Chapitre 79

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Je fais volte-face, confuse et le cœur battant ; il est bientôt trois heures du matin, je pensais que tout le monde dormait, surtout les garçons qui ont eu un emploi du temps plutôt chargé aujourd'hui. Je n'ai laissé allumée que la lumière de la cuisine pour ne pas les réveiller car celle du salon risquait de passer sous les portes des chambres, et RM se tient dans ce que je situe entre la lumière et l'obscurité, refermant avec douceur la porte qu'il a ouverte. Il s'approche et je me sens soudain embarrassée, je vais encore lui causer du souci s'il découvre ce que je fais.

« Namjoon ? Je t'ai réveillé ?

- Non j'étais en train d'écrire, mais réponds, qu'est-ce que tu fais ici alors que tu devrais être couchée depuis longtemps ?

- Je... »

Je baisse les yeux sans être capable de finir ma phrase, honteuse de la situation. Quand de nouveau j'ose affronter son regard, je le remarque en train de fixer le sol :

« Et pourquoi t'as enlevé tes chaussettes au juste ? »

Aucune excuse ne me vient en tête alors je reste simplement muette. Curieux, le leader vient côté cuisine et quand il me voit pieds nus, un essuie-tout avec quelques traces de sang dans les mains, il ne lui en faut pas plus pour comprendre.

« Dans quel pétrin t'es encore allée te fourrer ? me demande-t-il dans un soupir las en s'approchant.

- J'y peux rien, grogné-je, entre le fait de bouger et de transpirer, j'ai fini par avoir des coupures sous les pieds.

- Et mettre des pansements ça ne t'est pas venu à l'idée ?

- C'est à la jointure des orteils, je ne peux pas en mettre, ça tiendrait mal. Ça m'est déjà arrivé et au bout d'à peine une heure, avec le fait de bouger, le pansement remonte sur le doigt de pied, donc la plaie n'est plus protégée...

- Bon écoute, vas prendre une douche, ça te fera du bien. Je vais aller chercher Jin, il saura quoi faire.

- Il ne dort pas non plus ?

- Euh si, pourquoi ?

- Tu ne vas quand même pas le réveiller pour ça...

- Écoute, je sais bien que ça ne l'enchantera pas, qu'il n'est pas médecin, mais si c'est moi qui m'en occupe... t'es dans la merde, et je sais que tu ne te soigneras pas correctement toi-même. Et puis c'est le seul qui ne va pas m'assassiner si je le réveille à une heure pareille... »

Je n'ose pas m'opposer à lui et obéis, allant me laver sans réveiller ma sœur, après quoi je passe mon pyjama et retourne au salon. L'eau sur mes pieds m'a piqué à plusieurs reprises, mais ça restait supportable et après m'être douchée, j'ai laissé coulé un peu d'eau froide dessus, ça m'a fait du bien. Jin et RM discutent tout bas et quand j'arrive, le plus vieux m'adresse un regard réconfortant quoiqu'inquiet auquel je réponds par un sourire à travers lequel j'essaie de le rassurer.

« Je peux voir ce que tu t'es fait ?

- Je suis désolée Jin.

- Y a pas de mal, rassure-toi, ce n'est que l'affaire de quelques minutes. »

J'acquiesce sans un mot de plus quand il me fait signe d'approcher. Je m'assois sur le canapé et y étends mes jambes tandis qu'il s'assoit à l'autre bout pour examiner les plaies. Namjoon reste debout, observant les gestes de son aîné quant à moi, j'ai l'impression d'être chez le médecin, je suis un peu embêtée mais je n'ose rien dire, consciente que de toute façon les garçons ne me laisseront pas refuser leur aide. D'un côté ça m'ennuie mais en vérité, ça me touche profondément et je me rends compte que de toute évidence, j'ai besoin d'eux et de l'aide qu'ils m'apportent toujours avec autant de bienveillance, mais aussi de leur indéfectible soutien.

