Chapitre 6 - l'héritier
Papa... Papa, je suis dans une salle... Ça... Ressemble à une morgue... Où je suis... ?
Je suis coincé dans une pièce sombre et glaciale, où les murs sont bordés de tiroirs métalliques. L'endroit ressemble à une morgue, avec une atmosphère pesante et une lumière faible qui projette des ombres sinistres. Tout semble flou et déformé, les formes indistinctes se fondant dans la pénombre.
Tout à coup, j'entends une voix familière, celle de mon père. Mon cœur s'emballe immédiatement, et je me tourne dans toutes les directions, cherchant désespérément la source de cette voix. La peur me paralyse, et les formes floues autour de moi deviennent des silhouettes inquiétantes. Je me précipite vers ce que je crois être mon père, espérant le trouver pour me rassurer.
À mesure que je m'approche, je réalise que la silhouette qui se dirige vers moi est celle de mon père, mais quelque chose ne va pas. Mon cœur bat à tout rompre alors que je me rapproche, mais j'arrête brusquement. Ce n'est pas le père que je connais. Devant moi se tient un homme en décomposition, avec un visage partiellement rongé et des vêtements en lambeaux.
La vision me coupe le souffle, et un frisson glacé parcourt mon échine. La terreur me submerge, me laissant figé sur place alors que je regarde cette apparition horrifique. Les souvenirs de mon père, vivant et aimant, se mélangent avec cette vision cauchemardesque, créant un tourbillon d'émotions que je peine à comprendre.
Je me recule lentement, la confusion et la douleur m'envahissent. L'illusion de mon père est-elle une épreuve de ma propre folie, ou est-ce une autre forme de torture psychologique ? Mes pensées s'entrechoquent alors que je cherche désespérément un moyen de sortir de ce cauchemar, de comprendre ce que je suis censé faire face à cette vision horrible.
-Ahhhhhh !
Je me réveille en sursaut, mon corps tremblant de sueur, le cœur battant à toute allure. Les larmes coulent sur mes joues, et je prends un moment pour comprendre où je me trouve. En regardant autour de moi, je réalise que je suis dans ma chambre, en sécurité. Le cauchemar était juste un rêve, mais la violence de l'expérience me laisse encore bouleversé.
Je tourne mon regard vers le réveil, et je vois qu'il est 5 heures du matin. La pièce est plongée dans une obscurité légère, seulement troublée par la lueur blafarde de l'aube qui filtre à travers les rideaux. Je suis encore secoué par les images de mon rêve, le visage décomposé de mon père me hante.
-Mon Dieu... il faut que je me prépare...
Je me lève lentement, le corps encore engourdi par les secousses du cauchemar et les événements de la veille. Je me dirige vers la salle de bain, les gestes automatiques, l'esprit complètement vide. Sous l'eau chaude, je laisse mes pensées dériver, me concentrant uniquement sur le besoin de me préparer pour la journée à venir.
Je choisis une tenue noire, le choix évident dans mon état d'esprit actuel. Une fois prêt, je me rends dans la cuisine, mais la vue de la nourriture me répugne. Je n'ai ni le cœur ni l'appétit pour manger. Je jette un dernier regard autour de moi, me sentant comme un étranger dans ma propre maison, et me dirige vers la sortie.
Aujourd'hui, je décide de prendre le bus plutôt que ma moto. Ce précieux cadeau de mon père mérite d'être préservé, et je ne peux pas me permettre de risquer quelque chose d'aussi sentimental. Le trajet en bus se déroule dans le calme, un contraste agréable avec l'agitation de mes pensées.
En arrivant au port, je trouve l'endroit que Loukas m'a indiqué. Je m'installe à l'emplacement prévu, guettant l'arrivé de quelqu'un. Le port est encore tranquille à cette heure-ci, les premières lueurs du jour se reflètent sur l'eau calme. Je scrute les environs, espérant voir des signes de la présence des personnes qui doivent me rejoindre.
