Cinquième Partie
« Cette insupportable colère qui étouffe le chagrin au point que le souvenir de l'être aimé n'est plus qu'un poison dans les veines, et un jour, tu te surprends à souhaiter que la personne aimée n'aie jamais existé pour être libéré de ta peine. »
Batman Begins
Habillé de sa blouse bleu foncé de brancardier, Izuku remonta le couloir d'un pas énergique, ses baskets crissant sur le lino élimé. Il venait d'emmener un patient en salle de radiologie et à présent, il devait aller chercher une autre patiente en salle de réveil afin de l'installer dans sa future chambre.
Cette journée avait commencé sur les chapeaux de roues avec les blessés d'un carambolage dès 9h du matin, puis, tout au long de la journée, les patients à déplacer furent nombreux, ce qui ne laissait pas une minute à Izuku. Il était 15h à présent et il venait seulement de prendre le temps de grignoter un sandwich. Heureusement, aujourd'hui, il finissait tôt. D'ici 30 minutes, il allait pouvoir se reposer et passer voir les garçons au bar. Cela le mit de bonne humeur, il avait hâte de les retrouver.
Son amitié avec eux s'était encore renforcée au fil du mois qui venait de s'écouler. Avec Eijiro, à l'instar de Denki ou d'Ochaco, ils étaient devenus de véritables amis, ceux auxquels on raconte tout et n'importe quoi. C'était souvent qu'Izuku lui faisait part de son quotidien à l'hôpital, de ces moments durs, où il devait faire face à une nouvelle âme perdue, comme ceux plus légers tels que les discussions agréables avec certains patients adorables.
Avec Katsuki, c'était un peu...différent. Ils parlaient de tout et de rien, la moindre occasion était prétexte au blond pour le chercher vis-à-vis de sa maladresse, chose à laquelle Izuku prenait plaisir à répondre. Il y voyait là un pas en avant de la part du serveur. Mais, surtout, il voyait bien les regards que Katsuki lui jetait, il n'était pas aveugle. De plus, ce que lui avait dit le rouge quelques semaines auparavant, il ne l'avait pas oublié. Il plaisait au serveur. Néanmoins, celui-ci n'engageait rien vis-à-vis de lui. Leurs conversations étaient tout ce qu'il y avait de plus normal entre amis. Pas de drague, ni de geste à son égard qui pourrait laisser penser à une quelconque attirance. Et ça lui allait très bien. Ainsi, rien ne pourrait le détourner de sa mission première.
Le temps de s'occuper de la patiente, de mettre de l'ordre dans l'administratif et de donner les infos et consignes à ses collègues, la demi-heure passa très vite et il rebroussa chemin, prenant ainsi la direction des vestiaires. Encore quelques minutes avant de pouvoir mettre un pied dehors et d'apprécier la fin d'après-midi de cette journée interminable. Il faut dire qu'il avait commencé son service à 7h du matin, ses pieds et son dos demandaient grâce.
Cependant, il se stoppa net devant une chambre. Des pleurs et sanglots étouffés lui parvenaient aux oreilles par la porte entrouverte. Il était au service pédiatrique, donc il supposa que les petits pleurs qu'il entendait provenaient d'un enfant. Son cœur se serra. Ce service le rendait toujours tellement triste. Si jeunes et déjà accablés par la vie.
Il s'approcha doucement et poussa la porte. Il ne pouvait décidément pas laisser ce petit être à sa détresse. Une petite fille, d'environ 6 ans, était assise sur le lit et entourait ses jambes de ses bras, la tête posée sur ses genoux. Elle arborait une longue chevelure grise, tirant sur le blanc, qui ondulait doucement jusqu'à sa taille et elle était vétu d'une petite robe rouge. De sa place, Izuku ne pouvait pas voir son visage caché par ses cheveux. Il s'avança encore un peu, tout en laissant tout de même un peu de distance pour ne pas l'effrayer.
- Salut, dit-il alors d'une voix douce.
