Chapitre 14 - Vérité
Le lendemain matin, je sens une main se poser sur mon front. J'ouvre doucement les yeux et j'aperçois Aaron en train de prendre ma température. Surprise, je me redresse par réflexe, mais il me repousse doucement sur le lit.
-Reste tranquille, je regarde ta température, dit-il, visiblement inquiet.
Je me détends et reste allongé, le laissant terminer sans protester. Je le vois froncer légèrement les sourcils en scrutant le thermomètre.
-On dirait que tu vas mieux..., dit-il enfin, soulagé, en me tendant un médicament et un verre d'eau.
J'attrape le verre d'eau et le comprimé, puis avale le tout difficilement, sentant ma gorge encore un peu sèche. Le silence s'installe quelques secondes, et je sens que c'est le bon moment pour poser la question qui me trotte en tête depuis un moment.
-Est-ce que je peux aller chez moi aujourd'hui ?... J'ai des affaires à récupérer... des livres pour les cours... même si vous m'avez mis en cours à distance, mais, je dois quand même bosser...
Aaron soupire, croisant les bras et me regarde avec ce mélange de bienveillance et de fermeté auquel je suis habitué.
-Tu n'es pas encore en état de bouger. On peut aller chercher ce dont tu as besoin et te les ramener, mais toi, tu restes ici pour l'instant, répond-il calmement.
-Mais s'il te plaît, Aaron... J'ai vraiment envie d'y aller, je veux bouger, je veux rentrer à la maison..., j'insiste avec un air désespéré.
Il me regarde, surpris par mon insistance, et hoche la tête après un moment de réflexion.
-Je ne vois aucun mal à ce que tu y ailles, mais... il faut aussi demander à Win. C'est lui qui se charge de toi, après tout, dit-il en me lançant un regard plein de bon sens.
Je me fige un instant à l'évocation de Win, sachant qu'il est bien plus strict qu'Aaron. Mon cœur se serre à l'idée de le convaincre.
-Je sais, mais... Win est tellement..., je laisse ma phrase en suspens, mes yeux fixe le plafond. Je sais déjà ce qu'il va dire.
Aaron esquisse un léger sourire, compréhensif.
-Oui, il est dur parfois, mais c'est parce qu'il tient à toi. Si tu veux vraiment y aller, il faudra le convaincre. Peut-être qu'il acceptera si tu lui montres que tu es assez en forme.
Je le regarde quelques instants, puis baisse la tête, sentant un poids peser sur mes épaules.
-Au fait... je suis désolé que tu te retrouves au milieu de tout ça, entre Win et moi... Mais je ne peux pas lui pardonner après ce qu'il a fait à mon père... Ma voix tremble légèrement, et je sens la colère remonter à la surface.
Aaron pose son regard doux sur moi, attentif à chaque mot.
-Je le comprends, Sam... Je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas pour ça , dit-il avec un sourire réconfortant. Il se lève doucement, se dirigeant vers la porte. Allez, va te laver, je vais en parler avec lui, d'accord ?
-Oui, d'accord, je réponds en hochant la tête, bien que l'appréhension me serre toujours la poitrine. Je me redresse doucement, les muscles encore un peu endoloris.
Alors qu'il s'apprête à quitter la pièce, Aaron s'arrête et se retourne, hésitant un instant avant de parler.
-Au fait, Sam... après tout ça... ça te dirait de manger avec nous ? Il paraît incertain, comme s'il n'était pas sûr de la réaction que j'aurais. Je me suis dit que peut-être... ça pourrait faire changer d'avis à Win...
Surprise par sa proposition, je le regarde, cherchant mes mots. Un repas avec Win, c'est la dernière chose à laquelle j'aurais pensé. Mais je vois dans le regard d'Aaron qu'il essaie vraiment de créer un pont entre nous, même si la situation est tendue.
-Je vais voir, Aaron, mais c'est gentil de ta part, je lui fais un petit sourire avant de me diriger vers la salle de bain.
Je me lave lentement, prenant le temps de me détendre sous l'eau. L'idée de cette confrontation avec Win me pèse toujours, mais je me sens un peu plus serein après m'être rafraîchie. Une fois prêt, je sors de la salle de bain, mon estomac gargouillant bruyamment.
