Même à Disneyland la Kpop me suit : à deux reprises dans la journée j'ai croisé une fille avec un t-shirt GOT7 Bambam, puis après le feu d'artifice, j'ai pu voir une jeune femme avec un blouson BTS ARMY et une fille avec un sweat Chanyeol. Ça m'a fait rire. :P

Bon je peux rien dire moi j'avais un sweat Suga et un collier BTS, mais je me suis sentie moins seule. XD
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Un peu après six heures du soir, les garçons arrivent et pendant qu'ils s'échauffent, je vais discuter avec Aly qui est en train de consulter son portable, au fond de la salle. Maintenant que son dessin est fini et qu'elle veut attendre un peu avant d'en faire un nouveau, elle va très certainement en profiter pour se concentrer un peu plus sur la réalité plutôt que sur ses œuvres.

« Je t'ai préparé un sandwich avant de venir, m'informe-t-elle en levant ses yeux vers moi. Il est dans mon sac.

- Merci, t'es un amour. »

Oh, c'est vraiment trop touchant que ma sœur pense toujours à moi, mais...

« Et toi ?

- Moi ? s'étonne-t-elle.

- Bah ouais, tu manges quoi ?

- Oh, je remonterai me faire un truc, t'inquiète. »

Elle me sourit et quand de la musique est lancée, elle concentre son regard sur son groupe préféré. C'est une chanson que j'ai déjà entendue, et je trouve certains mouvements assez... sensuels. Ma sœur se met à chanter tout bas :

« Nae pi ttam nunmul nae majimak chumeul

Da gajyeoga ga »

Je souris tendrement et décide d'aller continuer de bosser moi aussi. Mes mouvements deviennent mécaniques à force d'être répétés et comme à chaque séance, je termine en sueur et déçue : à force de vouloir bien faire avec ce satané grand écart, j'ai vraiment fini par basculer vers l'avant pendant que Jimin me relevait et si par chance il a réussi à m'empêcher de tomber puisqu'il me tenait, ça m'a définitivement empêché de réussir par la suite à ne pas me protéger de tout accident potentiel en mettant mon pied devant moi. C'est vraiment dur pour moi d'inhiber un réflexe, et même si je sais que je devrais y arriver puisque finalement, ce n'est pas si compliqué, je ne peux pas, et c'est plus fort que moi.

Le chorégraphe a l'air de plus en plus stressé et je le comprends, c'est tout à fait normal, mon cas est aussi désespérant qu'il est désespéré. Je commence à me dire que je n'y arriverais jamais, ça me fait mal quelque part de l'admette. Bien évidemment, puisque je n'y arrive pas, ça m'agace, et l'enchaînement qui suit ce pas est à chaque fois ou presque un lamentable échec lui aussi. Par chance le reste est franchement plutôt bien maîtrisé, pourtant ça ne m'empêche pas d'être exaspérée : comment après autant d'heures de travail c'est possible d'être toujours incapable de réussir trente secondes de chorée ? Même quand elle apprend les chorégraphies des BTS sur son ordi Aly va bien plus vite.

Quoiqu'elle, elle a le droit à l'erreur, ses mouvements ne sont pas millimétrés et par-dessus tout, elle n'est pas obligée de faire des mouvements dynamiques dans l'espoir de ne pas avoir l'air trop féminine et sensuelle à côtés des garçons dont les mouvements sont très secs et énergiques.

Je suis lasse, fatiguée, et parce que mes pauses sont régulières et de plus en plus longues, je me dis que je continuerai encore à bosser cette nuit.

Je vais avoir l'air bien réveillé sur le clip moi demain...

Je suis les autres à l'appartement mais me contente de manger et boire un peu avant de redescendre en prévenant ma sœur qu'il me faut plus d'entraînement. Celle-ci me lance un regard réprobateur mais, ayant conscience du fait que j'ai raison, elle ne réplique rien. Je dépose un petit bisou sur sa joue et elle me prend dans ses bras en me suppliant d'y aller doucement avant de me laisser partir.

De retour à la salle, je termine le sandwich qu'elle m'avait préparé et je reprends mon entraînement avec la musique. Puisque je n'ai aucun partenaire quand je suis seule, je me relève par moi-même et je pense que c'est une des raisons pour lesquelles je n'arrive jamais à rester immobile quand Jimin me relève, je m'habitue trop au mauvais mouvement, mais que faire d'autre ?

Alors pendant plus d'une demi-heure, j'ignore pourquoi, mais j'ai un regain d'énergie massif et je donne tout ce que j'ai pour mon enchaînement. Mais quand je réussis un mouvement qui me posait problème, c'est un autre que je rate lamentablement. Ça va finir par me rendre dingue.