Je jette un coup d'œil à ma montre : il est 6h30. Le temps semble s'étirer à l'infini, amplifiant mon anxiété. Je prends soin de ne pas regarder mon téléphone, ayant changé mon fond d'écran pour ne pas me rappeler de l'affreuse vérité. Le stress et l'incertitude pèsent lourdement sur moi alors que je patiente, les yeux rivés sur l'horizon, attendant...
-J'ai raté le rendez-vous ? je murmure, parlant à moi-même, l'inquiétude montant.
Je reste là, nerveux, scrutant le port désert, quand soudain, j'entends un bruit derrière moi. Je me retourne instinctivement, mais avant même que je puisse voir quoi que ce soit, un coup violent me frappe à la tête. La douleur est intense, et tout devient soudainement sombre.
Quand je reprends peu à peu conscience, je remarque d'abord la douceur du matelas sous moi et la chaleur réconfortante des couvertures qui m'entourent. Le soulagement initial est vite assombri par une douleur persistante à la tête. Je me redresse doucement, essayant de m'habituer à la lumière ambiante, lorsque la porte s'ouvre en grinçant.
Une silhouette entre dans la pièce. La lumière du couloir se déverse partiellement dans la pièce sombre, éclairant à peine le visage de l'inconnu. Mon cœur se met à battre plus fort, et je tente de comprendre où je suis et ce qui se passe.
-Où suis-je ? murmuré-je, ma voix faible et rauque.
Je scrute la silhouette qui s'approche, tentant de discerner des détails dans la pénombre.
-Enfin réveillé ! dit l'inconnu d'une voix calme mais autoritaire.
Je regarde la silhouette entrer dans la pièce. En posant ma main sur mon crâne, je tente de mesurer la gravité du coup que j'ai reçu. La douleur est intense, mais il semble que la blessure ne soit pas trop grave. Je me redresse lentement, essayant de comprendre la situation.
L'homme s'avance, révélant un costume noir impeccable. Il s'arrête à une certaine distance du lit, observant attentivement chacun de mes mouvements.
-Ne t'inquiète pas, on t'a soigné, dit-il. Tu sais pourquoi tu es ici ?
Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer mon rythme cardiaque accéléré.
-J'ai demandé à travailler pour vous en tant que garde du corps, je réponds d'une voix encore marquée par l'écho du coup.
-Exactement, mais on a trouvé un autre poste pour toi, dit-il, son visage fermé et impassible.
Je sens mon cœur s'accélérer encore plus. La tension est palpable, et je comprends qu'il est trop tard pour revenir en arrière.
-Qu'est-ce que c'est ? demandai-je, une pointe de nervosité dans ma voix.
-Oh... Tu vas le savoir. Ne t'inquiète pas. Lève-toi et suis-moi, répond-il en m'adressant un sourire énigmatique.
Je me redresse avec difficulté, ma tête toujours douloureuse. En essayant de rester stable, je suis l'homme hors de la pièce, la curiosité mêlée à une anxiété croissante.
On parcourt de vastes couloirs silencieux, nos pas résonnent légèrement sur le sol en marbre. L'homme me guide à travers des escaliers imposants, chaque marche ajoute de la tension qui monte en moi. Enfin, on s'arrête devant un ascenseur moderne.
L'homme appuie sur le bouton du dernier étage, et les portes se ferment avec un doux clac. J'observe les numéros défiler lentement, mon anxiété croissante se mêle à un sentiment d'appréhension. Les mots de mon père résonnent dans ma tête, un écho du passé.
Flashback
-Dure journée, papa ?
-Si tu savais... J'ai rencontré l'héritier aujourd'hui... Ils m'ont fait monter au dernier étage... Tu aurais vu l'appartement...
