Chapitre 157

*Âmes sensibles attention, vous allez découvrir quelque chose qui est presque toujours négligé par les fanfictions, et vous n'allez peut-être pas aimer ça, mais écoutez, j'y peux rien (si seulement j'y pouvais quelque chose...), je fais ça pour le réalisme (il en faut quand même un minimum) plus que par pur plaisir sadique XD*

Jeudi 5 juillet 2018 – 23ème jour.

Putain de merde ! Pourquoi la vie est aussi sexiste ! C'est dégueulasse : je me couche à trois heures du matin et à trois heures et demi, à peine plus, la nature essaie de me rappeler par le pire moyen qui soit ma condition de femme destinée à procréer ! J'ai un putain de mal de ventre et heureusement que je m'en suis rendu compte parce que je suis sûre qu'à quelques minutes près je tachais le lit de Kookie qui n'aurait alors plus jamais voulu dormir dedans... et je l'aurais compris d'ailleurs, c'est immonde !

Je suis présentement dans les chiottes et même le film Saw en comparaison c'est mille fois moins gore. On va passer la description de l'état de mon bas de pyjama et des toilettes – mieux vaut que personne n'en sache jamais rien, que ce genre de choses reste des secrets de filles – mais le fait est que chaque fois que je suis dans la pire période du mois, il y a une chose à savoir : le premier jour, c'est une pure torture interne. Souvent on compare ça au fait de se prendre des coups de couteaux dans le bas-ventre, mais il y a un détail qu'on ne mentionne jamais, c'est que les coups de couteaux, ils proviennent de l'intérieur du ventre, pas de l'extérieur, comme si un parasite se trouvait en nous, armé d'une lame, et essayait de sortir en nous perçant les entrailles !

La condition féminine est bien trop merdique, en plus il y a encore des mecs pour se croire supérieurs alors que si eux ils vivaient ça une fois dans leur vie je peux vous assurer qu'ils ne feraient plus les malins très longtemps ! Eh sérieux, heureusement que ça ne dure qu'une journée et que j'ai toujours dans mon sac de cours mes...

J'ai pas amené mon sac de cours.

Donc j'ai pas amené mes antidouleurs.

J'ai le droit de mourir tout de suite ?

Les yeux explosés par la fatigue, je fouille dans la pharmacie de notre salle de bain mais ne trouve rien qui m'intéresse, seulement des compléments alimentaires et de quoi rester éveillé – je ne veux même pas imaginer pour quelle raison tout ça se trouve ici. Pas de somnifères, de calmants, rien. Je retourne dans la chambre, la lampe torche de mon portable allumée pour être sûre de ne pas réveiller Aly, et je fouille rapidement dans la valise de ma sœur, priant pour qu'elle ait amené quoi que ce soit pour me soulager un minimum. Question médicaments, elle n'a rien (elle a la chance de n'avoir jamais de douleurs... je suis jalouse), en revanche je trouve de quoi stopper le flux continuel de sang et m'empresse de retourner en direction des toilettes.

Je sens que je vais passer une nuit de merde, oula oui, une bonne grosse nuit de merde comme j'en ai rarement vécu. Demain – enfin... dans la matinée plutôt – j'irai demander au manager s'il ne peut pas faire quelque chose parce qu'avec une douleur pareille je vais bien être incapable de faire quoi que ce soit... Et puis merde comment ça se fait qu'ils n'aient pas d'aspirine aussi ! C'est quand même la base dans toute armoire à pharmacie ! En plus ils doivent souvent avoir des putains de courbatures les garçons, alors on peut m'expliquer pourquoi ils n'ont rien pour soulager une quelconque douleur !

Je suis au bout de ma vie, en PLS sur mon lit, recroquevillée sur moi-même, les bras autour de mon bas-ventre comme si ça allait changer quelque chose à la sensation de torture monstrueuse que je ressens, et quand je relève les yeux vers le réveil, il est quatre heures passé. J'ai mal bordel, j'ai mal, et plus j'y pense plus ça me fait souffrir, mais comment est-ce que je peux songer à autre chose quand j'ai l'impression que des lames de rasoir sont en pleine zumba dans mon bas-ventre, hein ?

