Chapitre 86

Hier soir j'ai fait une grosse erreur : quand je bosse sur les couvertures de mes prochains OS ou fanfictions, j'ai pour habitude de venir sur Wattpad et de changer la couverture du premier livre qui passe pour voir si les dimensions sont bonnes (parfois c'est un peu rogné sur les côtés et du coup on ne peut plus correctement lire le titre par exemple), ensuite je quitte sans sauvegarder. Hier donc, j'ai voulu cliquer sur "annuler", comme d'habitude, mais manque de bol, mon doigt a glissé sur "enregistré". Bien sûr je m'en suis rendu compte immédiatement et dans la minute qui suivait, l'erreur était réparée. Mais si quelqu'un a vu cette fameuse couverture à la place de l'originale de Songwriter, eh bien tout d'abord qu'il ne se pose plus de questions, c'était juste une grosse erreur de ma part, et ensuite, qu'il sache que le titre ainsi que le design de cette image resteront entre nous, compris ? ^^

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Et c'est parti : des heures et des heures de répétitions entrecoupées de quelques rares et courtes pauses pour boire un coup. Ma sœur ne lâche plus son portrait et puisque Jiana ne viendra plus, je suis dans mon coin à travailler seule les enchaînements. Mais je fatigue et ça redevient très vite lassant d'essayer de répéter la même chorée jours après jours. Je sais bien qu'avec mon niveau déplorable comparé au leur, je dois passer toutes nos séances de danse sur les même trente secondes de chorée, mais qu'est-ce que c'est agaçant, surtout que je passe mon temps à les rater lamentablement. Je suis sûre que quand je les réussirai tout ira mieux, de cette façon je serai beaucoup plus enthousiaste à l'idée de danser.

Je veux dire... c'est toujours plus agréable de faire des choses que l'on sait faire. Genre faire du vélo quand tu ne tiens pas dessus, ça devient agaçant ; s'essayer au funambulisme, ce n'est drôle que si tu as de l'équilibre.

Je soupire bruyamment en retournant vers Aly ; je m'échoue par terre, à ses côtés, mais avant que je n'aie le temps de prononcer le moindre mot, le chorégraphe s'approche et prend la parole :

« Les garçons ont fini d'apprendre leur chorée, je vais réviser avec eux mais je pense que Jimin ferait mieux de travailler avec toi sur le mouvement que vous faites ensemble, qu'est-ce que tu en dis ?

- Oui, merci. »

Ma poitrine continue de se soulever à un rythme désespérément chaotique et je ne peux pas m'empêcher de remarquer qu'il semble plus doux qu'à l'accoutumée ; est-ce qu'il me prendrait en pitié ? Est-ce qu'au contraire il voit et respecte tous les efforts que je fais pour le groupe ? J'espère que c'est la deuxième option, la première est peu flatteuse...

Jimin s'approche quand le chorégraphe lui fait signe. Mon ami me tend à la main et c'est bien le minimum pour que je réussisse à me lever. Le pauvre est dans un état aussi déplorable que le mien, même s'il semble beaucoup moins fatigué : sa peau est brillante d'une transpiration qui accentue l'odeur naturelle de son corps – en bref, pour le coup, il pue – et ses cheveux sont trempés au point que, contrairement aux miens qui sont simplement plaqués à mon crâne, les siens guident des gouttes de sueur jusqu'à son front. Je n'avais jamais vu quelqu'un transpirer autant avant d'arriver ici. Ses joues sont rougies par l'effort et pourtant, son souffle a retrouvé un rythme normal en un temps record.

Ce sont des machines... Des terminators de la danse... Bienvenue dans le monde de la Kpop Charlie.

« Prête Charlie ? sourit-il. Je vais me montrer intransigeant.

- Ça tombe bien, j'en ai besoin.

- Allez courage, tu verras après à quel point tu seras fière de toi.

- Oui, t'as raison.