Fin du Flasback
L'héritier... Voilà ce que je m'apprête à découvrir. Le fils de Black Miyokul, l'héritier de l'empire, la personne que mon père avait mentionné dans ses rares moments de vulnérabilité.
L'ascenseur s'arrête enfin, et les portes s'ouvrent sur un couloir élégant, aux murs ornés de tapisseries luxueuses. L'homme s'avance avec assurance et s'arrête devant une porte en bois massif, finement sculptée. Il toque doucement, mais avec une certaine autorité.
- Entre ! Dit l'inconnu
Je suis poussé à l'intérieur de la pièce avec une brutalité déconcertante, comme si j'étais un chien indésirable. En entrant, je trébuche légèrement, puis me retourne pour regarder l'homme qui m'a conduit ici. Il semble surpris par ma réaction et me lance un regard désolé, comme s'il regrettait ce qu'il venait de faire.
- Qu'y a-t-il ? demande l'inconnu.
Je cherche la source de la voix du regard, mais je ne vois qu'un paravent derrière lequel se dessine une silhouette fine. La pièce est plongée dans une semi-obscurité, accentuée par les ombres projetées par les objets et les meubles autour de moi. Le paravent semble délimiter une zone de la pièce, dissimulant ce qui pourrait se trouver derrière.
- Votre père vous a fait un petit présent... annonce le garde.
Je fixe l'homme qui m'a amené ici. Il évite mon regard, semblant presque gêné par la situation.
-Un présent ? Quoi donc ?
L'homme semble peser ses mots avant de répondre.
-Un jeune garçon... Votre père a dit que vous...
- Laisse-moi deviner ? De le baiser ?...
- Oui... avoue le garde du corps.
Je ferme les yeux un moment, essayant de contenir la vague de colère et de dégoût qui déferle en moi.
-Je n'en veux pas... Tue-le, dit-il d'un ton froid, malgré le tourbillon d'émotions qui m'étreint.
L'homme qui m'a emmené ici semble surpris par sa réponse.
-Monsieur... Il n'a que 17 ans... répond le garde du corps d'une voix hésitante.
Je sens mon cœur se serrer à l'entente de ces mots, mais je ne peux que rester silencieux, la colère et la confusion m'empêchant de réagir davantage.
Le garde se retourne vers moi, et je vois le successeur se lever et se diriger vers l'entrée. Je fixe l'inconnu derrière le paravent, et à mesure qu'il s'approche, une onde de choc me frappe.
L'homme qui se tient devant moi m'est étrangement familier. Mon cœur rate un battement alors que je le reconnais enfin. C'est Boun. Les pensées tourbillonnent dans ma tête. Je suis paralysé par la surprise, l'angoisse et la culpabilité. Le monde autour de moi semble se fissurer alors que je regarde Boun, impuissant et horrifié.
Qu'est que Boun fait ici ?!
-Monsieur... s'incline le garde.
Quand il me voit, ses yeux s'écarquillent de surprise.
-Sa... Laissez-le ici... Vous pouvez disposer.
-Bien, Monsieur, répond l'homme avant de se retirer.
Je me retrouve seul avec lui, qui me regarde avec une inquiétude croissante. Il avance lentement, comme s'il avait peur de provoquer une réaction violente.
-Sam ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Je le fixe droit dans les yeux, mon regard est sombre et résolu. Je ne veux pas céder à la peur, malgré la situation critique dans laquelle je me trouve.
-Toi ! je murmure, ma voix pleine de colère et de désespoir.
Boun semble déstabilisé, ses yeux cherchent à comprendre, à percer le mystère de ma présence ici. Il hésite, l'air confus, comme s'il essayait de concilier cette rencontre inattendue avec la situation désastreuse qui se déroule autour de lui.
Je me rapproche soudainement de lui, la main levée pour lui donner une gifle. Cependant, il réagit avec rapidité et précision, saisissant mon poignet avant que je puisse le frapper. En un instant, je me retrouve contre lui, le dos collé à son torse, mon poignet fermement maintenu dans sa main.
