Chapitre 170
Déjà 170 chapitres... o.o
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En fouillant dans l'étagère des DVD, on trouve celui d'un drama de quelques épisodes à peine, un simple drama historique, mais qui a l'air plutôt sympa. Aly est du même avis, et même si aucune de nous n'a l'air véritablement intéressée par le sujet, on choisit quand même ça, par pure curiosité, c'est tout. Je ne sais même pas si elle a regardé le titre, parce que pour ma part ce n'est pas le cas...
On s'installe sur le canapé toutes les deux avec Samna, paisiblement, et de nouveau j'ai cette sensation de pouvoir profiter de mon temps libre qui est si agréable. Le générique défile et immédiatement, ma petite sœur et moi échangeons un regard dubitatif avant de mourir de rire : ça fait tellement cliché, genre série des années quatre-vingt-dix, c'est ridicule ! Même la façon dont apparaissent les noms des acteurs est terriblement clichée, on se croirait dans une série du style Hélène et les Garçons. Ça craint, mais c'est drôle.
Et pendant plus d'une heure, on regard ça ensemble, sans omettre de commenter régulièrement tel ou tel passage. Franchement, je m'attendais à un truc débile et bourré de lieux communs (on notera l'effort pour éviter la répétition de « cliché »), mais je suis plutôt surprise de découvrir quelque chose de bien fait, bien monté, avec une intrigue vraiment prenante et des acteurs qui n'exagèrent pas spécialement, ce qui fait qu'Aly et moi sommes complètement absorbées par l'histoire, au point qu'on n'entend même pas les garçons rentrer à six heures, et bien sûr, on ne se rend compte de leur présence que quand Suga vient s'affaler sur le canapé... autrement dit sur nous, sans gêne. Il a posé sa tête sur un coussin et le reste de son corps est étalé sur Aly et moi.
« Yoongi, tu sais que je t'aime beaucoup, mais...
- Moi aussi je t'aime beaucoup, me coupe-t-il, maintenant tu la boucles et tu me laisses dormir. »
Je m'apprête à répliquer mais abandonne et, à la place, je préfère bousculer brutalement Suga de sorte à le faire tomber. Bien sûr, puisque je suis quelqu'un d'absolument adorable, je n'essaie même pas d'éviter à sa chute d'être violente et le pauvre garçon qui ne s'y attendait pas s'écrase comme une merde (soyons honnêtes) sur le tapis. Comment il a pu imaginer ne serait-ce qu'une seconde que je n'allais pas réagir face à son évidente provocation ? Il ne doit pas vraiment bien connaître mon caractère, ça lui apprendra...
Il ouvre de grands yeux et me fixe avec un air ahuri qui le rend tout mignon malgré son esprit machiavélique.
« Et si c'est moi tu me jetteras aussi par terre ? me demande Jimin avec un gros sourire.
- Bien sûr, et sans hésiter en plus.
- C'est cruel...
- Oui mais tu noteras que ce n'est pas de famille, Aly n'a pas réagi quand il s'est allongé...
- Oui c'est vrai, se rend compte Suga, merci Aly.
- Eh du calme le susucre, râlé-je, elle ne t'a pas sauvé de la chute quand même...
- Oui c'est vrai aussi... »
Aly se marre bêtement et Suga soupire bruyamment de façon à se faire remarquer, puis il se relève avec difficulté et se frotte rapidement les yeux, fatigué, un peu comme un enfant qui aurait besoin d'aller au lit.
« Je vais me reposer deux minutes, je reviens. »
Vexé, le garçon s'éloigne jusqu'à sa chambre avec une moue boudeuse et chacun le suit du regard, même Samna, témoin de tout ça puisqu'elle se trouve actuellement à la cuisine et était, au moment du retour des garçons, en train de se servir un verre d'eau. Elle a les yeux rieurs, nous fixant avec une tendresse presque maternelle.
« Bon, je vais vous laisser, sourit-elle, passez une bonne soirée.
- Merci, toi aussi ! »
Elle nous lance un petit regard reconnaissant et s'en va après avoir bu quelques gorgées, abandonnant le verre vide dans l'évier.
« Répétitions ? lancé-je avec un sourire à l'intention des autres garçons.