- Ça c'est la Charlie que j'aime ! »

Son sourire s'étire et il a le réflexe adorable de pencher légèrement la tête de côté, ça me fait fondre. Nous allons tous deux dans un coin de la salle, discrets, et on fait tout l'enchaînement ensemble, face aux miroirs. Au début de la chorégraphie, il est placé un peu à l'arrière et, quand vient son tour de chanter avec moi, il s'avance. À ce moment et comme je connais encore mal la chorée (ça y est je connais les pas par cœur, mais pas encore à vitesse réelle), on doit ralentir. Je vois bien que ça le gêne, notamment pour la fluidité, mais il s'adapte sans rechigner, et je ne peux que le remercier intérieurement, inlassablement, d'être toujours aussi compréhensif avec moi. Le moment du duo vient, on fait tous les deux un pas de côté de sorte à ce qu'on se retrouve en position. Son odeur de transpiration vient piquer mes narines, mais puisque je me dis que la mienne doit probablement être pire encore, je préfère garder le silence. Grand écart, c'est bon, et le moment où il faut se relever... Les mains en avant et je m'appuie sur mon pied.

Putain de réflexes à la con ! Comment ça se gère ce truc ! Dans l'idée, c'est quand même la chose la plus simple du monde de rester immobile pendant qu'il me relève, mais non, mon cerveau a décidé que non, on joue la carte de la sécurité d'abord, alors bim ! Reflexes à la con ! J'en peux plus j'ai envie de me frapper sans rire !

« C'est rien, soupire Jimin quand il voit à mon visage que je suis frustrée. On recommence tout l'enchaînement, comme ça tu l'auras en tête. Pour l'instant, l'important c'est que tu connaisses les pas à vitesse réelle, ensuite on bossera les finitions, d'accord ? »

J'acquiesce en lui rendant le petit sourire qu'il m'adresse. Ce garçon est une perle et je ne sais pas si lui-même est au courant...

Il m'aide donc avec une gentillesse et une patience à toute épreuve, en dépit du fait qu'il comptait au départ se montrer intraitable. Dès qu'il voit que je commence vraiment à m'énerver sur ma chorée, il nous laisse une petite minute de pause pendant laquelle on s'amuse à prendre un selfie pour comparer avec les précédents et voir la régression progressive de notre état physique. Après seulement trois photos je remarque que le rouge de mes joues s'est propagé à tout mon visage et que ma transpiration est beaucoup plus abondante. C'est une idée absolument stupide, mais moi je trouve ça drôle. Quant à l'état de Jimin, c'est assez régulier, faut dire avec mon rythme de travail, j'ai même l'impression que son visage perd sa couleur pourpre. Il ne fait plus assez d'efforts, alors que moi j'en fais comme jamais, la déprime totale...

Un peu avant dix heures du soir, ma sœur s'en va, laissant cependant ici toutes ses affaires... elle va faire quoi ? La danse me retire peu à peu cette question de la tête et j'oublie rapidement tout pour ne me concentrer que sur mes pas. Or après une dizaine de minutes, quand enfin la porte s'ouvre et que je vois Aly revenir, je ne peux pas m'empêcher de regarder ce qu'elle a avec elle et je comprends ce qu'elle voulait, lui adressant un large sourire et un remerciement murmuré qu'elle parvient cependant à lire sur mes lèvres. Jimin la voit aussi et me laisse ma pause pour que je la rejoigne. Ma sœur pose ses deux Tupperware devant elle en reprenant sa place, en tailleur sur le sol, et tire deux fourchettes de sa poche.

« Je nous ai préparé ça rapidement, sourit-elle en me tendant ce qu'il me faut. J'espère que ça te plaira ! »

Je sais d'emblée que ça me plaira puisqu'il n'y a qu'une seule chose qu'Aly sache cuisiner : de la semoule. Elle a aussi trouvé un peu de charcuterie pour l'accompagner ; c'est loin d'être un repas de chef, mais moi j'adore ça, surtout quand je sais pourquoi elle a préparé ça. Elle m'avait bien dit pourtant que puisque je n'aimais pas manger après les entraînements, elle m'apporterait mon dîner ici le plus souvent possible... c'est trop mignon.

Alors que la fin de l'entraînement approche, celui qui s'improvise professeur me laisse cinq minutes de pause exceptionnellement, donc je vais m'écraser en étoile de mer près d'Aly qui ne lève même pas le petit doigt. J'appuie mon front contre le parquet et pousse un long soupir : je veux qu'elle me remarque, j'ai envie de discuter un peu avec elle.

« Si tu savais la chance que tu as de prendre des cours de danse avec Jimin, dit-elle en français sans lever le nez de son dessin.

- Ça je le sais bien, c'est vraiment un garçon admirable.

- Moi je veux surtout dire qu'il est beau gosse, super gentil, ultra sexy, et qu'il te prend dans ses bras musclés pour cette chorée. Tu ne peux pas imaginer à quel point je voudrais être à ta place.

