Chapitre 144

Son sourire refait surface, accentuant ses jolies pommettes. Il enroule son bras autour de mes épaules et sans réfléchir plus longtemps, je me love contre lui en expirant bruyamment sous l'effet du bien-être. Je suis tellement bien dans cette position, avec lui qui est si affectueux...

Ses lèvres bisoutent mon front comme si j'étais une enfant qu'il essayait de s'endormir, néanmoins l'accélération brutale de mon rythme cardiaque ne me permet pas de trouver le sommeil, et même si je feins de dormir, la respiration lente et les yeux clos, je reste complètement réveillée pendant tout le trajet, appréciant ce câlin que n'ose pas stopper V, probablement parce qu'il est convaincu qu'il me réveillerait. La voiture se stoppe et je nous crois à un feu tricolore quand la voix de J-Hope s'élève :

« V, on est arrivés, réveille ta copine tu veux bien ?

- Hobi...

- Bah quoi ? Avoue que tu l'aimes.

- Je... »

Je le coupe en bougeant un peu pour montrer que je suis réveillée et ouvre doucement les yeux. Je suis fatiguée, j'ai l'impression que mes paupières étaient collées.

En fait, je crois que je ne voulais pas entendre la réponse de V... Oui je sais, c'est con, je suis bien la première à m'en vouloir de l'avoir coupé à un tel moment, mais si c'était pour entendre un « mais non tu sais bien qu'elle est comme ma petite sœur », alors je n'ai aucun remord à l'avoir fait.

« Mon pauvre bébé à une tête à pouvoir jouer dans The Walking Dead, se plaint Taehyung en plaquant ses paumes sur mes joues pour me détailler du regard.

- Merci Tae, c'est super sympa...

- Ah bah si je peux faire plaisir, tu me connais ! »

Face à ce large sourire que j'aime tant voir apparaître sur son visage, je reste incapable de le blâmer en quoi que ce soit, et comme une pauvre fangirl follement amoureuse de son idole, je reste muette avec un petit sourire ridicule scotché sur le visage. L'air bête, s'il n'a pas cramé que je l'aimais, c'est vraiment qu'il est aveugle... Cette idée me fait sourire encore plus bêtement, et j'ai vraiment honte de mon comportement, l'aimer ne doit pas signifier « devenir stupide à chaque fois qu'il m'accorde un peu d'attention », alors je me ressaisis et repousse avec douceur ses mains.

« Pas touche à mes joues.

- Mais elles sont toutes douces !

- M'en fous, tu touches pas.

- Bouh t'es pas cool. »

J'allais répliquer mais la portière de la voiture qui s'ouvre me fait comprendre que Jin s'impatiente, alors je sors en lui accordant un petit sourire timide, rejoignant J-Hope qui à son tour passe un bras autour de mes épaules. Le danseur ne dit pas un mot et je reste moi aussi silencieuse. Taehyung descend et me lance un regard amical, puis arrive la seconde voiture. Aly, Jimin et Jungkook ont l'air de bien s'amuser ensemble, mais dès que le plus âgé des trois me voit, j'ai l'impression qu'il oublie tout le reste.

« Charlie mon amour ! »

Je ris alors qu'il vient m'enlacer et lui rends son étreinte en lui demandant ce qui lui prenait.

« Kookie a dit que toi et moi on était de bons, amis, mais j'ai réfléchi, je veux que tu sois ma moitié Charlie ! »

Le ton qu'il emploi ne laisse aucun doute quant au fait qu'il s'agisse d'une blague, et un Jimin qui feint un ton dramatique, c'est épique.

« Je sais Chimchim ! Tu me l'avais déjà dit ! m'exclamé-je sur le même ton que lui en attendant que les autres arrivent.

- Alors je te le redemande Charlie : sois plus qu'une amie pour moi !

- Ça dépend, t'as toujours à l'idée que je serai ta bonne à tout faire ?

- Oui bien sûr, c'est la base, et puis je suis sûr que t'es jolie quand tu fais le ménage et la cuisine. »

Il me tire la langue et je fais de même en le repoussant.

