Chapitre 63

Avec l'arrivée prochaine d'Aly, tout va vraiment bouger de plus en plus vite, hihi, j'ai hâte !

Une fois que vous aurez terminé ce chapitre, vous aurez lu plus de 150 000 mots ; ça me touche toujours autant de voir la poignée de lecteurs fidèles que j'ai. <3

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Quand le chorégraphe nous laisse seuls, je vais m'asseoir un peu et bois. Je me sens toujours aussi pressée de retrouver enfin Aly et je peine de plus en plus à contenir mon impatience ; il faut que je bouge ! Je me remets rapidement à la danse : la combinaison de l'excitation et d'un copieux petit-déjeuner est explosive : je pète le feu !

Je jette des regards réguliers aux garçons et fais souvent des pauses pour éviter malgré tout de me surmener sans m'en rendre compte. Et puis encore une fois, j'ai vite envie de danser autre chose, alors je sors mon MP3 et enchaîne les chansons sur lesquelles je danse comme ça me vient. Je me déhanche sous les regards circonspects des garçons qui, même s'ils comprennent mon euphorie, peinent à ne pas se moquer de moi. Mais c'est comme ça, c'est l'effet qu'a le bonheur sur moi : je deviens une vraie pile électrique, et en prime je deviens dingue (l'important c'est que je m'en rende compte).

Je me sens tirée de mes songes par Jimin qui m'a piqué un écouteur et se met à danser avec moi au rythme de Set It All Free, du film d'animation Sing, chanté par Scarlett Johanson. Cette chanson est trop cool ! Il danse à côté de moi, lui aussi sautillant sur place. Je ris et me mets à chanter ; Jimin me fait rapidement remarquer que la chanteuse et moi avons un peu la même voix et étant donné que j'adore cette actrice et ce film, ça me touche.

Au moment du solo de guitare, nous imitons tous les deux un guitariste complètement taré, c'est absolument délirant, et le portable de Yoongi n'a rien manqué de la scène. On éclate de rire tous les deux sous les regards amusés de nos amis.

Il me rend mon écouteur et retourne s'entraîner avec les autres pendant que je continue de faire l'idiote. Je me moque bien de quoi j'ai l'air : le cœur léger, j'ai l'impression que plus rien ici n'importe, que le monde est aussi rose et mignon que je l'aimerais et que tout va bien.

C'est beau la joie !

Nous remontons à dix heures vingt, nous attardant un peu à la fin de l'entraînement à cause d'un concours d'air guitare engagé par Jimin qui est revenu me piquer un écouteur. Chacun a décidé de participer, simplement pour rigoler et c'est Jin qui a gagné. Mais un prix spécial a été remporté par Yoongi pour son solo pendant lequel il a complètement pété un câble sur sa guitare imaginaire, sûrement influencé par les plus célèbres rockers. C'était très drôle, mais personne n'a pensé à sortir son portable pour filmer ça, c'est con je suis sûre que les fans auraient adoré...

Lorsque nous arrivons à l'appartement, Yoongi file se doucher, son solo de guitare l'a un peu fatigué. Je l'imite, en en profitant pour troquer mes vêtements de sport contre des vêtements de ville bien plus appropriés pour les retrouvailles avec Aly.

Une fois apprêtée un minimum, je sors de la salle de bain en jetant un petit coup d'œil au miroir qui s'y trouve ; c'est vrai que le fait que je perds du poids est de plus en plus visible, c'est impressionnant, par contre je ne sais pas combien de temps je réussirai à me retenir de sauter sur la bouffe... heureusement qu'il ne me reste que deux semaines et demi à passer ici...

Je décide d'aller regarder un film, j'ai besoin de faire quelque chose qui m'apaise et je ne peux pas prendre la guitare de Jin puisqu'il est en train de jouer dans sa chambre – je suis au salon je peux entendre le son de l'instrument. Mais j'ai beau passer en revue toute la collection possédée par les garçons, rien ne me tente et quand je me relève, je ne sais pas pourquoi l'image du piano me vient en tête. Je sors sans prévenir personne (de toute façon je ne pense pas qu'ils s'inquièteront de mon départ étant donné qu'on est assez libres de nos mouvements) et descends d'un étage pour retrouver la salle de danse dans laquelle se trouvait le superbe instrument.

La salle n'étant pas signalée comme occupée, j'y entre rapidement avant de me figer : quelqu'un est déjà sur le piano, et cette tignasse blond platine encore trempée après la douche ne me laisse aucun doute quant à l'identité du pianiste : Yoongi. Je referme la porte doucement et m'approche de lui. Je m'assois un peu à l'écart, je crois qu'il ne m'a pas remarqué.