-Je vais reformuler ma question, Sam... Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-il, l'air déterminé.
-Ça ne te regarde pas ! réplique-je, ma voix empreinte de frustration.
Ses mains, toujours sur mes bras, commencent à trembler de colère. Il me pousse contre le mur, me faisant basculer contre la surface froide. Avant que je puisse réagir, il saisit mes poignets et les bloque au-dessus de ma tête avec une force implacable.
-Regarde-moi ! dit-il, d'un ton autoritaire.
Je lève enfin les yeux pour le fixer, une expression neutre mais attentive. La colère dans ses yeux est palpable, et il semble sur le point de perdre patience.
-Tu as des dettes ?! C'est pour ça que tu veux vendre ton corps ?!
Je reste silencieux, ne lâchant pas son regard. La tension dans la pièce est presque palpable, et je sens la douleur dans mes poignets, mais je refuse de céder.
-Tu ne parles pas ? dit-il, son regard devenant de plus en plus noir. Alors laisse-moi te faire comprendre un truc...
Sa voix est pleine de menace, et je sais qu'il est prêt à tout pour obtenir une réponse.
Je sens une des ses mains me lâcher, et par réflexe, j'essaye de me libérer de sa prise. Mais je ressens immédiatement sa main opposée se poser fermement sur ma hanche, m'immobilisant. La proximité soudaine me surprend, et je croise de nouveau son regard, ses yeux cherchant à comprendre ce qui se passe.
-Je vais te dire... Ton corps... Ton âme... Tout ça m'appartient... Alors dis-moi, que fais-tu ici ! Ça te branche les mafieux !? lance-t-il, sa voix remplie de colère et de frustration.
J'éclate de rire, me moquant ouvertement de lui.
-Jamais, tu m'entends, tu n'auras pas mon corps ! Jamais ! Et c'est du foutage de gueule... Monsieur l'Héritier... Je ne savais pas que t'avais carrément un titre !
Boun est visiblement pris de court par ma réaction. Son visage se crispe, une colère froide et une confusion se mêlant dans ses yeux.
-Comment veux-tu que je le sache ? Je ne te connaissais pas encore assez pour te dire que j'étais mafieux ! Alors tu es venu te faire sauter...
-JE DEVAIS ÊTRE GARDE DU CORPS ! MAIS ON M'A DONNÉ POUR ÊTRE TA PUTE ! j'exprime ma frustration perçant dans sa voix.
La colère de Boun semble s'intensifier, ses mains se resserrent davantage autour de mes hanches. Il tente de garder son calme, mais son visage trahit une détermination inflexible.
-Tu m'as dit que tu voulais faire du mannequinat, pas garde du corps...
-ça ne te regarde pas !
-Je vais t'attacher jusqu'à ce que tu me le dises ! Et si ça dure toute la nuit, demain ou durant 10 ans, je m'en fiche ! déclare-t-il, sa voix pleine de détermination.
L'angoisse m'envahit alors que j'implore Boun, ses yeux cherchant désespérément un moyen de faire changer d'avis à l'héritier.
-Nan... S'il te plaît... Pas ça...
Malgré la tension, il semble se durcir davantage.
-Maintenant, tu vas devenir un des gosse obéissant! Laisse-moi rire ! Quoi, demain t'as un autre client ? C'est ça ! Tu vas te faire péter le cul !
Désemparé, je hurle avec une rage et un chagrin incommensurables.
-JE VAIS À L'ENTERREMENT DE MON PÈRE CONNARD !
Les mots résonnent dans la pièce, un mélange de douleur et de désespoir dans chaque syllabe. La révélation le choque, et il reste un moment figé, incapable de réagir immédiatement.
-Arrête de raconter des conneries ! Tu m'as dit que ton père était mort. Je ne savais pas que tu étais capable de raconter un mensonge sur un mort, t'a pas honte ?
