Chapitre 20
Déjà 20 chapitres et plus de 400 vues, un immense merci à tous ceux qui suivent les péripéties de Charlie et laissent des votes et des commentaires, ça me fait super plaisir ! <3
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Samna s'en va avec une vingtaine de minutes d'avance : je vais me changer et, après avoir laissé un message aux garçons sur un papier pour leur dire que je suis dans une des salles de danse s'ils me cherchent. Je m'en vais en me doutant que comme d'habitude, ils ne me chercheront pas de toute façon...
Je me rends dans une salle dans laquelle je n'étais pas encore allée. Quand j'entre, je découvre un petit couloir d'à peine trois ou quatre mètres qui mène jusqu'à l'espace de danse. Ce n'est pas très grand, mais pour moi seule ça suffit. Quand je vais pour connecter mon téléphone à l'enceinte, je reste comme une idiote devant la grosse machine que je suis absolument incapable d'allumer. Sur l'autre c'était marqué sur un gros bouton où appuyer pour l'allumer, sur celle-là je ne le trouve pas... En plus j'ai peur d'appuyer quelque part où il ne faut pas et de causer une catastrophe.
Bon finalement je vais mettre mes écouteurs...
Je commence avec une petite demi-heure de corde (avec les portable dans la main puisque j'ai mes écouteurs ; oui c'est possible, oui c'est chiant), jusqu'à ce que la chanson qui passe soit la mienne. À force de voir les garçons répéter encore et encore les pas de la chorégraphie, je commence à connaître ceux du refrain, alors dès qu'il est sur le point de commencer, je jette ma corde sur le côté et, les yeux rivés sur le miroir devant moi, je commence à reproduire chacun des pas de la chorée que je connais, chantant en même temps les paroles pour conserver le bon rythme. Au deuxième couplet, j'invente complètement ma propre chorée, avec bonus grand écart facial puis le refrain revient, suivi de la transition vers le troisième refrain, dont la chorégraphie diffère un peu du deuxième, mais dont j'ai pu retenir l'essentiel. Je me penche sur la gauche et, après un geste de la main, m'apprête à faire le mouvement qui suit, quand je m'immobilise brusquement et arrête de chanter, mon visage prenant une teinte qui, je crois, doit être à mi-chemin entre le cramoisi et le pourpre : pendant toute la chorégraphie j'ai fait face au miroir, ou bien je me suis tourné sur ma droite, autrement dit vers le mur. Il n'y a qu'à l'instant que j'ai dû me tourner vers la porte, à gauche.
Du coup ça fait longtemps qu'ils me regardent danser, les sept idiots, avec leur sourire béat ?
Beaucoup trop honteuse pour attendre qu'ils disent quoi que ce soit, je vais prendre ma corde et fonce, fendant le petit groupe pour retourner, la tête basse, à l'appartement. Je déteste qu'on me voie danser ou qu'on m'entende chanter, et à case de cette foutue enceinte j'ai dû garder mes écouteurs et bien sûr, quand je me mets une chanson que j'aime et que j'ai mes écouteurs, j'ai tendance à monter le son pour être vraiment possédée par la chanson, et je n'entends plus rien de ce qu'il se passe autour, pas même une porte qui s'ouvre ou sept personnes qui s'approchent dans l'ombre d'un couloir. Si seulement il n'y avait pas eu ce foutu couloir ! J'aurais au moins pu les voir dans le miroir !
Je me suis trop ridiculisée, quelle honte !
À peine arrivée dans l'appartement, je fonce m'enfermer dans ma chambre. Je me douche et me change, entendant au passage que les garçons sont rentrés eux aussi. Pourquoi est-ce qu'il fallait qu'ils me cherchent aujourd'hui en particulier ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'ils voulaient me dire ? Ils ne sont quand même pas venus juste pour taper la discuter en mode tranquille, ça ne leur ressemble pas.
Je laisse un message à Aly sur Skype.
« Ils m'ont surprise en train de danser et de chanter... Aly, je vais mourir de honte. -_- »
S'il y a bien quelque chose que je déteste, c'est qu'on me surprenne pendant que je suis dans mon monde. Ma réalité et la réalité n'ont rien à faire ensemble et là, elles se sont rencontrées d'une façon beaucoup trop brutale. Mais il va bien falloir que je sorte de ma chambre un jour ou l'autre, je vais faire comme s'il ne s'était rien passé et on verra bien. En plus il est bientôt midi et j'ai la dalle.
Le premier qui se fout de ma gueule, je lui explose sa bouille d'ange...
Bon j'avoue, je ne pourrais jamais faire ça, ils sont bien trop adorables. Je suis faible.