Eh sans rire, on devrait se rebeller contre la nature qui nous a physiquement destinées à devoir nous bouffer toutes les pires saloperies du monde, parce que pour rappel, si cette merde nous arrive chaque mois, c'est dans le but qu'un jour on donne la vie et ça non plus ça ne risque pas d'être une partie de plaisir. Ah bah si les femmes en train d'accoucher elles hurlent, c'est pas parce qu'elles sont contentes, ça y a pas de risque, j'ai largement assez entendu ma mère me raconter le jour de ma venue au monde (je ne sais pas non plus pourquoi elle me l'a raconté, faut pas se poser la question) pour savoir que c'est grave la merde, surtout quand t'y vas à l'ancienne, sans péridurale.

Et en plus quand t'es enceinte tu perds complètement la ligne, comment je pourrais vouloir me coltiner un môme plus tard moi dans ces conditions ? J'en veux pas, alors pourquoi la nature s'acharne sur mon pauvre corps épuisé ?

Voilà à quoi je songe jusqu'à environ cinq heures du matin, heure à laquelle la fatigue mêlée à la douleur fait germer les premières larmes au coin de mes yeux. Je voudrais avoir quelqu'un à qui en parler, mais déjà qu'on s'est couchés tard, alors si en plus je me permets de réveiller Aly ou RM en plein milieu de la nuit... Non, ça serait trop égoïste, je n'ai qu'à attendre encore deux heures, je crois que c'est au moment où on se réveille que le manager arrive à l'agence (croyez-moi, lui aussi ses nuits sont très courtes).

Il est cinq heures huit... Ça fait très exactement trois minutes depuis la dernière fois que j'ai jeté un coup d'œil désespéré au réveil, j'espérais que ça faisait un quart d'heure ; pire que la fac.

Cinq heures trente, je suis complètement résignée : je ne vais pas réussir à dormir. Les cernes qui se dessinent sous mes yeux sont probablement comparable à l'image qu'on se fait d'un trou noir dans l'espace : immense, s'étendant de plus en plus, inquiétant, et surtout annonciateur d'un tas d'emmerdes. C'est-à-dire que la dernière nuit de sommeil que j'ai faite comptais environ cinq heures, et que jusqu'à ma prochaine nuit, il se sera écoulé plus d'une quarantaine d'heures depuis la précédente.

Peut-être que les garçons peuvent survivre à ça, mais moi je vais claquer avant c'est pas possible, ou alors je vais devenir dingue, au choix, mais je ne vais jamais pouvoir supporter ça, il y a encore un mois j'étais en pleine hibernation estivale, je ne m'en remettrai pas.

Je marche lentement jusqu'à la cuisine, fermant avec douceur la porte derrière moi pour ne pas réveiller Aly, et je pose ce que j'ai amené avec moi sur la table avant d'allumer la plus faible lumière de la pièce. Je m'installe sur une chaise et ouvre le bouquin offert si gentiment par J-Hope, ne trouvant rien de mieux pour tenter de calmer la douleur (car oui, chez moi la lecture a des vertus apaisantes puisqu'elle fait passer les maux, quels qu'ils soient). Je me plonge de toute mon âme désespérée dans ma lecture et même si j'ai du mal à rester concentrée très longtemps, au moins j'arrive à faire abstraction, à intervalles réguliers, de la douleur. Mais bien sûr, chaque fois que j'essaie de m'endormir sur ma chaise, la tête posée sur mes avant-bras que je replie de sorte à ce que je sois affalées sur la table, mon ventre me rappelle à l'ordre et immédiatement mes yeux s'ouvrent comme ceux d'un hibou.

Je lis plus d'une heure, mais vers sept heures moins le quart, je décide de me rendre utile et je prépare la table du petit-déjeuner. Je suis morte de fatigue et je suis convaincue que je n'aurai de cesse de le répéter toute la journée sans m'arrêter : mes membres sont ankylosés à force de m'être trouvée assise, j'ai le bas-ventre qui me lance comme jamais, des cernes probablement aussi étendues que l'antique empire romain au moment de son apogée et j'ai l'impression que quoi que je fasse, je le fais au ralenti. Je crois que dès l'instant où les douleurs partiront, je tomberai de sommeil, mais pour lors, sans cachets, impossible de ne pas penser à ces tiraillements infâmes quand je ferme les yeux. Morphée a beau lutter, la douleur me garde prisonnière dans la réalité, je suis incapable d'attraper la main que me tend le dieu des rêves.