La petite fille sursauta et se redressa vivement, le dévisageant avec stupeur. Ses grands yeux rouge vif étaient brouillés de larmes qui perlaient le long de ses joues potelées. Cette couleur lui fit penser à Katsuki, a toute la peine et l'angoisse qu'il pouvait lire dans son regard, et son cœur se pinça une nouvelle fois.
- N'ai pas peur, je travaille ici, reprit-il en levant les mains. Je m'appelle Izuku et toi ?
Le sourire qu'il lui adressa dû la convaincre, car elle essuya maladroitement ses larmes et renifla avant de lui répondre.
- Eri.
- C'est un très joli nom.
- Merci, répondit-elle avec un faible sourire.
Le brancardier s'avança encore un peu puis s'agenouilla devant elle.
- Pourquoi une aussi jolie petite fille que toi pleure-t-elle toute seule dans cette chambre ?
À partir de cette question, Eri se détendit et s'ouvrit progressivement à lui au fil de ses questions. Il apprit qu'elle pleurait, car ses parents ne venaient plus la voir et qu'elle était dans cet hôpital parce qu'elle avait une maladie du sang. Et Izuku compris. Cette petite fille avait été patiente de cette chambre pour une leucémie et qu'elle était à présent une âme égarée, coincé de ce côté de la barrière. Cela se confirma quand elle avoua qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle avait de nouveau des cheveux et qu'elle avait peur des gens qui lui passaient à travers le corps, sans lui faire de mal.
Alors, pendant de longues minutes et avec des mots d'enfant qu'elle pouvait comprendre, il la rassura et lui fit comprendre la triste vérité. Elle l'écouta attentivement, les sourcils froncés, puis sembla comprendre quand des larmes coulèrent de nouveau. Touché, Izuku voulut la prendre dans ses bras afin de la réconforter, mais se ravisa quand il se souvint que c'était impossible. Quand bien même, il pouvait voir les fantômes, ceux-ci restaient néanmoins impalpables. Et c'est les larmes aux yeux, ému, qu'il resta près d'elle le temps que ses pleurs se tarissent, lui chuchotant des mots rassurants.
C'était déjà difficile quand il devait aider un adulte, mais quand cela arrivait à un enfant, c'était bien plus dur. Son empathie naturelle s'amplifiait et il devait lutter pour ne pas laisser les larmes s'échapper de ses yeux.
Soudain, elle redressa la tête et fixa un point derrière lui, le regard intrigué et incertain. Izuku ne se retourna pas, il savait très bien ce qu'elle voyait et elle était d'ailleurs la seule à la voir. Cette lumière blanche, éclatante et chaleureuse. C'était comme ça que les âmes décrivaient le passage dans l'autre monde. Qu'y avait-il de l'autre côté ? Il n'en savait rien. Qu'est-ce que cela faisait en la traversant ? Il ne pouvait pas non plus répondre à cette question. Il savait juste que les personnes qui voyaient cette lumière se sentaient soulagées, en paix.
- C'est...c'est quoi ?
Tout en posant cette question, elle descendit du lit et s'avança doucement, le dépassant de quelques pas, avant de s'arrêter. Son regard était comme hypnotisé.
- C'est pour toi ma chérie, répondit-il en pivotant vers elle. Là-bas, tu n'auras plus jamais peur.
- C'est vrai ? Comment tu le sais ?
Un sourire rassurant se dessina sur ses lèvres.
- Je le sais. Fais-moi confiance.
Et c'était vrai. Il avait cette impression, cet...instinct qui l'incitait à guider toutes ces âmes vers cette lumière. Il ne savait pas d'où venait cette intuition, mais il savait que c'était la chose à faire. Sans doute que, lorsqu'il était mort au service des urgences cette nuit-là, avait-il vu cette lumière, mais ne s'en rappelait plus.
- D'accord, souffla-t-elle, son regard dérivant vers lui. Merci, Izuku. Tu crois qu'on se reverra tous les deux ?
- Oh j'en suis certain.