Je me rends compte de l'erreur que je viens de faire et tente de la réparer.
-Mon oncle est comme un père... Je voulais dire, il m'a élevé après la mort de mes parents. Mon père, le vrai, il est mort il y a longtemps. Mon oncle était tout ce qu'il me restait. Et maintenant, je dois l'enterrer aussi !
Boun m'observe, son regard passant de la colère à une expression plus douce. Il comprend alors l'ampleur de la douleur que je traverse. La tension dans ses mains se relâche légèrement, et il me laisse me détendre un peu.
-Je suis désolé, toutes mes condoléances... murmure-t-il soudainement.
Tout à coup, j'entends l'arrivé de l'ascenseur. Son regard se fige, empreint de panique. Il se précipite vers un placard, m'attrape par le bras et me pousse à l'intérieur.
-Tu ne dis rien et tu attends sagement ici... murmure-t-il d'une voix urgente, avant de refermer la porte du placard derrière moi.
Je me retrouve enfermé dans l'espace confiné, entouré par l'odeur de bois et de métal. Je fais de mon mieux pour apaiser ma respiration, mon cœur battant à toute allure dans ma poitrine. À travers les parois du placard, j'entends la porte de l'ascenseur s'ouvrir, suivie des pas pressants et des voix étouffées. Je me tends, cherchant à rester immobile et silencieux.
Quelqu'un entre dans la pièce, son visage dur et sévère. Sa présence est imposante, et chaque mot qu'il prononce résonne avec une autorité glaciale.
-Fils ! Bonne nouvelle ! déclare-t-il d'un ton impérieux, son regard scrutant Boun avec une méfiance calculée. Milo Lousiani est mort ! On a tué un pion de la famille Cop, j'en suis ravi ! Enfin ! Ce sale traître... Mais bon, dommage... Il avait un potentiel de malade...
Le père de Boun continue, sa voix se perdant dans un flot de paroles que je ne peux qu'entendre à travers la fine ouverture du placard. Je reste figé, mon esprit tourbillonne entre la peur, la confusion, et l'anxiété. Le stress est palpable dans chaque fibre de mon être, alors que je tente de comprendre la situation et de prévoir ce qui pourrait arriver ensuite.
Ce bâtard !... Je vais le tuer ! Je vais te tuer comme tu as tué mon père !
-Je vois, répond-il de manière sobre, sa voix dépourvue d'émotion.
-Cela va certainement affaiblir la famille Cop, déclare son père d'un ton autoritaire.
-Oui, père. Nous devons rester vigilants face à leurs réactions, répond Boun, choisissant ses mots avec une prudence et calculée pour ne pas attiser la colère de son père.
-Je te donne cette tâche. Tu dois rester vigilant et surveiller la famille Cop. Après tout, tu devrais être à la hauteur de tes responsabilités, Boun, dit-il d'un ton cruel. Tu as déjà causé assez de tort par le passé, et j'ai honte que tu sois mon fils. Je ne supporterai plus aucune vulnérabilité de ta part. Ne me déçois pas.
-Je comprends, père, répond-t-il, son expression restant impassible malgré la tension palpable.
-Au fait, où est le présent que je t'ai envoyé ? demande son père.
J'aperçois qu'il se fige légèrement tout en gardant un visage neutre.
-Il est sous la douche... Je lui ai demandé de se laver avant. Je ne sais pas où il a traîné ni où vous l'avez trouvé, mais je vous remercie pour ce cadeau, répond Boun, essayant de garder son calme.
-Bonne idée, il doit avoir des puces, dit son père en riant. Je te laisse.
Les rires de son père résonnent dans la pièce tandis qu'il s'éloigne. Il reste figé, ses traits tirés par l'angoisse.
Lorsque la porte se referme, Boun ne bouge pas, le visage tendu. L'ombre de la silhouette paternelle hante encore la pièce, malgré son absence. Je suis toujours caché dans le placard, écoutant ses respirations lourdes et hésitantes.
