Chapitre 15 - Douleur

Le lendemain soir, alors que je suis tranquillement allongé dans mon lit, les paupières lourdes, prêt à m'endormir, un bruit sourd résonne soudainement depuis le salon. Mon cœur fait un bond, et je me redresse brusquement. J'écoute attentivement, essayant de comprendre ce qui se passe. Peut-être un objet qui est tombé ? Non, ce n'est pas normal.

Je me lève doucement, le souffle court. Une vague d'inquiétude me traverse. Win et Aaron ne sont pas là. Ils sont partis en mission et m'ont clairement dit qu'ils ne seront pas joignables pendant un moment. Je suis seul. Sans eux pour me couvrir, je dois me débrouiller.

J'ouvre la porte de ma chambre aussi discrètement que possible. Le salon est faiblement éclairé par la lumière orangée des lampadaires de la rue. J'avance prudemment, pieds nus, évitant de faire le moindre bruit.

Sur mon chemin, j'attrape une petite lampe posée sur une étagère, l'arme la plus proche que je trouve et la plus fidèle . Mon cœur bat plus vite à chaque pas que je fais. J'inspecte chaque recoin du salon, balayant du regard les moindres détails. Tout semble en ordre... Mais je sais que quelque chose cloche.

Puis, j'entends un autre bruit. Cette fois, il vient d'un endroit plus loin, derrière le salon, comme si quelqu'un ou quelque chose se déplaçait dans l'appartement. Mon souffle se fait plus court. Je ne suis pas seul. Avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, je sens une main puissante m'attraper par-derrière, et tout se passe si vite que je n'ai même pas le temps de crier.

Un chiffon humide vient se plaquer contre ma bouche et mon nez. Je reconnais l'odeur. C'est du chloroforme.

Je me débats, l'adrénaline me pousse à lutter de toutes mes forces, mais c'est inutile. Mes bras deviennent lourds, mes jambes flanchent sous moi. J'essaye de repousser la personne, mais mes mouvements se font de plus en plus lents, comme si mon corps m'abandonnait. Ma vision se brouille, tout autour de moi devient flou.

Avant que l'obscurité ne m'avale complètement, une pensée me traverse l'esprit : Qui est cet homme ? Et que me veut-il ?




-Mmmh...

Je me réveille lentement, une douleur me vrille le crâne. J'ouvre les yeux, aveuglé par une lumière blanche et intense qui me force à les cligner plusieurs fois. Mon cerveau est encore brumeux, embrouillé par ce qu'il s'est passé.

-Attends... quoi ?

Quand mes yeux s'habituent enfin à la lumière, je réalise que je suis allongé dans ma propre chambre chez mon père. Mais quelque chose cloche terriblement. Je tente de me lever, mais je sens une résistance immédiate. Des chaînes. Elles me maintiennent fermement attaché au lit. Mon cœur s'emballe instantanément.

Je tire de toutes mes forces, mais rien à faire. Les chaînes sont trop serrées, je suis coincé. Je tourne la tête, mes pensées encore brouillées par le chloroforme, une sensation que je reconnais trop bien. Je l'ai déjà vécu à cause de Boun, sauf que cette fois, c'est pas lui.

Ma gorge est sèche, j'essaye de comprendre. Qui m'a fait ça ? Pourquoi je suis ici, dans ma propre maison, attaché comme un animal ? Les souvenirs de la nuit précédente me reviennent en flashs : le bruit dans le salon, l'ombre qui m'a attaqué, le chiffon qui m'a assommé...

-Bordel... je murmure entre mes dents, essayant de calmer la panique qui monte en moi.

Je scrute la pièce avec attention. Tout semble normal à première vue. Mes affaires sont toujours là, rien n'a été renversé, mais je sens que quelque chose ne va pas. Cette mise en scène n'a rien d'un cambriolage. C'est personnel.

