Chapitre 10 - La photo
Le lendemain
Je me réveille progressivement, attiré par une odeur d'œufs brouillés qui émane de la cuisine. Mon cœur s'accélère, et je me lève d'un bond, saisissant la première chose qui me tombe sous la main : ma lampe de chevet. Je m'avance vers la porte, l'ouvre doucement et essaie de deviner qui est dans la cuisine. Rien n'est visible à première vue, mais les bruits d'assiettes et de poêle confirment la présence de quelqu'un.
Je m'avance prudemment, évitant tout bruit, jusqu'à atteindre l'entrée de la cuisine. Et là, je le vois enfin. Lui. La colère monte en moi, envahissant chaque partie de mon corps.
-Toi... je souffle, en posant la lampe de chevet sur le bar de la cuisine, mes yeux fixés sur celui qui se tient devant moi. Qu'est-ce que tu fous là, Boun...
Il se tourne lentement vers moi, affichant ce sourire désarmant qui m'agace encore plus. Il éteint la plaque d'un geste calme, puis, sans dire un mot, il s'approche de moi. Avant que je ne puisse réagir, il pose doucement ses mains sur mes épaules. En un instant, je me retrouve plaqué contre le plan de travail, son visage bien trop près du mien.
-Boun, je vais te tuer, laisse-moi tranquille ! je crie, ma voix tremblante de colère. Mon corps entier est tendu, prêt à exploser.
Il reste étrangement calme, un sourire narquois accroché à ses lèvres.
-Tu sais quoi ? commence-t-il, presque moqueur. J'avais prévu de te kidnapper. Ses mots me frappent comme un coup. Puis je me suis dit que te surveiller de loin serait mieux. Alors, je suis venu ici, j'ai forcé littéralement la porte et j'ai attendu que tu te réveilles. Pendant ce temps, j'ai observé ta maison, j'ai cherché des réponses.
Mon sang bouillonne et sans réfléchir, je le coupe, criant à plein poumon.
-Qui t'a permis de faire ça, au juste !?
Il lève les mains, comme pour me calmer, mais ça ne fait qu'attiser ma colère.
-Personne, Sam. Sa voix est étrangement douce. Personne ne m'a permis de le faire. J'ai pris cette décision tout seul parce que... Il marque une pause, me fixant droit dans les yeux. ...parce que je m'inquiète pour toi.
Je tremble, mes poings serrés, prêt à le frapper.
-Tu n'avais pas le droit de pénétrer chez moi comme ça ! je hurle, les nerfs à vif.
Boun semble presque regretter ses actions, mais son regard reste captivant, dangereux.
-Oui, c'est vrai... Il admet enfin, mais une lueur de défi brille encore dans ses yeux. Mais ça m'a permis de comprendre qui tu es. J'avais des doutes... Son ton se fait plus profond. ...mais en venant ici, j'ai vu des photos. Des choses que je n'avais pas remarqué la dernière fois. Il me fixe, ses mots lourds de sens. Milo Lousiani... Il fait une pause, son sourire disparaît. ...est ton oncle, n'est-ce pas ?
Je le fixe avec une rage sourde, mes pensées brouillées par la colère. Avant de réaliser ce que je fais, je lui crache au visage. Boun se fige, son expression se durcissant légèrement. Il prend une grande inspiration, essuie la bave d'un geste lent avec sa manche sans dire un mot, puis me regarde d'un air calme, presque résigné.
-Sam, arrête, souffle-t-il, sa voix ferme mais dénuée de violence.
Il saisit doucement mon bras, pas avec la force à laquelle je m'attendais, et m'entraîne vers le salon. Je tente de me libérer, mais ses gestes restent mesurés, comme s'il voulait me montrer qu'il ne cherche pas à me blesser.
Arrivé au milieu du salon, Il me jette à terre me permettant de ne pas bouger. Je le regarde, les poings serrés, prêt à riposter, mais il sort une photo de sa poche, la brandissant à quelques centimètres de mon visage.
C'est une photo de mon père et moi, un instant volé du passé, avant que tout ne devienne si compliqué.
-Oui ou non ? demande-t-il, sa voix est calme, mais je peux sentir l'urgence dans son regard.
Je tourne la tête, refusant de regarder la photo une seconde de plus. Elle fait remonter trop de souvenirs que je préfère enfouir au plus profond de moi. Pourquoi est-ce qu'il insiste là-dessus ? Pourquoi ne peut-il pas simplement me laisser tranquille ?
-Bordel, qu'est-ce que tu me veux, hein !? je crie en réussissant à me retourner, il est toujours assis sur moi, en califourchon. Ses yeux perçants plongés dans les miens. Il s'approche de mon visage, si proche que je peux sentir son souffle sur ma peau.