Quand je sors je vois Hoseok affairé en cuisine. Il fait du poisson, ça se sent ; je me joins à lui pour préparer mon propre repas, des pâtes. J'ai la flemme de me cuisiner de la viande, alors ce sera juste pâtes avec du gruyère râpé. Je m'en fais une bonne tournée, et quand c'est chaud et que je vide presque le petit paquet sur mes pâtes, le gruyère fond immédiatement, parfumant fortement la pièce. À peine quelques minutes après, nous sommes tous de nouveau réunis autour de la table. J-Hope a la gentillesse de me proposer un peu de poisson, mais je décline : je n'aime pas le poisson.
Après m'être très largement goinfrée, avec en dessert une glace achetée la veille, j'aide Jungkook à débarrasser et retourne à ma chambre. Je n'aime pas qu'il pleuve, ça rend tout de suite la journée plus morne. Par chance, entendre les sept garçons discuter joyeusement et rire dans le salon me met de bonne humeur, et je me rappelle ce que je devais faire.
Je retourne moi aussi au salon et cherche Suga : Jimin, Kookie et V sont devant la console, Hoseok, Jin et Namjoon sont à la table de la cuisine, en train de discuter sans que je puisse les entendre et, quand ils me voient, ils me lancent un regard interrogateur.
« Je cherche Yoongi, est-ce que vous savez où il est ?
- Sûrement dans sa chambre, indique Jin.
- C'est laquelle ?
- Porte de gauche.
- Merci. »
Je ne suis encore jamais entrée dans les chambres des garçons. J'imagine que ça doit à peu près ressembler à celle de Namjoon et Jungkook. Je pousse la porte de droit et découvre une chambre aussi grande que celle dans laquelle je dors. La décoration est beaucoup moins chargée en revanche il y a beaucoup de babioles par-ci par-là, mais c'est plus... rangé, et surtout, ça saute beaucoup moins aux yeux. Deux lits reposent au fond de la pièce et un lit de camp a été installé sur le sol. J'imagine que c'est à cause de ma présence ici... J'espère que les deux garçons forcés de quitter leur chambre ne dorment pas trop mal là-dessus, je m'en voudrais.
Suga est assis en tailleur sur l'un des lits, un crayon de papier et un bloc note à la main. Je m'éclaircis la gorge et il lève les yeux. Il semble étonné de me voir.
« Tu as besoin de quelque chose Charlie ?
- Je... je voudrais te montrer ce que j'ai écrit de ma deuxième chanson.
- À moi ?
- Bah ouais, pourquoi pas.
- T'as pas peur que je me moque ? me taquine-t-il – mais je sens que derrière le sourire qu'il m'accorde, la question est sérieuse.
- Étonnamment, non, je réponds en souriant. J'ai l'impression que... je ne sais pas, que de tous ceux dont je me sens proche, t'es celui à qui j'aurais le moins honte de montrer mon travail. »
J'apprécie beaucoup Jimin et Taehyung, mais j'ai peur qu'ils me jugent, alors que j'ai le sentiment que Suga, même s'il n'aime pas ce que j'écris, saura trouver les mots pour me le dire sans me vexer le moins du monde.
« C'est mignon comme t'es gênée alors que ta première chanson a été appréciée. T'aurais pas un petit problème de confiance en toi, dis-moi ?
- Non, enfin... peut-être un peu... j'aime bien mes paroles, mais il faut bien que vous donniez votre avis, hein ? Et je préfère commencer par quelqu'un qui ne se foutra pas de ma gueule à gorge déployée si c'est mauvais.
- Juste une chose Charlie : quand il s'agit de s'exprimer, d'ouvrir son cœur, et à travers une chanson qui plus est, sache qu'aucun de nous ne se foutra de ta gueule, même si on trouve ça mauvais. Et d'ailleurs, tant que tu t'exprimes avec honnêteté, il n'y a aucune raison pour qu'on critique ton travail. »
J'acquiesce et vais à ma chambre chercher mon carnet. En revenant auprès de lui, je lui tends mon premier couplet. Pendant qu'il le lit, je fais les cent pas, rongeant mes ongles déjà beaucoup trop courts.
« Et au fait, dis-je alors qu'il est sur le point de me donner son avis, merci pour ce que tu as dit, ça me rassure de l'entendre... de savoir que même si ce que je n'écris n'est pas forcément bien, ça a quand même de la valeur.
- Eh c'est normal, on fait le même boulot après tout. »
Pendant un mois, oui.
« Et... t'en dis quoi du coup ? demandé-je timidement en revenant à la chanson.
- Est-ce que t'as déjà une mélodie en tête ? »
Je baisse les yeux et admets que non, je n'ai encore que des vers – écrits en coréen, c'est déjà ça.