En sortant de ma chambre, je vois Aaron et Win déjà assis à table. Aaron me lance un sourire doux, comme pour m'encourager. Win, lui, reste silencieux, son visage fermé comme d'habitude, mais je perçois une légère tension dans l'air. Je m'approche lentement de la table et m'assois en face d'eux, mon ventre continuant de protester discrètement.
-Salut , je murmure, brisant un peu le silence. Je jette un coup d'œil à Win, qui m'observe avec cette réserve habituelle.
Aaron, toujours aussi délicat, prend la parole pour alléger l'atmosphère.
-Tu as bien fait de venir. On a préparé quelque chose à manger, histoire que tu reprennes des forces, dit-il avec un sourire bienveillant.
Je hoche la tête et commence à m'installer, espérant que ce repas ne se transformera -
-Aaron m'a dit que tu voulais aller chez toi ? demande Win d'un ton direct en me fixant.
-Oui... pour récupérer des affaires de cours et quelques vêtements... , j'espère qu'il ne s'opposera pas à l'idée.
Win acquiesce légèrement avant de répondre.
-Je t'y emmènerai, et je t'attendrai devant.
Mon cœur se serre. Ce n'est pas exactement ce que j'espérais. J'avais envie de rester un peu chez moi, de respirer, de retrouver un semblant de normalité.
-Je ne peux pas rester là-bas l'après-midi ?, je demande d'une voix désappointée, espérant qu'il cède.
Win me lance un regard un peu dur, prêt à répondre quelque chose de ferme, mais Aaron intervient avant que la situation ne s'envenime.
-Oui... tu peux rester là-bas, mais tu restes chez toi, d'accord ? On viendra te récupérer plus tard. Ça te va ?, dit Aaron en tentant de ménager tout le monde.
Je le regarde avec un sourire reconnaissant et hoche la tête.
-Ça me va, merci beaucoup.
Aaron, toujours attentif, s'approche doucement pour me servir une portion du repas dans mon assiette. Durant le reste du dîner, personne ne parle. Un silence confortable s'installe, chacun absorbé dans ses pensées. Win, fidèle à lui-même, garde son calme et son air sérieux. Aaron, lui, me jette quelques regards bienveillants de temps en temps.
Durant le repas, l'atmosphère reste tendue malgré le calme apparent. Win et moi n'échangeons même pas un regard, encore moins un mot. La tension entre nous est palpable, mais personne ne veut l'aborder. Une fois le repas terminé, nous commençons à débarrasser la table ensemble, laissant Aaron se reposer après avoir préparé à manger.
Même en rangeant les assiettes, le silence pèse entre nous. Aucun mot ne franchit nos lèvres, comme si nous étions concentrés uniquement sur la tâche. En réalité, c'est juste une excuse pour éviter toute conversation.
Le moment venu, je me prépare en silence, enfilant mon manteau et mes chaussures. Je sors le premier de l'appartement, suivi de près par Win. Je sens toujours son regard froid peser sur moi. En jetant un coup d'œil vers lui, je le vois trifouiller nerveusement ses clés, comme s'il cherchait à se détendre. Il appuie sur le bouton pour déverrouiller la voiture quand on s'approche.
Je monte sans faire de bruit, et il fait de même. Nous sommes assis l'un à côté de l'autre, sans échanger un seul mot. L'atmosphère est lourde, le silence pesant. Il démarre la voiture, et tout le trajet se passe ainsi, dans ce silence oppressant.
Lorsque nous arrivons enfin devant chez moi, je tourne la tête pour le regarder, hésitant à dire quelque chose.
-Je te promets, je vais faire attention. Je vais rester ici, je tente de rassurer Win malgré le froid entre nous.
-T'as plutôt intérêt, réplique-t-il d'un ton sec, sans même me regarder.
Je sors de la voiture en silence, emportant avec moi mon sac vide, et je sors mes clés. Alors que je me dirige vers la porte de ma maison, je l'ouvre avec une certaine appréhension, mais aussi un soulagement inattendu. Revoir ma maison me fait du bien. L'odeur familière me calme immédiatement, et la chaleur réconfortante de l'intérieur me rappelle que je suis enfin chez moi, loin des tensions extérieures.
J'enlève mes chaussures près de l'entrée, marchant doucement à travers le couloir vers ma chambre. Pourtant, juste avant de l'atteindre, je m'arrête devant la porte de la chambre de mon père. Mes doigts effleurent la poignée, et une vague de souvenirs et d'émotions me submerge.
