Chapitre 47

Mercredi 20 juin 2018 – 8ème jour.

Je me réveille complètement détendue et en passant ma main sur ma nuque, je constate avec un sourire que mon coup de soleil m'a définitivement quitté, ça fait du bien : voilà une journée qui commence d'une façon parfaite, d'autant plus qu'après quelques gouttes de pluie cette nuit, le soleil est revenu illuminer Séoul ! Ça me met de bonne humeur tout ça !

Je fais rapidement mon lit et note les quelques idées que j'ai eu de paroles sur mon carnet. Avec l'aide que m'apportent les garçons, je suis certaine que ma prochaine chanson sera bientôt terminée. Je tenais vraiment à ce qu'elle soit parfaite et quand j'y pense, les conseils d'Aly m'ont aussi été particulièrement utiles. Puisqu'il n'est pas encore sept heures du matin, j'essaie d'appeler ma sœur et elle décroche immédiatement. Elle est dans sa chambre, les lumières éteintes et l'air ensommeillé.

« Toi tu devrais être en train de dormir, lui reproché-je gentiment.

- Mais je révise, geint-elle avec une petite moue toute mignonne.

- Donc j'imagine que tu n'as pas le temps pour qu'on discute de mon concert d'hier soir...

- Oh c'est bon j'ai révisé toute l'après-midi de toute façon, dis-moi tout ! »

Et tandis que je le lui raconte de A à Z comment se sont passées les heures précédant mon arrivée sur scène ainsi que le moment où Namjoon m'a enfin montré qui il était vraiment, je vois Aly se lever, prendre son ordinateur portable avec elle et aller se laver les dents puis s'installer confortablement dans son lit. Quand je termine, j'ai l'impression que ses paupières se ferment toutes seules, mais elle a l'air ravie pour moi.

« Je vais te laisser, tu as besoin de sommeil pour être en forme pour ta prochaine épreuve, dis-je avec un sourire attendri.

- T'es chou.

- Dors bien.

- Avec tout ce que tu viens de me raconter, il n'y a absolument aucune raison pour que ça ne soit pas le cas. »

L'appel se termine et je me sens tout à coup un peu vide. L'absence d'Aly me pèse de plus en plus et la voir derrière un écran n'est pas suffisant, je veux pouvoir la prendre dans mes bras quand j'ai envie de pleurer, je veux l'entendre chanter et lui hurler de se la fermer.

On toque à ma porte et je permets au garçon d'entrer. C'est Jin qui ouvre et me demande si je veux venir manger maintenant. J'acquiesce et le suis jusqu'à la cuisine où l'éternel retardataire ne se trouve pas encore.

« Il dort toujours ? demandé-je entre deux bouchées d'une biscotte nature.

- Ouais, répond simplement Jungkook. Si tu veux aller le réveiller, te gêne pas.

- Par contre évite le jus d'orange, ça colle par terre aussi après, grimace Jin.

- T'inquiète, je ne pensais pas à ça. »

Quoique c'était drôle quand même.

Je termine de manger et me lève. Je toque à la porte de la chambre dans laquelle dort V et c'est un gémissement plaintif qui semble me dire « encore cinq minutes, je dors » qui me répond. Je fais signe à Jungkook de venir et sans trop comprendre pourquoi, il me rejoint malgré tout. Je fais entrer dans la chambre un fin trait de lumière qui ne suffit pas à faire émerger Taehyung du sommeil. Il est allongé, dos à nous, nonchalamment étendu par-dessus les couvertures de son lit.

« C'est pour me faire pardonner de t'avoir trahi pour une glace, murmuré-je à Kookie.

- Qu'est-ce que... »

Il n'a pas fini de parler que je pose ma main sur l'épaule de Tae de sorte à le réveiller et, quand il commence à ouvrir les yeux, je lui accorde un large sourire avant de le pousser de son lit comme il l'avait fait pour Jungkook la semaine précédente. Le pauvre tombe sur une pile de vêtements (bah oui, je voulais quand même pas lui faire mal, juste le surprendre) sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Je tends ma main sur le côté et Jungkook m'en tape cinq. Sur son visage, je vois l'air victorieux de quelqu'un qui vient d'avoir sa revanche et ça me fait rire. Tae s'assoit sur ses vêtements et me regarde avec un air ahuri.

« T'as osé faire quoi ?

- Désolée, je devais bien ça à Jungkook, et puis tu l'as mérité, lève-toi à l'heure la prochaine fois.