Elle afficha un grand sourire, les yeux brillants, avant de lui dire au revoir, de s'avancer encore de quelques pas et de finalement disparaître. Izuku resta alors seul dans cette chambre d'hôpital, devenue bien trop silencieuse. Inspirant un bon coup, il papillonna des paupières, retenant tant bien que mal les larmes qui menaçaient de dégringoler. Cette petite fille venait de le toucher en plein cœur. Même si cela restait difficile, il se consolait en se disant qu'à présent, elle était dans un monde meilleur.
Chancelant, il se releva et sortit de la pièce. Checkant l'heure à son poignet, il constata qu'il était 16h passé. Cet intermède avait duré plus de trente minutes, mais à réconforter cette enfant, il n'avait pas vu le temps passer.
Et c'est un petit quart d'heure plus tard, changé, qu'il passa la porte du Edgeshot. Eijiro, assis sur le comptoir, l'accueillit avec enthousiasme et il eut le droit à un "Oï Deku", accompagné du même sourire en coin qu'à l'accoutumé, de la part de Katsuki. À force de venir, Izuku avait enregistré les jours et horaires de travail du blond, il savait donc que celui-ci terminait bientôt. Et il avait l'intention de l'emmener quelque part.
Il s'approcha du bar et s'assit sur l'un des sièges. Eijiro, tout en restant sur le comptoir, se décala et le rejoignit vivement. Izuku évita de croiser son regard afin de ne pas éveiller les soupçons de Katsuki. Il n'avait pas d'écouteur dans l'oreille donc il ne pouvait pas non plus lui parler et le rouge le compris tout de suite.
- Dis Katchan ?
- Ouais ?
- Tu voudrais bien m'accompagner quelque part après ton travail ?
Le serveur, qui était en train de ranger les différents verres à leurs places, se stoppa et lui jeta un regard indéfinissable. Le silence s'étira entre les deux et Izuku fronça des sourcils, quand il vit dans ses yeux grenat un véritable combat.
- Deku, écoute...hum...je suis flatté, mais...
- C'est pas un rencard, si c'est ce qui t'effraie, Katchan, percuta alors Izuku.
Le brancardier se flagella mentalement. Il aurait dû se douter que Katsuki réagirait de la sorte.
- Je...j'ai pas peur !
Izuku sourit. Le blond n'était pas crédible avec son air mi-contrarié mi-effarouché.
- C'est juste que j'ai eu une journée de merde, j'ai besoin de relâcher la pression. Et je connais l'endroit parfait pour ça.
Katsuki le dévisagea encore quelques instants, pesant le pour et le contre, son cœur et sa raison se déchirant sans doute à grands coups de "oui" et de "non". Puis, se pinçant les lèvres, il finit par abdiquer, acceptant d'une voix tremblante.
- Super ! s'exclama Izuku, un sourire éblouissant collé au visage.
Il zieuta une demi seconde dans la direction d'Eijiro et lui adressa un signe de tête. Certes, il avait besoin de se défouler de sa journée, mais il avait bon espoir que l'endroit où il les emmenait réussirait à aider Katsuki à évacuer tout ce qu'il gardait en lui depuis la mort de son compagnon.
- T'as des chaussures de sécu ?
.
Une fois que le serveur eut fini son service à 17h, les deux, suivit par Eijiro, prirent la direction de chez Izuku. Cependant, une fois arrivé devant un petit immeuble de seulement trois étages, le brancardier continua son chemin et descendit une légère pente menant visiblement à un parking souterrain. Et quelques secondes plus tard, ils étaient devant une magnifique moto noire aux lignes surlignées d'orange, exposée dans un garage individuel.
Izuku s'avança alors et sortit deux casques d'une armoire cadenassée collée au mur du fond. Au début, cela avait été difficile de remonter en selle. À chaque fois qu'il s'était approché de sa moto, les images de son accident lui étaient revenues en mémoire, déclenchant des crises de panique. Il lui avait fallu plusieurs mois et de séances avec son psy avant de pouvoir enfin s'asseoir sur le siège et retrouver les sensations d'autrefois.
Ça lui avait manqué.