- Ouais, allez vous préparer. »
Aly file chercher ses affaires de dessin, quant à moi je vais plus tranquillement me changer et revêtir mes habits de sport. Je suis assez impatiente à l'idée que cette nuit, en revenant de l'entraînement, je connaîtrai par cœur toutes les chorégraphies de mes chansons. Je n'aurai probablement plus de problèmes avec aucune d'entre elles. Ainsi je serai prête à performer mes trois chansons sans problème, mon job sera complètement rempli.
Quel est ce nœud qui vient entraver mon estomac tandis que je me fais ces réflexions ?
Quelle question idiote, il est loin d'être compliqué de deviner que cette idée ne me plaît pas beaucoup : partir, ne plus revenir, ne plus rêver, ne plus les voir. Je ne savais pas qu'on pouvait si rapidement s'attacher à des gens – quoique l'on est quand même en train de parler de garçons avec lesquels on passe toutes nos journées, d'ailleurs j'ai même déjà passé la nuit avec certains d'entre eux, alors oui ça permet de créer des liens rapidement, simplement parce qu'on a une très grande proximité les uns avec les autres. Ils sont des gens simples, on ne se dispute jamais – et de toute façon ils sont bien trop protecteurs pour que j'aie envie de me disputer avec eux – en dépit de quelques tensions toujours très rapidement apaisées. J'aime bien cette ambiance agréable et calme qu'il y a quand ils sont là : certes, on se trouve souvent en train de faire les idiots et c'est loin d'être très paisible, mais c'est tellement bon pour le moral de rire les uns avec les autres que franchement, peu importe.
Nous nous dirigeons tous les neuf vers la salle dans laquelle nous avons l'habitude de retrouver nos deux professeurs, et lorsque j'arrive, Jiana vient me saluer. Je suis bien consciente qu'aujourd'hui sera la dernière fois qu'on se verra, car une fois que je saurai ma chorégraphie, notre mentor habituel reprendra la main.
La jolie blonde (car cette couleur lui va vraiment bien) m'invite à la suivre dans une autre salle, et Aly décide de rester avec les garçons, aussi bien parce qu'elle veut dessiner que parce que c'est à l'origine pour eux qu'elle est venue. Je comprends totalement, ça ne me dérange pas, et puis de cette façon je pourrai me concentrer pleinement sur ma danse.
« Tu vas mieux aujourd'hui ? s'inquiète la professeure une fois que nous sommes toutes deux seules dans la salle qui jouxte celle des BTS.
- Oui je t'assure, t'as bien vu ce matin que ça allait mieux. J'étais juste complètement épuisée, rien de très grave quoi...
- Ce n'est pas parce que les artistes de la Kpop se surmènent que tu dois en faire de même, c'est dangereux, ça bouleverse beaucoup trop tes habitudes.
- Je sais bien, ne t'inquiète pas pour moi, je ne veux pas me pousser à bout alors qu'il nous reste beaucoup de choses à faire avant mon départ.
- T'as bien raison.
- Tu vois, dis-je avec malice, je m'assagis.
- C'est simplement que tu es quelqu'un de nouveau et qui ne va pas rester longtemps : on ne veut pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, et puis en plus tu pourras permettre au groupe d'avoir une bonne image en France, et savoir que tu as passé avec eux quelques rares (elle insiste sur ce mot pour me faire comprendre que je dois garder secret le fait que j'habite avec eux) mais très bons moments va permettre au groupe d'être bien vu. C'est une bonne chose pour toi comme pour eux, c'est donnant-donnant, en quelques sortes.
- Oui...
- Tu sais, on nous a demandé à tous que tu te plaises ici, ou du moins que retournes chez toi avec de bon souvenirs. Il faut que tu aies du groupe une image positive pour que tu puisses en faire la promotion, d'une certaine manière. Tu as bien vu que la presse française s'intéresse à toi, ils veulent savoir comment tu vis cette expérience, et si tu crois que la seule demande d'interview qui a été faite est celle dont le manager t'a parlé, tu rêves.
- Comment ça ? demandé-je étonnée.
- Beaucoup de magazines ont demandé à pouvoir te voir, mais chaque fois le manager déclinait la proposition. En revanche quand tu rentreras, tu seras libre d'accepter toutes les demandes que tu souhaites, il te faudra simplement faire attention à ce que tu dis car la clause de confidentialité est valable à vie.