Je tire encore sur les chaînes, mais c'est inutile. Mon esprit se met à tourner en boucle, cherchant des réponses. Qui m'a fait ça ? Black ? Serait-il déjà au courant que j'ai trouvé ces documents ? Est-ce qu'il sait que j'ai découvert les preuves sur son implication avec la mafia et les policiers corrompus ?

Une porte s'ouvre brusquement, faisant écho dans la pièce au moment où je crie pour attirer l'attention. Mes muscles se tendent, et mon souffle s'accélère. Un homme entre calmement, un sourire au coin des lèvres.

-Charmant chez toi, Sam, dit-il d'un ton moqueur en s'approchant du lit.

-Qui êtes-vous ?! je tire une nouvelle fois sur les chaînes, en vain.

L'homme rit doucement, d'un rire qui glace le sang.

-Tu ne me reconnais pas ? Je suis Black Miyokul. Tu sais qui je suis, n'est-ce pas ? Ou alors c'est la drogue qui te fait délirer...

Son nom me frappe comme un coup de poing. Mon cœur s'emballe encore plus. Black Miyokul, le chef de l'organisation qui a ruiné tant de vie, y compris celle de mon père. Celui dont les preuves dans ce tiroir pourrait le faire tomber. Mais le voir ici, en chair et en os, me terrifie.

Je le dévisage, incapable de croire ce que je vois. Je tire violemment sur les chaînes, ma peau brûle contre le métal, mais rien ne bouge. Je dois sortir d'ici, mais il semble s'amuser de mes efforts désespérés.

Black ricane doucement, s'approchant davantage, puis attrape mon visage avec une poigne de fer, m'obligeant à le regarder dans les yeux.

-Tu ressembles énormément à ton père, dit-il en caressant ma joue de manière dérangeante. Je comprends pourquoi mon fils s'est laissé berner par toi. Tu as la beauté, tu es fougueux, et je présume, tout aussi têtu...

Mon cœur rate un battement à ses mots.

-Je ne connais pas votre fils ! je serre les dents, essayant de me dégager de son emprise. Je tente de le mordre par pur réflexe, mais il esquive avec un sourire.

Il sourit comme si j'étais un jouet qui l'amusait. Il se retourne lentement vers un sac qu'il avait apporté et en sort un tas de photos. Il les dépose sur le lit, juste devant moi. Des photos de moi... et Boun.

Mon sang se glace en les voyant. Chaque image nous montre ensemble : en train de marcher, de parler, de rire... parfois même dans des moments plus intimes. Il savait. Il savait depuis tout ce temps que Boun et moi nous nous voyons en secret.

-Ça fait un moment que je te surveille, Sam, dit Black en me fixant d'un regard perçant. Tu crois sincèrement que je n'avais pas compris que mon fils avait changé ?

Mon cœur s'emballe.

Qu'est-ce qu'il sait vraiment ?

-Qu'est-ce que tu veux, Black ? je demande d'une voix rauque, tentant de maîtriser la peur qui monte en moi.

Un sourire cruel se dessine sur ses lèvres.

-C'est à cause de toi que mon fils a changé. Tu es comme ton père... un sale traître. Et ce n'est pas tout... Je sais que ton père avait des preuves. Je veux être sûr que ces preuves restent entre mes mains. Et je suis certain que tu sais où elles se cachent, n'est-ce pas ?

Mon corps se tend à ses paroles.

Les preuves... Il sait.

Je tire désespérément sur les chaînes qui me maintiens, mais elles résistent. Je refuse de rester ici, sous son contrôle.

Des pensées me traversent l'esprit à une vitesse folle.

Si je suis ici, où est Aaron ? Et Win ? Est-ce qu'ils sont morts ? Boun... est-ce qu'il est en vie ?

Black observe mes efforts avec un amusement sombre.

-Je vois que tu te demandes s'ils sont en vie, n'est-ce pas ? Tes chers parents... Tu crains qu'ils soient déjà morts. Et tu te dis sûrement que ton père serait déçu de toi, que tu l'as remplacé si vite... Mais n'aie crainte, ils sont en vie. Ils ne savent même pas que tu as disparu.

