Chapitre 121
Une petite pensée pour le manager, mort une dizaine de fois hier... XD
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Je reste bouche-bée et toute la crainte en moi s'exprime brusquement alors que je sens les premières larmes couler le long de mes joues et que des sanglots me prennent. Non pitié... Pitié, ça ne peut pas se terminer comme ça ! J'essaie de parler mais rien ne sort à part de ridicules bégaiements :
« Je... je...
- Tu m'as vraiment déçu Charlie. »
Il me tourne le dos et s'en va sans un mot de plus. Je commence à avoir du mal à respirer à cause de mes sanglots et ma vue est brouillée par mes larmes. Namjoon ne dit pas un mot, visiblement aussi choqué que moi. J'ai l'impression que je n'ai plus de force dans mon corps, comme si mêlée à la douleur, la fatigue devenait tout à coup bien plus violente. Je colle mon dos au mur derrière moi sans plus retenir mes larmes.
« Je suis désolée Nam ! m'exclamé-je. Je ne pensais pas que ça irait jusque là ! Je suis désolée de vous avoir fait honte ! »
Le visage ravagé par mes pleurs, je préfère le camoufler dans mes mains.
« Viens, on doit en parler aux autres. »
Sa voix n'a plus rien de la colère qu'elle exprimait quelques minutes plus tôt et au contraire, elle est beaucoup plus douce. J'ai l'impression que mon cerveau a cessé de fonctionner, comme si je subissais un énorme bug.
Il pose une main qui se veut réconfortante sur mon épaule, après quoi il pousse la porte de l'appartement. Aucun des garçons n'a distinctement entendu la conversation, mais puisque tout le monde est réuni dans le salon, Aly comprise, et que quand j'entre ils me lancent un regard profondément attristé, je comprends qu'ils savent de quoi on a probablement parlé, et mon visage aide à se faire une idée de ce dont il a été question.
« Nam, dit Jimin d'une voix éteinte, je ne savais pas pour la vidéo, je te jure, je pensais que le manager voulait juste...
- T'y peux rien, le coupe le leader.
- Alors... ? Qu'est-ce qu'il a dit ? s'inquiète J-Hope bien qu'il n'ait certainement que peu de doute à ce sujet.
- Elles doivent s'en aller, toutes les deux. »
Lorsqu'il prononce ces mots, c'est comme s'il approuvait la décision et ne pouvant pas me retenir plus longtemps, je préfère filer dans ce qui ne sera plus ma chambre pour très longtemps plutôt que de rester ici et m'effondrer devant les autres. Je vais dans la salle de bain et m'appuie sur le bord du lavabo en tentant de reprendre mes esprits et de me calmer. Si je dois partir, j'espère au moins le faire avec dignité et en gardant la tête haute, mais c'est mal parti pour.
J'essuie mon visage et lâche un profond soupir quand la porte s'ouvre sur Aly qui m'adresse un petit sourire chagriné.
« Eh c'est rien Charlie. Je sais que tes chansons te tenaient à cœur et que tu voulais participer à ce concert mais...
- Tu ne comprends pas, la coupé-je en sentant que mes larmes sont sur le point de revenir, c'est pas ça. J'ai déçu tout le monde et tu auras à peine pu profiter de ton séjour ici.
- On s'en fout de moi, assure ma petite sœur, l'important c'est toi. Tu as eu raison d'être franche, et je t'admire toujours autant.
- Et Jungkook ? susurré-je.
- On s'en fout aussi, de toute façon il n'aurait rien pu se passer, alors autant s'en aller avant que je ne sois vraiment trop attachée à lui, tu ne crois pas ?
- Je suis désolée Aly...
- Pleure pas s'il te plaît, sinon ça va me donner envie de pleurer à moi aussi... »
Sa voix se brise alors que son sourire disparaît et que ses yeux se voilent à leur tour de larmes. C'est si courageux de sa part de me dire tout ça alors que rencontrer les garçons est depuis des années son plus grand rêve et que c'est à cause de moi qu'elle doit y mettre un terme plus tôt que prévu.
Je la prends dans mes bras et réussis à calmer les sanglots qui tentaient de refaire surface avant de me détacher d'elle qui a retrouvé son sourire malgré les deux larmes qui se sont frayé un chemin le long de ses joues.
