Chapitre 30
Déjà trente chapitres... comme le temps passe vite. ^^
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Je reste quelques secondes sans réagir face à son message. Je crois que je ne réalise pas très bien ce qu'il se passe... Je tape juste une réponse rapide :
« T'es sérieuse ?
- Qui que soit la personne qui t'a écrit ce commentaire, affirme Aly, elle connaissait la chanson avant sa sortie, et plus encore : elle savait qu'il s'agissait de ta chanson. Comme le commentaire a été rédigé en anglais, je pense que c'est quelqu'un de la société Big Hit qui te l'a laissé : un producteur, voire un manager, ou peut-être quelqu'un d'autre je n'en sais rien. Sinon je ne vois pas du tout comment quelqu'un aurait pu écouter la chanson, elle était encore inconnue du public à cette heure.
- Non mais c'est une blague, j'écris en fronçant les sourcils. Tu veux dire que quelqu'un a essayé de me prévenir que ma chanson allait être plagiée ? O_o
- Prévenir, c'est un bien grand mot, je crois que la personne qui a écrit n'a pas fait attention à l'heure puisque c'est marqué « J'ai vu que ta chanson a été plagiée par un groupe coréen, tu devrais contacter leurs producteurs ». C'est écrit au passé, comme si la chanson était déjà sortie à cette heure, c'est pour ça que ça ne m'a pas étonné quand on l'a vu pour la première fois. L'auteur de ce commentaire a sûrement pensé que ce n'était pas grave et qu'il fallait te le dire le plus tôt possible, je ne sais pas... »
Je vais sur internet vérifier les dires d'Aly : sur mon blog, je retrouve sans mal le commentaire et regarde à mon tour la date et l'heure. C'est bien le bon jour, Aly ne s'est pas trompé, je n'oublierai jamais la date à laquelle j'ai découvert que ma chanson avait été plagiée. Quant à l'heure, Aly a une nouvelle fois raison : il était deux heures trente-sept en France quand le commentaire a été publié.
C'est vraiment trop bizarre cette histoire.
« Je préfère ne pas en parler au groupe, j'écris de nouveau, j'ai l'impression qu'ils sont déjà assez sous pression en ce moment sans que j'en rajoute avec ça.
- Ah bon tu crois ?
- Ouais, leurs journées ont vraiment l'air de les épuiser et je pense que comme je suis auprès d'eux, ils essaient de le cacher. Et puis pour être honnête, je ne pense pas que ça soit très grave cette histoire.
- Sérieux ? s'étonne ma sœur. Tu veux même pas savoir qui a publié ça ?
- Si bien sûr, mais pour l'instant, ce n'est pas ma priorité, je te rappelle que j'ai un clip à tourner aujourd'hui moi, et on va devoir essayer de tout boucler en une journée, ça va être mission impossible. XD
- Ah ouais je comprends, bonne chance à toi en tous cas, tu vas en avoir besoin, sois courageuse ! ^^
- Merci, passe une bonne journée.
- Toi aussi ! »
Je range mon téléphone dans ma poche alors que nous ne sommes plus très loin de notre destination. Tae, qui n'a pas osé me taquiner pendant que j'étais sur mon portable – du moins, il a essayé les deux premières minutes, et quand je lui ai envoyé un léger coup de coude dans les côtes en lui disant que c'était très important, il a fait une petite moue et a préféré regarder par la fenêtre le reste du trajet. Je m'en suis un peu voulu sur le coup, alors lorsque j'en ai fini avec cette conversation silencieuse, j'en profite pour tirer doucement une de ses mèches de cheveux. Il se tourne vers moi, l'air interrogateur, et je lui tire la langue.
« C'est bon j'en ai fini avec mon téléphone, dis-je simplement pour lui faire comprendre que sa compagnie me plaît malgré sa tendance très prononcée à être un emmerdeur.
- Tu parlais avec qui ?
- Ma sœur.
- Et de quoi ?
- De ma chanson, tout simplement.
- Tu lui a parlé de moi ?
- Tu sais bien que c'est mon sujet de conversation préféré, ironisé-je sans manquer de lever les yeux sur le plafond de la voiture.
- Bah oui je suis bête, t'as raison. »
En entendant notre conversation, Jimin arque un sourcil et me lance un regard dépité.
« Et en plus tu l'encourages dans sa connerie, soupire-t-il à mon intention.