Quand il ouvre la porte du placard, il me voit, les larmes déjà en train de couler sur mon visage. J'essaye de les retenir, mais c'est impossible. Les paroles cruelles de son père résonnent encore dans ma tête, chacune plus douloureuse que la précédente. Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard.
Il reste là, silencieux, me fixant. Je sens une tension dans l'air, une hésitation que je n'arrive pas à comprendre. Je tente de me calmer, de maîtriser ma respiration, mais un sanglot m'échappe malgré moi.
— Sam ? demande-t-il doucement en me sortant du placard, essuyant mes larmes du bout des doigts.
Je le fixe sans dire un mot, la gorge serrée, envahie par une vague d'émotions et de colère. Il observe mon visage avec attention, cherchant à comprendre ce qui me tourmente, ce que je cache derrière mon silence.
— Sam, s'il te plaît... insiste-t-il, sa voix teintée d'une supplication que je n'ai jamais entendu chez lui.
Je détourne le regard, refusant obstinément de répondre. Je ne veux pas qu'il découvre pourquoi je suis vraiment ici. La vérité... est que je suis venu pour tuer ton père.
Boun soupire, visiblement frustré par mon mutisme. Je peux sentir sa tension croître, ses doigts tremblent légèrement alors qu'il se tient près de moi.
— Tu ne me laisses pas le choix... murmure-t-il finalement, sa voix vibrante d'une inquiétude palpable.
Il me soulève sans effort et me jette sur son épaule comme un sac à patate, malgré mes tentatives désespérées de me libérer. Mon corps se débat, mais je sens rapidement que ça ne sert à rien. Ses pas sont fermes, déterminés, et je peux sentir la tension monter en moi.
Il me dépose brutalement sur le lit de sa chambre. Je me relève aussitôt, la rage et la panique brûlent en moi, près à lui donner une gifle. Mais avant même que je ne puisse le toucher, il attrape ma main avec une précision glaciale et l'attache au sommier du lit.
— Qu'est-ce que tu fais !? Je crie, ma voix tremble de peur, la panique me rongeant de l'intérieur.
Sans un mot, il saisit mon autre main et l'attache également, me laissant immobilisé, incapable de me défendre. Je tire de toutes mes forces, mais les liens sont solides, m'enfermant dans cette impuissance frustrante.
— Tu vas rester là... jusqu'à demain, dit-il d'une voix calme mais froide. Et tu vas me parler, Sam. Crois-moi, je préfère te voir ici qu'en bas.
Son ton est déterminé, presque inquiétant.
— Bordel, Boun ! Détache-moi ! je hurle, ma voix résonne dans la chambre. Je tire sur les liens avec une force désespérée, mes poignets me brûle contre les attaches.
Il ne répond même pas. Il se retourne, le visage impassible, et sort de la chambre sans un mot, laissant derrière lui le bruit sec de la porte qui se ferme. Le claquement me fait sursauter, et un sentiment de claustrophobie s'empare de moi. Je me retrouve seul, attaché au lit, mes pensées tourbillonnent dans ma tête comme une tempête.
Je tire à nouveau sur les liens, mais rien ne cède. L'angoisse monte, plus forte que jamais, presque étouffante. La lumière de la lune filtre à travers les rideaux, projetant des ombres sur les murs, mais aucunes d'elles ne semble vouloir m'apporter du réconfort. Chaque seconde d'immobilité me donne l'impression de m'éloigner un peu plus de mon plan, de mon objectif. La frustration m'écrase.
La nuit s'annonce interminable, et avec elle, viennent les doutes. Mon plan de vengeance, que j'avais conçu avec tant de détermination, semble désormais incertain. Les liens qui m'enferment physiquement ne sont rien comparés à ceux qui commencent à m'enchaîner mentalement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top