Depuis tout ce temps, elle n'avait jamais réalisé que la maison avait également un grenier. Excitée par l'idée d'un tout nouvel espace à explorer, Léa se mit en tête de trouver un moyen d'accéder à cette trappe tentatrice. Elle parvint discrètement à subtiliser l'escabeau de son grand-père, sans même être effrayée par les nombreuses toiles d'araignées qui cousaient l'objet au mur en parpaing du garage. Elle profita d'une sieste digestive de ses aïeuls, pour hisser l'escabeau jusque dans sa chambre.

Le soir même, après un bon repas englouti à toute vitesse, elle monta dans sa chambre et surveilla la grande aiguille sur son horloge murale. Elle savait que les médicaments que ses grands-parents prenaient pendant le repas, ne feraient effet qu'une heure après et qu'ils plongeraient alors dans un profond sommeil.

Lorsque l'heure arriva, Léa sortit de sa chambre en évitant soigneusement les parties du plancher qui craquaient. Elle plaça l'escabeau sous la trappe, en essayant d'étouffer les crissements de l'outil en colmatant les jointures rouillées de ses mains. Sans hésiter un instant, elle gravit les échelons, et repoussa la trappe avec une douceur infinie. Pointant prudemment le sommet de sa tête à travers l'ouverture, elle réalisa qu'elle n'y voyait rien du tout. L'obscurité du grenier était totale, mais ça ne l'inquiéta pas un seul instant. Qu'aurait-il pu y avoir d'effrayant chez ses grands-parents ? Il faut dire que la jeune aventurière s'y connaissait en exploration et avait prévu la pénombre : elle sortit de sa poche de pyjama sa fidèle petite lampe-torche. Elle utilisait tous les soirs ce précieux faisceau de lumière pour déchiffrer les livres chapardés dans la bibliothèque de son grand-père, une fois qu'elle était bien bordée dans son lit.

Le faible rayon de lumière parcourut tranquillement la pièce, allant de vieilles caisses empilées à des objets ensevelis sous une robe de filaments poussiéreux. Tant d'objets mystérieux, aux silhouettes parfois inquiétantes, se dévoilaient un à un dans la lueur, comme de silencieuses révérences à cette nouvelle intruse.

Enfin, la lumière s'arrêta nette sur une bibliothèque, qui se dressait de toute sa splendeur au fond du grenier. Une petite fenêtre ronde surplombait le meuble, le baignant d'une douce et pâle lueur d'un bleu lunaire. Ne voulant pas déranger la quiétude, Léa éteignit sa lampe en avançant à pas de louve vers l'étagère.

Il n'y avait qu'un seul et unique livre sur la bibliothèque et Léa su ce dont il s'agissait avant même de distinguer sa couleur : un livre à la couverture de cuir rouge usée.

Léa le prit avec délicatesse, comme si à tout moment, l'ouvrage aurait pu tomber en poussière. Il était bien plus épais qu'elle ne l'avait imaginé, et pourtant, elle le souleva sans peine. Elle caressa la surface, appréciant les irrégularités du matériau fané. Sa couverture était si souple, que Léa n'osait trop le presser entre ses doigts, de peur qu'ils ne passent à travers ce vieil enrobage. La vétuste teinte rougeâtre lui paraissait aussi vive que les chaudes joues de sa grand-mère.

Tiraillée entre sa curiosité et une certaine angoisse à l'idée de ce qui se cachait entre ces pages, Léa résista tout juste à l'envie d'ouvrir ce livre ici et maintenant. Elle rebroussa chemin prudemment, ne quittant pas des yeux le livre rouge une seule seconde, même en descendant l'échelle. Elle regagna sa chambre, évitant instinctivement les lattes plaintives et se remit au lit silencieusement. Elle trouva à tâtons l'interrupteur de sa lampe de chevet et l'alluma.

Bien serrée dans ses draps aux délicates notes de lavande, Léa prit une grand inspiration, ouvrit le livre... et sourit.

☆☆☆

NDA : Merci d'avoir lu jusqu'ici ! J'espère que cela vous a plu. N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire et me donner votre avis sur ce que racontait ce mystérieux livre 🙂

À suivre: Le temps d'un interstice

Le combat d'Achille, un garçon réservé et rêveur, qui en temps de guerre, va tout faire pour ramener son père parti au front. Pour cela, il a un plan bien particulier... mais sera-t-il de taille pour le mener à bien ?