Chapitre 61
Le dîner s'est transformé en véritable bataille acharnée pour ma part. Je crois que la politique demeure un champ qui me convient parfaitement ; dans quelques jours, je deviendrai premier conseiller du roi, sans l'ombre d'un doute, haha.
Vu la manière avec laquelle je leur ai bassiné les oreilles, je doute qu'Arnil me redemande pour les prochains repas. Même si je crois que les courtisans m'apprécient et qu'ils tiendront à me retrouver par la suite. Cela est plutôt étonnant puisque j'ai passé l'heure entière à les insulter ; en même temps, c'était vraiment trop tentant. Ils sont moches tout autant qu'ils sont !
Et leurs paroles puantes d'une fausse charité me révulsent. Chez les elfes au moins, on assumait qu'on voulait esclavagiser tout le monde ; on ne se perdait pas dans des discours hypocrites qui transpirent le dévouement et l'attention fraternelle.
Parce qu'à côté de ça, la « démocratie royale » impose une idéologie assez inédite, j'en reste sur les fesses. Pour résumer grossièrement, ça serait « diviser pour mieux régner ». Faire en sorte de casser toute coalition au sein de Lombal en polarisant chaque individu sur son intérêt propre. Chacun pour soi, personne pour tous... Avec cette mentalité, ils endorment la conscience du peuple et surtout, ils n'hésitent pas à saper l'autorité de l'ancienne élite astrale.
Résultat des cours : Arnil est à la tête d'un royaume de bras-cassés qui se préoccupent uniquement de leur petit nombril. Ça n'a pas l'air de déranger notre monarque ainsi que sa cour : ils gouvernent calmement sur une foule d'abrutis qui ne se révolteront jamais malgré les taxes ahurissantes parce que le gouvernement leur fournit tous les petits plaisirs d'une vie insignifiante.
Pathétique !
Tout en méditant ce déclin sociétal, je me promène dans les vastes couloirs du palais. Les astres se retournent sur mon passage pour me lancer des railleries mesquines. Je discerne de la violence dans leur regard, sûrement désirent-ils trouver un exutoire à leur haine envers les elfes et de ce qui s'en approche. Heureusement, mon statut de bouffon royal me fournit pour l'instant une certaine protection mais je ferais bien de rester sur mes gardes. Et mes amis devraient en faire autant.
Je continue donc mon chemin en sautillant, pressé d'établir rapidement une image précise de tous ces quartiers. C'est une règle de base, enseignée par Arquen lui-même : ne jamais évoluer dans un terrain inconnu. Du coup, je poursuis ma visite et établis un plan précis du palais dans ma petite caboche.
La soirée est déjà bien avancée lorsque je rentre dans ma petite chambre.
— SURPRISE !!
Un nuage de confettis m'atterrit en pleine poire sans pour autant m'expliquer cette farce. Je secoue la tête et distingue trois bouffons gesticuler autour de moi. Je vois le genre : le comité d'accueil ?
Le plus excité se jette sur moi sans cesser d'agiter ses grelots et lance :
— Bienvenu parmi nous ! Moi, c'est Yauly ! Et comme tu peux le comprendre, nous sommes les trois autres fous du service.
— J'ignorais qu'il y en avait d'autres comme moi...
— Ah mais tu es le seul à avoir dégoté la fonction de bouffon du roi ! Nous, nous ne sommes que de simples comédiens pour entretenir les fêtes !
Je plisse les yeux pour établir une analyse rapide de mes nouveaux compères. Le premier qui m'a abordé est un cathors doté d'une apparence très féline. Son pelage rayé qui se perd sous les vêtements bariolés arbore une magnifique teinte dorée. Son pantalon est troué à l'arrière pour laisser sa longue queue touffue se balancer comme un pinceau nonchalant. Une découpe précise dans le chapeau permet à deux belles oreilles de chat de pivoter dans tous les sens. Quant à sa face aux moustaches frémissantes, elle arbore des yeux démesurés et espiègles.