Il joue vraiment bien : il lit sa partition comme il lirait un livre et ses doigts se promènent habilement le long des touches. Le son est absolument superbe et je ferme les yeux, me laissant porter par la mélodie qu'il a entamée. C'est absolument divin, j'ai l'impression d'être privilégiée, d'avoir l'immense honneur d'assister à une représentation d'un professionnel. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale tant son jeu est puissant et sincère : il aime profondément le piano, ça c'est évident. La musique est magnifique pas seulement parce qu'il joue bien, mais parce qu'il en ressent la moindre note et qu'il s'exprime tout entier dans cette partition, il vit ce qu'il joue et c'est incroyable de voir une telle ardeur. Après une dizaine de minutes que je passe silencieuse, j'entends une fausse note et quand j'ouvre les paupières, je le vois grimacer.

« C'était magnifique quand même, dis-je en me levant.

- Charlie ? »

Il se retourne vivement, l'air étonné mais sans sursauter. Je lui souris et vient me planter à côté du piano.

« Tu joues vraiment bien.

- Dès l'instant où j'ai touché un piano j'ai su que je voulais maîtriser cet instrument, sourit-il en laissant ses doigts effleurer les touches. Il a quelque chose... je ne sais pas, mais il est spécial à mes yeux.

- Je comprends complètement ce que tu veux dire, on voit quand tu joues toute la passion que tu y mets, c'est épatant.

- Merci.

- Tu viens souvent ici ?

- Les matins de temps en temps, quand je veux m'entraîner un peu. »

Ah d'accord, c'était là qu'il venait quand il disait qu'il « s'entraînait » pendant les heures qu'on avait de libres ! Et moi qui me demandais pourquoi il allait danser au lieu de rester paisiblement sur le canapé...

« Et toi qu'est-ce que tu fais ici ? me demande-t-il à son tour.

- Eh bien... je venais jouer aussi. J'ai trouvé cette salle hier et j'espérais jouer un peu encore ce matin... Mais ce n'est rien, continue, tu es mille fois plus doué que moi.

- On pourrait faire un duo, propose Suga en souriant.

- Euh... je ne pense pas non... »

Quand il voit mon air gêné, c'est son regard qui m'interroge et m'incite à poursuivre.

« En fait, j'ai appris seule la guitare et le piano mais pour le piano, je ne peux que jouer d'une main, et je ne suis pas passée par la case solfège, alors je dois avoir les notes sous les yeux pour jouer correctement... ou alors il me faut connaître la partition par cœur.

- Pour le solfège, je peux comprendre que tu bloques un peu, en revanche pour jouer des deux mains, ça je peux y remédier si tu veux.

- Comment ça ?

- Apprendre le solfège, ça ne se fait pas en un claquement de doigt, même avec la meilleure volonté du monde je ne pourrais pas t'aider avec ça, en revanche, en ce qui concerne le fait de jouer aussi bien de la main droite que de la gauche, je pense pouvoir t'aider... enfin, pas au point que tu sois capable de jouer avec tes deux mains d'ici ton départ, mais au moins tu aurais les clés pour t'en sortir seule.

- Ah bon ?

- Oui, c'est juste une question de pratique. Viens. »

Il se place tout au bout du petit banc face au piano et m'invite à prendre place à ses côtés. Je me mets à l'opposé de lui, consciente qu'il n'aime pas beaucoup quand je suis trop proche – je peux comprendre que ça le gêne, et puis ça ne me dérange pas du tout puisqu'il reste quelqu'un que j'aime beaucoup. Il place ses deux mains sur le piano et m'incite à en faire de même, me montrant comment doivent théoriquement se positionner mes doigts.

« Joue quelque chose, n'importe quoi, un truc que t'aimes.

- Mais... juste de la main droite ?

- Pour l'instant oui. »

J'obéis, jouant une ballade dont j'ai retenu les notes. C'est court, à peine une minute, mais j'aime beaucoup cet air. Il me demande de jouer encore et lorsque je recommence, il m'accompagne d'une main, jouant une mélodie de fond qui colle super bien avec celle que je joue. Je termine le morceau et lève les yeux vers lui ; je l'admire profondément, et ça doit se voir un peu trop puisqu'il baisse immédiatement les yeux, embarrassé, et laisse ses doigts courir sur les touches d'ivoire sans appuyer, jouant silencieusement quelque chose que lui seul peut entendre. Il toussote ensuite un peu puis reprend son calme. Cette fois-ci, c'est un regard interrogateur que je lui lance.

