(1) premiers poèmes + anxiété vie
J'ai essayé de réfléchir à comment vous présenter mes poèmes, comment les séparer : par nombre de citations de leur titre de votre part ? par date d'écriture ? par thème ?
Au final, je vais les regrouper un peu au feeling, ça dépendra. Ce premier groupe est composé des premiers poèmes que j'ai écris pour le recueil et de quelques-uns qui traitent d'anxiété. Au départ, je voulais les scinder en deux groupes et non les rassembler, mais l'un des premiers poèmes traite d'anxiété alors pas le choix... Au programme donc :
La sentence condamnable
Promenade à la campagne
Humanité
Le Charognard
L'Abhorrée
Le dernier soupir (philtatos)
La Sentinelle
Les Crapules
Ce ne sont pas les plus sollicités de votre part, mais ils forment parmi mes premiers essais et je voulais les regrouper ainsi. C'est parti, bonne lecture !!!
La sentence condamnable (30/04/20)
Comme le monde est grand pour des âmes si petites
Que celles des vivants ; comment le supporter ?
Ô splendide terre ! tu nous offres le gîte,
En ton sein bafoué par nos esprits dentés.
Que ta folie est crûe pour avoir engendré
Notre espèce aveuglée par nos têtes trop lourdes ;
Nous, animaux cupides et monstres modelés
Par les maux terrestres ! Ta bonté est bien sourde
Pour ne point t'écouter, avec ton cœur mourant ;
C'est ton tombeau au-delà, et ta respiration,
Jusque-là obstruée par nos vœux écœurants.
Ah ! désirs putridres qui rôdent sous tension
Pour naître sans délai et ravager contrées,
Et même notre chair. Mais n'est-ce pas cocasse ?
Serpent se mord la queue, humain se tue d'un trait ;
C'est le monde idéal, le nôtre et sa crasse !
Il empeste, il fustige, or il est singulier.
Alors nous, trop petits, avec nos grands cerveaux
Qui atteignent les cieux, qui brûlent les gosiers,
Assèchent les espoirs, le changeons en caveau.
Promenade à la campagne (07/05/20)
J'ai marché sous la pluie tantôt dans la campagne,
J'ai arpenté les bois sous la bise glacée,
Et effleuré les fleurs, m'éloignant de mon bagne,
Puis partagé des mots au coucou enjoué.
Dans l'air bruisse le blé du champ d'or d'à côté,
La libellule bleue danse près de mes flancs,
L'oiseau chante du ciel les sonnets de l'été,
Et la chenille rose, et le papillon blanc.
Le vent souffle longtemps, traverse mes cheveux,
Caresse ma peau pâle qui nargue le soleil,
Car c'est la froide pluie que tout mon être veut,
Or espère souvent ses chauds éclats vermeils.
Puis l'orage gronde, vivace, à l'horizon,
S'annonçant comme un roi dans les contrées de misère,
Résonnant dans les cœurs, éclairant la raison :
Le monde n'est pas mort ! Préservez votre terre !
[ exclusivement écrit dans ma tête d'après ce que je vivais, alors que je me promenais dans la campagne pendant le confinement, d'où le terme 'bagne' ]
Humanité (08/06/20)
C'est soudain le monde, éploré par nos maux,
Qui se ceint par deux chemins : la lutte universelle
S'est encore enflammée et brille dans nos mots,
Jetés là en pâture tels des braises éternelles.
Nos cris crèvent la voûte et embrasent le ciel,
Ils filent, résignés, depuis nos gosiers rauques,
Qui quérissent la paix, — elle se meurt l'immortelle —
Précédée de justice, dont les autres se moquent.
C'est la bataille émue des âmes maltraitées
Contre les immondices aux dents et cœurs pourris ;
C'est l'acte décisif d'une pièce insensée
Que depuis la genèse les maudits ont nourrie.
Les poitrines en sang laissent parler leurs cœurs,
Palpitant, rugissant d'un chagrin colérique,
Qui sillonne les corps et bouscule les mœurs :
Le blanc roi est abject, tout au plus tyrannique.
Ses sujets aux courts fronts débitent inepties,
De leurs mortels genoux occisent leur prochain
Pour d'immoraux desseins, engendrés des esprits
Qui, selon la couleur, octroient d'autres demains.
Le Charognard (09/06/20)
Discours amouraché d'un imposant corbeau
Pour les épis d'un champ ou un corps décharné,
Piétiné sur les flancs, presque tout en lambeaux,
De la langue grise suante d'acharnés.
L'âpre bruit l'interrompt, lui impose la fuite,
Loin de son déjeuner. Le pauvre charognard
Voir survenir les roues sur la route détruite
Par tous les longs cortèges et luisant sous les phares.
L'oiseau croasse, las, le cœur tout plein de rides.
Les roues baisent la proie pour la faire charpie.
Maître Corbeau repart, le bec à nouveau vide,
Sous les yeux des rusés du fourgon de harpies.
L'Abhorrée (14-17/06/20)
I
Ah ! Le jour se disperse comme peau de chagrin
À travers les nuées qui encombrent le ciel,
Fumée rose et ambrée, plage de mille grains
Qui miroitent ta peau dorée comme du miel.
J'étais ta bien-aimée ; autrefois aux aurores,
Ô éprouvée mortelle ! là tu m'idolâtrais,
Tu m'adressais tes voeux, tu chérissais ton corps
Pour mon cœur délicat, dont tant nient les attraits.
Ton esprit fleurissait de myriades secrètes :
Des bleuets, des glaïeuls, des éclats enfantins ;
Ton âme ignorait le tourment, et ta tête,
Boudée par l'affliction, était celle d'un pantin.