Le deuxième, par contre, me provoque un froncement de sourcils : je ne sais pas du tout à quelle race il appartient, et pourtant, j'en ai croisé des créatures, durant ma longue existence. À l'instar de Yauly, sa taille est similaire à la mienne mais sa maigreur me fait de la peine. Malgré cet aspect rachitique, je devine en lui une énergie débordante, prête à rendre fous les membres de la cour.
— Pour continuer les présentations, déclare ce dernier, je réponds au doux nom de Pomparadi !
— Pompe à radis ? m'étonné-je.
— Non, Pomparadi, tout accroché.
— Sans vouloir te vexer, tu appartiens à quelle race ?
Non parce qu'un énergumène avec la peau recouverte d'écailles en plus de petites cornes qui apparaissent de sa longue chevelure de jais, ça peut troubler.
— Comme Yauly et Nanda, nous avons été créés en laboratoire : nous sommes des chimères, conçus exprès pour le rôle qui nous est assigné.
J'écarquille les yeux, choqué de cette information. Je remets immédiatement en cause leur capacité de jugement : ils doivent probablement ne pas jouir d'un libre arbitre.
Mon regard se pose sur Nanda, encore plus petite que moi. Je l'aurais facilement assimilée à une fée avec ses petites ailes diaphanes qui papillonnent doucement dans son dos.
Contrairement aux deux autres, son uniforme de bouffon n'a pas nécessité autant de tissu, c'est le moins que l'on puisse dire. Clairement, je me demande si son rôle principal est de provoquer le rire plutôt que le désir. Je me serais bien attardé sur son décolleté complètement inconvenant mais je ne crois pas que ce soit envisageable au vu de ma situation. Je secoue la tête et déclare :
— Eh bien, je suis enchanté de faire votre connaissance ! Moi, c'est Binou, et je suis un vrai gnome, haha. Je suis très touché par votre accueil... Vous avez apporté de l'alcool ?
— Bien sûr ! sourit Nanda en tapant des mains, mais ne bois pas trop : ce soir, nous remontons sur les planches !
— Exact ! renchérit Yauly, ça sera magique !
— Je dois me joindre à vous ?
— Toi, Binou ? Bien sûr ! Tu dois aussi veiller à ce que les courtisans s'amusent.
Je grimace :
— Vous ne craignez pas les débordements ?
Ils me regardent tous les trois sans comprendre.
— Tant que la cour se plait, nous remplissons notre fonction.
Olalah, ils sont totalement robotisés, ceux-là. Mais loin d'être méchants. Enfin... Si je leur lance à la figure que je voudrais renverser le régime, je doute qu'ils gardent leur politesse.
Je me verse quelques verres de muscadet et en profite pour questionner mes nouveaux amis.
— Vous savez où réside la princesse Indil ?
— Pourquoi devrions nous connaitre ce genre d'informations ? glousse Pomparadi.
— Vous ne vous posez jamais de questions ?
— Si, confirme Yauly, mais les lavages de cerveau sont douloureux. Et on en subit quand l'on commence à trop réfléchir. Heureusement, les pilules nous empêchent de trop y penser.
C'est glauque !
— Allez ! s'écrie Nanda ! c'est l'heure pour les acrobaties ! Suis-nous Binou, nous allons te montrer le chemin.
Réticent, je préfère vérifier si cette fête relève bien d'une de mes obligations. Malheureusement oui. Je dois m'y rendre. Ceci-dit, je ne m'attarderai pas, je simulerai simplement une forte fièvre et je regagnerai ma chambre.
Que penserait Morgal de l'état de son palais ? Il partirait dans une rage folle. C'est d'ailleurs ce qui était arrivé une fois aux Falaises Sanglantes. Sa femme, Selnar, avait organisé une immense beuverie, plongeant le château dans une pagaille monstre. Résultat des cours : un Momo hors de lui, des centaines de fêtards pendus et une séparation conjugale conclue.