-Oui ou non... ? répète-t-il, sa voix dure et pleine de détermination.
Je le déteste à cet instant, déteste la façon dont il me pousse à bout, déteste qu'il ne lâche jamais l'affaire. Mon corps tout entier est tendu, et je serre les dents.
-Non, ce n'est pas mon oncle ! je crie, enfin, espérant que ça suffise à le faire taire.
Mais il ne bronche pas, ne recule même pas. Ses yeux s'assombrissent, et sa mâchoire se crispe.
-Bordel, Sam, dis-moi la vérité ! hurle-t-il, la voix pleine de frustration.
À cet instant, quelque chose en moi craque. Tout ce que j'ai essayé de retenir, de garder pour moi, se brise sous la pression. Je n'en peux plus de mentir, de porter ce secret.
-C'est mon père ! je lâche, ma voix tremblante d'émotion. J'ai dit à tout le monde que c'était mon oncle, mais c'est mon père !
Les mots sortent avec une telle violence que je ressens un soulagement immédiat, même si je sais que rien ne sera plus pareil maintenant. Le silence qui suit mes aveux est lourd, presque étouffant. Boun me fixe sans rien dire, mais je vois dans ses yeux qu'il comprend enfin.
Je hurle, ma voix se brisant sous l'intensité de mes émotions.
-Je suis le fils du traître ! Alors, maintenant, tu vas faire quoi ? Me tuer ? Allez, tue-moi !
Boun ne répond pas immédiatement. Il me fixe avec une douceur inattendue dans ses yeux, une expression qui ne fait qu'alimenter ma colère. Je continue de me débattre, mais il pose une main sur ma joue, caressant doucement ma peau. Ce geste me fige une seconde, déstabilisé par la contradiction entre son attitude et la situation.
-Jamais je ne pourrais te tuer... dit-il finalement, sa voix basse et apaisante.
-Alors qu'est-ce que tu veux ?! je crie, la voix pleine de défi.
-Toi, répond Boun, calme, sans la moindre hésitation.
-Va te faire foutre ! je hurle en essayant de me libérer, mais c'est peine perdue. Je le vois sourire, et je l'entends rire. Un rire léger, amusé, comme si tout cela n'était qu'un jeu pour lui. Son regard reste posé sur moi, tranquille, tandis que je me débats toujours, désespéré, mais impuissant.
-Par toi, aucun souci, dit-il en souriant. Comment veux-tu que je te laisse tranquille... J'en suis incapable. Tu te mets toujours dans des merdes... Tu fais tout pour attirer l'attention sur toi... Je suis inquiet pour toi. Je m'en fous que Milo soit ton père, je m'en fous que tu ne m'aimes pas... Je veux juste te protéger.
Ses mots résonnent en moi, et sans même m'en rendre compte, je commence à me calmer. La colère qui bouillait en moi s'éteint peu à peu, remplacée par une sensation étrange, presque réconfortante.
est-ce normal d'être rassuré avec ces mots...?
-Pourquoi tu veux me protéger ? je demande calmement, le regard fixé sur lui.
Boun prend une profonde inspiration, son regard se perd un instant dans le vide, comme s'il cherchait les mots justes.
-Parce que... tu m'as rendu dingue de toi, Sam Funkie, dit-il enfin, une lueur d'honnêteté dans les yeux.
Je sens un nœud se former dans ma gorge.
-Je ne t'aime pas ! je rétorque, la voix tremblante, même si au fond de moi, je sais que c'est un mensonge.
-Je le sais. Même si je sais pertinemment que c'est un mensonge, répond-il calmement.
Je serre les poings, essayant de me contenir.
-Laisse-moi tranquille ! Je veux juste être seul.
-Non, je ne peux pas, murmure-t-il en s'approchant un peu plus de moi. Je suis désolé, Sam, mais je ne peux pas te laisser t'en aller comme ça.
Je le fixe avec incompréhension, jusqu'au moment où je le vois sortir de sa poche une serviette. Il l'approche de mon visage sans prévenir, et une odeur chimique envahit mes narines. Je tente de me débattre, mais mes membres deviennent lourds, mes mouvements ralentis.
-Qu'est-ce que... ? je murmure faiblement, ma voix étouffée par la confusion, avant que l'obscurité ne m'envahisse complètement, me plongeant dans un profond sommeil.
pourquoi je m'endors d'un coup...?
Je me réveille doucement, ma tête encore lourde, mes pensées embrouillées. Pendant un instant, je me demande si tout ce que j'ai vécu n'était qu'un mauvais rêve. Mais en ouvrant les yeux, je réalise que la chambre où je me trouve n'est pas la mienne. Les murs sont peints d'une couleur neutre, et le mobilier minimaliste m'est étranger. Je me redresse doucement, sentant une douleur sourde dans mes muscles, et c'est là que la vérité me frappe.
