Chapitre 8 - L'enterrement
⚠️Âme sensible à ne pas lire⚠️
Cette nuit, j'avais réussi à retourner chez moi, bien que je ne savais pas combien de temps j'avais marché ni combien de fois je m'étais perdu en route. Je m'étais effondré sur le canapé et J'avais pleuré sans fin, jusqu'à ce que mes pensées sombres m'entraînèrent dans un sommeil agité.
Au lever du jour, je me réveille lentement, encore vêtu de la veille, mon corps épuisé et lourd. Je tourne la tête avec difficulté et attrape mon téléphone sur la table basse. Aujourd'hui, c'est le jour des funérailles de mon père, Milo.
-7 h 23... C'est bientôt l'heure... je murmure en regardant l'écran de mon téléphone.
Je me lève lentement, chaque mouvement me demandant un effort considérable. Je me rends à la salle de bain, résolu à ne penser à rien, à ne ressentir rien. Sous la douche, je laisse l'eau froide couler sur moi, espérant qu'elle emportera mes pensées et mes inquiétudes, me permettant d'affronter la journée sans être accablé par mes émotions.
Après avoir quitté la douche, je me sèche rapidement et me dirige vers l'armoire. Comme un rituel, je choisis des vêtements noirs, les seuls appropriés pour la journée qui m'attend. Je prends chaque pièce avec soin, boutonnant ma chemise avec des gestes lents et presque cérémonieux. Mon reflet dans le miroir me renvoie l'image d'un jeune homme épuisé, mais je prends une profonde inspiration, m'efforçant de rester calme. Je ne peux pas abandonner maintenant.
Une fois préparé, je prends mes clés et jette un dernier regard à la maison. Derrière moi, je referme la porte, la serrure clique avec un bruit final. Je me dirige vers ma moto, chaque pas résonne dans le silence matinal.
Tout au long de la route, rien n'a changé : tout est comme d'habitude. La circulation est dense, les klaxons résonnent partout autour de moi. Je vois des gens écouter de la musique à fond dans leurs véhicules, tandis que d'autres semblent me défier de faire la course. Je les ignore, concentré sur mon objectif.
Après quarante minutes de conduite, je m'engage dans une ruelle bordée de grands buissons, indiquant l'entrée discrète du cimetière. Je me gare, pose mon casque et avance d'un pas hésitant. Soudain, des souvenirs de mon père envahissent mon esprit. Je m'arrête brusquement, prenant une profonde inspiration pour regrouper mon courage, avant de me diriger lentement vers le lieu de l'enterrement.
Le cimetière de Wat Bang Phli Yai Nai, réputé pour sa tranquillité et sa beauté, s'étend devant moi, accueillant les visiteurs dans un calme apaisant.
En regardant autour de moi, je vois toutes ces tombes ornées de fleurs colorées, chacune d'elles portent une histoire différente. Certaines sont vides, abandonnées, tandis que d'autres sont magnifiquement décorées, en forme de monuments imposants. L'ambiance est lourde, chargée de souvenirs et de tristesse. Chaque sépulture semble raconter une histoire unique, un hommage silencieux à ceux qui reposent ici.
Mon père, en tant qu'athée, avait toujours affirmé qu'il ne voulait pas de grandes cérémonies : « juste un truc simple pour un homme compliqué », me rappelle-t-il dans mon esprit alors que je m'approche de la tombe. Bien que mon père ait souvent bénéficié d'avantage en tant que membre de la mafia, son enterrement a été sobre, pris en charge par ses associés pour lui rendre hommage, même après sa mort.
Pour respecter ses convictions, aucune veillée traditionnelle n'a été organisée. Au lieu de cela, la mafia a opté pour des rites de mémoire discrets, en compagnie de quelques moines bouddhistes. Ces derniers ont été invité à chanter des sutras et à offrir des prières, apportant une touche de tranquillité à l'événement. Je me dirige vers la tombe, prêt à faire face à ce moment de paix parmi la complexité de ma propre histoire.
Je regarde la foule se rassembler autour de la tombe, une vague de tristesse me submerge. Des larmes roulent sur mes joues alors que je repère des visages connus : certains membres influents de la mafia Cop, d'autres de l'organisation Miyokul. Aujourd'hui, ils sont tous ici pour rendre hommage à Milo, et même si ce geste me touche profondément, je préfère rester discret, à l'écart de tout ce monde.
La cérémonie est magnifique. Les discours sont empreints d'émotion, et les gens déposent des roses blanches sur le cercueil en signe de respect et d'affection. Les vidéos de Milo diffusées sur un écran mettent en lumière son caractère espiègle et charismatique. Je ne peux m'empêcher de sourire et de rire avec les autres, surtout en voyant des images de mon père en tenue de mission, toujours prêt à apporter de la joie, même dans les moments les plus sombres.
