Chapitre 60
OMG, hier après-midi A.C.E a sorti le dance practice de Take Me Higher, hier soir Umtiti a permis aux bleus d'accéder à la finale de la coupe du monde et ce matin je me lève et je vois que Songwriter a dépassé les 3 500 lectures... Il va me falloir du temps avant de me remettre de toutes ces émotions. *.*
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Je rentre à cinq heures, je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais passé toute l'après-midi dehors, je suis trempée, mais toujours aussi souriante et optimiste qu'à mon arrivée, la timidité en moins. Me retrouver seule avec moi-même m'aide toujours à réfléchir, à faire le point sur ce qui m'est arrivé dernièrement et à en tirer le positif pour continuer d'avancer sans regrets ni remords.
Je vais dans ma chambre et sors mon portable pour contacter Lisa via Skype. J'entre l'identifiant qu'elle m'a indiqué et trouve tout de suite son compte. Je lui envoie un message et attends sa réponse en allant chercher la guitare qui se trouve exactement là où je l'avais déjà trouvée. Je joue quelques morceaux que j'ai appris et que j'ai toujours en tête, puis je joue ma deuxième chanson comme je l'avais fait avec les garçons. Je préfère quand ils chantent avec moi, leurs voix rendent vraiment la chanson beaucoup plus vivante, et je me surprends à penser qu'ils me manquent un peu : oui j'aime le calme, mais là c'est trop calme. Il n'y a ni Tae et ses délires, ni Jimin et sa petite bouille, ni même Suga et son ironie. Et tous les autres...
Arrête de penser à eux Charlie !
Les minutes défilent, le temps passe sans que je ne m'en rende compte aujourd'hui. J'envoie un message à Jimin pour lui demander si tout se passe bien et j'ai rapidement une réponse, en image. Je mets quelques secondes avant de réussir à voir correctement ce qu'il se passe sur la photo : Taehyung est allongé, endormi sur la table basse de la loge, tandis que Jungkook est assoupi sur le canapé et Suga, pas très loin, endormi sur une chaise, les pieds sur une autre pour avoir une position confortable. Une nouvelle photo me parvient : Jin est en pleine conversation avec Yoonsu et Seiji tandis que RM et Hoseok ont leurs écouteurs vissés sur les oreilles et semblent discuter. Un troisième message me parvient : un selfie de Jimin aux côtés d'un adorable petit Suga plongé dans un profond sommeil, puis la même avec V et une de plus avec Jungkook. Je souris comme une mère attendrie devant ses enfants et envoie à mon tour un message, écrit cette fois, pour les encourager.
Je le laisse se reposer et quitte mon téléphone pour aller prendre un bain dans la salle de bain de la chambre que les plus jeunes partagent avec Hoseok, la seule équipée d'une baignoire. J'apporte tout le nécessaire et me fais couler un bain ; il n'est que cinq heures et demi, j'ai tout mon temps devant moi.
J'ai du temps, c'est trop bien !
Je me glisse lentement dans un bain absolument brûlant et soupire de bien-être en sentant la chaleur de l'eau m'envelopper. Tous mes muscles se détendent immédiatement, ça fait un bien fou je ne sais pas si on peut se l'imaginer.
Il faudrait que je leur pique leur salle de bain plus souvent.
Résultat, puisque je sais que je vais pouvoir attendre un bon bout de temps avant de revenir dans cette pièce, je passe près de deux heures dans l'eau, d'autant plus que puisqu'il fait chaud, même quand l'eau devient froide je ne ressens rien ; je reste dans ma bulle de bien-être.
Je me décide à sortir quand j'estime que ma peau est largement assez gorgée d'eau comme ça. Mais du coup je suis un peu ensommeillée et j'ai envie d'aller me coucher avant le retour des garçons, comme ça je serai pleinement performante lors de nos répétitions. C'est come une étoile de mer que je m'étale sur mon lit et immédiatement, Morphée vient capturer mon être.
Je me réveille en sursaut, le souffle court, les larmes aux yeux, sans plus me rappeler ce dont j'ai bien pu cauchemarder pour être dans cet état. Tout ce que je sais, c'est que j'ai horriblement envie de pleurer : j'ai une boule au ventre, la gorge nouée et ma lèvre inférieure tremble. Tout sort brutalement et je fonds complètement en larmes sans rien comprendre à ce qu'il m'arrive. Je me sens super mal, comme si j'avais reçu un coup de poignard dans le cœur ; ça m'arrive très rarement de me réveiller comme ça après un cauchemar, mais parfois ça me le fait. J'ignore de quoi j'ai rêvé, tout ce que je sais, c'est que c'était absolument traumatisant et que je me sens affreusement mal. Parfois je me dis que mon subconscient doit me détester pour me faire subir ce genre de choses...
