Chapitre 1 - L'hôpital
Ce matin-là, je sens des vibrations sur mes draps défaits alors que la journée commence à peine à se lever. Agacé, je cherche à faire taire ce satané téléphone qui continue à sonner, me forçant à ouvrir les yeux et à trouver cet objet de malheur à côté de moi. Je remarque un numéro inconnu et décroche, la tête encore endormie .
— Allô... dis-je, toujours endormi.
— Bonjour, monsieur, demande l'inconnu.
— Excusez-moi... Mais qui êtes-vous ?
— je suis Monsieur Canel, un infirmier de l'hôpital Sukumvit. Avez-vous un lien de parenté avec un certain Milo Lousiani ?
Il utilise le nom de famille de la mafia ? Est-ce vraiment l'hôpital ?
— C'est exact... que s'est-il passé avec cet homme ? j'essaye de ne pas laisser transparaître mes émotions à travers le téléphone.
— Monsieur Milo Lousiani est arrivé à l'hôpital et est actuellement dans le coma. Il était conscient et m'a donné votre numéro afin que nous puissions vous contacter. Je me permets de vous demander de venir à l'hôpital, et je suis vraiment navré de vous apprendre cette nouvelle.
— QUOI ? J'arrive tout de suite ! je commence à paniquer.
En une minute, je suis debout, prenant les premières affaires sous la main, sans passer dans la salle de bain ni prendre de petit-déjeuner. La seule chose que je prends est mon casque de moto et mes clés pour fermer la porte derrière moi.
Papa, qu'est-ce que tu as fait ! Bordel, s'il te plaît, papa, sois fort...
La route me semble interminable. Malgré l'inquiétude qui pèse de plus en plus lourd sur mes épaules, je chevauche ma moto, déterminé à rejoindre l'hôpital le plus rapidement possible. Les embouteillages et les feux rouges semblent durer une éternité, mais j'arrive à l'hôpital dix minutes plus tard. Je gare ma moto dans un coin réservé aux deux-roues et me dirige d'un pas rapide vers l'accueil pour obtenir des nouvelles de mon père.
— Bonjour, je suis Sam Funkie, mon... Mon oncle est à l'hôpital. Milo... Milo Lousiani, dis-je, essoufflé.
La femme à l'accueil consulte son ordinateur.
— Monsieur Funkie, le médecin vous attend dans son bureau, c'est directement à droite, m'indique-t-elle en souriant et en me montrant une porte.
Je suis la direction indiquée, le cœur battant à tout rompre. Chaque pas me rapproche de la vérité, mais aussi de cette peur viscérale qui ne cesse de grandir. Une fois arrivé devant la porte, je prends une profonde inspiration pour calmer mon angoisse. Je toque, et une voix me demande d'entrer. Hésitant, j'ouvre la porte lentement, la crainte me submerge à chaque seconde.
Un homme se tient derrière un bureau bien trop imposant pour lui, vêtu d'une longue blouse blanche qui couvre sa silhouette. Il porte des lunettes, comme si cet accessoire lui conférait une autorité médicale indiscutable.
Je fais un pas dans la pièce, mes mains trembles, trahissant mon anxiété grandissante. Je m'approche du bureau, essayant de maîtriser les battements frénétiques de mon cœur. Chaque pas résonne, accentuant ma nervosité alors que je m'apprête à faire face à celui qui détient les réponses que j'attends avec tant d'angoisse.
— Bonjour, jeune homme. Vous êtes ? Demande le médecin sans quitter l'écran de son ordinateur des yeux.
— Bonjour, je suis Sam Funkie... Je suis le neveu de Milo Lousiani.
Le médecin tourne enfin les yeux vers moi.
— Quel âge as-tu ? demande-t-il finalement.
— 17 ans, mais est-ce vraiment le sujet ? Je veux savoir ce qu'à mon oncle.
— Votre oncle a subi des événements médicaux graves. Pendant l'opération, nous avons retirer les balles de son corps. Mais, il a fait un arrêt cardiaque en raison d'une hémorragie importante. Cette perte de sang a mis son cœur sous une pression intense, mais grâce à une réanimation réussie, nous avons pu stabiliser son état. Cependant, en raison de la gravité de l'arrêt cardiaque, nous avons été obligé de le placer dans un coma post-réanimation pour permettre à son corps de récupérer et de diminuer les risques de complications au cerveau. Nous surveillons son état de près et attendons de voir s'il y a des signes de problèmes neurologiques dus à l'arrêt cardiaque. C'est une situation très difficile, et nous sommes là pour vous soutenir.
— Pensez-vous qu'il a une chance de s'en sortir ?
— Si les résultats neurologiques sont favorables, cela suggère que votre oncle a résisté à l'arrêt cardiaque et qu'il a une chance de se réveiller du coma. Cependant, la récupération après un coma post-réanimation peut être un processus lent. L'optimisme et le soutien de la famille sont indispensables pour l'aider à traverser cette épreuve.