- Elle dit simplement la stricte vérité, riposte Tae. Quoi ? Je ne suis pas ton sujet de conversation favori Chimchim ? »
Le regard de Jimin se promène entre V et moi à plusieurs reprises avant de se fixer de nouveau sur son ami, dont le surnom est presque aussi mignon que le visage.
« Si, si Tae, j'adore parler de toi où que j'aille, souffle-t-il vaincu.
- Je le savais. »
Un immense sourire rectangulaire étire les lèvres du jeune garçon qui se redresse fièrement sur son siège. Sur sa lancée, Tae tapote l'épaule de celui assis devant lui, Jin, et l'interroge à propos de la personne dont il préfère parler, certain qu'ayant entendu la conversation, Jin allait lui dire que c'était son jeune camarade, bien sûr.
« Hum, réfléchit Seokjin. Je crois que celui dont je préfère parler... c'est moi... »
Non mais quel narcissisme... J'échange avec mes deux voisins un regard désespéré et même Jungkook, qui semblait profondément endormi, relève la tête avant de la hocher lentement de gauche à droite, l'air aussi découragé que nous. Malgré tout, il faut que je me pince les lèvres pour éviter de sourire, de toute façon il fallait s'y attendre à cette réponse.
Nous arrivons rapidement au lieu où nous allons tourner le clip : un endroit plein de verdure, une large prairie entourée d'une forêt qui, si elle est petite, me semble particulièrement dense. On dirait presque que les arbres poussent les uns sur les autres. Au loin, je discerne un bâtiment mais je ne sais pas ce dont il s'agit. Une décharge électrique parcourt tout mon corps quand je réalise que je vais apparaître dans le clip, mais quelque chose me dit que ça sera loin d'être une pure partie de plaisir.
Après être sortis du van – non sans difficulté (en même temps, si Tae n'avait pas poussé Jimin et moi pour sortir le premier alors qu'il était assis à l'opposé de la porte coulissante, ça aurait été plus simple) –, nous nous rendons auprès des techniciens qui ont déjà installé la majeure partie du matériel nécessaire. Un bon paquet de personnes s'activent comme de braves fourmis pour faire fonctionner tout ce petit bazar. Le manager et le chorégraphe, installés dans une voiture partie quelques minutes à peine avant la nôtre, discutent un peu à l'écart et, quand ils nous voient arriver, ils nous rejoignent rapidement.
« Pas de temps à perdre aujourd'hui, indique le manager, on va commencer par les plans de vous séparés, on enchaînera avec les plans de la chorée et on terminera avec les plans de groupe. On sera toute la journée ici mais il y a une cascade un peu plus loin ; comme le temps s'y prête bien, on y tournera sûrement plusieurs images. Compris ?
- Compris, affirme le leader.
- Parfait. Namjoon, on commencera par tes plans. Suga, les tiens se tourneront un peu plus loin, donc vous pouvez bosser en même temps, ça va nous permettre d'avancer bien plus vite. Les autres, on viendra vous chercher quand ce sera votre tour, vous pourrez en profiter pour vous reposer. »
Le manager nous adresse un regard bienveillant et nous nous rendons tous, suivant ses ordres qu'il donne ensuite, auprès de maquilleuses et de coiffeurs installés dans le bâtiment que j'avais aperçu et qui me semble être une ancienne ferme restaurée sous forme de large hangar. La structure est en bois et est aussi longue et large que haute ; j'ai l'impression que si je parlais, je pourrais entendre l'écho de ma voix. Trois cabines ont été aménagées pour qu'on puisse se changer chacun notre tour, un peu plus loin au fond de la pièce. À droite de l'entrée s'étirent des tables face à des miroirs, pour la coiffure et le maquillage, et à gauche, il y a un véritable arsenal d'électronique ; tout ce qui n'est pas utile pour l'instant y a été stocké. L'équipe s'active et j'ai l'impression d'être complètement perdue au milieu d'un raz-de-marée de personnes qui me sont absolument inconnues mais aux mains desquels je vais me trouver dans les deux heures qui viennent.
Nous allons d'abord nous changer et je reçois un paquet de vêtements des mains d'une jeune femme à l'air doux. Je la remercie d'un hochement de tête en souriant et me rends dans une cabine en premier. C'est absolument dingue, je crois que ça devient tellement fou, toute cette histoire, que je ne réalise même plus que non, ce n'est pas normal pour moi d'être ici, en périphérie de Séoul, en train de me changer avant d'aller me faire préparer pour tourner dans le clip de stars internationales pour qui j'ai écrit une chanson.
