Chapitre 165
« Frérot ? relève justement RM avec curiosité.
- Frère, beau-frère, c'est tout pareil, se justifie Jiana d'un ton désintéressé, parce que figure-toi gamin que quand je l'ai rencontré ce mec, j'ai tout de suite eu le béguin pour lui, mais de son côté, c'est pour ma sœur aînée qu'il a craqué... Bon par chance il se trouve que monsieur le chorégraphe a un cousin absolument magnifique...
- Tu comptes déballer toute notre vie privée devant les enfants ?
- J'ai l'impression de regarder mes parents dire des conneries, fait remarquer Aly en les fixant d'un œil amusé.
-Toi ne sois pas irrespectueuse, t'as déjà de la chance de pouvoir être là pour chaque répétition, je sais que tu es consciente que c'est un privilège, alors ne me pousse pas à te le retirer.
- Si vous espériez avoir l'air sérieux avec ce gros sourire, c'est raté...
- Tu sais quoi ? Continue de dessiner, tout simplement.
- À vos ordres. »
Avec un rire enfantin, ma petite sœur reprend son œuvre là où elle en était et n'a aucune difficulté à reporter toute sa concentration sur son bloc de papier, ignorant la rixe qui reprend entre Jiana la bavarde et le chorégraphe qui n'a strictement aucun pouvoir sur cette femme à la langue bien trop pendue.
« Mais alors il est marié à ta sœur ? demandé-je sans me soucier un instant de l'aspect personnel de ma question (la curiosité l'emporte).
- Eh oui, depuis bientôt un an et demi. Et c'est justement parce que comme moi son cousin était témoin que j'ai pu rencontrer mon actuel petit-ami.
- Oh, et à quand le mariage ?
- Oula, va savoir, j'en ai pas la moindre idée.
- Même pas une toute petite idée ?
- Elle a peur de ne pas se marier, se moque le chorégraphe, parce que si jamais un jour mon cousin découvre sa vraie personnalité, il va fuir, alors mieux vaut qu'elle se marie le plus vite possible, comme ça il n'y aura plus de moyen de fuite immédiate.
- C'est malin ça, plaisanté-je à mon tour en regardant la danseuse qui fixe son ami avec un air réprobateur, tu lui mets le grappin dessus et ensuite tu ne le lâches plus !
- T'as tout compris gamine, rit-elle. Toi aussi un jour tu apprendras la technique et tu te marieras.
- Et t'as pas pensé qu'il utilise peut-être la même technique ? demandé-je alors.
- Si peut-être... bof au moins il est mignon, et puis ce genre d'idée, il n'y a que moi pour les avoir ! »
Et elle a l'air fier d'elle... mais quel âge a cette femme ? Et plus important encore : quel âge mental a cette femme ? Elle passe ses doigts dans sa chevelure désormais blond platine et m'accorde un immense sourire avant de donner un coup dans le dos à son ami tout en riant.
« Bon, passons aux choses sérieuses au lieu de dire des conneries, tu veux bien ?
- Et c'est toi qui dis ça ? soupire notre pauvre chorégraphe en la toisant.
- Oui, pourquoi pas ? Allez, au boulot ! »
Et sur ces mots, elle s'écarte jusqu'au fond de la salle, moi sur ses talons. Mise de bonne humeur tant par mon réveil que par l'ambiance du petit-déjeuner et de celle de ce début de répétition, j'ai l'impression que je suis vraiment prête à me donner à fond et surtout à prendre du plaisir à faire ce que je fais, d'autant plus que ma partie, parce qu'elle est à la fin de la chanson, ne parle que peu de la séparation douloureuse mais surtout de la renaissance de la joie après un épisode un peu mélancolique, autrement dit je devrai rester optimiste tout le long de mon rap et de ma partie de chant ou presque – car seul le début est un peu plus sombre, mais à peine...
Je suis prête !
