Chapitre 67

On en parle ou pas de Love Yourself Answer ? Sans rire, ils savent que le repos ça existe ? -_-
Ah, mais vivement le 24 août quand même !
____________________________

Les répétitions s'achèvent à l'heure habituelle et ma sœur vient féliciter le groupe d'une voix embarrassée. Ça lui tient à cœur de les encourager, c'est beau de sa part, surtout si pour ça elle doit surmonter sa timidité.

« Merci beaucoup, » sourit Hoseok.

Il adresse un de ses fameux sourires rayonnants à Aly qui semble tout de suite plus à l'aise tandis que nous quittons la salle après avoir bu quelques gorgées d'eau. La bonne humeur se fait ressentir lorsque nous remontons, car pour la première fois depuis son arrivée, ma sœur fait sa crise de petite fangirl ; par chance c'est toujours assez soft, elle est simplement ultra enthousiaste – chose étonnante quand on sait l'heure qu'il est. Le sourire de J-Hope a été contagieux et elle essaie de se contenir tant bien que mal de parler au jeune homme qui pourtant a plus l'air de l'encourager qu'autre chose : quand elle lui dit à quel point elle aime leur musique, s'exprimant avec une passion certaine, il répond en lui demandant laquelle de leur chanson elle préfère. Elle se frotte le menton, l'air plongée en pleine réflexion.

« Euh... ça compte si je te dis qu'il y en a trop pour que je les énumère ? »

J-Hope sourit et acquiesce, visiblement satisfait de sa répartie.

Quand nous arrivons, je préviens Aly que je vais prendre une douche et qu'elle peut se coucher tout de suite si elle le souhaite.

« Ok, mais avant je vais grignoter un petit truc. »

Après s'être déchaussée, elle fonce à la cuisine fouiller dans le placard que je lui ai indiqué comme étant celui qui contient tout ce que je me suis acheté. Pendant ce temps, je vais tranquillement dans ma chambre, souhaitant une bonne nuit aux garçons.

Après une douche rapide, je sors de la petite salle de bain et me rends compte, un peu étonnée, que ma sœur n'est pas ici. Elle n'est quand même pas encore en train de bouffer, si ? Ou alors elle est allée voir les garçons ; aïe, j'espère qu'elle n'est pas en train de les déranger alors qu'ils ont besoin de sommeil...

J'ouvre la porte de ma chambre et m'apprête à en sortir pour aller la chercher quand je la vois, installée sur le canapé à côté de Taehyung. Ils discutent tout bas pour s'assurer de ne déranger personne et au vu de son expression, elle n'a pas l'air d'être en train de lui parler de sa passion pour la K-pop ou pour eux, elle a un air bien trop sérieux pour ça.

Je les regarde en souriant : ma sœur n'a finalement pas autant de mal que ce que je croyais à s'intégrer ici, du moins ses premières heures à Séoul ont l'air de se passer plutôt bien. Rassurée, je referme la porte et me couche, heureuse de savoir ma sœur avec moi.


Dimanche 24 juin 2018 – 12ème jour

Aly ne connaît visiblement ni la fatigue ni la discrétion : c'est à trois heures du matin qu'elle se décide enfin à se coucher. Comment je le sais ? Tout simplement parce qu'elle est aussi silencieuse qu'un animal qu'on essaierait d'égorger. Je grogne un peu pour lui montrer mon mécontentement mais me rendors aussitôt après. De toute façon, les garçons vont donner un concert aujourd'hui et je n'y participe pas : comme Aly doit sûrement rêver de se trouver en coulisses avec eux, on va les accompagner, alors ça me fera une journée plutôt tranquille.

À mon réveil, Aly dort toujours et puisque je ne souhaite pas la déranger, je vais à pas de loup dans la cuisine. Je remarque que quelqu'un est déjà là, dos à moi, mais ces cheveux blonds platine ne laissent aucun doute à propos de l'identité de celui qui est assis à la table. Je vais m'installer près de Suga après avoir pris deux biscottes dans mon placard et un verre d'eau. Je mange lentement, surprenant à plusieurs reprises les regards du garçon sur moi. Yoongi a l'air de s'être réveillé il y a peu de temps : des cernes sont encore visibles sous ses yeux, il porte un long t-shirt blanc et un short sombre.

« Des biscottes, du Nutella, des croissants et un grand verre de jus d'orange. C'était tes premiers petits-déjeuners ici. Tu ne veux pas juste perdre du poids pour le regard des autres, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demandé-je d'une voix faible et peu assurée.

