Songe d'un clair de lune

Pour ceux ou celles qui liraient cette courte nouvelle et qui suivent régulièrement mes autres fictions, je publie cela en attendant de retrouver le courage de me relancer dans mes autres fictions ^^ 

J'espère que ça vous plaira~


Cette voix lointaine au fond de mon esprit, elle qui m'accompagne dans la solitude de ces nuits, j'ai décidé de la laisser s'exprimer. Si jamais ces mots venaient à être lus, je serais certainement prise pour... Quoi d'ailleurs ? Quelqu'un, serait-il seulement capable de comprendre, ce que moi-même, je ne comprends plus ?

Ah, que donnerais-je pour sentir de nouveau la douceur de ses mains caressant ma peau, pour ressentir à nouveau ces frissons délicieux dans tout mon être. Mais la délicatesse qui me frôle en cet instant même, n'est autre que celle du vent qui m'amène, au cœur du froid sibérien qu'a apporté l'hiver.

Il se fait tard, je ne sais plus quoi écrire. Les mots me manquent. Le manque s'installe tandis que mes yeux se ferment.

Mais je ne cesse de revoir son visage. Il a l'air heureux ainsi. Je ne le suis plus. Pas sans lui.

Tout est si confus, à l'image des étoiles dont la lueur s'amenuise, les pensées me délaissent avant même que je n'ai pu les capturer. Elles sont trop nombreuses, incohérentes, immémoriales.

Je veux les laisser m'envelopper, telle la couverture sous laquelle je devrais reposer depuis longtemps. Un autre soir.

La nuit m'effraie, autant qu'elle m'excite. Elle m'éveille, moi, une toute autre personne. Celle que je suis réellement. Il n'y a qu'elle qui puisse subsister dans ce monde où les pensées nous noient à volonté.

Je devrais dormir. Je suis épuisée.

Pourquoi écrire cela ?

Ce sont des pensées inutiles.

Encore une fois, évadées.

Va-t'en, je m'en vais aussi...

Pourquoi m'a-t-il abandonnée ? Il avait promis de ne jamais me laisser seule. Il ne me rejetterait jamais. Il me l'avait promis. Et pourtant.

Je le déteste, non, je le hais.

Mon visage est déformé par la haine, je le sens à travers ces larmes qui roulent le long de ces joues meurtries. Depuis combien de temps est-ce ainsi ? La souffrance est trop forte, je ne respire plus. J'ai mal, je ne veux plus ressentir cela.

Je le hais, d'une haine plus profonde que tout ce que j'ai pu ressentir jusqu'à ce jour.

J'avais sûrement été bien trop naïve, plus jamais.

Je me souviens, une à une, de toutes les promesses qu'il m'avait faites. Tout semblait si réel, je les effleurais du bout des doigts, et pourtant... Tout m'était désormais aussi lointain qu'un homme l'était du soleil. Cet avenir planifié brillait au-dessus de moi, mais il n'était là que pour éveiller la douleur, la conscience que jamais il ne serait à moi.

Je le hais, autant que c'est humainement possible.

Mes mains tremblent, mes jambes flagellent sous mon poids. Je cherche du réconfort dans le peu qui me soit accessible.

J'avais pensé devoir trouver un peu de sommeil. Mais cela m'était impossible. La douleur devenait plus intense lorsque le noir m'engloutissait. Alors j'écrivais, pour oublier.

Les paupières closes, je revoyais sans cesse ces moments de bonheur, cette joie intense qu'il avait su me donner, mais ensuite... Ne restaient plus que les promesses, celles qui ne seraient jamais tenues.

Il était parti avec une autre. Et ce n'était pas moi.

Je le hais, mais une vieille expression me rappelait à chaque instant mon déni. De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas. Et j'avais déjà dépassé cette faible limite depuis fort longtemps.

Je m'engloutis dans la douleur tout comme dans l'océan de larmes qui me submerge. La douleur est bien plus forte. Je ne saurais pas dire si cela est dû à l'alcool ou à ces sentiments ravageurs.

Le soleil se lèvera une fois de plus quoiqu'il arrive. Je n'ai plus sommeil.

Je finirais bien par m'endormir. J'étais épuisée, à bout de forces.

Mais la nuit avait réveillé une fois de plus cette vive douleur, celle qui ne prenait plus la peine de se camoufler. Elle était laide, désespérée, avide. Elle me ressemblait, le véritable reflet de ma propre forme, de plus en plus inhumaine.

Je ne voulais plus la voir, ni elle ni tout ce qui lui donnait vie. Tous ces bibelots inutiles, ces photos brillantes et encadrées, ces marques du temps passé en sa présence. Je n'en voulais plus.

La nuit m'enivrait, faisant naître en moi une colère aussi noire que le ciel à cette heure tardive.

Chancelante, je marchais doucement à travers notre deux-pièces, regroupant d'une main ferme toutes les choses qui me rappelaient son existence. Une à une, je déchirais ces photos, les jetant ensuite dans la petite corbeille en aluminium. Un briquet, le sien. Le feu embrase difficilement les petits morceaux de papier glacé, puis, ce fut au tour de ses lettres d'amour. Cela brûlait lentement sous mes yeux. Je me sentais mieux, apaisée de cette rage malsaine.

J'allais de nouveau avancer.

J'étais comme hypnotisée par les flammes qui dansaient sur les cadavres qu'avait laissés notre amour. Il n'en resterait bientôt plus rien, consumé, comme un désir.

De ces souvenirs, j'attendais avec impatience le dernier soupir.