Mais derrière ce sourire, une tristesse profonde m'envahit. Chaque éclat de rire, chaque souvenir partagé me rappelle à quel point il me manquera. En regardant le cercueil, je me fais la promesse de ne jamais oublier mon père. Il était un homme complexe, mais il a laissé une marque indélébile dans mon cœur. C'est une promesse que je compte tenir, malgré la douleur que je ressens aujourd'hui.
Je suis si fier de toi papa....
-Si vous souhaitez dire quelques mots, je vous en prie, annonce l' organisateur des funérailles.
Je regarde autour de moi, le cœur serré. Deux hommes très grands, visiblement bouleversés, s'avancent avec peine vers le cercueil. Leurs visages sont marqués par une profonde tristesse.
-Je suis Win Piratat... commence l'un d'eux, sa voix brisée par les larmes.
Win et Lhong Piratat, deux figures emblématiques de l'organisation Miyokul. Win, L'ainé est le premier à prendre la parole. Il avait joué un rôle important dans la vie de mon père, un rôle qui va bien au-delà des simples relations professionnelles. Leur relation était marquée par un amour et un respect mutuels, un lien qui ne sera jamais oublié.
Lhong, l'ami le plus proche de mon père, derrière. Sa présence impose le respect, et ses yeux révèlent une détermination et une douleur qui vont au-delà des mots. Il se tient avec une dignité calme, bien que la peine soit évidente sur son visage.
Papa... T'es partie en laissant beaucoup de monde derrière toi...
-C'était un gars loyal ! Je sais qu'il travaillait pour une autre famille... Mais il m'a sauvé la vie plusieurs fois... C'était un homme incroyable... Vraiment... avoue Win, sa voix tremblante trahis la douleur qu'il ressent.
Les mots de Win résonnent profondément en moi, et des larmes commencent à couler lentement sur mon visage. Chaque mot semble ouvrir une nouvelle brèche dans mon cœur, laissant échapper une tristesse que je n'avais pas encore pleinement réalisée.
Je regarde Win partir en pleurs, soutenu par Lhong, dont l'expression grave et réconfortante montre la profondeur de leur connexion. Leur peine est palpable, et je suis submergé par l'émotion, réalisant à quel point mon père avait touché les vies de ceux qui l'entouraient, même au-delà de ses propres choix et alliances.
Un autre homme, avec une présence imposante et un regard empreint de respect, prend place à côté de Win. Sa posture et son attitude montrent qu'il comprend la gravité de ce moment et le poids des mots qu'il va partager.
- Je suis Aaron... et je ne connais pas très bien Milo, mais je sais qu'il serait heureux de voir ça aujourd'hui. Deux familles en guerre se réunissent pour un jour spécial. Il serait fier de vous tous, vraiment...
Je tourne lentement la tête, observant les visages autour de moi. Certains pleurent en silence, d'autres baissent la tête, respectant la mémoire de Milo à leur manière. Le cimetière, baigné dans une lumière douce, semble un lieu de recueillement profond.
Aaron, après son hommage émouvant, disparaît, laissant sa place à un autre individu. Mon cœur est lourd, et je me sens submergé par la tristesse. Mes larmes coulent librement, et je baisse la tête, essayant de trouver un peu de réconfort dans ce moment solennel. Je relève doucement la tête lorsque j'entends un nom familier :
-Je suis Boun...
Les mots de Boun me frappent comme un coup de tonnerre. Je lève les yeux, cherchant à confirmer ce que je viens d'entendre. Ses traits sont marqués par la tristesse, mais aussi par une lueur de détermination qui me surprend.
Qu'est-ce qu'il fait là !?
-Milo Lousiani était un traître, certes... Mais je l'aimais bien, et je n'ai pas honte de le dire. Il m'a sauvé la vie un nombre incalculable de fois, et c'était la moindre des choses à faire pour lui rendre hommage.
En prononçant ces mots, je scrute les visages des autres convives. Une majorité semble visiblement perplexe, choquée de voir un héritier de la mafia rendre hommage à un homme qu'ils considéraient comme un traître. La tension dans l'air est presque palpable. Les murmures commencent à circuler parmi les invités : certains baissent les yeux, tandis que d'autres échangent des regards surpris et confus. Je ressens leur incompréhension, mais je reste ferme dans mes sentiments.
Je regarde Boun s'éloigner du groupe après son discours. Sa silhouette se détache dans l'ombre des arbres du cimetière, et je refuse de détourner les yeux. Il y a quelque chose de déterminé dans sa démarche, quelque chose qui attire mon attention malgré l'atmosphère tendue.
Boun...