Donc oui, après une demi-heure d'un acharnement virulent, je finis par me dire que quels que soient mes efforts, je n'y arriverai jamais. J'arrête la musique et, consciente que je suis dans une pièce insonorisée, je hurle toute ma frustration en serrant brutalement les poings.

« Pourquoi ! Pourquoi je n'y arrive jamais ! Pourquoi il me faut autant de temps pour connaître des pas pourtant pas compliqués ! C'est quoi mon problème, hein ! »

Des larmes de rage dévalent mes joues et ça m'énerve encore plus ; je les efface d'un geste rapide et passe ma main sur mon visage trempé de sueur. Je pue, mon corps colle, les quelques traces d'acné que je conserve de mon adolescence sont maltraités par l'acidité de ma transpiration et mes cheveux gouttent ! Mes cheveux gouttent de sueur et ça tombe même sur le sol, c'est pas possible !

Je m'agenouille et finis la tête dans les mains, pleurant et hurlant pour tenter de libérer toute la frustration mêlée de colère que j'accumule depuis déjà plusieurs jours. Je ne sais pas si c'est mon corps qui est trop épuisé pour réussir à intégrer la chorée ou bien si c'est ma mémoire qui a décidé de se mettre à déconner parce que je ne dors plus assez, mais là je suis à bout. Ça m'est déjà arrivé de m'énerver contre moi-même, comme quand je n'arrive pas à retenir une leçon alors que je l'étudie depuis déjà deux heures, mais jamais je n'avais à ce point eu envie de me frapper.

Tout mon corps est douloureux, quand je me relève mes jambes tremblent et lorsque j'essaie de nouveau de danser un peu, je me sens brusquement toute molle et incapable de faire preuve du dynamisme que cette chorégraphie requiert.

Toute ma fureur retombe d'un coup pour laisser place à un profond désespoir et une nouvelle fois, une ribambelle de larmes s'écoulent de mes yeux, filant doucement jusqu'à mon menton pour s'écraser à mes genoux, alors que je suis retombée sur le sol, absolument dépitée.

« J'en peux plus, soufflé-je entre deux sanglots. J'en ai marre d'échouer. Qu'est-ce que je dois faire pour m'améliorer, hein ? »

Une petite voix en moi me chuchote de commencer par me calmer, puis d'essayer de nouveau mais sereinement, et de garder le sourire même quand c'est dur, parce qu'avec le visage ravagé par la peine, je suis vraiment très moche, et ça ne risque pas de m'aider à être motivée pour danser face aux miroirs. Je relève la tête pour observer mon reflet.

« C'est vrai que je suis très laide... »

Ce simple constat me fait sourire ; c'est déjà mieux.

Je me relève, prends quelques minutes pour souffler et sécher mes larmes. Je respire lentement, tendant l'oreille pour essayer de déceler les battements de mon cœur qui tambourine à mes oreilles. Allez Charlie, tu es submergée par l'émotion parce qu'il est affreusement tard et que tu es épuisée, mais songe qu'il n'y a plus qu'un pas à franchir, dès que je ne bloquerai plus sur ces quelques pas, tout rentrera dans l'ordre et je pourrai me reposer jusqu'à la prochaine chorée. La troisième chanson sera sans doute plus douce, plus mélancolique, alors ça rendra probablement la danse plus simple à retenir, le tempo sera plus lent.

Et moi je galèrerai moins.

C'est reparti.

J'enchaîne les essais, encore et encore, je me motive comme je le peux, laissant libre cours à ma frustration quand il le faut afin d'arrêter d'accumuler tout ça en moi, silencieusement. Je risquerais de craquer une nouvelle fois sinon, et je préfère éviter, surtout devant les garçons ou Aly.

Il est deux heures et demie du matin. L'enchaînement est franchement mieux, je fais de moins en moins d'erreurs et il ne reste plus qu'une partie qui me pose problème : le grand écart, mais je n'ai personne pour m'aider pour le coup. De toute façon, j'imagine que lorsqu'on tournera le clip, je leur dirai que c'est peine perdue et qu'il ne faut pas mettre ce moment-là au montage. Je suis sûre qu'ils seront tout à fait d'accord avec moi. Quant à moi, il me faudra travailler d'arrache-pied pour être prête pour le concert et le dance practice. Ça va être catastrophique...

Je décide de me prendre une pause et m'allonge sur le parquet frais dans le fond de la salle ; ça fait du bien. Positionnée comme une étoile de mer, je ferme les yeux et me sens partir peu à peu.

« Non ! Je dois bosser ! »

Je me relève immédiatement, me frotte énergiquement les paupières et vais à l'enceinte pour démarrer la musique (le chorégraphe a encore pensé à moi en la laissant allumée). C'est reparti !