— Et s'il ne se réveille pas, combien de temps peut-il rester dans le coma ?
— Il est difficile de donner une réponse précise à cette question. Le coma peut durer quelques jours comme quelques semaines, voire plusieurs mois dans les cas plus graves. Nous surveillerons de près son état et ajusterons les soins en conséquence.
Le médecin prend une profonde inspiration, les yeux fixés sur le sol pendant un moment avant de relever le regard.
— Jeune homme, tu devrais appeler tes parents pour qu'ils viennent.
— Ma mère et mon père m'ont abandonné à la naissance. Il n'y a que mon oncle et moi.
— Je vois, dit-il tristement. Je vais voir d'autres patients. s'il vous plait, reste ici, conclut-il en quittant la pièce.
Je le regarde partir, me laissant seul dans cette salle lugubre. Mon regard se pose sur chaque détail de la pièce : une plante desséchée au fond, un dossier ouvert avec un papier de divorce qui dépasse... Mais ce qui attire le plus mon attention, c'est le dossier de mon père posé sur le bureau. La curiosité l'emporte sur la raison, et sans hésiter, je m'approche et l'ouvre. Mes yeux parcourent rapidement les pages, mais ce que je lis me fige d'horreur.
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Patient : Milo Lousiani
Âge : 33 ans
Type de sang : O+
Note de l'infirmier Canel :
Description de la blessure :
M. Lousiani est arrivé aux urgences avec plusieurs blessures par balle :
Deux projectiles dans l'abdomen, localisés près de l'estomac. Ces blessures ne présentent aucun risque vital immédiat pour le patient. Une balle logée dans le poumon droit, engendrant un risque de lésions thoraciques. Une autre balle dans l'épaule, qui ne semble pas menacer la vie du patient.
Circonstances : À son arrivé, le patient a informé le personnel médical qu'il avait été victime d'une tentative d'assassinat mais le patient n'était pas conscient totalement.
Observations : M. Lousiani présente des signes de détresse respiratoire et de douleur abdominale. Une évaluation immédiate de ses blessures a été réalisé, et il a été pris en charge en vue d'une intervention chirurgicale d'urgence.
Note du chirurgien Crabouzi :
Description de l'intervention : M. Lousiani a été admis pour une intervention chirurgicale afin de traiter les blessures par balle qu'il a subi. Les examens préliminaires ont révélé la présence de plusieurs projectiles, dont deux dans l'abdomen, un dans le poumon droit et un dans l'épaule.
Déroulement de l'intervention :
L'opération a été réalisé en urgence pour extraire les projectiles et évaluer les éventuelles lésions internes. Les quatre balles ont été retiré avec succès, et aucune complication majeure n'a été observé pendant cette partie de la procédure. Cependant, en raison de l'importante hémorragie causée par les blessures, le patient a fait un arrêt cardiaque pendant l'opération. L'équipe médicale a immédiatement entrepris des mesures de réanimation et a réussi à rétablir le rythme cardiaque du patient.
Évaluation post-opératoire : Malgré la réussite de l'intervention chirurgicale, l'arrêt cardiaque a nécessité de placer le patient dans un coma post-réanimation. Cette mesure permet au corps du patient de se reposer et de récupérer après l'épisode critique.
Plan de traitement post-opératoire : Le patient sera étroitement surveillé en unité des soins intensifs pour assurer sa stabilité cardiorespiratoire et surveiller tout signe de complications. Des consultations spécialisées seront envisagées pour évaluer l'état neurologique du patient et planifier sa prise en charge à long terme.
Conclusion : Bien que l'opération ait été un succès, le patient reste dans un état critique en raison de l'arrêt cardiaque et de l'hémorragie importante. Son rétablissement dépendra de plusieurs facteurs, et il sera nécessaire de surveiller de près son évolution dans les prochains jours.
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— Assassinat ?... je dis, déboussolé.
Je suis surpris. J'avais imaginé de nombreux scénarios pour expliquer pourquoi mon père se retrouve dans le coma, mais jamais je n'avais envisagé qu'il puisse être la cible d'une tentative d'assassinat. Mon esprit est bouleversé par un mélange de doute, de colère et de peur. Je me demande qui peut vouloir faire du mal à mon père.
Peut-être que c'était une mission qui a mal tourné ? Mais... il n'aurait jamais donné mon numéro... Bordel, qu'est-ce qui s'est passé ?
j'entends des pas revenir vers le bureau, je n'ai pas le temps de réfléchir ou de prendre une photo du dossier, je me précipite pour fermer le dossier et je retourne m'asseoir sur la chaise.
La porte s'ouvre de nouveau, mais cette fois-ci, le médecin n'est pas seul. Il est accompagné d'une femme qui referme la porte derrière elle.
— Monsieur Funkie, je vous présente Madame Oxforde, c'est une assistante sociale. Elle est ici pour vous aider, présente le médecin.
