh pitié je vais aller mourir dans un coin, continuez de bosser seul.

- Non Yoongi, tu vas aller dormir dans un coin, c'est très différent.

- Comme si je passais mes journées à dormir et à dire des grossièretés... »

Non, bien sûr que non, loin de là, il a été le premier à m'accueillir dans le groupe, il travaille comme un fou sur ses compositions et il est probablement celui à qui je préfère me confier parce que son air un peu détaché me rassure, mais juste pour le faire un peu chier...

« Bah ouais. »

Le gros sourire que je lui fais ne trompe pas sur le fait que je plaisante depuis le début, et le petit sourire discret qui se forme au coin des lèvres de Suga me fait comprendre qu'il s'en est aperçu. J'ai beau le vanner, je l'aime bien le susucre...


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top