« Dans ce cas va te chercher une femme de ménage, pas une copine.

- Bon, j'irai trouver une fille qui acceptera d'être les deux... »

Connaissant un peu Jimin, je sais bien que même si un jour il a une copine susceptible d'accepter de faire le ménage et la cuisine, il ne la laissera pas faire seule, il suffit de voir à quel point il peut lui arriver d'être maniaque pour s'en rendre compte, et puis il aime bien venir aider les autres aux fourneaux de temps en temps.

« Vous avez bientôt fini de dire des conneries ? s'impatiente Namjoon.

- Je trouve que Suga déteint beaucoup trop sur toi quand vous vous asseyez côte à côte, songe Jungkook d'un ton sceptique.

- Kook, le reprend Aly, ne laisse pas Yoongi croire qu'il est génial au point que même RM l'imite.

- Elle a raison, approuve Jimin, il va finir par prendre la grosse tête. »

Suga soupire et hausse les épaules avant de se diriger droit vers un grand studio. Nous nous trouvons dans une rue déserte où seules quelques voitures passent de temps à autres. D'après les entrepôts que je vois autour de nous, je peux en déduire que nous nous trouvons en périphérie de la ville, d'autant plus que le trajet a été relativement court. Nous suivons Yoongi, l'air amusés de sa réaction, et nous entrons tous ensemble dans le studio sur lequel figure une grosse pancarte avec un logo qui forme un appareil photo et quelques inscriptions en coréen auxquelles je ne fais pas vraiment attention. Les portes de bois sont lourdes et le battant émet un très léger grincement lorsqu'on les pousse. Les garçons entrent les premiers, Aly et moi les suivons, accompagnées par les équipes de maquillage et de coiffure qui nous ont rejoints. Nous arrivons dans un petit salon d'accueil, mon regard voyage un peu partout pour voir comment l'endroit fonctionne. Un panneau indique les salles de shooting, il semble y en avoir une demi-douzaine, plus ou moins, et même si de l'extérieur le studio n'a pas très bonne mine – la peinture est écaillée en plusieurs endroits, les murs sont un peu abîmés –, l'intérieur semble presque être neuf. Les cloisons sont peintes d'un blanc cassé, quelques plantes se dressent dans la pièce, lui donnant un côté plus vivant, et un long bureau se tient au bout de la salle. Il n'y a pas de tables ou de chaises comme dans la salle d'attente d'un cabinet, seulement des tabourets qui permettent de s'installer près d'une planche clouée au mur sur laquelle se trouvent des magazines, à l'opposé du bureau.

Derrière celui-ci se tient un homme d'une quarantaine d'années actuellement occupé au téléphone, avec un client d'après ce que je comprends. Il a un fort accent qui me laisse deviner qu'à l'origine, il n'est pas de Séoul, et lorsque nous arrivons devant lui, un sourire poli au visage, il nous retourne une expression chaleureuse en nous faisant comprendre d'un geste qu'il en a bientôt fini et qu'il nous recevra après. Au terme de quelques dizaines de secondes de plus, il salue son interlocuteur et raccroche avant de se tourner vers nous.

« Bonjour, excusez-moi, j'étais occupé. Je vais prévenir monsieur Park que vous êtes arrivés. »

Namjoon acquiesce et au moment où l'homme s'éloigne, notre manager arrive. Seokjin se penche vers moi pour murmurer :

« Park Jinwoo, c'est un photographe avec lequel nous avons déjà travaillé. Il prend le relais puisqu'il n'y avait que ce studio qui soit assez grand pour contenir le décor présent habituellement dans le hangar, et il ne pouvait pas travailler avec nous ce matin.

- C'est pour ça qu'on change de photographe entre les deux versions ?

- Ouaip, l'autre ne travaille pas pour cette agence, il n'avait pas le droit de venir prendre des photos dans l'un des studios.