Je ne fais même pas attention à ce que je mets, bien trop plongée dans mes pensées, avant de sortir et de me retrouver face à un miroir posé non loin et...
« What ! m'exclamé-je. Pourquoi je suis déguisée comme ça ? C'est absolument ridicule ! »
Mon cri ne passe pas inaperçu, loin de là, et les quelques garçons restés à attendre une cabine (enfin, cabine est un bien grand mot puisqu'il s'agit de rideaux tenus par une structure métallique, mais ça a la forme d'une cabine, alors ça revient au même... on va dire) me regardent avec étonnement. Non mais quelle idée ? Depuis quand le style « petite étudiante de manga » me sied-t-il ? J'ai l'air absolument ridicule dans cette jupette bleu foncé ultra courte avec une chemise blanche beaucoup trop étriquée et un blazer de la même couleur que ma jupe qui en plus me tient bien trop chaud. Et puis ces chaussures pourries, on en parle ? Mes yeux rencontrent ceux de Suga à qui je lance un appel à l'aide muet. Il me toise de haut en bas, et ça ne fait aucun doute que lui aussi trouve cet ensemble absolument risible sur moi ; il est sur le point de s'esclaffer.
Ciel, j'ai envie de mourir.
« Charlie tu sors ça d'où ? me demande Taehyung qui vient juste de ressortir de sa cabine.
- Eh c'est pas juste ! lancé-je. Pourquoi lui il peut être habillé normalement et pas moi ? »
C'est vrai ça, lui il a une tenue trop cool : des baskets de ville en cuir noir, un slim troué bleu pâle, un t-shirt bleu nuit tout simple par-dessus lequel il porte une chemise à manches courtes noire dont la petite poche au niveau de son pectoral gauche comporte deux chaînettes argentée et, en plus de ça, il a autour du cou un collier composé d'une ficelle noire et d'un pendentif argenté en forme de note de musique. Je remarque également trois bagues à ses doigts, mais n'y fais pas spécialement attention, furieuse d'avoir à porter ce... truc moche, alors que les autres ont droit à des tenues similaires à celles qu'ils pourraient porter tous les jours.
Quand il me voit à son tour, la première réaction d'Hoseok, c'est de se foutre de ma gueule à gorge déployée, contrairement à Suga qui, lui, a au moins eu la sympathie de se retenir de pouffer.
« Eh Charlie, tu vas au lycée comme ça ?
- C'est même pas drôle. T'as pas fini de te foutre de moi ?
- Attends, articule-t-il entre deux éclats de rire, encore juste une minute. »
Je pince mes lèvres entre mes dents pour éviter de me jeter sur lui. Je suis horriblement jalouse de son jean et de sa veste en cuir sombre. Je préfèrerai à l'instant être habillée comme un mec plutôt que de me retrouver dans cet accoutrement. Mes exclamations indignées ne dérangent absolument aucun membre du personnel, j'ai l'impression d'être totalement invisible.
« Tae c'est pas possible, regarde ce qu'ils me font porter ! Aide-moi, merde !
- Charlie, pas de grossièretés, me reproche-t-il avec un sourire moqueur. C'est vrai que c'est pas possible, je ne sais pas qui a eu cette idée, mais il s'est largement trompé, c'est même étonnant que qui que soit ait permis ça. Tu n'es pas faite pour porter ce genre de vêtement, grimace-t-il en me détaillant du regard, c'est bien trop loin de ton style...
- Ah, merci de le reconnaître ! Mais je fais quoi moi ?
- Attends viens, on va aller en parler aux habilleurs, ils doivent être dans le coin. Hoseok, Yoongi, vous venez au lieu de vous moquer d'elle. »
Yoongi fait « non » de la tête et Hoseok est toujours plié en deux, alors nous nous éloignons sans plus attendre sinon je risque de commettre un crime. Merci mon dieu, Tae sait qui sont les habilleurs. Moi je n'ai même pas retenu le visage de la personne qui m'a remis ma pile de vêtements... Nous arrivons devant un petit groupe de personnes en train de discuter. Quand elles nous remarquent, Tae prend la parole.
« On a un problème question habillage, commence-t-il. On trouve que les tenues contrastent trop, ça va pas le faire si on doit tourner des plans à plusieurs, et surtout pour la chorée, elle sera devant, mieux vaut que ses habits soient en accord avec les nôtres, non ? »
Bonne argumentation, il a définitivement gagné mon respect sur ce coup-là. Pitié, qu'on me donne des vêtements décents...
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