Chapitre 4 - SMS
Les jours ont passé depuis cette nuit étrange, et à mon retour au foyer, je suis accueilli par des reproches. Mon téléphone est confisqué, et je suis privé de sortie. Cheldry essaie par tous les moyens de me défendre, mais je lui ai dit de se taire, reconnaissant que c'est de ma faute. J'avais trop bu cette nuit-là, et maintenant, j'en paie le prix. Je ne peux pas sortir pendant une semaine. Les jours semblent sans fin, chaque heure s'écoule lentement alors que je réfléchis à mes actions et à leurs répercussions. Je contribue aux tâches domestiques, je passe du temps à lire ou à réfléchir sur mon lit, ressentant une sensation d'isolement et de culpabilité.
Enfin, à la fin de cette période, on me rend mon téléphone. Inquiet, je l'allume et je suis étonné de constater de nombreux messages de Boun, cet inconnu que je n'arrive pas à oublier. D'une manière ou d'une autre, il a réussi à obtenir mon numéro. Les messages sont variés, allant de simples salutations à des commentaires amusants sur notre rencontre et des invitations à se revoir. Je suis à la fois fasciné et anxieux. Je ne sais pas vraiment ce que je souhaite ou ce que je dois faire.
+3385*******
Hello beauté ?
Dimanche à 09h38
Oh je vois tu vas m'ignorer ?
Dimanche à 10 h 12
Sérieusement ?
Dimanche à 12 h 23
J'ai l'impression d'harceler là...
Dimanche à 16 h 09
Hey...
Lundi à 10 h 45
Bon...
Lundi à 17 h 34
Je pense que tu ne veux pas me parler...
Mardi à 13 h 48
Je vais te laisser tranquille...
Aujourd'hui à 2 h 28
Adieu...
Aujourd'hui à 19 h 05
Je ne peux m'empêcher de sourire en lisant ses messages. Quelque chose dans la manière dont Boun écrit, son humour, sa désinvolture, me touche plus que je ne veux l'admettre. Après quelques instants d'hésitation, je décide finalement de lui répondre.
Samy
Hey désolé on m'a confisqué mon tel
aujourd'hui à 20 h 36
Je n'ai même pas le temps de poser mon téléphone qu'il vibre déjà dans ma main. Je le reprends, un peu surpris par la rapidité de sa réponse. En voyant son message, un sourire involontaire étire mes lèvres.
Vraiment ? Tu ne m'as pas mit en remis juste pour me foutre en rogne ?...
Aujourd'hui à 20 h 37
Nan, je ne suis pas rentré donc punis
aujourd'hui à 20 h 40.
Ah, donc tu ne m'as pas ignoré, tu m'as même répondu donc j'ai une chance ?
Aujourd'hui à 20 h 42
Nan, moi et mon joli minois n'est pas intéressé par ta proposition. J'étais peut être bourré, mais je ne vais pas coucher avec un mec qui se tape s'en doute la terre entière, je préfère rester puceau
aujourd'hui à 20 h 40.
Alors je ne me tape pas la terre entière n'abuse pas non plus, ce sont toujours les mêmes qu'ils viennent me voir et j'ai mes raisons et je l'ai dit, je ne te toucherais pas, je veux juste apprendre à te connaître
aujourd'hui à 20 h 45
Si tu n'as aucune intention derrière...
Aujourd'hui à 20 h 48
Je te garantis rien, mais je sais me retenir
aujourd'hui à 20 h 52.
Désole Boun, je sors on se parle plus tard
aujourd'hui à 20 h 56.
Tu sors ?
Aujourd'hui à 20 h 59
Ouais, je vais sortir, j'ai un anniversaire, on va dans un bar
aujourd'hui à 21h 03
Attends... Si tu es si content de me dire ça, ça veut dire que tu t'en vas dans un endroit où je ne pourrais rien faire...
Aujourd'hui a 21h 08
Exactement, je vais au bar du lotus et ce n'est pas ton bar
aujourd'hui à 21h 13
Comment tu sais que ce n'est pas mon bar ?
Aujourd'hui à 21 h 16
J'ai demandé à mon pote un bar ou le proprio n'est pas celui de Girls Girls Girls
aujourd'hui à 21h 18
Tu fais chier... Amuse-toi bien...
Aujourd'hui à 21 h 20
Merci ! J'y vais à plus
aujourd'hui à 21 h 24.
-Mec, on va être en retard ! Dépêche ! Dit Cheldry
Je range délicatement mon téléphone et me fixe dans le miroir, observant mon apparence avant de quitter la pièce. En ouvrant la porte, je me retrouve face à face avec Camille, la tutrice du foyer.
– Sam, je souhaiterai te parler, dit-elle en me fixant avec une expression sérieuse mais bienveillante.
Je ressens une montée de nervosité en moi, me demandant ce qu'elle a à me dire.
Elle pose doucement sa main sur mon épaule et m'invite à la suivre jusqu'à son bureau.