« L'important c'est qu'on ait passé un moment génial ici, dit ma sœur, et c'est avec cette idée qu'on doit s'en aller. On n'aurait jamais pu imaginer que quelque chose comme ça nous arrive, alors plutôt que de se dire qu'il est triste que ça se soit terminé trop tôt, autant se dire que tout ça a été un vrai miracle : chacune de nous a réalisé son rêve, c'est tout ce qui compte. »
J'acquiesce, même si ce douloureux pincement au cœur n'est pas vraiment atténué, et nous retournons au salon où les garçons sont silencieux. En nous voyant arriver, ils ont l'air à la fois inquiets et soulagés.
« Bon, Aly et moi on va aller faire nos valises, merci de nous avoir accueilli parmi vous, ces moments resteront inoubliables. »
Je m'incline légèrement et quand je me relève, je hoquète de surprise en sentant une étreinte que je reconnais tout de suite. Taehyung me serre plus fort que d'habitude et je sens ses mains dans mon dos empoigner mon t-shirt, comme s'il ne voulait pas me lâcher, comme s'il ne pouvait pas se résoudre à me laisser filer, ce qui me serre le cœur.
« S'il te plaît, ne pars pas tout de suite, on va trouver une solution.
- V, c'est adorable, murmuré-je à mon tour, mais votre manager en a décidé ainsi.
- Alors c'est au PDG qu'on va aller parler, décide-t-il en se reculant, l'air déterminé.
- Et tu comptes lui dire quoi ? soupire Jimin.
- Je sais pas...
- Peut-être qu'on pourrait lui dire que malgré la colère des fans qui se sont reconnus quand Charlie a prononcé le mot « cons », elle bénéficie d'un soutien quasi-général, fait remarquer Suga en montrant son téléphone. Et ça ne fait que s'accroître, sa popularité a explosé et les personnes qui se sentent oppressées par la société à cause de leur corps ont l'impression de voir en elle leur nouvelle porte-parole, comme si elle avait libéré leurs voix. Je suis presque certain que mis devant l'évidence, le manager aussi bien que le PDG ne pourra pas nier que Charlie a sa place parmi nous, car elle n'hésite pas dénoncer ce qui est injuste et se battre pour ceux qui n'osent pas le faire.
- Yoongi, si tu ressors mot pour mot ce petit discours, je suis sûr que ça peut marcher, sourit Jungkook.
- Bon, conclut Namjoon en se levant, allons leur parler, je suis sûr qu'ils ont décidé ça sous le coup de la colère et de la peur, ils n'ont pas vraiment pu peser leur décision, la vidéo n'est pas même sortie depuis une heure, ils n'ont sûrement pas beaucoup parlé du pour et du contre. Suga, viens avec moi, tu pourras leur donner ton avis. »
Le garçon ne bronche pas et suit son cadet.
« Bonne chance, lance Jin. Vous allez en avoir besoin.
- Et merci, complété-je, merci d'essayer de nous aider alors que je n'aurais jamais dû...
- Non, c'est Suga qui a raison, me coupe encore RM, tu as eu raison de dénoncer ça, nous on n'en aurait jamais eu le courage, du moins pas de façon si percutante, et que ce soit toi, ça donne une dimension encore plus grande à ce discours : c'est un regard extérieur que tu apportes pour pointer les défauts d'une industrie qui en demande bien trop à ses artistes sans que ceux-ci n'osent rien dire. »
Touchée par ses mots, je me contente d'acquiescer, leur souhaitant silencieusement bonne chance une fois de plus. Ils en auront vraiment besoin...
Ma sœur rejoint les garçons sur le canapé et aussitôt, Jin l'enlace et essaie de la consoler, lui assurant que tout va bien se passer et que de toute façon, si ça n'est pas le cas, le manager recevra sa main en pleine figure. Aly lâche un petit gloussement mais rien de plus, quant à moi je préfère aller m'isoler dans ma chambre. J'ai le sentiment que ça peut marcher, mais d'un autre côté je préfère ne pas espérer vainement. Je m'assois sur mon lit, la respiration saccadée mais décidée à ne pas pleurer de nouveau pour ne pas affliger plus encore ma petite sœur. Je dois rester forte pour elle, même si ça me fend le cœur de partir d'une façon si brutale.