On est chez Boun... Bordel !
En essayant de bouger, je découvre que mes pieds et mes mains sont attachés au lit. Une vague de confusion me submerge, et mon estomac se retourne brusquement, les nausées m'envahissent. Ma tête me fait atrocement mal, s'en doute à cause de la drogue que Boun m'a administré plutôt, probablement du chloroforme. En regardant autour de moi, je remarque aussi que je suis branché à une perfusion, avec des antibiotiques qui coulent lentement dans mes veines.
-BOUN ! je crie de toutes mes forces, espérant attirer son attention malgré la faiblesse qui me gagne.
J'entends des bruits de pas s'approcher doucement. La porte s'ouvre lentement, révélant Boun, torse nu, vêtu uniquement d'un jogging. Ses cheveux et son corps sont encore humides, comme s'il venait de sortir de la douche. Il entre dans la chambre, une serviette à la main, essuyant ses cheveux venant s'assoir sur le lit. En me voyant éveillé et attaché, une expression d'inquiétude mêlée de détermination traverse son visage.
-Sam, calme-toi, dit-il en s'approchant. Je sais que tu es en colère, mais c'était pour ta sécurité et ta santé.
-Pour ma sécurité ?! Tu m'attaches à un lit et tu penses que c'est pour ma sécurité ? Et tu oses t'inquiéter pour ma santé ? Il fallait pas me droguer ! je rétorque, les yeux brûlants de rage malgré les nausées qui me prennent de plus en plus.
Boun, toujours assis sur le bord du lit, baisse la tête un instant, comme s'il pesait ses mots avant de répondre. Il se passe une main dans les cheveux encore mouillés, son visage exprimant une sincère culpabilité.
-J'avais pas le choix... Tu serais pas venu sinon, murmure-t-il. Et pour la drogue... je suis désolé, Sam.
Je le fixe, la colère bouillonne toujours en moi, mais la fatigue et le malaise m'affaiblissent. Il continue, la voix basse, presque apaisante.
-Tu auras encore des effets secondaires pendant quelques jours, mais ça finira par s'arrêter, je te le promets.
Je tourne la tête, furieux, mais aussi épuisé. La frustration monte encore en moi alors que mon corps continue de lutter contre les effets de la drogue.
-Et tu crois vraiment que c'est une excuse valable ? Que c'est pour ma sécurité que tu m'as rendu malade ? je gueule malgré ma voix tremblante, aussi bien par la rage que par la faiblesse.
Boun soupire et pose la serviette sur une chaise à côté. Il me fixe droit dans les yeux tandis que mon corps lutte contre le reste de la drogue. La confusion, les maux de tête et les nausées persistantes me submergent, brouillant encore mon esprit.
-Écoute, je sais que ce n'était pas la meilleure manière de faire, mais tu étais sur le point de faire quelque chose de vraiment stupide. Je ne pouvais pas te laisser faire ça.
-Alors c'est ça ton plan ? Me garder prisonnier jusqu'à ce que je t'obéis ? je réponds avec ironie, ma voix chargée de sarcasme.
-Non, Sam. Je veux juste te protéger.
-Arrête de me protéger alors ! je crie, même si l'épuisement et les nausées me clouent au lit. Détache-moi !
Boun s'approche, grimpe sur le lit et se penche vers moi, son visage sérieux, son regard perçant. Il semble peser ses mots un instant, puis caresse doucement ma joue, comme s'il cherchait à apaiser la tension.
-Sam... je ne peux pas, murmure-t-il d'une voix basse. Ce ne serait pas sûr pour toi. Tu ne réalises peut-être pas encore, mais mon père te recherche. Je ne sais pas comment il a découvert qui tu étais. Et ce n'est pas tout... Tu as parlé à des gars de la mafia Cop. Si je ne t'avais pas amené ici, tu serais probablement déjà mort.
Un frisson de colère glacée me parcourt malgré ma faiblesse.
-Sauver ma vie ? En me maintenant captif ? Tu es exactement comme ton père ! je crache, avec une haine que je n'avais jamais ressenti aussi fortement.
Je vois une lueur de douleur passer dans ses yeux, comme si mes mots avaient frappé plus fort que je ne l'imaginais. Sans un mot, Boun recule, ferme le visage, et quitte la chambre. Une porte se referme dans un silence tendu. Je me retrouve seul, les poignets toujours liés, la tête lourde et le corps malade, me maudissant intérieurement pour ma situation.
-Je vais finir par faire payer un abonnement à ceux qu'ils veulent me kidnapper... Bordel, je grogne, le ton amer et découragé, en luttant contre les nausées qui me tordent l'estomac.
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