Les mouvements débutent, s'enchaînent, je révise les pas appris la veille et une fois que j'ai prouvé à Jiana que je les maîtrisais correctement, il ne me reste plus qu'à la regarder faire la suite et enregistrer mentalement le moindre de ses mouvements. Elle me montre tout en détail et me fait reproduire chacun de ses pas en m'expliquant à la perfection la façon dont je dois faire telle ou telle chose, quelle doit être la position exacte de mon corps à tel ou tel moment et l'énergie que je suis supposée dégager. La danse combine tant de paramètres précis avec lesquels il faut être en mesure de jongler...
Mais cette fois-ci, je ne suis pas fatiguée et ça, ça renforce mon mental comme jamais : je n'abandonne pas, je réclame à peine une pause toutes les demi-heures, et quand en plus les garçons prennent un peu de repos, j'ai l'impression de sentir leur regard sur moi (ce qui se vérifie généralement d'un coup d'œil dans la glace face à nous), alors ça me donne encore plus la motivation de faire toujours mieux. Je veux qu'ils me regardent avec fierté, qu'ils sachent que leur confiance me tient à cœur et que je veux tout donner pour ne pas les décevoir sur scène ou bien lors des dance practices !
Ce matin, je suis super performante, je n'avais jamais été aussi dynamique et surtout, jamais je n'avais appris aussi vite des mouvements, car à la fin des deux heures, avec toute la volonté dont je suis capable de faire preuve, voilà que je connais les trois quarts de ma chorégraphie. Et attention, quand je dis que je la connais, ce n'est pas juste que je peux vaguement reproduire les pas, non, c'est que je peux les exécuter de la bonne manière avec la musique sans que ça ne me dérange. Je suis dans le rythme, même si parfois j'en sors un peu (il me faudra encore de la pratique) et d'après Jiana, je sais parfaitement jauger la dose d'énergie à injecter dans chacun des pas que je fais afin que ça colle au mieux aux paroles et à l'ambiance de la chanson.
En bref ? Franchement, je trouve que j'ai déchiré, je suis super fière de moi, on ne peut plus enthousiaste, et je suis sur mon petit nuage parce que les garçons ont remarqué que cette chorée ne me posait aucun problème et m'en félicitent chaleureusement.
C'est vraiment une journée parfaite qui s'annonce ! Je me sens toute légère !
« Charlie, on a bien compris que tu aimais danser, mais là c'est fini, Jiana et son « frère » ont autre chose à faire, se moque RM.
- Oh c'est bon, j'ai bientôt fini, remets la musique à ma partie. »
Il soupire mais s'exécute et tous les garçons – ainsi qu'Aly –, massés près de la sortie de la salle, m'observent. Il est dix heures cinq, en théorie les répétitions sont terminées, mais là je me sens super bien échauffée avec ces deux heures de danse et même si la sueur fait de moi une éponge sur pattes, je veux encore continuer un peu, juste refaire une dernière fois cette chorée que j'ai apprise si rapidement (ça fait tellement de bien à mon égo, on ne peut quand même pas m'en vouloir, le pauvre a été maltraité pendant des jours et des jours et le voilà qui revit). Le moment où je suis supposée venir me placer arrive : je me poste au centre de la salle dans laquelle raisonne ma voix superposée à celle d'un des garçons, et je commence à danser. Toute contente à l'idée d'être le centre de l'attention, je suis décidée à mettre tout ce qu'il me reste d'énergie dans cet essai, et de l'énergie, il m'en reste beaucoup. Mes mouvements sont par moment très fluides, comme une rivière paisible, et par moment hachés comme le hurlement soudain du tonnerre qui fait trembler n'importe qui.
J'entends un « oh » admiratif de J-Hope qui me fait sourire une fois que j'ai terminé toute la partie que je connais, et quand je me tourne vers eux, les garçons m'applaudissent.
« Bravo ! lance Aly. Tu te débrouilles de mieux en mieux !
- C'est la chorée qui est plus facile, la corrigé-je, moi je ne me suis pas améliorée en à peine plus de deux ou trois semaines, ça serait un exploit.