Ses mots résonnent dans ma tête.

Ils sont en vie. Mais pour combien de temps ?

Je me débat encore plus, désespéré, mais la drogue qui circule dans mes veines m'affaiblit. Mon corps devient lourd, mes mouvements plus lents.

-Lâche-moi ! je hurle, ma voix déformée par la fatigue.

Black se penche sur moi, ses yeux noirs pétillent de malice.

-Calme-toi, Sam. Tu ne fais que t'épuiser. Dit-moi simplement ce que je veux savoir, et peut-être que je te laisserai t'en sortir.

-Quoi ? Tu veux me tuer ? Alors vas-y, fais-le ! je crie avec rage, ma voix tremble de colère et de fatigue.

Il éclate de rire, un rire sinistre qui glace le sang. Il s'approche encore plus près de moi, son visage maintenant à quelques centimètres du mien.

-J'adorais, crois-moi, mais ce serait trop facile. Non, Sam... je vais te faire souffrir, petit à petit. Je n'ai pas eu le temps de terminer ce que j'avais commencé avec ton père, alors avec toi, je vais prendre mon temps, savourer chaque moment, dit-il en caressant ma joue avec une douceur terrifiante.

Je frémis à son contact, mon corps affaibli par la drogue, mais mon esprit encore en ébullition.

-Tu savais que ton père, ce jour-là, est allé à la police ? Il s'apprêtait à les balancer, à trahir tout ce pour quoi il avait travaillé. Je voulais le faire saigner comme un porc, le faire implorer, mais il est mort comme un lâche, en prenant plusieurs balles dans le dos. Il n'a même pas eu le courage de me regarder dans les yeux avant de mourir.

Ses mots me frappe comme des coups de poignard. La douleur dans ma poitrine est insupportable.

Mon père... voulait vraiment me protéger. Il était prêt à se sacrifier pour ça.

Black continue, sa voix pleine de menace :

-Mais garde ça en tête, Sam. Si tu meurs trop rapidement... Ou si tu te crois assez malin pour te libérer, je jetterai toute ma haine sur Win. Après tout, lui aussi est un traître, n'est-ce pas ? Et crois-moi, sa souffrance sera bien pire que la tienne.

Je sens un frisson de terreur parcourir mon corps. 

 Win... non...

-Ne lui fait pas de mal... Il n'a rien fait, je murmure faiblement, la tête tournée vers Black, mes yeux brûlent de fatigue et de désespoir. La drogue m'oppresse, me rendant presque incapable de penser clairement, mais je refuse de laisser Black toucher à Win.

-Ah, enfin un peu de soumission, dit Black avec un sourire satisfait. Tu es prêt à tout pour sauver ta famille, n'est-ce pas ? Comme ton père... pathétique.

Je serre les dents, luttant contre la nausée qui monte en moi à cause de la drogue. Mes pensées se brouillent, mais une chose reste claire dans mon esprit

Je ne le laisserai pas faire du mal à Win. Je dois tenir, trouver un moyen de m'en sortir.

Black, avec son sourire diabolique, s'approche de moi, un éclat malsain dans les yeux. Je le regarde, impuissant, alors qu'il sort de sa veste plusieurs instruments de torture, chacun plus terrifiant que le précédent. Il prend doucement un couteau, ses doigts effleurent la lame avec une délicatesse presque dérangeante.

-Allons-y murmure-t-il, son ton léger presque sinistre.

Je m'efforce de rester calme, mais la peur s'insinue en moi comme un poison. Mon corps est lourd, affaibli par la drogue, et chaque mouvement est une lutte. Black commence son œuvre, traçant des lignes de souffrance sur ma peau avec une précision presque artistique.

Chaque coup de lame brûle comme du feu. Il s'amuse à couper chaque parcelle de peau visible : mes bras, mon ventre, mes jambes... La douleur est insoutenable, et je crie, je hurle, les larmes coulent sans contrôle sur mes joues. Mais jamais, je ne supplie. je refuse de lui donner ce plaisir. Je refuse de faire honte à mon père.