- Pourquoi a-t-il refusé ces interviews ?
- La peur d'un faux pas, tu peux le comprendre j'imagine.
- Oui bien sûr, et finalement, ça m'arrange : je n'ai pas envie de décliner une proposition, d'autant plus que je serais heureuse de partager mon expérience, mais pour tout t'avouer je ne serais pas vraiment enchantée à l'idée de passer du temps où je pourrais dormir à répondre à des questions... Mais une fois rentrée en France tu disais je pourrai donner des interviews ?
- Ça serait bien pour l'image du groupe, tu as l'air de te plaire ici, non ?
- Oui, assez, j'admets avec un éclat de rire. C'est gentil de toujours essayer de me ménager, je sais bien qu'entre mes entraînements et les leurs, il y a une grande différence, de même qu'entre nos performances...
- Oui c'est sûr, mais ce n'est pas pour ça que tu dois te sous-estimer : si tu n'étais vraiment pas à la hauteur, tu ne monterais pas sur scène.
- Mais ils dansent tellement bien...
- Et toi aussi. »
Mon regard attendri bascule sur son reflet dans le miroir et je laisse échapper un petit soupir qui traduit ma lassitude d'entendre toujours ce même discours. Il ne faut pas qu'ils me prennent pour une idiote, je sais parfaitement que je n'égalerai jamais ne serait-ce que le centième de leur niveau. C'est gentil de toujours vouloir me rassurer, mais les articles sur internet sont unanimes : je ne suis qu'un bonus, et si je reproduis bel et bien les mêmes mouvements, on sent cependant que l'énergie que l'on dégage est différente, je suis loin d'égaler la leur, de même il ne m'est pas possible d'atteindre la même assurance, la même souplesse et la même fluidité qu'eux. On parle quand même de personnes qui dansent presque tous les jours depuis des années alors que moi, je me contente juste de m'éclater dans ma chambre, comme une enfant, rien de plus. J'ai la chance de m'être améliorée au contact de deux brillants chorégraphes, mais c'est loin d'être génial pour autant : il me faut une bonne dizaine d'heure – souvent plus – simplement pour maîtriser trente secondes de chorée, tout simplement parce qu'entre la maîtrise des mouvements, du tempo, de l'énergie, etc, il me faut un temps fou. Les garçons, eux, ils sont habitués à tout ça, ça en devient naturel chez eux et en à peine quelques heures, c'est l'intégralité de la chorée qu'ils connaissent par cœur.
Je ne suis pas une bonne danseuse, du moins pas en comparaison avec les BTS... Mais savoir qu'en dépit de tout cela on accepte de me faire monter sur scène, ça me touche. Et puis de même, que le groupe m'encourage autant alors qu'ils devraient d'abord pensé à avoir confiance en eux, je trouve ça vraiment adorable. Je m'en veux d'avoir surgi de cette façon dans leur quotidien, mais c'est une expérience tellement folle que je ne peux pas dire que je regrette ça.
Je suis là, en train de m'entraîner dans un studio de danse avec une des chorégraphes les plus renommées du pays, avec en fond sonore ma propre chanson dont je fais les chœurs tandis que les voix principales appartiennent aux BTS, groupe de Kpop le plus célèbre du moment. Non, je n'y crois pas, je n'y croirai jamais.
« On doit te le dire souvent, mais je trouve que tu passes trop de temps à rêvasser plutôt qu'à te concentrer, me reproche Jiana en souriant de toutes ses dents. Bouge un peu, fainéante, sinon je m'en vais.
- Tu es si stricte quand tu veux, soupiré-je en me repositionnant devant le miroir.
- Je sais, allez bosse un peu, j'ai autre chose à faire que de te regarder te dandiner alors que t'as l'esprit ailleurs.
- Oui, oui, je sais. Mais tu pourrais éviter de le souligner, c'est très légèrement vexant... »
Elle se moque ouvertement de moi, éclatant d'un rire moqueur mais qui demeure bienveillant, et m'enjoint une nouvelle fois à me concentrer. C'est vrai qu'après tout, je devrais être capable de maîtriser mes pas ce soir – du moins dans l'idéal – alors let's go, au boulot !
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