- Mais je voulais dormir moi... »

Il fait une moue boudeuse et pose son visage contre son lit, l'air dépité, toujours assis sur le sol. Oh, trop mignon, on dirait un petit gamin ! Comment on fait pour qu'un enfant en bas âge vienne prendre son petit-déjeuner ?

« Si tu viens tout de suite c'est moi qui t'offrirai une glace ce midi. »

Dès qu'il comprend ce que je dis, Tae lève des yeux brillants vers moi.

« Je pourrai choisir le parfum ?

- Ouaip, c'est moi qui paie.

- Et Chimchim pourra venir ?

- Oui.

- Merci bébé Charlie ! Je vais manger ! »

Foutu surnom de merde...

Il se rend précipitamment dans la cuisine sous les regards désespérés de Jungkook et moi. Sans rire : de nous deux, c'est vraiment moi le bébé... ?

Nous revenons à la table du petit déjeuner pendant que Tae est en train de demander à Jimin s'il veut nous accompagner ; celui-ci accepte sans hésiter et je demande aux autres si ça les intéresse, mais personne n'a l'air tenté par une glace.

« Moi je veux bien, intervient finalement Namjoon, mais juste pour la promenade, la glace ne m'intéresse pas.

- Comment peux-tu oser proférer de tels mots ? s'étonne Tae. On parle de glaces, là. »

Facepalm ; mon dieu, ce garçon est affligeant...

Le leader hausse les épaules et sourit en voyant mon visage dépité. Je suis sûre qu'il ne vient pas pour se promener, du moins pas uniquement. Depuis hier, j'ai l'impression qu'il essaie de se faire pardonner de m'avoir jugé avant de me connaître, alors même qu'il est déjà tout excusé. Je ne veux pas qu'il ait l'impression de me devoir quoi que ce soit.

Nous nous revêtons tous nos survêtements et les garçons m'informent que ce matin, ils vont passer dans la salle de sport qui se trouve au même étage que les studios d'enregistrement. C'est impressionnant comme cet endroit regroupe tout le nécessaire pour que les garçons puissent y passer leurs journées. Je décide de les accompagner : un peu de sport ne peut pas me faire de mal, loin de là, et puis pour une fois que je vais pouvoir faire autre chose que de la danse, autant en profiter vraiment.

Or, à huit heures, alors que nous sommes tous en train de chausser nos baskets, la porte s'ouvre – manquant par la même occasion de faire tomber Jimin qui s'y appuyait pour faire son lacet – et le manager entre en s'excusant auprès du jeune homme.

« Charlie, reprend-t-il rapidement, je peux te parler ?

- Euh... oui bien sûr. »

Je n'aime pas son ton, pas du tout, du tout, du tout. Je lance un regard aux garçons qui semblent m'encourager à le suivre ; nous allons à la cuisine pendant que les autres partent. Je propose un verre d'eau à l'homme qui accepte et attend d'avoir bu quelques gorgées avant de me dire la raison de sa visite, bien que je la connaisse déjà.

« Le concert était satisfaisant Charlie, les ARMY t'apprécient et tu te débrouilles bien sur scène. »

Ne hurle pas Charlie, ne hurle pas. Ah c'est trop cool ! Un sourire comme j'en ai rarement fait prend place sur mes lèvres pendant qu'il poursuit :

« Tu as déjà signé pour les trois concerts le jour où je t'avais proposé de te joindre aux garçons, donc côté paperasse, on est bons, mais je tenais simplement à te proposer autre chose, rien d'extraordinaire, mais ça pourrait te plaire.

- Ah bon ? demandé-je, ma curiosité ayant été piquée au vif.

- Je ne t'avais pas prévenu avant puisqu'il était prévu à l'origine que tu ne viennes pas mais... Demain les garçons vont participer à un show avec de nombreux autres groupes qui sont sur Séoul en ce moment. Tu ne chanteras pas, ça n'était pas prévu et il était trop tard quand j'ai demandé si tu pouvais participer, mais les garçons vont chanter ta chanson et je me disais que ça pourrait te plaire de venir, d'autant plus que tu pourrais prendre la parole pour montrer à quel point tu apprécies les ARMY coréennes qui te soutiennent. Le simple fait que tu parles leur langue les touchera et je pense que c'est une bonne opération de communication.

- Évidemment, acquiescé-je, bien sûr que je veux venir, ça serait génial ! »

Je n'arrive plus à dissimuler mon enthousiasme et je peine à me retenir d'hurler de joie : tant de bonnes nouvelles dans la matinée, ça ne peut que présager une merveilleuse journée ! Ça va être génial de participer à un concert avec d'autres groupes, il faudra que j'en parle à Aly ! Je vais donner mon maximum pour tâcher de leur prouver qu'ils peuvent être fiers de ce qu'ils m'ont permis de devenir !