Les heures passent d'une interminable agonie. Black semble s'amuser, prenant un plaisir sadique à me voir souffrir. Il sourit, ricane, se délecte de ma douleur. Je serre les dents, essayant de penser à autre chose, de me détacher de cette réalité atroce.

Puis, soudainement, il s'arrête. Il pose doucement le couteau ensanglanté sur la table et se redresse. Un silence lourd emplit la pièce, brisé seulement par ma respiration haletante. Il se retourne lentement vers la porte, comme s'il attendait quelque chose.

Une seconde à peine s'écoule avant que la porte s'ouvre avec fracas. L'ombre d'une personne apparaît dans l'encadrement de la porte.

Qui est-ce ?

Je tourne doucement la tête, essayant de voir à travers la douleur et la vue trouble. La pièce semble vaciller, et je me force à me concentrer sur l'homme qui vient d'entrer. Je distingue seulement une silhouette, grande, avec des cheveux blonds.

-Boun ? je murmure, ma voix tremble de douleur.

La tête toujours tournée vers lui, je n'arrive pas à me concentrer pleinement sur ce qui se passe. Un bourdonnement sourd emplit mes oreilles, et ma vision reste floue, me donnant l'impression d'être pris dans un cauchemar sans fin. Je sens une main douce toucher ma joue, et même si je peine à voir, je sais que c'est lui.

-Je suis là, Sam... Sa voix est rassurante, mais je sens la colère derrière ses mots.

-Comme c'est pathétique..., lâche Black, avec un ricanement sinistre.

Boun se retourne lentement vers lui, la rage visible dans chacun de ses gestes.

-Comment as-tu pu faire ça ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Ce n'est pas Milo ! Sa voix est pleine de colère, de frustration. Il essaie de comprendre ce qui a poussé son père à aller aussi loin.

-Il est comme son père, c'est un traître ! rétorque Black, sa voix résonne dans la pièce. Je sais qu'il a cherché à rejoindre notre mafia, et je sais que tu t'es attaché à lui ! Tu pensais que je n'allais pas le remarquer ? Son père a caché des preuves sur moi, des preuves qui pourrait me mettre en prison ! C'est ça que tu veux ? Que je sois arrêté ? Il ricane, la moquerie et la haine se ressent dans chacun de ses mots. Tu me fais pitié.

Le visage de Boun se crispe. Il ne peut plus contenir sa rage. En une fraction de seconde, il s'avance vers son père, prêt à en découdre. Le combat éclate brutalement et sans pitié. Boun frappe Black avec une violence que je n'avais jamais vu auparavant. Le choc des coups résonnent dans la pièce.

Je tente de me redresser, mais la douleur me cloue sur place, mes muscles refusent de répondre. Je ne peux qu'observer, impuissant, tandis qu'ils'affrontent, chacun essaye de prendre l'avantage. Les cris, les coups, tout se mélange dans un chaos assourdissant.

Je veux crier, leur dire d'arrêter, mais aucun son ne sort.

Boun lutte avec une force désespérée, mais Black riposte violemment, usant de son expérience et de sa cruauté. Le combat semble interminable, chaque coup est porté avec une intensité qui laisse présager une fin tragique pour l'un des deux.

Soudain, un bruit sourd résonne. Black tombe à terre, étourdi. Boun, essoufflé, se tient au-dessus de lui, son regard fixé sur son père, les poings encore serrés, prêt à frapper de nouveau.

J'essaye doucement de me lever mais en vain. Je gémis de douleur avant qu'un silence ne m'entoure puis trou noir.




Bien plus tard, je sens quelque chose sur ma joue. Je gigote légèrement avant de me réveiller lentement.

-Ne bouge pas... Tout va bien, je vais te détacher...