« Putain c'est profond, c'est moche, dit-il en serrant les dents. Tu vas te décider un jour à nous dire quand ça ne va pas ?

- Désolée...

- C'est rien, soupire-t-il en voyant que je me sens coupable, je sais ce que c'est que d'avoir peur de paraître moins fort que les autres. Je vais chercher de quoi désinfecter ça, ensuite je te ferai un pansement, un vrai pas les petits trucs pourris que tu peu acheter en grande surface. On a dans notre salle de bain une petite armoire à pharmacie plus fournie que celle des autres chambres, je vais aller voir si on a ce qu'il faut.

- Merci Jin, c'est vraiment gentil, encore désolée d'avoir dû te réveiller pour ça.

- C'est rien, je te l'ai dit. Bouge pas je reviens. »

Je soupire et renverse la tête en arrière, m'allongeant sur le canapé par la même occasion. Je bouge les doigts de pieds et étouffe un petit gémissement : même ça c'est douloureux. Quand je tourne la tête vers lui, Namjoon me fixe d'un air triste, ça m'ennuie.

« Nam, je sais que je devrais vous en parler mais... mais à chaque fois je me dis que je peux continuer, que si je force je finirai par ne plus rien sentir... jusqu'à ce que j'arrive au moment où j'ai trop forcé. »

Le jeune garçon vient s'asseoir en tailleur par terre, près de moi. Il réfléchit quelques secondes aux mots qu'il s'apprête à employer, laissant un lourd silence s'emparer de la pièce, puis me dit finalement ce que lui a sur le cœur :

« Jin te l'a dit, c'est pas grave. Mais je veux être sûr désormais que si tu as un problème, tu en parleras à l'un de nous. Pas forcément à moi, je sais que ce n'est pas avec moi que tu as le plus d'affinité. Mais parles-en à Jimin ou à V, d'accord. Ils ont l'air un peu naïf comme ça, mais on sait tous les deux qu'ils sont matures et peuvent aussi bien être sérieux et te conseiller. Dis-toi qu'ici, chacun a probablement vécu ce que tu vis, on peut t'aider si t'as un problème, alors au lieu de finir au bord de l'évanouissement avant un concert ou avec les pieds tailladés comme si t'avais marché sur des morceaux de verre, viens nous voir.

- Oui, oui. D'accord.

- Non c'est pas suffisant, je veux être sûr de pouvoir te faire confiance. Tu me le promets ? »

Je souffle et acquiesce, je sais qu'il a besoin que j'en fasse le serment pour être plus tranquille.

« Tu sais que je tiens toujours parole, hein ? plaisanté-je.

- C'est pour ça que je t'ai demandé de me le jurer. »

J'esquisse un petit rire malgré tout et Jin revient peu de temps après. Il pose quelques petites choses sur la table basse : des compresses, des bandages, du sparadrap et du désinfectant. Je grimace en voyant le flacon : j'aime pas quand ça pique...

« T'inquiète, me rassure le plus vieux en voyant mon visage, on a plein de gamins douillets ici, on en a acheté un qui ne piquait pas.

- Sérieux ? »

Pour me le prouver, il imbibe une compresse et tapote mon pied avec. Je serre les dents dans l'optique d'une douleur imminente mais... ça ne pique pas.

« Eh c'est trop cool, il m'en faut ! »

Jin rit silencieusement à ma remarque et allume la lampe du salon pour y voir plus clair que dans la semi-obscurité qui régnait jusque là. Après avoir désinfecté calmement chacune de mes coupures, il en vient au moment le plus délicat. Il prend de petites compresses de gaze qu'il fixe à mes blessures et les fait tenir à l'aide de l'adhésif prévu à cet effet qu'il déchire avec ces dents, après quoi il enroule mon pied à la base de mes orteils dans des bandages afin d'éviter que mes petits orteils meurtris ne bougent trop lorsque j'effectue un mouvement, de cette façon quand les plaies guériront elles ne se rouvriront pas. Jin serre les bandes, si bien que quand j'essaie, je peux à peine bouger les doigts de pieds. Mais sur le coup, le plus âgé a beau faire preuve de délicatesse, le fait de resserrer les bandages appuie légèrement sur toutes les coupures à la fois et je serre les dents pour essayer de contenir les gros mots qui veulent sortir de ma bouche pour aller insulter la douleur.