« Il y a quelques petites choses qu'on pourra changer, reconnaît Suga, certaines tournures qui sont un peu trop soutenues par rapport au reste. Mais dans l'ensemble, j'aime bien l'idée. On voit tout de suite que t'as pas juste balancé des mots qui te venaient comme ça, qu'il y a du boulot derrière.
- C'est vrai ? T'es sérieux ?
- Ouais, tu t'es bien débrouillée, je la préfère à la première.
- Tu ne peux même pas imaginer à quel point je suis soulagée d'entendre ça ! Et je me disais qu'on pourrait écrire la suite tous ensemble, que ça soit plus personnel pour vous.
- On a déjà pas mal de boulot, mais pendant des temps libres on pourra essayer de réfléchir tous ensemble, même si je dois t'avouer que c'est plutôt mal parti. »
Je souris, il n'a pas tort.
« Et toi, je reprends après un court silence, tu étais en train d'écrire des paroles quand je suis arrivée ?
- Ouais, quand je me repose j'ai souvent des idées alors j'ai toujours mon bloc-notes à portée de main.
- Tu écris beaucoup ?
- Pas seulement, je compose aussi. On est plusieurs dans le groupe à avoir notre propre pièce pour bosser sur nos compositions. Si tu trouvais que c'était un vrai bordel dans la chambre de Namjoon, attends de voir son studio. En plus c'est aussi petit qu'une chambre, je te laisse imaginer. Mais je ne pense pas qu'on aura vraiment beaucoup de temps, à part ces quelques heures qu'on a en fin de matinée et en début d'après-midi, pour travailler sur nos chansons. Alors en attendant d'avoir la possibilité d'y passer des heures entières, je me contente d'écrire des paroles. »
C'est vrai que leur mois à eux sera bien plus chargé que le mien, moi qui ne suis ici qu'en tant que compositrice. J'ai l'impression d'avoir un rôle d'observatrice à certains moments tant je me sens inutile. Pourvu que ça change...
« Tu devrais montrer ton couplet aux autres, conseille Yoongi, je suis convaincu qu'ils auront le même point de vue que moi. On sent que tu l'as bossé à fond.
- Je vais déjà aller voir ce que je peux changer, mais merci beaucoup pour tous tes conseils. »
Je lui suis infiniment reconnaissante d'avoir été honnête avec moi et les quelques critiques qu'il a pu m'apporter, je suis ravie de les entendre. Son point de vue est objectif et sincère ; je ne veux pas qu'il essaie de me ménager, j'ai vraiment hâte de pouvoir retravailler ma chanson, et plus encore s'ils sont là pour m'aider et apporter leur touche personnelle.
Je retourne joyeusement dans ma chambre. Dans le salon, les garçons sont toujours sur leur console, les trois autres ont disparus, probablement partis dans leur propre chambre. Je m'assois sur le sol, mon carnet et mon stylo toujours dans les mains après y avoir écrit les conseils de Yoongi. C'est bizarre, mais m'asseoir sur le sol me donne envie de jouer de la guitare... or bien sûr je n'en ai pas à disposition... quoiqu'il y a peut-être un studio dans lequel je peux en trouver une à l'étage en dessous, et si c'est le cas, il me reste un peu moins d'une heure pour lancer mes recherches. Je pourrais peut-être avoir l'inspiration pour la mélodie de ma deuxième chanson. Ou alors je pourrais tout simplement demander aux garçons s'ils savent où je peux en trouver une. Ouais, mais je n'ose pas, et je préfère ne pas en jouer quand ils sont dans les parages, ils pourraient m'entendre, et ce serait de nouveau la honte.
Je me rends donc, décidée, à l'étage du dessous et entre dans le premier studio d'enregistrement libre que je peux trouver. C'est loin d'être aussi grand que ce que j'imaginais, à peine plus large que ma chambre. Enfin, peu importe, tout ce qui compte c'est qu'il n'y a pas un seul instrument ici : l'endroit est divisé en deux par une vitre derrière laquelle se trouve un micro tandis que du côté où je suis, il y a une console d'enregistrement que je ne serais même pas en mesure d'allumer (ah, moi et la technologie, une grande histoire d'amour...) et un siège de cuir.
J'imaginais pas ça comme ça.
Après deux nouveaux essais, je trouve enfin une salle dans laquelle une guitare repose tranquillement, adossée à un mur comme si elle m'attendait bien sagement. L'endroit est plus grand, sûrement prévu pour plus d'un chanteur en tous cas, et après avoir brièvement hésité en me demandant si j'avais le droit d'en jouer, je m'assois sur le sol, la guitare sous le bras. Je joue quelques accords, le son est magnifique, ça me détend immédiatement et je me perds complètement dans les notes que je joue, plongée avec passion dans l'univers infini de la musique.
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