Je reconnais à peine la voix à travers le bourdonnement dans mes oreilles. Mes mains se libèrent doucement des chaînes, et je me redresse en frottant mes yeux, cherchant désespérément Boun dans la pièce. Mais il n'y a que du sang. Du sang partout.

-Où est Boun ? je demande, la panique monte en moi alors que je réalise qu'il n'est plus là. Je finis par apercevoir Win et Aaron à côté de moi.

-Boun ? Comment ça Boun ? demande Win, surpris.

-Il était là... Il m'a aidé... J'essaye de me lever, encore désorienté, cherchant désespérément des traces de lui. Mon cœur bat à toute allure.

-On a été prévenu par un ancien ami de Milo qui nous a prévenu que tu étais ici, explique t-il, l'air grave. Bref, viens, on va t'amener à l'hôpital.

-Non... Où est Boun ?! Je crie en me redressant, chancelant. On doit aller l'aider ! Je ne l'ai pas imaginé. Il était là, je l'ai vu. Il m'a touché, il m'a parlé...Non, Boun ! T'es où ? Ma voix se brise sous l'émotion, des larmes commencent à couler sans que je puisse les retenir. Est-ce que j'ai halluciné ? Non, j'ai... j'ai besoin de toi... Boun... 

Je me lève mais mes jambes se dérobent presque sous moi. Je tente de marcher vers la porte, prêt à sortir pour le chercher. Win s'approche doucement et me force à m'asseoir sur une chaise.

-Sam... dit-il doucement, s'accroupissant devant moi. T'es blessé, tu as besoin de soins...

-Win... ma voix se fait plus faible, je suis désespéré. Je t'en supplie, renseigne-toi. Il était là... Il m'a aidé...

Win acquiesce et prend son téléphone, composant un numéro.

-Oui, dit-moi... Où est Boun ? Il reste silencieux un moment, écoutant son contact à l'autre bout du fil. Il était là aussi ? Il hoche la tête lentement. OK... Merci.

Je le regarde, attendant désespérément une réponse.

-Alors, il était bien là ? je demande, mon cœur bat dans ma poitrine.

Win garde le silence un moment, son regard cherche le mien, puis il hoche la tête, mais son expression est sombre.

-Je ne sais pas où il est, dit-il enfin.

-Quoi ?! Où est-il ?! je hurle, la douleur, la peur, l'incertitude prenent le dessus. J'essaie de me lever, de passer entre Win et Aaron pour sortir et aller retrouver Boun. Mais ils me retient, m'empêchant de quitter la pièce.

Je commence à pousser Win avec toute la force qu'il me reste. Il perd l'équilibre et tombe. Profitant de l'occasion, je me précipite hors de ma chambre, marchant aussi vite comme je le peux.

-Boun... où es-tu ? 

Mes pensées sont un tourbillon de peur et d'espoir. J'ai besoin de savoir si il va bien.

J'atteins le salon, mais mes jambes fléchissent, et je trébuche sur une chaise, m'effondrant au sol. Une vague de douleur me traverse, et je gémis. Je sens des mains fortes m'attraper avant de me soulever doucement. Je lève les yeux pour voir Aaron.

-Ça va aller... Bordel, Sam, tu perds beaucoup de sang !

Mon esprit commence à s'embrouiller. Je me sens épuisé, comme si toute mon énergie avait quitté mon corps. Pourquoi je me sens si fatigué d'un coup ? Je suis juste tombé... Qu'est-ce qui m'arrive exactement ?

-WIN ! crie Aaron, la panique perçant dans sa voix.