Je parviens enfin à calmer un minimum mes sanglots juste avant d'entendre la porte d'entrée s'ouvrir. Je file dans la salle de bain avec mes vêtements de sport et lorsque quelqu'un toque à la porte de la chambre, j'indique que je suis en train de me changer. J-Hope me prévient qu'on part s'entraîner dans cinq minutes. Je regarde mon reflet et pose mes mains sur le rebord du lavabo en expirant une grande bouffée d'air pour tenter de me calmer complètement. J'ai les yeux rouges et légèrement gonflés, les joues souillées de larmes et une expression étrange figée sur le visage. Je me passe un rapide coup d'eau pour essayer de me détendre ; ça marche à peu près.
Devant le miroir, j'essuie mes larmes et vérifie qu'il n'y en a plus la moindre trace avant de me rendre au salon, ayant retrouvé mon sourire. Jungkook et Taehyung sont déjà là. Je m'assois à côté du plus jeune qui m'adresse un salut silencieux tandis que Tae me demande ce que j'ai fait de ma journée. Un sourire malicieux prend place sur mon visage quand je réponds :
« Rien. C'était trop cool !
- Petite veinarde, sourit Jungkook.
- J'ai vu que vous aviez bien dormi aussi, le taquiné-je.
- C'est pas pareil, ronchonne-t-il en souriant.
- Oh, mon pauvre petit Kookie, tu veux un câlin ?
- Non... enfin si... »
Il fait un petit visage attristé et je ne résiste pas à le prendre dans mes bras ; ça me fait bizarre puisque nous ne sommes pas très proches dans le sens où on parle peu et malgré tout, à force de le voir tous les jours, je me sens quand même très attachée à lui, probablement parce que nous avons le même âge. C'est quelque chose que je n'explique pas, mais je l'aime bien alors même que nos échanges sont toujours très courts et je n'ai aucun mal à le prendre dans mes bras tandis que lui, je le sens un peu plus tendu, bien qu'il ne me repousse pas. Je m'écarte de lui après quelques secondes et je lui ébouriffe les cheveux jusqu'à ce qu'il attrape ma main pour m'en empêcher.
« Tu vas me le payer ! »
Ses deux mains viennent faire subir à mes cheveux la même chose que j'ai fait subir aux siens et je lâche un petit grognement mécontent en essayant vainement de me protéger tandis que je sens qu'il bousille complètement ma coiffure. J'essaie de protester et de le repousser comme je peux, m'étalant sur le canapé pour l'éloigner avec les pieds puisque je n'ai aucune force dans les bras. Il me lâche pour éviter de me tirer les cheveux (j'en connais un qui ne se serait pas gêné pour me les tirer quand même) et quand ses mains menacent de revenir à la charge, je lui saisis les poignets. Presque à quatre pattes au-dessus de moi, il est sur le point de réussir à atteindre son objectif, une étincelle victorieuse dans le regard, quand Tae me sauve la mise en le tirant en arrière pour lui dire que nous partons.
Je souffle de soulagement et me relève, juste après quoi Namjoon arrive avec Suga et Seokjin. Ouf, je n'avais même pas entendu qu'ils étaient sortis de leur chambre... RM m'aurait tué s'il nous avait vus, j'aurais dû y penser avant de jouer avec Kookie. Nous rejoignons le petit groupe dans l'entrée pendant que V vient passer son bras autour de mes épaules, laissant ensuite sa main me recoiffer vaguement, tout en discutant de la pluie et du beau temps avec Jin. Il me prend vraiment pour son pote... ou son petit frère, ça revient au même. Je le repousse doucement en grommelant que je peux le faire seule. Il m'offre son plus beau sourire et me fait remarquer que c'est catastrophique, que j'ai l'air de m'être réveillé à l'instant. Je lui réponds avec un sourire provocateur que c'est le cas, que je me suis réveillée quand ils sont revenus de leur concert.
« Pff, c'est vraiment pas cool de venir t'en vanter.
- Je sais, mais c'est pas cool de te foutre de ma coiffure.
- Ouais ouais, j'ai compris...
- Tu m'en veux mon petit Taetae ?