« Eh Charlie... »
Je sursaute (enfin, disons plutôt que mes yeux clignent brutalement – chacun sa façon de sursauter) quand Tae entre et ferme derrière lui avant de venir s'asseoir à côté de moi. Il sort son portable et y tape quelques phrases avant de le ranger dans sa poche et de m'adresser un sourire compatissant, peut-être dans l'espoir que je le lui rende.
« Ça va ? m'interroge-t-il avec une voix qui trahit son inquiétude.
- Ça a l'air d'aller ? »
Quand il se rapproche, je n'esquisse pas le moindre mouvement et le sentir de nouveau me prendre dans les bras me fait du bien. Il s'écarte lentement pour prendre mon visage en coupe et venir déposer sur mon front un très léger baiser.
« C'est un bisou magique pour chasser tes idées noires, dit-il avec un rictus.
- C'est gentil... »
Je ne peux pas m'empêcher de lui rendre son sourire et de trouver attendrissant son comportement. Son pouce passe sur ma joue et il penche la tête de côté avant de s'écarter un peu, passant sa main dans ses cheveux châtain avant de reprendre avec cette voix grave qui lui va si bien :
« Je suis sûr que tu resteras.
- T'es gentil, mais ça m'a l'air plutôt mal parti.
- Tu ne crois pas aux miracles ? »
Étonnée par sa question, j'y réponds cependant par un hochement de tête affirmatif ; c'est grâce à un miracle que je me retrouve ici, alors il faut bien y croire, non ?
« Allez courage, reprend-t-il, les garçons ne tarderont sûrement plus.
- Charlie ! » s'exclame Jimin qui entre brutalement dans la pièce.
Lorsque son regard se pose sur moi, il fonce me prendre dans ses bras, si bien que je manque de basculer en arrière. Il me serre contre lui, à califourchon sur mes genoux comme un grand enfant, en répétant qu'il ne veut pas que je parte maintenant et que c'est profondément injuste. Touchée, je le serre moi aussi le plus fort possible contre moi, le cœur lourd, et je me rends compte que j'aurais fait la même chose s'il s'agissait de notre dernier câlin.
« C'est stupide, ils ne devraient pas pouvoir te virer pour ça, dit-il en se détachant de moi. Tu as été un peu trop grossière dans tes propos, mais on dirait qu'ils n'ont même pas vu l'interview en entier, et puis c'est bien connu que de nombreux idoles ont souffert de telles critiques et ont préféré se plier à ces critères de beauté stupides plutôt que d'élever leur voix. Pour une fois que quelqu'un proteste, on cherche à tout prix à le faire taire, c'est injuste... Tu ne mérites pas ça, prendre la défense de personnes qui n'arrivent pas à le faire elles-mêmes est très courageux et toi, on veut te punir pour ça... »
Tandis qu'il se laisse glisser jusqu'à s'asseoir à côté de moi, Jimin serre peu à peu les poings et je passe une main réconfortante dans son dos, ma rappelant ce qu'Aly m'avait dit : lui-même a été victime de ces critiques – qui, accordons-nous à ce sujet, apparaissent clairement plutôt comme des persécutions quand on constate la véhémence et l'acharnement de ces « fans » qui ne semblent vouloir qu'une chose, détruire psychologiquement et physiquement leurs idoles en les harcelant.
Après quelques minutes passées dans un silence à peine perturbé par les moments où je suis contrainte de me moucher pour effacer les dernières traces de mes sanglots, nous entendons la porte de l'appartement s'ouvrir puis claquer. J'échange avec mes deux amis un regard inquiet et nous allons tous trois au salon. Namjoon et Yoongi ont l'air sur les nerfs, on dirait qu'ils vont aller écraser leur poing dans la première figure qui passe. C'est très mauvais signe...
« Il n'a rien voulu entendre, fulmine Suga. On a eu beau parler calmement, lui mettre les preuves sous les yeux, rien n'y a fait... Je suis désolé les filles, on n'a rien pu faire... »
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*Annonce* La file d'attente pour buter le manager ET le PDG commence ici, merci de bien vouloir faire la queue dans le calme. Des poupées vaudou ainsi que des armes blanches vous seront fournies le temps de vous défouler avant la publication du prochain chapitre demain matin.
Merci beaucoup pour votre compréhension, nous vous souhaitons de passer une agréable journée.
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