- Je veux simplement dire que quand quelqu'un fait de tels sacrifices, ce n'est pas pour les autres, c'est à cause des autres : tu as vraiment reçu assez de remarques pour que les autres réussissent à te convaincre que tu étais trop en chaire ? »

Je serre la mâchoire et me pince la lèvre ; mes sourcils se froncent alors que j'ai brusquement envie de lui cracher au visage tout ce qu'on m'a dit depuis plus d'une semaine pour me faire comprendre que même si je le voulais, je ne pourrais jamais pénétrer le monde de la K-pop car je n'ai pas la morphologie adéquate.

« Et maintenant, tu es satisfaite au moins ? Tu vas enfin te décider à envoyer ces emmerdeurs se faire enculer ?

- Le manager, le chorégraphe, ma prof de coréen, et même cette putain de gamine à la con... Ils m'ont tous clairement fait comprendre que mon talent ne comptait pas aux yeux des autres. Je suis fatiguée d'entendre des remarques, de supporter les piques, quand je mange je m'écœure parce que oui, à cause de ces cons, quand je me regarde dans le miroir, ça ne va jamais. Au début j'étais convaincue d'être bien comme j'étais, mais sans arrêt ils m'ont rabaissée, au point que mon avis sur mon corps a changé. Au début, c'était leur regard qui me faisait le plus mal, aujourd'hui c'est le mien. Je déteste ce qu'ils m'ont fait devenir, je m'étais juré de ne jamais devenir comme ça et cette promesse que je m'étais faite me tenait vraiment à cœur, mais à cause d'eux je l'ai brisée. Chaque fois que je passe devant une vitre, devant un miroir, j'essaie de regarder si j'ai changé et en dépit de mes kilos en moins, je continue de ne pas aimer ce que je vois. Je... »

Je veux poursuivre ma phrase quand un sanglot que je réussis à taire rapidement m'interrompt. Fait chier putain !

« Je ne comprends pas comment j'ai pu changer si vite, dis-je en retenant mes larmes, et ce n'est pas seulement parce que je n'aime pas mon corps que je me déteste maintenant, c'est aussi parce que je pense comme les idiots qui se laissent mourir de faim pour leur apparence alors que ça ne sert à rien. Au début, je me disais que ceux qui ne m'aimaient pas à cause de mes formes pouvaient largement aller se faire foutre, mais à chaque fois j'avais droit à une remarque piquante de votre manager, alors oui j'en ai eu marre et j'ai abandonné ce que je m'étais promis parce que mine de rien, les regards et les mots peuvent vraiment faire très mal. Et le pire c'est que maintenant, je ne dois plus seulement me coltiner ceux qui me critiquent, mais il y a aussi tous ceux qui essaient de me convaincre de reprendre du poids et ça c'est terriblement chiant : quoi que je fasse, ça ne va jamais à personne. »

Je regarde la biscotte qu'il me reste et vais la ranger, ravalant toujours comme je le peux mes larmes

« Tu sais quoi, rien que d'y penser ça m'a coupé l'appétit que je n'avais déjà plus. Les malaises sont plus faciles à supporter que les critiques, ils font beaucoup moins de mal. »

Sans oser le regarder en face, je retourne en direction de ma chambre, mais la main de Yoongi qui saisit mon poignet m'en empêche. Je m'immobilise mais ne trouve pas le courage de me retourner pour lui faire face. Je vais encore avoir droit à une leçon de morale et je n'ai franchement pas envie d'entendre des « fais attention à ta santé » ou des « ne les écoute pas ». Comme si je n'avais pas essayé de ne pas les écouter... même si j'avais les oreilles complètement bouchées je les entendrais toujours.

« Viens là idiote. »

Il tire légèrement sur mon poignet, ce qui me fait faire un pas en arrière et au moment où je fais volte-face, il passe ses bras autour de moi et d'une pression sur mon dos, il me fait faire un pas de plus de sorte à ce que je me retrouve blottie contre son torse. Yoongi tactile ? C'est possible ça ? Je veux dire, je n'ai aucun mal à parler avec lui, mais physiquement, c'est quelqu'un de très réservé qui n'aime pas avoir de contacts avec les autres.