« Allez, au travail. »

J'acquiesce et fonce rejoindre les autres. À peine sortie, je vois Suga m'attendre près des escaliers et, quand je lui demande ce qu'il fait là, il me répond qu'il s'est porté volontaire pour m'attendre puisque je ne sais pas où se trouve la salle de sport.

« Ça cache quelque chose, dis-je avec méfiance. Pourquoi tu m'as attendu, en vrai ?

- Parce que ça me fait un peu de sport en moins. »

Tout ça pour même pas cinq minutes d'efforts en moins ? Même moi je n'ai jamais été aussi fainéante, je m'incline. Je me demande vraiment ce qu'il fait dans un groupe de K-pop, lui qui semble avoir pour unique but dans la vie de dormir... quoique quand il écrit, ce qu'il produit est génial et sur scène, il met le feu. Paradoxal...

Je le talonne jusqu'à ce que nous arrivions devant la salle de sport. Il me laisse entrer en premier et je découvre une pièce qui, si elle est relativement petite par rapport à ce que j'avais imaginé, offre cependant une dizaine d'activités différentes. Tandis que Jungkook soulève des poids, allongé sur un appareil, Tae et Jin discutent tranquillement en marchant sur un tapis de course. Hoseok et Jimin font un concours de tractions et Namjoon s'entraîne avec des haltères.

« On n'a pas très souvent l'occasion de venir ici, me glisse Yoongi, surtout quand on est aussi occupés qu'en ce moment, mais malgré tout on essaie de passer quand on le peut. »

Je hoche lentement la tête et le jeune homme me propose de m'entraîner avec lui.

« Ça dépend, je réponds un peu perplexe, tu comptes faire quoi ? »

Il va au fond de la petite salle, près d'un coffre d'où il sort deux tapis roulés sur eux-mêmes et maintenus ainsi par de larges élastiques. Il me les montre fièrement et, revenant à moi, il m'en tend un :

« Du yoga. »

Dubitative, j'accepte, au moins mes muscles ne souffriront pas plus qu'ils ne souffrent déjà. Nous nous installons dans un coin où nos tapis ne dérangent pas et Yoongi me dit de bien suivre chacun de ses mouvements et surtout, de penser à bien respirer. Je ne l'imaginais pas aussi calme, ni même capable de donner un cours de yoga pour débutant.

Pendant plusieurs minutes, nous enchaînons des exercices de souplesse que j'effectue sans difficulté. Yoongi a l'air complètement détendu et sa voix grave et douce me berce, comme s'il essayait de m'apaiser rien que par les mots. Je me sens plus légère, plus apaisée. Ça marche bien, j'ai l'impression que mes muscles sont échauffés et que je pourrais très bien aller courir un dix kilomètres après ça !

Nous revenons à notre positon de départ, debout, pour enchaîner avec d'autres exercices :

« Maintenant, on va venir toucher ses pieds, les jambes tendues. »

Je l'imite, après quoi nous plions nos genoux, accroupis. Nous nous asseyons en position du lotus et restons ainsi quelques secondes avant qu'on ne bouge de nouveau : nous tendons nos jambes devant nous, toujours assis et...

« Et tu ramènes le dos contre le tapis, les bras le long du corps. Ça s'appelle la position du cadavre. »

J'aurais dû m'en douteur : voilà Yoongi allongé sur le dos et respirant sereinement. Je me suis faite avoir comme une idiote, c'était pourtant évident que Yoongi et un tapis de yoga, ça ne voulait dire qu'une chose : sieste. Je comprends pourquoi il aime bien venir « s'entraîner » ici...

« Tu t'es moqué de moi en fait, soupiré-je en m'allongeant à mon tour.

- Non, je t'assure, rit-il en conservant malgré tout une voix calme, cette position existe vraiment.

- Ah, tu m'en vois rassurée... »

Je lève les yeux mais finalement, je décide de les fermer à mon tour. Il n'a pas tort, à bien y réfléchir : ça fait du bien, et puis c'est drôle d'entendre les garçons souffler, épuisés, à côté de nous, pendant qu'on est en plein yoga. Aucun ne nous fait la moindre remarque, mais je suis convaincue qu'ils sont jaloux de notre paix intérieure. On va dire qu'on médite, ça nous fera une tentative d'excuse si le manager nous surprend à dormir ici.

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