(3) un brin de colère

Bonsoir, c'est encore moi ! Je vous présente l'avant-dernière partie de mes premiers poèmes et textes de mon recueil (en espérant que ça vous intéresse toujours).

Dans ce chapitre :

Le fardeau
À la belle France
Érosion
« Il m'arrive parfois... »
Les cinq sens

Le fardeau (01/07/2020)

Un dramaturge a dit un jour dans une pièce :
« L'Enfer, c'est les autres » ; c'est beaucoup de hardiesse.
Cela n'est guère faux, mais presque médisant :
Nous sommes amenés à nous en croire exempt,
À jauger notre esprit certainement meilleur,
Et si l'on se trompe, c'est la faute des mœurs.
Le hasard est réel, l'adversité aussi.
Il est tant de facteurs - et aristocratie,
Idiocratie par là -, mais nous avons le choix :
Jetés dans l'arène, face au chaud et au froid,
Face à tout ce qui est, fut, n'est pas ou sera.
Ce poids indicible, puissant tel l'opéra,
Crû comme au cinéma, tout à fait merveilleux,
Comme une symphonie, coup égal à un pieu,
Le récit est nôtre, nos pensées sont à nous.
L'Enfer, c'est les autres : sur la Terre des pous ;
Mais ne soyons pas sots, car c'est mauvais d'omettre,
Que pour nous et ces gens, l'on est cet autre être.

À la belle France (07/07/2020)

À la belle France, pays de mon enfance,
Théâtre de mes joies, mes larmes, mes fiertés ;
Ô France, qu'as-tu fait ? pourquoi tu les encenses ?
Ta droiture grossit et te voilà ratée !

À la belle France, pays de mon enfance,
Témointe de mes cris, mes rires, mes effrois,
Tu me tournes le dos et tombes en décadence,
Dans ce bordel piteux d'où tu tires des rois !

Je vois blanc et haine, chez nous, les droits de l'homme.
Je vois des oppresseurs, des prêcheurs de bon-sens
Qui agressent, trompent ; des déchets que l'on nomme !

Ne puis-je être et aimer ? Ne pouvons-nous pas vivre ?
Ô France, qu'as-tu fait ? pourquoi tu les encenses ?
Tu pêches en eaux troubles, mais tu finiras ivre.

Érosion (09/07/2020)

Pandore en première bouleversa le monde.
Femme, elle ne l'était pas ; un châtiment, un mal
Pour punir le voleur : la vilaine qui fronde.
Puis l'on m'offrit son corps, la menace létale.

Lilith, l'impertinente, et Ève, la traîtresse,
Créatures indignes ! Souffrez de vos chaînes,
Colère des hommes redoutant leurs maîtresses,
Qui donc les corrompent, dans leur bonheur les freinent.

Hélène, ta beauté, Ariane, ta bonté,
Sont inexcusables : car les hommes vous craignent !
Nous sommes un ventre, nous sommes effrontées.

Circé, cette sorcière, et ces autres en feu,
Ils les ont répudiées pour préserver leur règne,
Nullement éternel : le temps est orageux.

(03/11/2019)

Il m'arrive parfois de lever les yeux autour de moi et de les poser sur les nuages duveteux, sur les arbres dont la danseuse semble avoir emprunté la grâce, sur la nature couverte du voile rosé du crépuscule. Alors je me dis que la vie est si belle et si simple, qu'elle mérite toute notre attention. Je me dis que nous nous portions mieux sans tous ces progrès dévastateurs. Nous nous battions chair contre chair, nous nous parlions, nous vagabondions comme des chats dans un village de nuit, nous explorions le monde comme s'il n'était que contrées vierges et précieuses, comme s'il était la chose la plus mystique et grandiose qui soit. Parce que c'est la vérité, sauf que nous l'avons oubliée ; nous avons fait en sorte d'enlaidir la terre, de la blesser, de la réduire en esclavage pour notre simple plaisir. Elle nous a engendrés, elle nous a couvés, protégés, et nous nous sommes retournés contre elle. J'en ai assez de l'impuissance que je ressens, de la cruauté à laquelle je contribue par ma condition. Notre vie s'améliore, mais au détriment de notre maison et de ses autres habitants. Et une maison qui se détériore entraîne de graves problèmes, même s'ils ne sont pas forcement immédiats, sauf que nous l'oublions également.

Les cinq sens (24/08/2020)

J'écoute, j'écoute, j'écoute les bruits dans l'air qui grésillent comme les essaims de bourdons, les maugrements des gens qui jettent leurs yeux dans les serres des crapauds, qui ne se transforment plus en princes quand on les embrasse, mais tendent la patte pour qu'on la baise ou pour faire rougir nos joues, selon l'humeur.

Je regarde, je regarde, je regarde les poissons avaler l'or noir dans l'océan et trépasser, les poissons gober du plastique et finir dans nos estomacs de contrefaçon, qui dévorent la moelle de la planète, les poumons et les cœurs, parce qu'à quoi bon tant qu'on a l'argent ?

Je sens, je sens, je sens les vapeurs dans l'atmosphère qui m'étouffent l'odorat, les fumées des machines à lait qui nous corrompent à petit feu, mais ça enfle, ça enfle parce que ce sont elles qui boivent la tasse et moi qui m'assèche pour préserver mon confort criard.

Je goûte, je goûte, je goûte à l'arbre qui pinaille, gratté jusqu'à l'os, et écume les vagues nuageuses de mon doigt qui nargue le sceptre du roi, puis j'attrape un nerf de la terre et me cure mes crocs de terrivore comme un être humain qui se respecte.

Je touche, je touche, je touche la dentelle du monde dérobé par trop de dégrisement, à sa peau charbon, ses yeux auxquels j'arrache les faux cils, jusqu'à ce qu'elle crie et implore pour qu'on se sente légitime à détourner le regard.

Aujourd'hui, vous avez pu découvrir deux textes en prose, qui forcément sonnent différemment, surtout pour Les cinq sens. Il reste une dernier partie ensuite, avec des textes que j'aime beaucoup pour certains ♡

J'espère que l'école ou les études sup se passent bien pour vous, courage !!! Les vacances approchent, plus que quelques semaines ! Et consolez-vous avec des films d'horreur, c'est le meilleur moment de l'année pour ;)

(Je me refais les Saw de mon côté)

À bientôt ♡
Emilie ❪ 04/10/2020 ❫.

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