- Ah je vois. »

Jin me sourit et c'est à cet instant que l'homme de l'accueil revient, accompagné de quelqu'un de visiblement moins âgé que lui. Tandis que celui à qui nous avons déjà parlé a des cheveux poivre et sel, quelques pattes d'oie au niveau des yeux et un ventre proéminent qui le vieillit, notre photographe a des cheveux d'un noir naturel, un visage qui me pousse à lui donner la trentaine – à peine – et il a une carrure plutôt fine, mise en valeur par un t-shirt moulant par-dessus lequel il porte une chemise rouge et noire, ainsi que par son jean skinny troué en plusieurs endroits, qui lui donne un air plus jeune. L'homme de l'accueil quant à lui est vêtu d'un costume dont la veste gît sur le dossier de la chaise derrière lui.

Le photographe passe de l'autre côté du comptoir et pendant que l'autre homme retourne à son occupation sur l'ordinateur face à lui, nous nous engouffrons dans le seul couloir sur lequel donne cette pièce. Quelques portes s'y trouvent, toutes numérotées comme indiqué par le panneau, et nous nous dirigeons vers celle du fond, que le photographe ouvre avant de nous inviter à entrer. La salle est bien plus grande que ce que j'avais imaginé et je comprends tout de suite pourquoi nous sommes allés ici et pas dans un studio en pleine ville : même si l'endroit est plus petit que le hangar, la décoration donne l'impression que c'est le même lieu. C'est sûrement pour cette raison que malgré la taille du bâtiment, il ne se trouve ici que très peu de salles où poser ; si elles ont toutes cette taille, ça explique tout.

Monsieur Park va se poster dans un coin de la salle où est rassemblé tout le matériel dont il va avoir besoin pour les clichés, et il propose aux garçons d'aller se changer dans les cabines prévues à cet effet, au fond de la salle derrière le décor. Les habilleurs sont venus déposer tout ce dont ils allaient avoir besoin un peu plus tôt dans la journée et puisque ce sont des habits qu'ils ont déjà mis à d'autres reprises, il ne risque pas d'y avoir un quelconque problème avec les tailles, néanmoins le studio a à disposition une petite équipe prête à les aider en cas de besoin. Des assistants grouillent autour de nous pour terminer de préparer le plateau sur lequel les BTS vont poser, ils installent les projecteurs, s'assurent que tout fonctionne correctement, et Aly et moi nous installons sur le côté pour les regarder faire pendant que les garçons vont revêtir leur tenue pour ce shooting. Ma petite sœur en profite pour sortir ses crayons et son carnet auquel je lance un petit coup d'œil qui ne se veut pas le moins du monde discret. Pour l'instant, son dessin ne comporte que quelques vagues silhouettes en train de faire un même mouvement – les garçons et moi probablement, ainsi que les premiers traits de la salle de danse dans laquelle nous nous rendons toujours. Pour l'instant elle est en encore à l'esquisse, à essayer de voir quelle position faire prendre à ses modèles, sous quel angle, et il n'y a qu'une silhouette qui n'est qu'à peine entamée, la sienne, qui n'est formée que de rapides traits gommés à plusieurs reprises – par chance il ne reste que peu de traces malgré le nombre étonnant d'essais.

« Tu voudrais pas t'asseoir et ramener tes genoux un peu vers ton buste ? me demande-t-elle en voyant que le fixe son dessin. J'aurais besoin d'un modèle pour voir dans quelle position de suis quand je suis en train de dessiner dans la salle.

- Ouais bien sûr. »

Elle me donne un feuille de papier qui mimera le carnet ainsi qu'un crayon qu'elle n'utilise pas et je m'installe comme elle la fait toujours lorsque l'on est aux répétitions : je pose la feuille sur mes jambes que je ramène juste assez près de mon buste pour pouvoir encore potentiellement dessiner, et je décide de faire quelques traits sur la feuille pour que ça paraisse plus vrai. Aly commence directement son dessin, comprenant enfin à quoi peut ressembler sa position, et quand les garçons reviennent, je suis déjà en train de poser – non pour le photographe mais pour ma petite sœur.


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