Le monde autour de moi devient flou, les voix sont lointaines, la douleur sourde. Je ne pense qu'à Boun. Où est-il ? Est-il sain et sauf ? Boun... Je m'effondre dans l'obscurité, mon corps cédant sous le poids de tout ce qui vient de se passer.



~~~~~~~~~~~~~


Bic, bic, bic, bic.

Je remue doucement dans un lit froid, réalisant que je suis dans un endroit glacial. Mes mains sont entravées par des sortes de chaînes, m'empêchant de bouger, et je sens des courants d'air froid m'envelopper.

-Sam ?

J'ouvre lentement les yeux, essayant de me concentrer. Au début, tout est flou, mais lorsque ma vision s'éclaircit, je reconnais les visages familiers devant moi. Un sourire émerge de mes lèvres.

-Coucou.

Aaron et Win échangent un regard soulagé, leurs visages s'illuminent d'un sourire.

-Coucou, champion ! Comment tu vas ?

Je cligne des yeux, fatigué, et j'essaie de me redresser, mais la douleur me revient brutalement à la réalité. Je regarde win et Aaron, un sentiment de vide me serre la poitrine.

-Bien, je vais mieux... Et Boun...?

Je ne peux m'empêcher de repenser à Boun. Il n'a pas quitté une seule fois mes pensées.

-Hey... Ne t'inquiète pas pour lui, d'accord ? dit Aaron, un ton rassurant dans sa voix. C'est un grand garçon.

-Non, il m'a aidé... Il a toujours été là pour moi... Je dois l'aider,  la panique monte dans ma voix.

-Crois-moi, Sam. Boun va bien, je t'assure, dit Win, son regard est sincère et calme.

J'essaie de me concentrer, mais le sentiment d'impuissance s'intensifie.

-Est-ce que tu sais ce qui s'est passé ? Chez toi ? demande t-il.

Je ferme les yeux un instant, replongeant dans mes souvenirs flous.

-J'ai entendu un bruit dans l'appartement, alors j'ai été voir... et après... je ne me souviens pas de grand-chose. Je me suis réveillé chez moi. Il voulait vous faire du mal, je ne voulais pas... alors il m'a torturé... Mes yeux se posent sur mes bras bandés, et je frémis en voyant les marques de sang à travers. Est-ce que ça va cicatriser ?

-La plupart oui, mais certaines blessures... commence Aaron, son regard se détourne, hésitant à terminer sa phrase.

-Je vois... Je peux sortir quand ? Je me redresse, déterminé mais l'angoisse s'intensifie dans ma poitrine.

-Tu vas rester te reposer d'abord, d'accord ? dit Win, son ton empreint d'inquiétude.

-Non ! je crie en me relevant, le cœur battant la chamade. Tu ne peux pas me demander ça alors que Boun est en danger !

-Sam, calme-toi, dit Aaron en s'approchant, posant une main ferme sur mon épaule. Nous avons besoin de toi en bonne santé. Si tu forces, tu risques d'aggraver ton état.

Je le regarde, la colère et l'anxiété se mêlent. Je veux juste savoir si Boun va bien, est-ce trop compliqué à comprendre ?

-Je ne peux pas rester ici à ne rien faire pendant qu'il est en danger,  ma voix tremble mais déterminée. Je dois le retrouver ! 

-Écoute, dit Win, essayant de garder son calme. On va tout faire pour le retrouver. Mais pour l'instant, tu dois te reposer et te remettre. On va t'aider. Je secoue la tête, les larmes aux yeux.

Et s'il est déjà trop tard ?

Les mots résonnent dans ma tête, amplifiant ma peur. Je sens la colère monter à nouveau en moi, mais je sais aussi que je dois garder mon calme. Ils ont raison sur un point : si je veux aider Boun, je dois d'abord me rétablir.

-D'accord, j'acquisse finalement, la voix faible. Mais dès que je me sens mieux, on part à sa recherche. Je ne laisserai pas Black gagner.

Aaron et Win échangent un regard, et je peux voir qu'ils comprennent ma détermination. Ils savent que je ne reculerai devant rien pour protéger ceux que j'aime.

-Promis, dit Win avec un sourire réconfortant.