— M'aider ? Je ne comprends pas, m'aider de quoi ? je demande, perdu, en commençant à m'énerver.
— Je suis là pour vous soutenir dans cette période difficile. Mais, vous devez savoir que si vous n'avez pas d'autre famille que votre oncle, c'est notre devoir, au médecin ici présent et à moi-même, de vous aider et de vous confier à quelqu'un comme vous êtes encore mineur. explique-t-elle en me lançant un sourire.
— Donc vous allez me mettre dans un foyer ? Il en est hors de question, pauvre conne ! je crie.
— Jeune homme, je comprends que la situation soit difficile pour vous, mais vous n'avez pas vraiment le choix. Avec personne pour reprendre votre garde, nous devons trouver une solution. Je suis désolée, mais nous allons devoir nous rendre chez vous pour prendre quelques affaires, puis nous irons dans un foyer où vous serez pris en charge, m'annonce-t-elle avec compassion, cherchant à rendre la situation aussi supportable que possible pour moi.
Je dois savoir ce qui s'est passé pour mon père, et je vais le venger !
— Nous sommes conscients de l'importance que vous avez envie de voir votre oncle avant de partir. Nous pourrions planifier une visite, si vous le souhaitez. Cela vous permettrait de lui montrer votre soutien dans ce moment difficile. Est-ce que vous en dites ?
Je me lève brusquement de la chaise, visiblement perturbé par la situation.
— Je verrai mon oncle sans vous ! Où est sa chambre ? je demande en colère.
— Même si je comprends votre colère, monsieur, nous sommes dans un hôpital et je vous serais reconnaissant de bien vouloir vous calmer. Votre oncle a également besoin de repos. Vous pouvez le voir, mais il est important de rester calme et respectueux dans cet environnement médical.
Je prends quelques instants pour me calmer, réalisant l'importance de voir mon père à cet instant. Je les suis, à travers les couloirs de l'hôpital, j'essaye de me préparer mentalement à ce que je vais trouver dans la chambre. Finalement, après avoir traversé ces couloirs interminables, nous arrivons devant une chambre. L'assistante sociale me fait signe d'entrer.
— Nous attendrons dehors, dit le médecin avant d'ouvrir la porte.
J'avance doucement dans la pièce, mon cœur battant la chamade alors que je lutte pour contenir mes émotions. Je baisse la tête, refusant presque de regarder la réalité en face, espérant au fond de moi que ce ne soit pas mon père allongé là, branché à toutes ces machines. Lorsque mes yeux se lèvent, finalement, la vérité me saute en plein visage, brutale et implacable. Mon père, si fort et si protecteur, est là, vulnérable et immobile, entouré par les machines qui maintiennent son existence fragile. La vue est trop déchirante pour moi, et je ne peux retenir mes larmes.
J'avance lentement vers le lit de mon père, tirant une chaise pour m'installer à son chevet. Avec délicatesse, je prends sa main dans la mienne, et je sens la chaleur familière de sa peau sous mes doigts. Je la porte délicatement à ma joue, la pressant doucement contre ma peau, comme pour m'apporter un peu de réconfort dans ce geste simple mais significatif. Les larmes coulent librement sur mon visage, témoins de mon grand chagrin.
— S'il te plaît, papa, reviens parmi nous, je t'en supplie, ne me laisse pas ici, seul, sans personne. Je n'arriverai pas à vivre sans toi, je veux que tu reviennes, dis-je, la voix brisée.
Mes mots sont pleines d'émotions et de détresse, résonnant lentement dans la chambre silencieuse. Je serre mon père dans mes bras, sentant le poids de son corps inerte, mais espérant toujours un miracle. Je fixe ses yeux un instant, priant silencieusement pour un signe de vie, un léger mouvement, n'importe quoi qui puisse m'indiquer qu'il entend mes prières. Je reste là, le tenant dans mes bras, trouvant un sentiment de réconfort en étant près de lui.
L'assistante sociale toque doucement à la porte, respectant notre intimité. Déboussolé dans mon chagrin, je sursaute légèrement à ce bruit inattendu, mais je me ressaisis rapidement. Je pose doucement la tête de mon père sur l'oreiller, dépose un baiser sur son front, puis me lève avec réticence pour écouter l'assistante sociale.
— Je m'excuse de vous déranger, jeune homme, mais il est temps de partir. Nous devons nous assurer que vous disposez de tout ce dont vous avez besoin pour le moment, et nous devons organiser votre hébergement en foyer, explique-t-elle avec douceur. Cependant, nous allons examiner les données nécessaires afin de déterminer si votre oncle a exprimé ou écrit quelque chose à votre sujet en cas de problème.
Je hoche la tête, incapable de trouver les mots pour exprimer ce que je ressens.
— Reviens vite, j'ai besoin de toi, je... je t'aime, dis-je en me tournant vers lui.
Puis je me tourne et je suis l'assistante sociale hors de la chambre, jetant un dernier regard sur mon père avant de refermer la porte derrière moi.
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