- Oui beaucoup...
- Oh, pauvre chou. »
Sous le regard amusé des garçons présents et alors que le jeune garçon m'a tourné le dos, je passe mes bras autour de sa taille et pose mon front contre son dos.
« Tu me pardonnes ? demandé-je avec un air boudeur.
- Mouais, c'est bien parce que c'est toi. »
Je me détache de lui pendant qu'il se retourne pour me faire face et finalement, il m'adresse un petit sourire. La discussion reprend paisiblement entre nous tous et finalement, Hoseok et Jimin arrivent à leur tour. Nous nous rendons tous dans la salle de danse habituelle où le chorégraphe nous attend. Les répétitions débutent et je travaille seule, de mon côté, comme d'habitude. J'y vais tranquille puisque le chorégraphe reste avec les garçons pour les surveiller. Je fatigue rapidement et tout aussi rapidement, nous nous réunissons pour travailler ensemble. Les garçons commencent leur partie et j'intègre la chorée pour la fin. Les premiers essais se passent bien et une heure passe rapidement.
« Allez, on fait ça une dernière fois et vous passerez à autre chose les garçons. »
Nous acquiesçons tous et la musique reprend. Je suis toujours aussi fière d'entendre ma chanson jouée et sublimée par une si belle danse.
Mon tour vient et je m'élance pour prendre ma place quand brutalement, comme la veille, ma vue devient complètement floue. Malgré tout, je me place sans trop de difficulté puisque je sais exactement où je dois me positionner au point que je sais que même les yeux clos je pourrais m'y retrouver. Je commence ma chorégraphie mais de nouveau un coup brutal m'est asséné par mon corps : une fatigue violente me prend et j'ai la tête qui tourne. Par chance, mes mouvements deviennent automatiques et je n'ai plus besoin de contrôler mon corps pour continuer de danser. À part une perte d'équilibre à la fin qui me fait faire un geste de façon approximative, je reste assez satisfaite de ma performance.
« Je peux aller boire ? » demandé-je au chorégraphe qui accepte sans hésiter.
Je le remercie et sors de la salle. Après avoir refermé la porte, je soupire de soulagement et reprend lentement mon souffle avant de me diriger vers les toilettes les plus proches. Or derrière moi, j'entends la porte de la salle s'ouvrir de nouveau et je me retourne pour voir le chorégraphe me faire signe. Je l'attends et il me rejoint, appuyant une main contre le mur dos auquel je me trouve.
« Dis-moi tout Charlie.
- Comment ça ? demandé-je dans un souffle.
- Tu me crois vraiment aussi naïf ? J'ai déjà vu des gens à bout, je sais voir quand ça ne va pas. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es fatiguée ?
- Non c'est pas ça, j'ai eu une journée libre aujourd'hui alors j'ai simplement un peu de mal à me concentrer.
- Arrête Charlie sinon c'est à ton manager que j'en parle.
- Mais je vous assure que ça va.
- Et à quoi est dû ton étourdissement alors selon toi ? »
Je n'ai plus envie de parler : j'ai horriblement chaud, la sueur dégouline à grosse gouttes de mon front et j'ai l'impression que tout tourne autour de moi.
« Charlie, si tu ne me réponds pas honnêtement, je vais en parler aux garçons pour leur demander de te tirer les vers du nez, c'est compris ? Alors réponds-moi : as-tu dormi aujourd'hui ?
- Oui, soufflé-je épuisée, plus que d'habitude d'ailleurs.
- As-tu mangé ? »
Je m'apprête à répondre par l'affirmative quand je me rends compte que dans mon élan aujourd'hui...
« Non.
- À quand remonte ton dernier repas et de quoi était-il constitué ?
- Hier après-midi... un petit gâteau en guise de casse-croûte.
- Charlie es-tu consciente que ce que tu fais est trop dangereux pour toi ?
- Êtes-vous conscient que vous étiez d'accord pour dire que je devais perdre du poids ? susurré-je.
- Pas de cette façon.
- Mais c'est la plus efficace.
- Ton corps ne supportera pas ça très longtemps.
- Je ne laisserai pas tomber... Est-ce que je peux aller boire ? »
Je me laisse peu à peu glisser contre le mur, mes jambes refusant de supporter mon poids plus longtemps. Le chorégraphe passe son bras sous mes épaules et m'aide à me tenir droite.
« S'il vous plaît, je ne veux pas qu'ils sachent... ne leur dites rien. »
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