Je hoche la tête, un peu plus apaisé, mais au fond de moi, la peur pour Boun reste omniprésente. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais je suis prêt à me battre pour lui.

-Qu'est-ce qui se passe entre vous deux ? Je veux dire, du coup, c'est concret ? demande Win, curieux.

Je le regarde, sentant la chaleur monter à mes joues. J'hésite, cherchant les mots justes pour expliquer la complexité de ma relation avec Boun. Je baisse la tête, prenant quelques minutes pour réfléchir, avant de relever le regard vers mes deux tuteurs.

-Il ne se passe rien... Je prends une profonde inspiration. On a eu un flirt, un gros flirt, quand je ne savais pas qui il était... Après avoir découvert son identité, tout ça s'est arrêté. Mais... il a été là pour moi, je lui dois beaucoup.

-Donc, il a bien eu quelque chose... dit Win, un sourire en coin, tentant de détendre l'atmosphère.

Je soupire, réalisant que je ne peux pas vraiment leur cacher ce que je ressens.

-C'était sûr, Win. C'était le seul à le calmer. On pouvait tout dire, il n'écoutait pas. Mais quand c'était Boun, il était attentif... dit Aaron, un léger sourire se forme sur mes lèvres à l'évocation de ces souvenirs. Mais est-ce que tu penses que tu pourrais lui faire de nouveau, Sam ? Après tout ce qui s'est passé ?

Je prends un moment pour réfléchir, pesant chaque mot.

-Je crois... oui. Même après avoir découvert tout ça, il était là pour moi. Il m'a aidé quand j'en avais le plus besoin. Je ne sais pas si je suis prêts à lui faire entièrement confiance, mais je sais qu'il m'a prouvé qu'il se souciait de moi.

-C'est un bon début, répond Win avec un sourire encourageant. L'essentiel est que tu ne sois pas seul dans tout ça. Nous sommes là pour toi, quoi qu'il arrive.

Je hoche la tête, touché par leur soutien. En tant que mes tuteurs, ils ont toujours veillé sur moi, et leur présence me rassure.

Je leurs souris, reconnaissant d'avoir un tel soutien dans ma vie. Mais au fond, l'inquiétude pour Boun reste gravée dans mon esprit. Je sais que je dois me battre pour lui, peu importe les obstacles qui se dressent sur notre chemin.

Un silence s'installe, et plus personne ne parle. Soudain, des coups résonnent contre la porte, interrompant ma rêverie. Lorsque la porte s'ouvre, un homme aux cheveux blonds apparaît.

-Boun... 

Il est couvert de blessures à la tête, laissant voir l'étendu de son combat contre son père. Je tends les bras vers lui, désespérément désireux de le sentir près de moi.

-Boun... Qu'est-ce qui s'est passé ? je lui demande, l'inquiétude me rend presque instable, alors qu'il s'approche lentement.

-Win... Sortons, dit Aaron en tendant la main vers lui, mais celui-ci refuse. Finalement, Aaron parvient à l'entraîner hors de la pièce, nous laissant seuls.

-Rien... Sam, tu dois me dire si ce que mon père a dit est vrai. Ton père a des preuves sur lui? me demande Boun en se redressant, s'asseyant sur le lit avec un regard inquiet.

Je le fixe, perdue dans mes pensées. Un malaise m'envahit, comme si j'avais l'impression qu'il ne veut pas que je révèle quoi que ce soit. Peut-être est-ce juste une impression, mais cela me paralyse.

-S'il te plaît... Parle-moi. Qu'est-ce qui se passe ? je me redresse à mon tour.

-Sam... Réponds à ma question.

-Je ne vois pas de quoi tu parles... Je t'assure, mon père m'a raconté des choses, mais pas de ça. Je mens, malgré le fait que Boun semble percevoir mon hésitation. Il esquisse un sourire, mais celui-ci disparaît rapidement.

-Dans ce cas, je suis désolé... Mais... je ne veux plus que tu t'impliques dans ma vie.

-Quoi ? Le choc me fige sur place.

-Je ne veux plus te voir... Tu essaies de te mettre entre mon père et moi. Il baisse la tête, et je sens une douleur sourde se réveiller en moi.

