C'était un jour de juillet plutôt chaud. La petite venait de s'endormir à l'intérieur. Lisa en profitait pour se détendre les jambes dans l'eau de la rivière. Le bas de sa robe flottait à la surface.

Elle ne se rappelait plus la dernière fois qu'elle était venue à la Cabane. Elle était si petite. Pourtant, elle se remémorait cette rivière où elle descendait jouer. Des souvenirs joyeux, insouciants, dans lesquels le cours d'eau lui paraissait bien plus large qu'il ne l'était réellement.

Lisa avait hérité de la Cabane cette année, au décès de son père biologique, et ce, malgré un doute notarial sur l'authenticité des documents de propriété. Bien sûr, elle savait depuis son enfance qu'elle était adoptée, mais la nouvelle lui avait quand même fait un choc.

Ses parents biologiques n'étaient soi-disant pas des gens bien, ils auraient même été incarcérés pendant un temps. Si elle n'avait pas été de nature curieuse, Lisa n'aurait peut-être jamais su que sa mère était morte d'une overdose dans cette Cabane ou que son frère s'appelait Tobias et qu'il avait disparu dans cette rivière où elle trempait actuellement les pieds.

Le corps de Tobias n'avait jamais été retrouvé. Quelques jours après sa disparition et le retour en ville de Lisa et ses parents, ce sont des voisins de palier inquiets qui alertèrent les services sociaux. La garde de Lisa fut aussitôt retirée aux parents et la fillette avait rapidement été accueillie par sa famille adoptive. Cette famille qu'elle considérait depuis toujours comme la sienne, qui l'avait choyée et aimée sans retenue pendant ces trente dernières années. Cette famille qui l'avait soutenue dans les moments difficiles et encouragée dans les moments de joie. Cette famille qui avait fait d'elle la femme et la mère accomplie qu'elle était à ce jour.

De ses parents biologiques, Lisa ne se souvenait d'absolument rien, mais de son frère, elle conservait quelques souvenirs précieux. Dans toutes ces réminiscences d'avant ses sept ans qu'elle avait su préserver malgré le temps, Tobias était là, toujours bien présent. Il était là quand elle ouvrait les yeux le matin, quand elle mangeait, quand elle jouait dehors, quand elle fermait les yeux pour dormir. Il était là quand ils faisaient des ricochets sur cette rivière.

Lisa se tourna vers l'île au centre de la rivière, celle qu'on distinguait à peine à travers la brume qui l'entourait. Elle se souvenait comment elle avait eu peur de cette île plus petite. Même son frère, se rappelait-elle, ne faisait pas le fier face à l'îlot. Pourtant, elle se souvenait aussi que cela l'avait fascinée, amusée même, à un certain moment, sans se remémorer la raison.

Aujourd'hui, l'Île aux Brumes lui paraissait si petite, si ordinaire, bien que très jolie ainsi nappée de brouillard. À l'instar de la brume sur l'îlot, la nostalgie enveloppa Lisa. Les tons pastel de souvenirs dilués par le temps coulaient en elle au rythme du flot tranquille de la rivière à ses pieds. Toutes ces journées merveilleuses, où elle s'amusait avec son frère innocemment et sans tracas. Elle aurait tant aimé le connaitre davantage.

Lisa ramassa un galet à ses pieds. Elle jaugea sa forme du regard et son poids dans le creux de sa main. Elle recula son bras et calcula un moment son tir. D'un mouvement brusque, la pierre vola au-dessus de l'eau.

Un, deux, trois, quatre. Le galet disparut dans le brouillard.

Cinq, six, sept. Elle aurait tant souhaité que Tobias soit là, avec elle.

Le bruit s'arrêta. Lisa sourit avec mélancolie, le regard perdu dans le remuement de la brume où le galet s'était évanoui. Puis, secouant légèrement la tête, elle se tourna, prête à rentrer, mais s'immobilisa au dernier moment.

Un petit clapotis retentit derrière elle.

Deux, trois. L'écho humide semblait résonner dans le brouillard de l'île. Le son se rapprocha, délicat.

Quatre, cinq, six. Une petite pierre perça la brume de ses bonds plaisantins sur le plan d'eau.

Six, sept, huit, neuf. Le galet s'arrêta juste devant les orteils d'une Lisa stupéfaite. Tétanisée, le souffle emprisonné et le cœur suspendu, Lisa observa le caillou à la teinte bleutée qui gisait tel un messager silencieux à ses pieds.

Dessus, un petit visage souriant était maladroitement gravé.

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NDA : Alors, ça vous a plu ? Pas trop triste j'espère ?

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À suivre : Reflet Perdu

Kagami et ses sœurs jumelles Hiko et Fuko se réveillent au beau milieu des bois, amnésiques. Que s'est-il passé ? Se connaissent-elles vraiment ?