Le ciel est tombé sur ma tête quand j'ai compris que Bee est la fille de Paris. Je n'en reviens pas que la seule femme pour qui j'ai eu un coup de foudre dans ma vie est la seule que je ne peux pas avoir. Cole m'avait déjà parlé d'elle, et quand il m'a dit qu'elle vivait chez lui, il paraissait vraiment heureux. C'est extrêmement difficile de cerner ses sentiments, il est constamment sur la réserve et parle très peu des gens à qui il tient, mais une chose est sûre : il aime cette fille. Tout à l'heure lorsque je suis sorti de son bureau, je me sentais encore plus mal qu'avant d'y entrer. Il m'a confirmé ce que je redoutais, il est amoureux d'elle. Une chose est sûre dorénavant, je ne peux pas m'approcher d'elle. Après tout, je ne l'ai rencontré que depuis hier et on a échangé quoi ? Dix phrases à tout casser, ça ne devrait pas être si difficile d'oublier tout ce que j'ai ressenti quand je l'ai vu. Alors pourquoi c'est si compliquer pour moi d'être face à elle à faire comme si elle ne m'intéressait pas? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit justement elle qui a ravivé la flamme dans mon cœur ?

Si je voulais de la distance, c'est réussi. Elle a fini par me vouvoyer et me faire sortir poliment. Elle a du cran et ça m'attire encore plus à vouloir la connaître. Putain ça craint, elle doit me prendre pour un fou en plus. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Qu'elle me plaît, mais que mon pote n'ose pas se lancer avec elle ? Non, bien sûr. Elle doit se demander ce qu'elle m'a fait pour que je sois aussi froid avec elle. Ce n'est pas moi ça. Si je me lève et sors comme ça, sur ses derniers mots, ça relèvera de l'exploit de renouer un dialogue. En y réfléchissant bien, j'ai promis à Cole qu'il ne se passerait rien, pas que je ne lui parlerai plus.

Elle se lève et se place devant sa fenêtre donnant sur la ville. Je me lève à mon tour, m'approche d'elle et pose délicatement mes mains sur ses épaules. Un frisson parcourt ses bras, je m'attends à ce qu'elle me pousse, mais elle se laisse faire. Aurais-je eu mes chances avec elle si j'avais pu tenter ? Son corps semble m'indiquer que oui. Sa respiration s'accélère, ses joues rougissent. Elle se tourne et plonge ses yeux dans les miens. Elle est tellement belle.

_ Etes-vous bipolaire monsieur Muñoz ?

_ Pas à ma connaissance, Bee.

Je l'appelle par son surnom, pour réduire la distance entre nous. C'est décidé, je veux faire parti de sa vie, en tant qu'ami puisque je n'ai pas d'autre options.