Je n'ai pas remis les pieds ici depuis sa mort...
Doucement, je pousse la porte de sa chambre. Dès l'instant où elle s'ouvre, une vague de nostalgie m'envahit, et sans que je puisse m'en empêcher, quelques larmes commencent à couler sur mes joues. J'avance prudemment, comme si je me trouvais dans un rêve, un rêve que je voudrai prolonger pour l'éternité. Mes yeux se posent sur le lit défait, laissé tel quel par mon père, ce matin-là, le jour de sa mort. C'est comme si le temps s'était figé dans cette pièce.
Je m'approche du placard et l'ouvre. L'odeur de ses vêtements flotte encore. Je prends un instant pour respirer cette odeur, un lien fragile avec lui. En bas du placard, ses chaussures cirées sont impeccablement rangées, comme il les aimait. Je tire doucement un tiroir et découvre un album photo. Curieux, je l'ouvre, et un léger sourire naît sur mes lèvres. Des photos de moi, enfant, aux côtés de mon père, des moments de complicité figés pour toujours.
Après avoir regardé l'album, je le repose doucement à sa place. Je continue mon exploration et ouvre un autre tiroir, celui-ci remplit de papiers. D'un premier regard, rien de spécial, juste des factures et des documents de la maison. Je les repose soigneusement, essayant de les remettre à leur place exacte.
C'est alors que je remarque un petit bout de papier coincé dans la jointure du tiroir. Intrigué, je repose les feuilles et j'essaie doucement de tirer dessus. Mais en tirant, je sens qu'il est en train de s'arracher. Je m'arrête net, incertain. Ce papier semble caché là, intentionnellement, et je suis partagé entre l'envie de découvrir ce qu'il s'y cache et la crainte de briser quelque chose.
C'est quoi ce bordel...
J'essaie de comprendre ce qu'il se passe. En tapotant doucement au fond, j'entends un bruit creux. La curiosité me pousse à essayer de l'ouvrir, mais rien n'y fait, il reste obstinément fermé.
Je regarde autour de moi, me demandant, si je pourrais trouver un indice quelque part dans cette chambre qui me semble à la fois familière et étrangère. Je commence à fouiller dans les livres, à déplacer des objets, mais rien ne semble fonctionner. La frustration monte en moi.
-Merde !
Je m'assois par terre, désemparé, cherchant une solution dans ma tête.
-Bordel, tu pouvais pas faire comme tout le monde, papa... je râle à voix haute, un mélange de colère et de désespoir dans ma voix.
Les souvenirs affluent alors, peu à peu, et je me rappelle des moments où il était toujours un peu différent. Je me remémore des soirées passées à discuter de ses choix, de ses décisions, de sa manière de voir les choses. Dans un coin de ma tête, je commence à réfléchir à la possibilité qu'il ait laissé quelque chose de précieux ici, quelque chose qu'il n'a pas voulu que je découvre trop tôt.
Flashback
-Papa, qu'est-ce que tu fais dans ta chambre à chaque fois pour te couper le doigt ? je demande en rigolant doucement, tout en mettant un pansement sur le doigt blessé de mon père.
-Je regardais les photos, comme d'habitude. Je me suis coupé avec le verre, ce n'est rien, répond-il en souriant, un peu gêné.
-Qu'est-ce que tu peux être maladroit, je rigole encore plus fort, le souvenir de ce moment me réchauffe le cœur.
Fin du Flasback
Je me lève doucement, mes yeux parcourent les cadres photo accrochés au mur. Je les prends en main, les ouvrant un par un par derrière, à la recherche de quelque chose qui pourrait m'aider. C'est alors que je découvre enfin un petit mécanisme d'empreinte digitale caché à l'arrière d'un cadre. Mon cœur s'emballe à l'idée de ce que cela pourrait signifier.
Je présume qu'il faut mon sang...
Une tension commence à monter en moi. Il y a quelque chose de sinistre et de captivant dans cette découverte. L'adrénaline monte alors que je me dirige vers la cuisine, déterminé.
Une petite entaille au doigt suffira
Je sors un couteau, appuyant légèrement contre ma peau et une goutte de sang s'échappe, glissant sur ma paume.