Dans la même armoire, il se déchaussa et enfila ses chaussures de sécurité ainsi que son blouson de motard. Katsuki avait ramené une veste en cuir sous la demande d'Izuku.
- Tiens.
Izuku lança doucement le second casque à Katsuki qui l'attrapa, une moue étonnée déformant ses traits.
- J'te voyais pas faire d'la moto.
Le brancardier ricana.
- Ouais, on me le dit souvent.
Ses chaussures enfin lacées, il se redressa, se vêtit de son blouson, cala son casque sous son bras, avant de relever le visage. Katsuki le fixait, ses pupilles rubis le détaillant de haut en bas. Sous ce regard intense, ses joues prirent une légère teinte rosée et il détourna les yeux, tombant sur Eijiro qui lui souriait d'un air entendu. C'était décidément pas mieux...
- Bo-bon, on y va ?
- J't'attends moi.
Izuku leva les yeux au ciel, enfila son casque sur la natte qui attachait ses cheveux et démarra la moto avant de la sortir du box. Il referma le battant et enfourcha le siège, s'installant convenablement.
- Monte, fit-il à l'intention de Katsuki d'un signe tête.
Le serveur enfila également son casque et prit place derrière lui, calant ses grandes mains sur ses hanches. Izuku se retint de sursauter. Il ne s'y attendait pas. Il avait pensé que le blond aurait attrapé les poignées destinées à cet effet, plutôt que lui. Il ne put tout de même pas retenir l'embardée de son cœur quand Katsuki resserra sa prise et se colla presque à lui. Derrière sa visière, il aperçut Eijiro lui adresser un clin d'œil avant de disparaître. Il allait le tuer...une seconde fois.
Il soupira et élança sa moto, remontant la pente du parking, puis s'engouffra sur l'avenue. En cette fin du mois d'août, le soleil brillait encore bien fort dans le ciel et les habitants profitaient des terrasses avec engouement. Il faisait chaud, mais les températures et l'air ambiant restaient tout à fait agréables.
Pendant de longues minutes, la moto fila sur les avenues et rues bondées, évitant les voitures et autres utilitaires presque à l'arrêt dans les bouchons. Concentré sur la route, Izuku voyait tout de même, dans les rétroviseurs, Katsuki admirer le paysage qui changeait progressivement. Puis, petit à petit, la ville bruyante céda sa place à la banlieue plus calme, aux maisons avec des jardins, et un petit quart d'heure plus tard, elle s'immobilisa à la périphérie de l'agglomération, devant un bâtiment qui ne payait pas de mine.
C'était une sorte de hangar rénové, de couleur bleu canard, avec une petite porte en métal sur le côté droit et dont de grosses lettres peintes en blanc, "Défoule-toi", trônaient sur le mur de façade. Du coin de l'œil, Izuku avisa l'air suspicieux de Katsuki.
- C'est glauque ton truc...Tu veux m'kidnapper ou quoi ?
- T'aimerais bien ? s'amusa le brancardier.
Il reçut un drôle de regard de la part du blond avant que celui-ci ne détourne les yeux, fixant de nouveau le bâtiment. Izuku laissa couler et s'avança vers la porte.
- Allez viens.
Dans un grincement de métal, ils l'ouvrirent et pénétrèrent dans le hangar. Une grande plaque de plexiglas prenait place à leur gauche et traversait presque la totalité du bâtiment. De l'autre côté, de grands box séparés par des murs de bois ou de brique s'alignaient les uns à côté des autres où ils pouvaient voir des bibelots et autres "décorer" les lieux.
- Izuku !
Une voix féminine et enjouée les accueilli et ils virent une jeune femme de leur âge arriver vers eux. De petite taille, elle était coiffée de dreadlocks, agrémentés de mèches roses, et portait un bandana rouge sur la tête où figurait l'inscription "les ingénieurs de l'extrême".
- Salut Mei, sourit le brancardier en réceptionnant son accolade.
- Ça me fait plaisir de te voir ! Et tu ramènes quelqu'un en plus, rajouta-t-elle en tendant la main au serveur.
- Katsuki, répondit-il, poliment.