« Ce que j'ai joué, c'est super basique, quelques notes qu'on répète en boucle et qui vont bien avec ce genre de musiques. Si tu t'entraînes un peu, tu devrais réussir ça sans mal. Tu n'es pas très douée, dit-il d'un air malicieux, mais je te concède qu'apprendre seule n'est pas quelque chose de simple. »

Il prend son portable dans ses mains et va dans sa messagerie. Je reporte mon regard sur le piano, estimant que ce n'est pas très poli de regarder son écran, même si c'est très certainement pour moi qu'il écrit quelque chose. Quand il finit d'écrire, il me tend son téléphone et m'invite à le prendre. J'obéis et souris en voyant une suite de notes qu'il vient de taper lui-même.

« C'est ce que je viens de jouer. Tu vois, il y a très peu de notes ; il suffit d'adapter le rythme à la mélodie que tu jouais et de répéter cet accord jusqu'à la fin de la musique. Je vais te l'envoyer.

- Merci ! »

Je lui adresse un sourire sincère et il m'envoie cette « partition ». N'ayant pas mon portable sur moi, je dois pour l'instant suivre sur celui de Yoongi qui m'enjoint à essayer de la main gauche. J'obéis docilement et ma main gauche commence à jouer, une note après l'autre, de façon très décousue. Je regarde le téléphone, puis les touches, et de nouveau le téléphone : impossible de jouer d'une traite tant que je ne connaitrai pas le notes par cœur, surtout si je dois jouer deux mélodies en même temps : je ne peux pas lire deux partitions à la fois, même si elles sont simplifiées pour moi.

« Aïe, ça pique les oreilles, rit Suga quand je me trompe. Recommence. »

Il n'y a même pas une vingtaine de notes, ça devrait être facile à retenir. Alors je reprends du début et joue toute la mélodie mais d'une façon beaucoup trop hachée. Je n'arrive pas à positionner mes doigts, j'ai l'impression que ma main est toute raide et refuse strictement de m'obéir. Je n'aime pas ça, ça m'énerve... J'ai l'impression que je ne vais jamais y arriver, car même après une heure, j'ai beau connaître les notes par cœur, mes doigts refusent d'acquérir la même habileté que ceux de mon autre main. Je me doutais bien que ça ne viendrait pas comme ça, d'autant plus quand je sais que ça fait un temps fou que j'essaie, mais je ne veux pas avoir l'impression de faire perdre son temps à Suga. Alors je m'applique autant que possible et même si je n'arrive pas à la musicalité souhaitée, je reste néanmoins capable de jouer un peu plus rapidement qu'il y a une heure. C'est déjà ça... Dommage que mes doigts refusent parfois d'agir, ça fait un petit silence entre deux notes et c'est un peu étrange.

Ainsi, lorsqu'arrive le moment de remonter pour aller déjeuner, je laisse un soupir de frustration m'échapper :

« Je suis désolée, je n'y arrive pas, j'ai beau essayer j'ai l'impression de ne pas contrôler ma main...

- Au contraire, je trouve que tu as fait des progrès rapidement pour ton niveau. Enfin Charlie, je ne suis pas un prof et toi tu as commencé à jouer il y a peu grâce à des tutos sur internet. Bien sûr que je n'allais pas réussir à te faire apprendre à jouer comme une pro aujourd'hui. Mais quand tu en auras le temps, et même quand tu seras rentrée en France, n'hésite pas à jouer cette mélodie, encore et encore, quand tu la maîtriseras tu pourras essayer de jouer des deux mains.

- Ça sera encore plus compliqué si je dois jouer deux choses différentes à la fois, soupiré-je avec un petit rictus.

- C'est tout l'intérêt d'un défi, sinon ça n'est pas drôle.

- Je peux te promettre d'essayer, mais rien de plus.

- C'est tout ce que je voulais entendre. »

Il referme avec un soin infini le couvercle du piano et nous sortons de la salle pour remonter à l'appartement. Il a l'air pensif, presque sombre et ça m'inquiète. Mes yeux cherchent à croiser les siens qui sont posés sur les marches que nous grimpons.

« Oh et au fait, il fallait que je te dise...

- Oui ? demandé-je pour le pousser à continuer.

- Si tu ne finis pas ton plat à midi, tout ce qui restera dans ton assiette finira écrasé sur ton visage, c'est bien compris ? »

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