– Comment te sens-tu ? Nous n'avons pas eu l'occasion de parler depuis un certain temps, commence t-elle.
J'acquiesce, ne sachant pas trop quoi dire.
– Je me sens bien, je suppose, finis-je par répondre.
Ma tutrice me fixe avec attention, essayant probablement de lire dans mes pensées.
– Je suis consciente que tu as traversé des moments difficiles ces derniers temps, et je voulais que tu saches qu'on est là pour toi, continue-t-elle. N'hésite pas à venir me parler si tu as besoin de discuter ou si quelque chose te préoccupe.
Je ressens un mélange de reconnaissance et de gêne.
– Je te remercie, Camille. J'apprécie sincèrement.
Elle sourit doucement.
– D'accord. Allez, va profiter de ta soirée. Mais... essaie de rester à l'écart des ennuis, d'accord ?
– Dit, Camille, est-ce que tu crois que je pourrais aller voir mon Oncle bientôt ? je demande avec un petit espoir dans la voix.
Elle prend quelques secondes, cherchant les mots.
– Malheureusement, ce n'est pas possible, Sam. Ton oncle a eu plusieurs rechutes de crises cardiaques, et les médecins déconseillent actuellement les visites... Je suis sincèrement désolée.
Je sens un poids m'écraser la poitrine. Mes épaules s'affaissent, et je baisse la tête, envahi par une profonde tristesse.
– Ce n'est rien..., murmuré-je d'une voix tremblante.
Camille remarque ma peine et s'approche, posant une main réconfortante sur mon épaule.
– Je comprends que c'est difficile, Sam. Mais ton Oncle est entre de bonnes mains, il reçoit les soins dont il a besoin. Et toi, tu n'es pas seul. Nous sommes tous là pour te soutenir.
– Merci, Camille. Je vais essayer de faire de mon mieux, dis-je en tentant de cacher ma douleur.
Elle me sourit doucement.
– Sam, je t'en prie, je sais que c'est l'anniversaire de Cheldry, mais faîte des choses de votre âge. Pas de bars ni de boîtes. Et tu rentres avec lui, c'est bien compris ? dit-elle, plus sérieuse cette fois.
– Oui, Camille, je te promets.
À ce moment précis, quelqu'un frappe à la porte et je vois la tête de Cheldry passer dans l'entrebâillement.
– Sam ! On y va ? Je te cherche depuis un moment déjà ! s'exclame-t-il, tout excité.
J'esquisse un sourire en direction de Camille et lui fais un signe de tête avant de le rejoindre.
– Je suis prêt, allons-y.
Cheldry, toujours aussi enthousiaste, me tire presque hors de la pièce.
– Ne t'inquiète pas, Camille, on sera prudents ! lance-t-il en sortant.
Elle nous regarde partir, un sourire tendre sur les lèvres, probablement en espérant qu'on fasse effectivement attention.
On quitte tranquillement du foyer, tandis que Cheldry continue de parler sans s'arrêter. Je me perds dans mes pensées. Ce nouvel environnement me paraît encore étranger, et une vague de nostalgie m'envahit en pensant à la maison et à mon père. Je continue de me promener à côté de lui, le laissant parler sans vraiment l'écouter.
On se dirige tous les deux vers le bar du Lotus, même si je me souviens clairement de l'avertissement de Camille, de ne pas aller dans les bars. Mais l'envie de me changer les idées l'emporte sur ma prudence.
— Nous y sommes presque, déclare mon ami en cherchant à capter mon attention.
Je hoche la tête de manière distraite, perdu dans mes pensées, qui reviennent sans cesse à mon père et à nos souvenirs ensemble. En arrivant devant le bar, je prends une profonde inspiration.
— Allez, viens, ça va te changer les idées, dit Cheldry en ouvrant la porte du bar.
En entrant, je fais de mon mieux pour me détendre, espérant que cette soirée m'apportera un peu de répit dans ce brouhaha. Il n'y a pas de videur à l'entrée, contrairement à d'autres sorties. Mon ami me conduit directement vers le comptoir, et on commande tous les deux des verres d'alcool. J'avale mon verre rapidement, mes pensées encore embrouillées, toujours focalisées sur mon père et sur la situation qui m'échappe.
Assis au bar, un poids sombre pèse sur mon esprit. Je repense à cette idée, dangereuse mais pourtant si réaliste, qui m'a traversé l'esprit durant ma semaine de punition. L'idée de me venger de ceux qui ont contribué à la souffrance de mon père. Je me rends compte que mes options sont limitées.
C'est là que je pense à la famille Miyokul, cette organisation dont tout le monde parle en chuchotant. J'ai entendu des rumeurs, des histoires... Et même si cela paraît insensé, je suis déterminé. Rejoindre cette organisation pourrait me donner les moyens d'agir. De venger mon père.
— Mec, c'est mon anniversaire, réveille-toi ! s'exclame Cheldry, me tirant brusquement de mes pensées.
