Aujourd'hui, c'est samedi, ce soir, j'ai un concert. J'appelle le Jason et Penny pour qu'ils viennent répéter chez moi. En les attendant, je m'installe sur le lit, avec mon ordi et j'essaye d'écrire une nouvelle chanson. En ce moment, j'ai retrouvé un peu d'inspiration alors dès que j'ai du temps, j'écris. Alors que je travail sur le refrain, ça sonne a la porte. Putain 11h, je n'ai pas vu le temps passer, c'est sûrement le groupe. J'ouvre et à ma grande surprise, c'est Bee. Je suis content de la voir, ça fait un bon moment qu'on n'a pas eu de temps juste pour nous. Je la laisse entrer, elle va dans mon frigo prendre une bière, me demande si j'en veux une et s'installe sur mon canapé. Elle est toujours à l'aise comme ça chez moi, après tout, elle a habité ici quelque temps. Je m'installe à côté elle. Instinctivement, je passe ma main autour de son cou. Il s'en suit un long silence. Très long silence. Je devine rapidement qu'elle a quelque chose sur le cœur qu'elle voudrait bien me dire. Si elle hésite comme ça, c'est qu'elle appréhende ma réaction. À partir de là pas besoin de chercher plus loin, je sais qu'elle va me parler de Sergio.

_ Il faut que je te parle.

Je prend une clope dans mon paquet et l'allume. Ça m'aide à me calmer. J'tire une latte et la fumée entre dans mes poumons. Cette merde va finir par me tuer mais jm'en branle. Surtout en ce moment.

_ J'sais.

Surprise, elle me rétorque.

_ Tu sais quoi ?

_ C'que tu cherches à m'dire depuis dix bonnes minutes.

Je la sens tendue, pourquoi est-ce que ça semble aussi dur pour elle de me le dire que pour moi de l'entendre ?

_ Tu l'aimes ?

_ Je.. Je crois oui.

Sa réponse me fait l'effet d'une claque. Je cherche une trace de mensonge dans ses yeux, j'espère même qu'elle va se mettre à éclater de rire et se foutre de moi à cause de la gueule que je tire en se moment même, mais elle n'en fait rien et au fond je m'en doutais. Son regard en dit long, elle est sincère. Je me reprend et lui répond, en essayant d'avoir l'air convainquent.

_ Alors voilà. T'es assez grande pour faire tes choix. Tant qu'ça change rien entre nous ça me vas.

Elle me sourit puis se lève pour poser sa bière dans la poubelle. Elle semble plus détendue. Alors que j'allais lui proposer de regarder un film avec moi, comme on en a l'habitude, ça sonne à la porte d'entrée. Cette fois, c'est vraiment le groupe. Ils entrent et salut Bee, qu'ils n'ont pas revu depuis le concert. Jason se dirige vers la salle de répétitions que j'ai aménagé dans mon appartement suivi par Penny. Alors que j'allais leur dire de commencer sans moi, car Bee est là et avec le groupe, on avait convenu que personne ne devait assister aux repet', Penny prend la parole.

_ Phoebe, tu nous suis ?

Elle sourit et acquiesce. Les répétitions vont durer une heure, j'ai peur qu'elle s'ennuie un peu au bout d'un moment. Je me place derrière le micro, et nous commençons à travailler sur ma nouvelle composition, une histoire d'amour torturé, impossible. Je la sens réceptive, nos regards ne se lâchent pas. À la fin de la chanson elle se lève et applaudit. Et je prends pleinement conscience des choses. Cette chanson, j'ai pensé à elle en l'écrivant. Comme toute les autres avant celle-la. Savoir qu'elle en aime un autre me force à regarder la vérité en face, je ne le supporte pas. Je ne l'ai jamais supporter. Je réalise que c'était réellement ça qui m'a donner envie de m'éloigner de Paris dès que j'en ai eu l'occasion, je ne voulais plus la voir avec Dylan. Elle a brisé la putain de carapace que j'ai forgé autour de moi.
Et maintenant, elle se trouve devant moi, applaudissant alors que sans même m'en rendre compte, je lui ouvrais mon cœur. Je décide de partir, j'ai besoin de prendre l'air. Brusquement, j'attrape ma veste sur le canapé où Bee est installée et me dirige vers la sortie en lâchant simplement .

_ Continuez sans moi.

Je sors de mon appart' à toute vitesse. Je me sens mal, terriblement, mal. Finalement j'ai toujours su au fond de moi ce que je ressens pour Bee. Je l'aime. Cette révélation me coûte et je me fige quelques instants. Non, ce n'est pas possible. Ça ne se peux pas. Je ne peux pas, enfin, je pensais que je ne pouvais pas. Je m'étais mis dans la tête que c'était malsain, on a grandi ensemble et je considère ses parents comme si c'était miens. Mais la réalité, c'est que nous n'avons aucun lien de sang, rien n'était réellement entre elle et pourtant j'ai lutté et j'ai mis des barrières à mon cœur. Putain, j'avais un coeur enfaite et je m'en rend compte maintenant qu'il est réduit à néant. Pourquoi je me suis autant barricadé? Probablement par peur de l'abandon. Ma propre mère m'a laissé tomber, difficile de faire confiance à une femme après ça. Maintenant je l'ai perdu. Il faut que je chasse ses idées de ma tête, elle n'a jamais ressenti autre chose pour moi que de l'amitié de toute façon. Je marche dans ma rue quand je sens qu'une petite main attrape mon poignet.

_ Cole...

Je me retourne vers elle et contente de lui jeter un regard noir, elle serre encore plus fort mon avant bras.

_ Cole, parle moi !

_ J'ai besoin d'rester seul, c'est si dur à comprendre ?

_ C'est à cause de Sergio et moi ? Je croyais que tu n'y voyais pas de problème ?

Je lève les yeux au ciel, agacé par sa question et lui répond d'une voix dure.

_ Ma vie et mes humeurs ne dépendent pas d'toi Bee, j'ai une vie.

Je me défait de son emprise, aussi petite soit-elle et je continue mon chemin. Je sais que je lui ai fais de la peine mais j'arrive déjà à peine à gérer mes propres émotions, je ne suis pas en état de m'occuper des siennes. J'essaye de lutter contre la jalousie qui m'envahit, mais c'est ancré en moi, comme mes sentiments pour elle que je n'arrive plus à faire taire. Elle court et se met face à moi, me stoppant dans mon élan.

_ Cole, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Parle-moi ne te referme pas sur toi-même..

Elle passe sa main sur ma joue, ce geste me détend instantanément. Je soupire. Je ne peux pas être honnête avec elle, alors je répond la première chose qui me vient à l'esprit, crédible ou non.

_ C'est l'concert de ce soir, on est pas prêt, on ne va pas y arriver.

Elle affiche un air suspicieux, elle ne semble pas me croire.

_ Tu es sûr que c'est tout ?

_ Que veux-tu qu'il se soit passer d'autre dans cette salle?

_ Je ne peux pas savoir ce qui se passe dans ta tête, Cole. En tout cas, si ton problème, c'est vraiment le groupe, en partant, tu ne vas rien arranger. Viens avec moi, on rentre.

Elle prend ma main et me traîne jusqu'à mon appart'. Je reprends les répet', à contre-cœur.