« Je sais ce que c'est... »

C'est la seule phrase qu'il prononce, et ces quelques mots, étrangement, me font vraiment chaud au cœur. J'ai l'impression qu'il me comprend, qu'il ne me juge pas, et ça m'a fait un bien fou de lâcher tout ce que je voulais dire. Quand un sanglot me prend, ses mains se mettent à caresser tendrement mon dos et moi, je m'accroche à son t-shirt en fermant autant que je le peux les paupières dans l'espoir de ne pas lui montrer mes larmes : je déteste qu'on voie mes faiblesses et même devant Aly j'ai du mal à pleurer car je n'aime pas qu'elle me sache dans cet état. Il m'arrive de verser quelques larmes, mais jamais de fondre complètement en larmes. La seule fois que ça m'est arrivé ici, ce n'était pas à cause de la peine, c'était la faute de l'angoisse avant le premier concert.

L'étreinte de mon ami me rassure, la chaleur qui s'en dégage me réchauffe le cœur.

« Que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, murmure-t-il à mon oreille, tu es et resteras une très belle personne Charlie.

- Merci Yoongi... »

Je me serre un peu plus contre lui, consciente que je dois vraiment lui faire pitié pour qu'il agisse de la sorte, mais peu importe car j'en ai besoin, j'ai besoin de sentir qu'à côté de toutes ces personnes qui critiquent mes choix, il y a lui, qui se contente de m'écouter et qui, après m'avoir quand même forcé à manger, a finalement compris que j'avais juste besoin de soutien.

« Ça te dirait d'aller t'entraîner un peu au piano ? Les autres ne se lèveront que dans dix minutes et le temps qu'ils mangent, ça nous laisse une bonne demi-heure devant nous. »

J'acquiesce en lâchant un petit « hum », me détachant finalement de lui sans relever les yeux. Il passe devant, redevenu le garçon distant auquel j'ai pourtant appris à m'attacher au fil des jours. Je lui emboîte le pas et nous descendons dans la salle où se trouve l'instrument.

Pendant près de vingt-cinq minutes, mes doigts glissent sur les touches, sous le regard sévère et exigeant de Yoongi qui s'empresse de corriger chacune de mes fautes et s'amuse parfois à accompagner l'air que je joue. Ses doigts fins sont d'une habileté impressionnante et dansent avec grâce sur le piano, reproduisant la moindre musique qu'il a en tête sans mal. La mélodie qu'il joue me fait oublier tout le reste ; il maîtrise parfaitement cet instrument et avec mon niveau proche de celui d'une grande débutante, je me sens un peu honteuse d'être assise sur le même banc que lui.

Et pourtant, ses conseils fonctionnent, car si je ne suis toujours pas capable de jouer des deux mains, je sens déjà les mouvements de ma main gauche qui, même s'ils demeurent hésitants, s'assouplissent peu à peu. Lorsqu'il est environ sept heures et quart, Yoongi m'adresse un sourire et me félicite de mes progrès avant que l'on décide de remonter.

À la cuisine, tout le monde est en train de manger, même Aly qui a les yeux rivés sur son bol et semble très gênée. L'ambiance est timide, pas tendue, et quand nous entrons, toutes les paires d'yeux nous dévisagent avec curiosité.

« On s'entraînait, lâche simplement Yoongi pour mettre fin aux regards interrogateurs.

- Charlie aussi ? s'étonne Jimin. Elle joue du piano ?

- Oui, mais pas encore de la main gauche, avoué-je un peu gênée.

- Oh c'est chouette, alors Yoongi t'aide ?

- C'est ça.

- Il faudra qu'on joue ensemble un jour, sourit le jeune garçon.

- Toi aussi tu joues du piano ?

- Ouaip. Moins bien que Suga, mais disons que je me débrouille.

- Ce serait cool si on jouait un jour tous les deux, dis-je en souriant à mon tour.

- Super ! »

Il semble si enthousiaste que j'aurais presque envie de lui proposer d'y aller tout de suite, mais je n'ose pas. Je me sers un verre d'eau et vais m'asseoir vers ma sœur qui m'adresse un salut enjoué. Les conversations naissent peu à peu et si au début je dois régulièrement traduire pour Aly, les garçons prennent rapidement conscience qu'ils doivent parler moins vite et plus distinctement. Alors que nous nous levons tous de table, RM prend la parole en se tournant vers moi, un air malicieux sur le visage.

« Eh Charlie, j'ai failli oublier : j'ai quelque chose à te montrer, tu peux venir avec moi ? »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top