« Ah mais c'est pas vrai ! Pourquoi tout ce que j'apprends part en un quart de seconde de mon esprit ! Pourquoi mon corps et mon cerveau me détestent ! »

Hum, probablement parce que je les ai tous deux maltraités récemment...

« C'est pas une raison ! »

Non mais, faut savoir se faire respecter un peu, merde. Quelle tristesse, je me parle à moi-même. Est-ce que ça signifie que je suis au fond du gouffre ?

Non, pas encore, c'est probablement ça le pire.

Ma partie redémarre et je m'apprête à commencer mes pas quand j'entends la porte s'ouvrir. Je me tourne immédiatement vers l'entrée de la salle, ratant par la même occasion le départ de la chorée, mais je suis bien trop étonnée quand je vois les deux silhouettes qui referment derrière elle avant de me rejoindre : Jin et Tae. Le premier va mettre la musique en pause tandis que le second me saute au cou.

« V, c'est de pire en pire, laisse-moi respirer un peu !

- Mais bébé, je veux être avec toi !

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça... et puis je suis pleine de sueur écarte-toi.

- Non.

- Si !

- Non.

- Bouge !

- Non, répond-t-il encore.

- T'es puéril...

- Non.

- Tu m'aimes ?

- Oui ! »

Et son étreinte se fait plus serrée autour de moi, j'aurais jamais dû demander ça. Je n'en reviens pas, Jin viens le décoller par pitié ! Déjà que je transpire horriblement et que j'ai chaud comme jamais, mais si en plus il se jette sur moi je ne vais pas survivre... Et pourquoi il se sent encore obligé de m'embrasser sur la joue, c'est franchement gênant à la longue !

Lasse et vaincue, plutôt que de continuer le combat, je préfère baisser les armes et le serre moi aussi dans mes bras, lui chuchotant à l'oreille que tôt ou tard j'aurai ma vengeance, mais ça a l'air de le faire rire plutôt qu'autre chose. Et puis mon petit cœur qui ne demande qu'à pleurer est tout content que je serre quelqu'un dans mes bras.

« Qu'est-ce que vous faites ici à cette heure ? demandé-je finalement aux deux garçons tandis qu'il vont déposer leur sac dans le fond de la salle.

- On pourrait te retourner la question, sourit malicieusement Jin.

- Je suis en train de faire un football, c'est pourtant pas évident ? ironisé-je.

- Si bien sûr. D'ailleurs figure-toi que ta sœur est venue me réveiller pour m'en informer, elle a aussi ajouté qu'elle s'inquiétait pour toi.

- Ah, donc c'est Aly qui vous envoie... je suis vraiment désolée qu'elle vous ait réveillé.

- T'inquiète pas pour ça, c'est moi qui lui avais demandé de me prévenir si elle se faisait un jour du souci par rapport à toi. De toute façon il faut aussi que je bosse.

- Et toi V, qu'est-ce que tu fais ici si Aly ne t'a rien dit ?

- Moi ? J'étais en train de faire une partie de Fifa dans ma chambre quand j'ai entendu Jin et Aly. Je suis allé voir ce qu'il se passait et j'ai voulu venir.

- Pour t'amuser à répéter, comme ça, à trois heures du matin ?

- La danse, ça se pratique à toute heure, renchérit-il, en plus j'étais sûr que tu reviendrais t'entraîner, comme hier.

- Fifa aussi ça se pratique à toute heure visiblement, fait remarquer Jin avec un ton dans lequel j'entends poindre le reproche.

- Il faut savoir décompresser mon petit Jin, alors oui, je joue parfois un peu avant d'aller me coucher. »

Je soupire et vais remettre la musique : je ne compte pas passer ma nuit à discuter avec eux, j'ai bien mieux à faire.

« Bon, sourit gentiment Jin, puisque je danse avec toi sur une bonne partie de la chorée, je serai ton partenaire pour le duo que tu fais avec Jimin et V remplacera Jungkook pour les premiers enchaînements, comme ça tu seras dans les mêmes conditions que lorsqu'on est tous les sept avec toi. T'es prêt V ?

- Ouaip. »

Alors c'est parti. Je mets la musique en route et fais taire cette partie de mon cerveau qui me rend timide face à deux danseurs comme eux. Reste calme Charlie, tu ne vas pas te foutre la honte, de toute façon tu es ici pour apprendre, alors si tu te trompes c'est normal et...

« Merde ! » lâché-je agacée.

Pourquoi est-ce que je me concentre sur mes pensées au lieu de prêter attention à la chorée, c'est débile, je ne devrais pas ! Résultat : la partie de Jungkook n'est pas encore terminée que déjà je me plante pitoyablement.

La nuit va être longue...