- Même, tu es mon modèle Charlie ! »
Attendrie par ses mots, je lui souffle un gros bisou (mieux vaut que j'évite de la prendre dans mes bras au vu de mon état) et je rejoins les garçons en quelques enjambée, juste le temps qu'ils éteignent l'enceinte. Nous remontons ensemble dans un climat de bonne humeur générale après avoir rapidement salué les deux chorégraphes. Je crois qu'il ne me reste qu'une seule fois à voir Jiana avant d'avoir fini d'apprendre ma chorée ce soir, autrement dit, il ne me reste plus qu'une seule fois à la voir, après quoi nos chemins se sépareront. Ça me fait réaliser que peu à peu, tous les gens que j'ai rencontrés depuis mon arrivée vont quitter ma vie les uns après les autres, car mine de rien, il n'y avait pas qu'avec les garçons que je m'entendais bien : Jiana, Yoonsu, Seiji, Samna, et même notre chorégraphe habituel ou bien le manager. Je me suis attachée à chacun d'entre eux, pas nécessairement de la même façon, mais tous ont contribué à ce que je suis à présent, ils m'ont tous permis d'avancer à un moment ou à un autre, ils ont tous été là pour me guider et m'aider à me relever lorsque ça n'allait plus. Les photographes, l'équipe artistique (et l'équipe technique) dont je suis désormais capable de reconnaître certains visages, etc ; ils font tous partie de cette merveilleuse aventure que j'ai vécue jusqu'ici, et leur rôle ne doit pas être minimisé, même si c'est bien sûr avec les BTS que j'ai passé le plus de temps.
Nous allons nous doucher pour effacer toute trace laissée par les entraînements de ce matin et quand je sors, je peux entendre distinctement Tae et Jungkook, tous deux à la cuisine, en train de discuter, le plus vieux prétendant qu'il ressent quelques douleurs à la cuisse depuis un faux mouvement lors de l'entraînement. Ça ne me plaît pas beaucoup, mais d'après V ce n'est rien, ça lui est déjà arrivé et il sait qu'après une petite marche et un peu de repos, le muscle ne le fera plus souffrir. Je suis soulagée de l'entendre, d'ailleurs Jungkook a l'air du même avis que moi, et je ne suis pas étonnée quand je vois les deux débarquer dans notre chambre pour nous proposer, à Aly et moi, d'aller se balader un peu dans Séoul pour profiter du beau temps qui ne durera probablement pas toute la semaine – du moins d'après la météo. Nous acquiesçons vigoureusement sans la moindre hésitation, et les deux amis filent proposer aux autres de nous accompagner ; Jimin et RM acceptent, les autres restent ici, prétendant qu'ils ont quelque chose d'important à faire.
Moi je pense que Suga veut juste roupiller tranquille, que J-Hope veut jouer à la console seul parce que ses cadets le battent toujours et que Jin veut se mettre un film, mais bon, s'ils disent qu'ils ont quelque chose d'« important » à faire, soit.
Avant de quitter l'appartement donc, on revêt la tenue de base du parfait détective privé qui ne doit pas être reconnu dans la rue : casquette, lunettes de soleil et masque. Voilà parfait, maintenant j'ai l'air de rien à part d'une dangereuse psychopathe qui s'apprête à commettre un meurtre et ne veut pas être démasquée. Sérieux, comment on peut faire autre chose qu'attirer l'attention, vêtus comme ça ?
La honte... Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour ne pas être reconnue en compagnie des BTS, Aly a tellement de chance de pouvoir passer inaperçue même sans le moindre accoutrement !
« Je suis belle comme ça, hein ? plaisanté-je en voyant Jimin me regarder avec un air moqueur.
- Magnifique, tout simplement magnifique Charlie, ta présence est un véritable rayon de soleil.
- Pas besoin de le préciser Chim, ça je le savais déjà. »
Je passe devant lui en riant et les garçons m'emboîtent le pas, direction la rue pour une petite balade (supposée) tranquille ! Je vais enfin retrouver la saveur de la liberté !
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