Mei Hatsume, 27 ans et gérante de cet endroit. Bricoleuse à ses heures perdues, elle voue un véritable culte à la mécanique et tout ce qui s'en rapproche. De nature plus qu'enjouée, elle est un véritable raz de marée dans la vie de ceux qu'elle côtoie.
Après sa sortie de l'hôpital, Izuku avait besoin d'extérioriser tout ce qu'il avait gardé en lui. Les séances de psy, c'était bien, mais se défouler physiquement en était devenu presque vital et Denki lui avait fait découvrir cet endroit. Ayant la petite sœur de Mei dans sa classe, celle-ci lui en avait parlé et il avait décidé de tester avec son meilleur ami. Grand bien lui avait pris. Cela avait fait le plus grand bien à Izuku. Et il espérait que cela serait aussi le cas pour Katsuki.
- Izuku t'as expliqué ce qu'était cet endroit ?
- Nan, râla-t-il en direction de son comparse.
Pas inquiet pour un sou, le brancardier rigola, ce qui lui valu un regard noir pour toute réponse.
- Ok Mr râleur, ici, reprit-t-elle, amusée, en désignant tout le hangar, c'est le paradis des choses à casser.
Katsuki tiqua à l'évocation de sa désignation, mais ne dit rien.
- Tu choisis une "arme" et tu casses tout ce que tu veux. Ça fait un bien fou !
- C'est vrai, renchérit Izuku. C'est...libérateur.
Le blond approuva d'un signe de tête, tout de même dubitatif. Izuku le voyait bien, dans ses yeux rubis, qu'il se posait des questions quant à leur présence ici.
- Mais avant ça mes loulous, vous allez vous habiller !
Et c'est comme ça que, quelques instants plus tard, Izuku et Katsuki se retrouvèrent affublés d'une combinaison de sécurité, d'un casque, de gants, de lunettes ainsi que des chaussures qu'ils avaient apportées.
- Vous êtes magnifiques comme ça ! ricana Mei. Bon et maintenant, le choix des armes.
Elle désigna un pan du mur où marteaux, battes de baseball, barres de fer et autres réjouissances y étaient accrochées, en sécurité derrière une grille. Sans demander quoi que ce soit, elle tendit à Izuku une batte de baseball en bois qu'il attrapa d'un geste sûr. Il avait tellement l'habitude de l'avoir en main qu'il la faisait maintenant tourner entre ses mains, tel le bâton d'une majorette.
Il avisa Katsuki qui observait le mur sans se décider.
- Tu devrais prendre comme moi, la batte de baseball est un bon compromis. C'est ni trop grand ni trop petit et la prise en main peut se faire à une seule ou deux. Celle en métal est top.
- Ok, j'te fais confiance.
C'était peut-être rien, juste dit comme ça dans la conversation, mais cela fit plaisir à Izuku. Il gagnait petit à petit la confiance de Katsuki et il se doutait que la conversation tant redoutée, où il faudrait lui expliquer qu'il voyait Eijiro, se profilait progressivement à l'horizon. Et s'il avait visé juste, avec ce qu'ils allaient faire dans quelques instants, cette discussion arriverait bien plus rapidement que prévue.
À ses côtés, Eijiro était réapparu et approuva son conseil. Il s'exclama également sur le lieu qu'il était sûr que cela plairait à Katsuki lui qui aimait bien tout fracasser. Mais surtout, il voyait parfaitement où voulait en venir Izuku et était derrière lui à 100%
Armes en main, ils passèrent derrière le plexiglas et entrèrent dans le premier box, sous les indications de la jeune femme. Des meubles usés faisaient le tour de la pièce, des bibelots en céramique ou en verre, tels que des vases et même des assiettes, étaient déposés dessus et attendaient sagement de se faire fracasser à coup de batte.
- Vas-y, à toi l'honneur, dit Izuku, en désignant une lampe sur le buffet usagé. Tout ce qu'il y a ici peut être cassé.
Katsuki leva un sourcil et se tourna vers le meuble. La batte dans la main droite, il asséna un coup dans la lampe qui vola de quelques centimètres avant de se briser au sol.