« Charlie, qu'est-ce que tu fais réveillée si tôt ? me demande Jin l'air étonné.

- Je meurs, » dis-je dépitée.

Je ne vais pas lui cacher ça, de toute façon il est arrivé sans que je l'entende et j'étais à ce moment-là pliée de deux sur ma chaise, mes bras autour de mon vente, mon front collé à la table. Lui, il a l'air en pleine forme, sans trop de cernes, les cheveux un peu ébouriffés indiquant qu'il vient de se réveiller, mais toujours son joli sourire sur le visage. Or en entendant ma réponse, son air se rembrunit et il fronce les sourcils pour témoigner de son inquiétude.

« Ça ne va pas ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Jin, les filles vivent une fois par mois quelque chose qui s'apparente chez moi à un monstrueux calvaire, et j'ai complètement zappé de prendre de l'aspirine avec moi, résultat : je décède sur place depuis trois heures et demie du matin.

- Merde, t'aurais dû nous prévenir on aurait pu trouver une pharmacie de garde, pourquoi tu n'as pas cherché à en trouver une ?

- Mon portable charge très mal les applis du type Gooogle Maps, en plus avec mon sens de l'orientation mieux valait que je ne sorte pas seule, et j'avais pas la force de m'habiller en plus, il aurait fallu que je me plie pour mettre mon jean...

- Tu aurais dû venir me voir, tu sais que ça ne me dérange pas d'être réveillé, soupire l'aîné en se servant un verre de jus d'orange bien frais.

- Oui mais moi ça me gêne. Et puis merde, pourquoi il n'y a pas d'aspirine dans votre armoire à pharmacie ? »

La question semble gêner Jin, pourtant il y répond, gardant le regard baissé sur son verre à moitié vide.

« Eh bien... L'aspirine est efficace parce qu'elle rend le sang plus fluide tu sais...

- Oui, et ?

- Et donc quand on se blesse, ça le rend plus long à coaguler, alors on n'a pas le droit d'en avoir. »

Je suis sur le point de lui demander comment il compte se blesser alors que de toute évidence il est très rare que les garçons se fassent la moindre égratignure quand je comprends ce qu'il veut dire. L'aspirine, couplée à une lame par exemple, ça peut faire de funestes dégâts, notamment si la dépression s'en mêle.

« Mais, ça n'est jamais arrivé que l'un d'entre vous... »

Je n'arrive pas à terminer ma phrase, bien trop choquée par ce que j'ai entendu, le cœur battant d'anxiété.

« Non, non, me rassure Jin tout à coup, ne t'inquiète pas pour ça. Ça leur arrive de déprimer, mais jamais à ce point, c'est juste préventif. Enfin quoi qu'il en soit, si tu veux des somnifères ou de l'aspirine, tu dois la demander au manager, c'est lui qui gère ce type de médicaments. Il doit être arrivé dans son bureau à l'heure qu'il est.

- Merci tu me sauves la vie Jin ! Je file, je reviens dans cinq minutes ! »

Je m'enfuis comme l'éclair (enfin, comme un éclair plié en deux... je l'admets, c'est assez dur à se représenter) et sors de l'appartement avant de demander l'ascenseur, imaginant enfin mon cauchemar prendre fin.

Une fois arrivée au bon étage, je déambule quelques instants dans le couloir avant de trouver le bureau que je cherche. Le manager est là, très visiblement concentré sur quelque chose qui l'absorbe, au point qu'il en a les sourcils froncés et la mâchoire contractée, mais quand il me voit arriver, épuisée et en pyjama, il m'accorde immédiatement toute son attention.

« De l'aspirine, vous en avez ? demandé-je de but en blanc en serrant les dents.

- Ah, lâche-t-il après quelques secondes en me toisant d'un air neutre qui se radoucit progressivement quand il voit ma main qui entoure mon ventre, je comprends... »

Il se penche vers un de ses tiroirs, l'ouvre et en sort rapidement une petite boîte dont il sort un cachet blanc qu'il me tend.

« Je vais garder la boîte avec moi aujourd'hui, m'indique-t-il, si tu as besoin d'une plus grosse dose, viens me voir.

- D'accord, merci beaucoup.

- Bonne journée. »

J'acquiesce ; au début je n'aimais pas trop cet homme, aujourd'hui en revanche j'ai trouvé mon sauveur.

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