Tout avait été réduit en cendres, et cela faisait plusieurs heures que je les fixais, le regard vague. Je ne savais pas si je devais regretter mon geste. J'aurais pu regrouper tout cela dans un carton et le cacher ailleurs ? Non. J'avais pris la bonne décision. Désormais, il ne me restait plus de lui que ce que ma mémoire voudrait bien me laisser. Certainement, beaucoup trop.

Mais j'allais vivre à nouveau. Des cendres de ces souvenirs, j'allais renaître. Cette expérience m'aura changée.

La nuit filait aussi vite que mes pensées. Une fois le soleil levé, j'essaierai de trouver un peu de sommeil. Les nuits blanches ne me faisaient jamais un très bel effet.

Je n'ai aucun regret. De toute manière, il est mort pour moi.

Les nuits sont trop longues, et les journées trop courtes. Une fois de plus, la lune est seule pour me tenir compagnie. Seuls ces rayons blanchâtres éclairent la pièce, faisant danser les ombres des meubles avec les démons qui me suivent, nuit et jour.

La nuit, j'aime écrire ces mots. Ils me paraissent si beaux, et pourtant, ils me ressemblent. Je pensais me sentir mieux ainsi, le temps passait plus vite. Mais tout est différent maintenant.

Épuisée, fatiguée, je voudrais fermer à nouveau les yeux. Mais le noir m'effraie, sous mes draps frémissent les angoisses autrefois apaisées. L'absence est lourde, elle pèse sur mes épaules, compresse ma poitrine, fait trembler la moindre partie de mon être, la moindre cellule qui faisait de moi un tout.

Je voulais avancer, mais je suis enchaînée à ces souvenirs que je croyais détruits. Le moindre de ses mots hante mon esprit, fredonnant le requiem de notre amour, irrévocable, à jamais perdu. Je suis dans cette cellule, prisonnière du temps, de l'espace où il exerce encore sa terrible influence.

Je ne suis plus qu'un pantin désarticulé, cherchant désespérément à ce que son maître le répare, mais condamné à ramper. Notre lien brisé, sectionné, sans recours possible.

J'avais passé tellement de temps, recroquevillée dans mon lit à vouloir me rappeler. Là, où l'on s'était vu pour la première fois, ce que j'avais ressenti lors de notre premier baiser, les mots qu'il avait choisi pour m'avouer ses sentiments, la façon dont il souriait lorsqu'il était avec moi... Il n'en restait plus rien, effacés ces merveilleux souvenirs...

Ne restaient que les regrets. Ils me rongent, un à un, plus fort à mesure que mes mains tremblent, tentant de décrire ces sentiments confus.

L'air est froid, mais la nuit est si belle vue d'ici.

Une brise douce, légère, frôle mes bras dénudés. Je me sens apaisée, mes pensées ne se bousculent plus comme les autres nuits. Les choses ont changé.

Il y a une heure, lorsque les nuages avaient permis à nouveau que la lune révèle son éclat, j'avais laissé mon carnet, et l'appartement. Il restera inachevé, mais la dernière note demeurerait optimiste. J'allais le revoir, j'en étais persuadée. La manière m'importait peu.

Le manque était trop fort, les nuits trop blanches, comme le reste de mon existence sans sa présence. J'étais seule, livrée à mes démons, et jamais je ne pourrais le pardonner.

Calmement, j'avais enlevé mes chaussures pour sentir la terre contre mes pieds nus, fermant les yeux. Je ressentais exactement la même chose que ce jour-là.

J'avais regagné l'espoir ce fameux soir, admirant le clair de lune au creux de ses bras. Tout semblait si facile. Je riais avec lui, je pleurais sans lui, c'était toujours ainsi.

J'observais les vagues de la mer s'échouer à rythme régulier sous mes pieds, leur mélodie était toujours la même qu'autrefois. Celle qui avait apaisé mes doutes le jour où, ici même, il m'avait promis de rester toute sa vie à mes côtés. Je tripotais comme à mon habitude l'anneau qu'il m'avait donné, promesse d'amour, de fidélité, jusqu'à ce que la mort nous sépare. C'est ce que nous avions juré, sur cette plage, et il ne m'avait pas trahie.

Il était parti avec la mort, la vie m'avait retenue jusqu'ici.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Je ne le voulais pas, c'était bien trop tôt. Cet accident n'aurait jamais dû l'emporter il y a un mois. C'était mon tour, pas le sien. Jamais je ne lui pardonnerai, de m'avoir sauvée cette fois-ci. Il ne me pardonnera pas non plus.

J'avais eu tort de ne pas profiter de chaque instant en sa compagnie, de son amour, de le prendre pour acquis... Et au fond de mon âme, je savais que j'étais brisée, une vie entière sans lui ne pourrait réparer ces blessures. J'avais eu ma chance, je l'avais laissée filer. Et maintenant cette délicieuse idylle n'existait que dans mon esprit. Notre histoire n'était plus qu'un songe que je faisais sous l'ombre de la lune. J'avais lutté, en vain. Ce serait sûrement lâche pour certains, mais j'allais rejoindre celui qui complétait ma vie, et qui donnerait une raison à mon existence même dans l'au-delà. Le chagrin m'avait mené au désespoir, à cette triste idée. Tels les amants crées par la plume de Shakespeare, nous serions à jamais réunis.

L'eau me glaçait les veines au fur et à mesure que j'avançais dans l'eau. Le doute envahissait mon corps meurtri, mais les rayons du clair de lune soulagèrent ma peine. Je me laissais couler, incapable de résister. Juste avant que mes paupières soient closes, j'avais enfin aperçu ce sourire, celui qui rendit cette fin aussi douce qu'un rêve. 

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