-Attends, de quoi tu parles ? Ne me fais pas ça, s'il te plaît... J'ai enfin compris ce que je ressentais... Pour toi. Tu ne peux pas m'abandonner. J'ai eu tellement peur pour toi. J'ai eu peur que tu sois mort, je voulais te voir... Je panique, posant doucement ma main sur sa joue. S'il te plaît, je t'en supplie.

-Je me suis rapproché de toi à cause de ton père, je t'ai manipulé. Tu n'es rien pour moi...

-Boun... Ne dis pas ça... mes larmes commencent à couler, et j'essaie de contenir ma douleur.

-Je suis venu pour te le dire. Je vais partir... dit-il en se redressant, s'apprêtant à se lever. Je me jette alors sur lui, enroulant mes bras autour de son cou, le regardant droit dans les yeu.

-Tu ne veux plus me revoir ? Plus jamais ?

Un silence lourd s'installe de nouveau. Je me rapproche lentement de lui, mon visage à quelques centimètres du sien. Malgré mes larmes, je sens mes joues s'enflammer, et ma respiration devient plus rapide. Je remarque son regard se poser sur mes lèvres, et je sens mon cœur se serrer en voyant l'expression de confusion et de douleur sur son visage.

-Tu ne veux plus me revoir ? je redemande, la voix tremblante.

À cet instant, la main délicate de Boun se pose sur ma joue et il ferme les yeux.

-Je t'en supplie, Boun, ne m'abandonne pas. Je... t'aime. Je veux rester avec toi, je veux vivre avec toi. Boun, j'ai abandonné, je ne me bats plus contre moi-même, je te veux, toi.

Il s'éloigne doucement et s'approche lentement de la porte avant de l'ouvrir.

-Boun, s'il te plaît... j'implore en pleurant.

Je regarde Boun s'éloigner, impuissant, ne sachant pas quoi faire. J'agrippe ma couverture et la serre fortement contre moi, pleurant toutes les larmes de mon corps. Je ne vois pas Aaron et Win revenir ; je présume qu'ils sont partis manger ou se reposer. En cet instant, j'ai désespérément besoin de quelqu'un, mais je me sens si seul.

Après plusieurs minutes, j'entends des pas se rapprocher de la porte. Quelqu'un entre.

-Boun ? je le regarde revenir dans la chambre.

-J'avais un micro sur moi... Je devais retrouver mon père devant l'hôpital... Je suis désolé. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça pour ta première déclaration, dit Boun en me regardant.

-Je... t'aime, je lui avoue en pleurant

-Pourquoi as-tu attendu si longtemps pour me le dire ? demande t-il.

-J'avais peur que mon père soit déçu de moi... 

-Je ne peux pas... rester avec toi... Je... commence Boun, mais il est interrompu.

Alors qu'il se rapproche, j'entoure mes bras autour de son cou, vient délicatement poser ses lèvres sur les siennes, lui offrant un baiser chaste.

-Embrasse-moi, je murmure, veillant à ne pas briser ce moment.

Il esquisse doucement un sourire avant de revenir m'embrasser, cette fois-ci avec une passion. Le baiser est doux au début puis il l'intensifie progressivement, jusqu'à ce que nos langues se rencontrent pour un long baiser fougueux et d'amour.

Il se décale doucement, me regardant tendrement pendant quelques instants avant d'embrasser mon front.

-Tu veux toujours partir ? je lui demande, la voix tremblante.

-Ne me dis pas que tu m'as embrassé pour que je partes ensuite ?, dit Boun sur un ton sérieux mais avec un petit sourire.

-Non, j'en avais très envie. Je te l'ai dit, j'ai complètement abandonné. J'arrête de lutter... Alors, veux-tu bien rester ?

-Si je reste avec toi, tu es en danger... Mon père m'a dit que si je te voyais à nouveau, il s'occuperait de toi... Je ne veux pas qui t'arrive quelque chose... 

-Boun... S'il te plaît... Ne m'abandonne pas...

-Je n'ai pas le choix... Je suis désolé... 

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