Je reste là, regardant les gens défiler devant l'urne. Chaque individu, qu'il s'agisse des membres de l'organisation Miyokul ou de la famille Cop, manifeste un respect réciproque. Les éclats de rire et les récits sur mon père résonnent autour de moi, évoquant ses peurs, en particulier celle de l'eau, ou les nombreuses bêtises qu'il avait pu faire.
À mesure que les funérailles se terminent, je constate que de nombreuses personnes commencent à partir. Je scrute attentivement la foule à la recherche de Boun, mais il semble avoir disparu. Je suis maintenant seul, le dernier à rester parmi les tombes silencieuses. Le calme du cimetière semble presque oppressant.
Je reste un moment, perdu dans mes pensées, cherchant à comprendre où Boun aurait pu aller. Ses paroles et son comportement m'ont laissé une impression complexe, mêlant respect et confusion. En l'absence de Boun, je me sens encore plus isolé, confronté à la réalité de cette journée et à ce qu'elle implique pour moi.
Je me tourne une dernière fois vers le cercueil et la tombe de mon père, essayant de m'imprégner de chaque détail, chaque sentiment qui m'envahit. Je me promets de ne pas oublier ce jour, ni les leçons qu'il semble m'apporter.
Le cœur lourd, je m'avance lentement vers le cercueil de mon père. Avec des larmes aux yeux, je fixe l'endroit où Milo repose désormais. Je prends une rose, la regarde un instant et la jette doucement dans le vide, sachant qu'elle sera bientôt recouverte par la terre, tout comme elle s'enfoncera dans mes souvenirs. Je ferme un moment les yeux, laissant une larme couler, en me remémorant les instants précieux passés avec lui.
-Papa... Je sais que... Tu ne me pardonneras jamais si je continue sur ce chemin-là... Je le sais, mais... S'il te plaît... Pardonne-moi quand même, car je ne peux m'empêcher... Papa, comme je t'aime... Énormément, papa...
Ma voix tremble alors que je parle, et je me laisse aller, enfouissant mon visage dans mes mains. La douleur me submerge, rendant chaque mot presque impossible à prononcer.
Soudain, je sens des bras m'enrouler. Je n'hésite pas à me blottir contre cette personne, cherchant réconfort et chaleur dans ce moment de vulnérabilité. Je me laisse aller, sans me soucier de qui est là ou de ce que cela signifie. Dans cette étreinte, je trouve un petit répit face à la vague de tristesse et de confusion qui m'envahit.
-Chut, ça va aller... Ça va aller, dit l'homme doucement, sa voix empreinte de réassurance.
Je relève lentement la tête, les yeux encore embués de larmes. Devant moi se tient un homme plutôt mince, vêtu exclusivement de noir. Le contraste entre le blanc de ses cheveux et son habillement sombre le rend difficile à reconnaître, surtout dans ce moment de confusion émotionnelle. Ses yeux expriment une profonde compréhension et une compassion sincère, comme s'il savait exactement ce que je traverse.
Je continue de pleurer, laissant libre cours à toute ma tristesse, ma colère et ma confusion. Les larmes coulent sans fin, tandis que je me blottis dans l'étreinte de cet inconnu. Malgré ma douleur, je ressens un réconfort inattendu, un soutien fragile mais précieux, même si ce n'est que pour un instant. Sa présence offre une bouffée d'air frais au milieu de ma tempête intérieure, et je m'accroche à cette étreinte comme à une bouée de sauvetage.
-Ta ? Qu'est-ce qui se passe ? Qui est-ce ? demande un inconnu en s'approchant de moi, posant une main réconfortante sur mon épaule.
Je tourne lentement la tête vers lui, mes yeux toujours embués de larmes. C'est alors que je découvre Lhong, l'ami proche de mon père. Une vague d'émotion m'envahit à l'idée que, malgré ma douleur, je ne suis pas seul. Même si je suis touché par sa présence, je n'ai pas la force de m'exprimer, pas à ce moment-là.
Lhong, accompagné de l'autre homme dont je ne connais pas encore le nom, fait tout son possible pour m'apaiser. Leur chaleur et leur présence apaisante m'apportent un peu de réconfort au milieu de ma souffrance. Les larmes coulent encore, mais je sens peu à peu la lourdeur de mon chagrin se dissiper.
À bout de force, je laisse mes yeux se fermer lentement. Le sommeil commence à m'envahir, me permettant d'imaginer des jours meilleurs et des souvenirs heureux avec mon père, loin de la cruauté de cette journée. Un silence réconfortant enveloppe le cimetière, tandis que Lhong et l'autre homme restent attentifs et protecteurs à mon égard, m'offrant un havre de paix au milieu de la tempête émotionnelle.
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