- Je suis sûr que tu peux faire mieux que ça, le nargua Izuku, en jetant une assiette de toutes ses forces.
Celle-ci se fracassa contre le mur et s'éparpilla en centaines de petits fragments de porcelaine. Puis, il se tourna vers une télévision déjà en piteux état et, tel un joueur de baseball, donna un violent coup dedans. Le bruit de l'écran qui se fissure de nouveau emplit le box et le verre pilé tomba au sol.
- Ah, soupira Izuku, ça fait du bien !
Il jeta un regard de défi à Katsuki, qui prit la mouche, l'injuriant d'un "stupide Deku", et se tourna vers un vieil ordinateur qui traînait là. De la même façon que lui, le blond se positionna devant et abattu la batte de toutes ses forces. L'ordinateur vola en éclat et comme "enclenché", Katsuki poursuivit sur sa lancée. Il recommença, donna un autre coup, puis un autre et en quelques secondes, l'ordinateur se retrouva complètement broyé.
Comme en transe, Katsuki enchaîna sur des étagères, des verres, des vases...alternant tantôt à coups de batte, tantôt en projetant directement de ses mains. Au fur et à mesure, Izuku vit la colère imprégner ses traits, son regard se voiler de tristesse, ses gestes devenir tremblants. Il fit un véritable carnage dans le box.
Et à un moment donné, les vannes cédèrent et des larmes coulèrent sur ses joues. Il balança tout ce qu'il trouva à portée de main, frappant sans s'arrêter, de la batte, de ses poings, de ses pieds.
- PUTAIN !!!!!!!!
Izuku se recula dans un coin de la pièce et l'observa, le cœur au bord des lèvres. C'était le moment. Il devait laisser Katsuki décharger tout ce qu'il refoulait en lui depuis la mort d'Eijiro.
- EIJI !!! POURQUOI ?! POURQUOI TU M'AS ABANDONNÉ ?! T'AVAIS PAS L'DROIT !!!
Son poing fracassa le mur en bois. Ses larmes ne finissaient pas de couler, son visage était crispé dans une souffrance incommensurable, dans un désarroi infini, une détresse abyssal. De sa place, Izuku pleurait aussi. Cela lui déchirait le cœur de voir Katsuki comme ça. Il savait que c'était une étape à franchir pour accéder enfin à ce qu'il accepte la mort d'Eijiro et qu'il fasse son deuil. À ses côtés, le rouge ne l'avait pas quitté et tout comme lui, il pleurait à chaudes larmes, les yeux rivés sur son compagnon.
- J'TE DETESTE PUTAIN !! POURQUOI TU M'INFLIGE ÇA ?! REVIENS ! REVIENS-MOI, J'T'EN PRIS ! J'ARRIVERAIS PAS SANS TOI !!
A bout de souffle, il tomba à genoux, la batte résonnant contre le sol.
- J'suis désolé ! Tellement désolé ! Me laisse pas seul...J'suis désolé...c'est ma faute...J'peux pas...j'peux pas...
Sa main attrapa son T-shirt au niveau du cœur, comme s'il étouffait, sa voix se brisa...et Izuku assista à tout cela, impuissant.
- Eiji...putain...j't'aime comme un dingue...m'abandonne pas...
En plein milieu du box, les sanglots de Katsuki se faisaient déchirants. Même de l'autre côté du plexiglas, Mei n'en menait pas large avec ses grands yeux noyés de larmes et la main devant ses lèvres. Timidement, les membres tout aussi tremblants, Izuku s'approcha, suivit d'Eijiro, et déposa délicatement sa main sur la nuque de son ami. Le blond sursauta, mais ne releva pas la tête. À la place, il lui ceintura la taille et enfouit son visage contre l'abdomen d'Izuku, laissant sa peine continuer de couler.
Alors, Izuku resserra son étreinte, plongeant son regard dans celui du rouge, leur signifiant, par ce simple geste, qu'ils n'étaient plus seuls dans leurs souffrances.
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