« T'es du genre à collectionner les ennuis toi, non ? se moque RM et prenant s'approchant quand il s'en aperçoit

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. »

Je souris en dépit de la petite douleur qui me prend quand Seokjin resserre encore un peu le pansement et Namjoon pose sa main sur le dos de la mienne, faisant preuve d'une agréable douceur pour contrebalancer les maux.

« Désolé, s'excuse Jin, mais je préfère que ça soit le plus serré possible pour éviter que tes jointures ne bougent trop quand tu marcheras ou danseras. »

J'acquiesce en serrant les dents malgré tout et quand enfin il termine, j'observe un peu son travail : il ne s'est pas foutu de ma gueule, c'est vraiment bien réalisé. Je remets mes chaussettes par-dessus et m'assois correctement sur le canapé.

« Je les changerai demain matin, les coupures saignent un peu alors je ne préfère pas prendre le risque d'attendre trop avant d'y jeter un nouveau coup d'œil.

- Merci beaucoup. »

Touchée du fait que malgré ses yeux cernés, il a accepté de venir m'aider, je le prends dans mes bras pour le remercier. J'apprécie vraiment tout ce qu'il fait pour ma sœur et moi et malgré tout, il reste toujours humble et discret. D'abord surpris, il me rend finalement mon étreinte et je pose ma tête contre son cou, apaisée de sa tendresse.

« Merci à toi aussi Nam.

- C'est normal, de toute façon je ne dormais pas alors ça ne m'a pas posé de problème. »

En dépit de ce qu'il dit, je me hisse sur la pointe des pieds et abandonne un baiser sur sa joue avant de souhaiter aux deux amis une bonne nuit, m'inclinant légèrement en signe d'un nouveau remerciement. Je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir de leur causer du souci, c'est pour ça que je refusais de leur dire quand je n'allais pas bien : ils ont déjà tellement de choses auxquelles ils doivent penser, je ne veux pas être un poids de plus pour eux. Mais j'ai bien vu ces derniers jours que je leur cause bien plus de soucis quand je ne leur dis rien, et qu'à cause de ça, ils s'inquiètent en permanence pour moi, se demandant si je vais bien ou si je leur cache quelque chose.

Si je dois vivre avec eux pendant encore deux semaines, alors je veux qu'ils puissent me faire confiance, ce qui veut dire que comme je l'ai promis, chaque fois que quelque chose n'ira pas, je devrai prendre mon courage à deux mains et leur en parler. Après des problèmes de nutrition et des coupures au pied, je ne vois pas trop ce qu'il peut m'arriver de plus, le destin s'est quand même déjà bien acharné sur moi (bon je l'admets, j'ai été idiote aussi, mais les choses auraient pu se dérouler autrement).

Je m'installe sous mon drap, sans réveiller Aly qui dort profondément, un air angélique et serein sur le visage. Elle a l'air innocente, enfantine et j'ai l'impression de revenir des années en arrière, quand je m'endormais avec le son de son souffle régulier alors que nous dormions dans la même chambre. J'aimais ces soirs où l'on se couchait tôt pour pouvoir ensuite éteindre la lumière et discuter juste avant de s'endormir. On s'amusait bien, et je pense que c'est parce qu'on dormait ensemble que même étant petites nous n'avons jamais eu peur du noir ou de ce qu'il pouvait se cacher sous nos lit... notamment parce que sous le lit d'Aly il y avait le mien, mais ça ce n'est pas important. Le fait est que notre chambre a toujours représenté à nos yeux un véritable petit cocon, un endroit où nous nous sentions bien et en sécurité.

Après tout, nous n'avons rien à craindre tant que l'autre est avec nous.

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