Tu dansais gauchement dans la bise estivale,
La bouche enorgueillie des baisers angéliques
De la belle Eupraxie, quand tu devins vassale,
Le voile à tes yeux clairs, d'un Penthus euphorique.
II
Jadis impétueuse et vaste était la mer.
Tu siégeais sur son seuil, picotée par l'embrun,
Merveille répandue sur l'impudente terre,
Et tu scrutais ses flots, bercée par son chagrin.
La mer pleurait ton sort, pleurait la décadence
Qui comblerait tes jours et troublerait tes nuits.
Les vagues te disaient : « Prends garde à la cadence
Qui te sera dictée, méfie-toi de l'Ennui,
Ne crois pas leurs mots dits, leurs idéaux dépeints ;
Tu n'es pas née pour eux, mais pour ton âme seule.
Aie foi en ton esprit, et suiveront tes mains,
Qui furent façonnées pour égaler tes aïeuls. »
Un matin de juillet, elle s'était retirée.
La mer s'était enfuie, mais persistaient ses pleurs,
Que rejoignent les tiens : en ton coeur déchiré,
Tu pressentais le glas, officiant ton malheur.
III
Dans cet océan de craintes, d'incertitudes,
Cet ouragan interne étreignant tous tes sens,
Tu la vois revenir, frappée de lassitude
Envers ton mortel être à l'esprit en latence.
Tes yeux perdus, anxieux, observent l'horizon
Tandis que tu ressens et l'Angoisse et l'Ennui.
Le ciel épais et noir, lourd plus que de raison,
Presse contre tes os, te jette dans un puits.
Les relents de l'étau, tissé des excréments
Des suppôts d'Angoisse, t'empoisonnent l'esprit,
Cognent péniblement ; aidé de son amant,
Le carcan de ronces qui tait tes moindres cris.
C'est ton sang s'écoulant par là où tu inspires,
Baignant ta blême chair, qui craint moins la ciguë
Que ces êtres abjects. Mais tu penses le pire
Être, ô jeune abhorrée, ton cachot exiguë !
IV
Pourtant, ne souffre pas qu'ils te prennent jamais
Jusque dans les tréfonds, ne suis guère leurs pas ;
Là-bas ils t'éliraient, dans leur âpre vermée,
Épouse du chaos, oppressée au trépas.
Le dernier soupir (philtatos) (20/06/20)
Sur la plaine hantée, s'étendant près de Troie,
L'impénétrable Troie, qui fit couler le sang
Et répandit la mort chez les peuples de foi,
Par la main d'étrangers et de ses propres gens ;
Sur la plaine foulée par de mortels cortèges,
L'ambition aux lèvres, le plein courage au coeur,
Qu'échauffaient force dieux, en un subtil arpège,
Pour cette femme au corps d'une beauté d'ailleurs ;
Au pied de ces hauts murs, dépouillé de ses armes
Prises à son bien-aimé, le grec aux pieds agiles,
Gît un être meurtri, embaumé par le charme.
Moqué par le Troyen à la diction cynique,
S'éteint, le corps troué, le tendre au cœur d'Achille
Et héros oublié, Patrocle à l'âme unique.
La Sentinelle (22/06/20)
Le monde n'est qu'erreur, affliction et chagrin.
Le monde n'est qu'espoir, amour et euphorie.
Le monde est çà et là un pieu dans un écrin,
Un joyau cramoisi ; le monde est aporie.
Je m'afflige en tous temps de la crainte indicible
Qui éprend, qui secoue et mon cœur et mon âme ;
Je redoute le rien et le tout m'est pénible,
Car je n'ai pas l'esprit pour étouffer la flamme.
Pour moi est plus réel ce dur nœud en mon ventre,
Semence dans la nuit de l'âpre sentinelle,
Qui guide en ennemi, du mal se fait le chantre,
Mais encor tient à moi ainsi qu'à ses prunelles.
Les Crapules (03/08/20)
Angoisse me tient fort, plus hélas, que Courage,
Plus rigoureusement que mon dit esprit sage ;
Cette crapule mord jusqu'à mon dernier sens,
Aidée par Anxiété, cette sangsue qui pense.
Elles pèsent très lourd, logent dans mon cerveau,
Me torturent souvent, du fond de mon caveau.
Elles vivent pour moi, ne sont vues par personne,
Rient quand je les nomme, car j'en deviens aphone.
Elles se prélassent et coulent sous ma peau,
Distordent mes pensées, arrachent mes pétales,
Inondent tout mon corps, n'offrent aucun repos.
Angoisse et Anxiété oublient pourtant un fait :
Elles me manoeuvrent, mais ne sont pas fatales ;
Les deux sont faibles et déclareront forfait.
Booon j'espère que ça vous a plu ?
Je pense que vos avis sur ces premiers poèmes que je vous présente vont peut-être déterminer si je vous montre les autres. Je ne sais pas. Est-ce que mon ego touché remporterait la bataille ? Certainement. Du coup, je croise les doigts pour que ça vous plaise.
Comme je l'ai dit, ce sont mes premiers alors ils sont pas forcément aussi professionnels ou formidables que ceux de Baudelaire, Hugo, Éluard. Par contre, je suis vexée du talent de Rimbaud. À 16 ans, il écrivait des perles de poésie et moi, à 17-18 ans, j'arrive pas à son niveau :0
Je vais arrêter cette partie là avant qu'elle ne devienne trop longue et que cela vous prenne trop votre temps (on est quand même en semaine, vous avez sûrement des devoirs).
Bonne soirée, je vous aime :)
oh et n'hésitez pas à me dire si vous en préférez un parmi les huit !
À bientôt ♡
Emilie ❪ 22/09/2020 ❫.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top