Je retourne lentement dans la chambre, chaque pas résonnent dans le silence pesant. Je regarde le tiroir, le mécanisme s'ouvre lentement à mon touché, comme s'il me reconnaissait. Mon cœur bat à tout rompre.
Je scrute l'intérieur, mon esprit en ébullition. J'attrape tout ce que je trouve et je viens déposer le contenu sur le sol, un mélange de papiers, de photos et quelques objets. Mes mains tremblent légèrement alors que je commence à examiner ce que j'ai récupéré, m'interrogeant sur les secrets de ce que cela pourrait révéler. Chaque objet pourrait être un indice, une pièce du puzzle qui pourrait expliquer bien des choses.
-Papa... ? C'est... quoi ça ? je murmure, surpris.
À l'intérieur du tiroir, parmi les documents, je trouve un ancien dossier de la police. Je commence à le lire, et là, le monde s'écroule autour de moi. Mon père n'était pas un simple membre de l'organisation Myokul. Il était un indic, un informateur sous la contrainte de la police.
D'après ce dossier, il avait été arrêté des années plus tôt. Ils l'avaient menacé de prison, et pire encore, ils lui avaient fait comprendre que s'il finissait derrière les barreaux, sa famille serait en danger. Moi, en particulier.
Mon père, avait accepté de devenir leur informateur, non par loyauté envers la justice, mais pour me protéger. Je découvre dans ce dossier, qu'il donnait des informations sur Black Miyokul et sur les activités de l'organisation. Mais ce que la police ignorait, c'est qu'en réalité, il restait fidèle à la mafia Cop, en qui il avait toujours eu confiance.
Je tombe sur une note dans le dossier :
"Informateur M. a exprimé des réticences à poursuivre la collaboration, mais la menace de prison et les risques pour sa famille ont suffi à maintenir son engagement."
Je poursuis ma lecture, un autre rapport explique que mon père manipulait la police. Il leur donnait juste assez d'informations pour qu'ils le laisse tranquille, tout en veillant à ne jamais nuire directement aux affaires de la mafia Cop. Il était coincé entre ces deux mondes, jouant un jeu qu'il n'avait jamais voulu jouer.
Non seulement mon père est mort pour protéger sa famille, mais il a vécu dans un tourment permanent, piégé par des forces bien plus grandes que lui. Et maintenant, je tiens dans mes mains des preuves. Des preuves qui pourraient non seulement détruire Black, mais aussi révéler au grand jour la vérité sur ce que mon père a réellement fait.
Je repose doucement le dossier sur le sol et mon regard se porte sur une feuille de papier qui dépasse légèrement du tas. En la prenant, je découvre une liste de noms. Tous y figurant sont des politiciens, des policiers ou encore des entrepreneurs influents. Je commence à lire cette liste avec attention, et une note de mon père m'explique que tous ces hommes étaient des espions de Black. Je sens un frisson parcourir mon corps en réalisant l'ampleur de ce réseau.
Black Miyokul contrôlait l'intégralité de la Thaïlande. Il avait des informateurs à chaque niveau de pouvoir, et selon les notes de mon père, certains de ces espions étaient même proches de la famille royale. L'ombre de Black planait sur tout, bien plus dangereuse et étendue que ce que quiconque ne pouvait imaginer.
En continuant de lire, je remarque plusieurs noms qui me semble familiers. Parmi les policiers, un en particulier me saute aux yeux. Je me précipite sur le dossier de la police que j'avais déjà feuilleté. Mon cœur bat de plus en plus vite. Trois des policiers mentionnés étaient en réalité des espions de Black. Mon père s'était retrouvé piégé dans cette toile. Chaque décision, chaque mouvement qu'il faisait était surveillé.
Un doute commence à grandir en moi : est-ce que Black savait depuis longtemps qui était réellement mon père ? Et si tout cela avait été un jeu cruel pour lui, un moyen de garder mon père sous contrôle en lui donnant juste assez de corde pour se sentir en sécurité ? Je m'assois, le cœur lourd, essayant de comprendre l'ampleur de ce qui se déroule sous mes yeux.
-Ils savaient... Ils savaient tout, depuis le début je murmure, me laissant tomber, épuisé par la révélation.
Je sens ma gorge se nouer. Black n'avait pas seulement détruit mon père. Il avait tissé une toile autour de lui, de nous, depuis des années.
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