Je le regarde, surpris, avant de lui sourire. Sans réfléchir, je me lève d'un bond, attrape son bras et l'entraîne sur la piste de danse. Le bar Lotus est plongé dans une atmosphère électrique, avec des lumières vives qui clignotent au rythme d'une musique énergique. Les basses vibrent sous mes pieds, et je sens la chaleur de la foule qui bouge autour de nous.
Je tente de m'immerger dans l'ambiance festive, de laisser la musique et l'euphorie m'emporter, éloignant ces pensées sombres qui me rongent. Ce soir, c'est l'anniversaire de Cheldry, je me dois d'être présent pour lui. Mais malgré mes efforts, quelque chose reste bloqué au fond de moi, une douleur sourde qui ne s'atténue pas. Alors je danse, je ris, je bois un peu plus, espérant que l'oubli viendra, ne serait-ce que pour un moment.
3 heures plus tard
~psychopathe ~
—————
Hey, tout va bien ?
Hier à 21 h 48
Vu
SAM !
Hier à 21 h 55
Vu
Je te jure que si tu ne réponds pas, je t'enferme la prochaine fois !
Hier à 22 h 16
Vu
...
Hier à 22 h 28
Vu
Bordel !
Hier à 22 h 57
Vu
HEY SAM, bordel, je m'inquiète là !
Hier à 23 h 30
COUCOUBZ
aujourd'hui à 00 h 02
Sam ? Bordel, ça va ?
Aujourd'hui à 00 h 04
MOOOI TRÈS BEIN !
aujourd'hui à 00 h 12
Tes où ?
Aujourd'hui à 00 h 15
Dehors ! Cheldry et pas là !
Aujourd'hui à 00 h 28
Appel entrant du " psychopathe"
*Décroche *
— Coucou ! !! Cha va ? dis-je en rigolant, complètement bourré, mes mots se heurtant les uns aux autres.
— T'es où ? soupire Boun à l'autre bout du fil, visiblement agacé.
— Là, chui... Chez moi ! répondis-je avant de glisser par terre, explosant de rire.
— Bordel... Il y a quelqu'un chez toi ? demande-t-il, plus sérieux.
— NANNANANANANANNAANAN !
— Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va arriver ? insiste-t-il.
Je reste silencieux un instant, fixant le plafond, ma vision floue.
— Sam ? Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiète Boun en entendant mon silence.
— Papa est à l'hôpital... je suis tout seul... les larmes coulant sans contrôle.
— ... Donne-moi ton adresse... demande-t-il, la voix plus douce, presque suppliant.
— Pourquoi ? dis-je en pleurant, la confusion s'emparant de moi. Je veux pas que tu... OH ! Il a un papillon ! je m'exclame soudain, éclatant de rire, perdu dans mes délires alcoolisés.
— Sam, ton adresse ! répète-t-il avec urgence.
— Nan... je murmure, la voix tremblante.
— Tu ne veux pas me la dire ? soupire-t-il, presque énervée.
— Nan... dis-je faiblement avant de sentir mes yeux se fermer lourdement et de m'effondrer, l'obscurité m'enveloppant.
— Sam ? SAM ?! ... BORDEL SAM ! J'arrive ! hurle Boun, sa voix pleine de panique, mais je ne l'entends déjà plus.
Je me sens comme aspiré dans un trou noir. Je ne vois rien, je n'entends rien. Étendu sur le sol froid du salon, je me laisse aller à la fraîcheur qui me glace la peau. C'est apaisant, malgré le chaos intérieur qui me ronge. Soudain, après ce qui me semble être une éternité, j'entends vaguement des coups à la porte.
Quelqu'un entre, probablement parce que je l'ai laissé ouverte. Des bruits rapides de pas résonnent autour de moi, puis je sens une présence s'approcher. Une main se pose sur mes cheveux, douce et rassurante.
— Je suis là... Je vais prendre soin de toi maintenant, murmure une voix familière.
Mes paupières sont lourdes, mais je lutte pour les ouvrir. Tout est flou, mais je distingue des mèches blondes. Mon cœur s'emballe un peu.
— Boun ? dis-je, incertain.
— Oui, c'est moi, répond-il en souriant, accroche-toi à moi, je vais te porter.
Sans vraiment comprendre ce qu'il dit, je m'accroche à ses paroles comme une bouée de sauvetage. Mes forces m'abandonnent, et avant même de pouvoir réfléchir davantage, mes yeux se ferment à nouveau. Je m'endors, épuisé par l'alcool, la douleur, et tout ce que je ressens.
Boun me soulève avec une douceur que je ne lui connaissais pas, ses bras me tenant fermement, mais avec une attention presque protectrice. Même dans mon sommeil agité, je me sens en sécurité. Je perçois vaguement sa présence veillant sur moi, sa silhouette floue, et cela suffit à apaiser l'agitation en moi.
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