Quoiqu'il en soit, plus personne ne peut aujourd'hui s'opposer à la débauche dans ces murs. Mes compères s'accommodent très bien de la situation mais moi, ça me fait moyennement rire. Surtout que l'irrespect a été poussé au point que l'hémicycle lui-même du palais a été transformé en théâtre alors qu'à l'origine, il accueuillait les réunions diplomatiques.
Un éclairage artificiel a été fixé sur les gargouilles intérieures de la salle et plonge les lieux dans une ambiance assez spéciale. Mon dos se tend alors que mon regard parcourt l'espace. Autant dire tout de suite que je ne respire pas la confiance. La lumière demeure bien trop tamisée pour distinguer une potentielle menace.
Si les bouffons rejoignent l'estrade montée au centre de l'amphithéâtre, je me dirige vers la loge royale, dans les tribunes supérieures. Là, Arnil s'alcoolise les veines à grand renfort de vins et de wiskey. D'un coup, la dague dans ma botte me démange ; un petit tranchage de gorge et on en parle plus, non ? Mais la garde rapprochée veille au grain, je ne pourrai rien tenter ce soir.
— Assis-toi, le gnome, m'ordonne-t-il d'une voix brumeuse.
Je m'approche d'une petite chaise, collée à la balustrade, et y pose mes fesses de manière à faire face au monarque. Plus bas, dans la fosse, la musique commence à monter désagréablement. Avec sa cour, Arnil a ramené des comédiens, des danseurs et des prostituées. Tout cela crée une belle animation dans le palais. En plus de cela, l'alcool et les mets de luxe circulent pour accentuer le côté orgiaque. D'ici quelques minutes, toute cette belle assemblée formera une formidable partouse et je tiens clairement à ne pas m'y mêler.
— Dis-moi, Binou, crois-tu qu'Anarrima acceptera de vivre avec moi ?
Je hausse, les sourcils, légèrement déstabilisé.
— Vous voulez faire d'elle votre femme ?
— Non, ma fille...
— Je ne la connais pas, Majesté. Mais vous avez enlevé son enfant... Je sais qu'une séparation aussi brutale avec son propre fils peut provoquer la démence. Vous n'auriez jamais dû en arriver là.
— J'avais prévu de tuer le Balgivox mais une partie de moi refuse d'abandonner mon Vala. Si j'éradiquais la source de toute magie, il ne resterait que la technologie... Est-ce vraiment ce que je veux ?
— Et est-ce vraiment mon rôle d'entendre vos états d'âme ? Clairement, je m'en tartine et si je peux vous donner un conseil, laissez les gens vivre leur vie sans les forcer. Je ne connais pas la fille de mon ancien maître mais je pense qu'elle désirerait vivre paisiblement avec son enfant ; c'est ce que nous voulons tous.
Il repose son verre de cristal et me perce de son regard. Son visage émacié pourvu d'une barbe finement taillée contraste avec la désinvolture de sa position.
— C'est pour elle que j'ai créé ce royaume : un paradis sans son père. Un lieu sans douleur où toutes les passions peuvent guider aux bonheurs de chacun.
— Ouais bah en l'occurrence, les passions de vos courtisans vont aboutir à une formidable dégueulade. C'est moins poétique.
— Peu importe le degré de déchéance, le gnome, les gens s'y complaisent et c'est tout ce qui leur importe. Personne ne jugera leurs travers.
— Heureusement que vous ne vivez pas chez les elfes !
— Encore une race à éliminer...
— La Mémoire s'y opposera...
— Malgal finira bien comme son frère à un moment ou un autre. Une léthargie prolongée ne nous empêcherait pas de continuer à utiliser nos données technologiques.
Oulah... ça trahit, mes aïeux !
— Vous êtes au courant que je peux tout lui rapporter ? C'est lui le détenteur de ma puce, pas vous.
— Il sait que je veux l'évincer, stupide créature. Autant que la réciproque est vraie. Malgal tient à gouverner aussi mais son attrait pour la drogue le perdra.
— Oui. Et vous ce sera l'affection que vous portez à Anarrima qui causera votre chute.