- Jalouse ? La taquiné-je.

- Envieuse, corrigea-t-elle, c'est différent : la jalousie me pousserait à te regarder de travers, l'envie en revanche me fait te regarder avec fierté. »

Oh, trop mignon... Ça y est, je suis remontée à bloc, je peux retourner travailler. Lorsque Jimin me voit revenir alors que ça fait à peine deux minutes que je suis partie à la vitesse d'une limace blessée, il me lance un regard interrogateur et je me contente de sourire et, d'un hochement de tête, lui signifier qu'on peut reprendre.

« Alors allons-y ! »

Son ton enjoué me donne du courage et nous retournons travailler. Plus les minutes et les tentatives passent, plus j'ai de facilités à faire la chorégraphie à vitesse normale ; Jimin a raison, autant que je commence par savoir enchaîner les pas, ensuite on corrigera les petites erreurs. À chaque essai cependant, ce sont les mêmes qui reviennent : des hésitations à tel ou tel moment, moi qui suis trop à droite pour pouvoir rejoindre Jimin en un seul pas, et bien sûr, mes réflexes.

« Bon, conclut Jimin quand le chorégraphe annonce la fin des répétitions, ce n'est pas mal, tu progresses vite maintenant que tu connais les pas et je suis sûr que tu t'amélioreras encore dans les jours à venir.

- Ça, c'est sûr, je réponds en haussant les épaules, en revanche ce qui m'inquiète, c'est qu'on a vraiment peu de temps avant le clip.

- Oui mais pour le clip, on peut faire plein de prise et on n'est pas obligé de faire la chorée d'une façon parfaite dans son intégralité : si on a super bien géré vingt secondes, eh bien seules ces vingt secondes seront gardées, et si sur un autre plan ce sont dix secondes d'une autre partie qu'on a réussi, alors ce sont ces dix secondes qu'on gardera. Ça fait déjà beaucoup moins de pression, non ? »

Il sourit d'une façon rassurante et j'acquiesce en reprenant espoir : il a raison, et j'ai tort de me faire du souci.

« Ah Chimchim, dis-je en levant les yeux au plafond, qu'est-ce que je deviendrais si tu n'étais pas là !

- Ça je me le demande. On doit être des âmes sœurs.

- Probablement. »

Je pose ma main sur son épaule et passe vers lui en riant d'avant de rejoindre ma sœur. Aly regarde les garçons rassembler toutes leurs affaires et fait de même. Elle a déjà vraiment bien avancé sur la coloration, c'est dingue ; elle m'avait confié un jour que le plus long c'est la base du dessin, les contours, mais je ne pensais pas qu'elle serait si rapide : encore quatre ou cinq heures de travail et ça sera largement réglé.

« Jungkook va adorer, lui confié-je avec un ton encourageant.

- Je fais tout pour.

- Et ensuite tu dessineras quoi ?

- Taehyung voudrait que je fasse un portrait de lui, alors je pense qu'après une pause d'un ou deux jours, je m'y mettrai. Je verrai bien comment ça rend, j'aimerais bien y passer moins de temps que sur celui-là pour pouvoir vraiment dessiner tout ce que j'ai toujours voulu immortaliser.

- Comme quoi ?

- Eh bien, hésite-t-elle, je ne sais pas trop, j'ai bien trop d'idées, mais une me tient à cœur... Je voudrais faire un dessin de nous tous ici : vous en train de danser avec toi et Jimin en position sexy...

- En position sexy ? la coupé-je. Qu'est-ce que tu racontes ?

- Juste avant que tu ne fasses ton grand écart, quand ses mains sont sur sa taille, que ton dos est collé à son torse et que tes bras passent autour de sa nuque tandis que tu poses ta tête contre son épaule... c'est carrément sexy. »

Je veux la couper de nouveau mais elle lève son indexe pour m'intimer le silence et reprend :

« Donc, vous deux comme ça, les autres en train de danser à côté avec le chorégraphe près de l'enceinte et moi tout au fond en train de dessiner. Ça serait un dessin fabuleux je trouve, et il témoignerait à jamais de nos présences ici.

- De toute façon, dis-je avec un sourire triste en me rappelant que ma deuxième semaine ici est sur le point de s'achever et de sonner la moitié de mon séjour parmi les BTS, on ne pourra jamais les oublier, même si on n'immortalisait rien. »

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