Arnil se pince les lèvres, conscient de la véracité de mes mots. Sur les nerfs, je me détourne de lui et plonge mon regard dans la fosse. Heureusement que l'on ne discerne pas bien ce qu'il s'y passe même si je devine un enchevêtrement de corps. Moi qui me plaignais de la musique, je remercie désormais les musiciens de masquer les sons érotiques qui doivent s'échapper de toute cette débauche. L'ambiance me gêne terriblement ; c'est d'un malsain et d'un glauque...
Cette société n'a aucune valeur à mes yeux.
Je reporte donc mon regard sur la scène où des danseurs exécutent des chorégraphies d'un goût discutable. Devant eux, Yauly sautille dans tous les sens, tel le chantre de tout cet enfer.
La réjouissance générale me provoque un haut le cœur mais je semble bien être le seul.
Dans la foule endiablée, Nanda se détache suite à quelques battements d'ailes et rejoint les barres métalliques où se balancent les danseuses. Püpe est parmi elles d'ailleurs mais au moins, à cette hauteur, il y a peu de chance qu'il lui arrive un pépin, sauf si elle s'écrase dix mètres plus bas, dans l'hémicycle.
Elle a toujours aimé la danse, peu importe la forme et la manière. J'avoue que la voir participer à cette fête lubrique me dérange mais je ne parviens pas à lui en vouloir. Faut dire que sa tenue aide à mon admiration à son égard. De ma loge, je pourrai presque penser qu'elle est nue, seulement recouverte de bijoux étincelants. Heureusement ce n'est pas le cas. Enfin... Il en faudrait peu. C'est tout de même incroyable comment sa présence peut me faire oublier toutes les jolies nanas autour. Je me mords la lèvre et imagine mes mains se balader sur son corps sublime. Comme si elle lisait mon désir, Püpe croise mon regard et m'envoie un sourire renversant avant d'effectuer une position extrêmement provocante.
J'écarquille les yeux et me détache de ce spectacle, peu désireux d'attirer l'attention. Quelle peste, quand même !
— Le gnome ?
Je me retourne vers un roi plus très frais. Cependant, il garde toujours sa lucidité :
— Va-t-en, ta présence m'opportune.
Bien, bien, il veut simplement se prendre une belle murge dans son coin, sans que personne ne puisse le voir dans un tel état. Non, parce que je ne considère pas ses gardes comme des personnes, hein, ce sont juste des robots.
Je m'éclipse donc et descends les escaliers. La partie délicate du trajet s'annonce : je vais devoir traverser l'amphithéâtre ainsi que toute la foule agglutinée.
Je prends une lourde inspiration et me lance dans ce bain immonde de dépravation. Les gens dansent, baisent, se droguent et boivent. C'est un bazar monstre. C'est le reflet de ce monde.
Mes épaules se relèvent afin de frôler le moins d'inconnus. Malgré cela, je trébuche sur des objets non-identifiés, me prends des substances bizarres sur la tête et les épaules. C'est un enfer, un enfer, je vais m'en sortir...
— Eh le gnome, viens me sucer avant que je te fourre !
Ce genre de phrases dont je me passerais bien. Et j'en écope une bonne vingtaine avant d'atteindre enfin la sortie. Mes poumons se rouvrent après une apnée un peu trop prolongée. Le souffle court, je m'adosse à un mur, dans un coin, afin d'éviter le passage d'opportuns.
Mais quel enfer !
Pas question de remettre les pieds ici demain. Et dire que j'abandonne Püpe dans cet endroit nauséabond. Avec un peu de chances, elle descendra de son perchoir après la bagarre.
Sous mon chapeau à grelots, ma tête fume comme un moteur de navette.
Des pas s'approchent. Je baisse la tête et mime des vomissements excessifs.
— Dis-donc, le semi-elfe, t'as abusé sur l'alcool ?
Aïe, le début des ennuis. Je redresse la tête et me trouve face à trois astres, pas assez bourrés pour les battre aisément et trop avinés pour les raisonner.
Leurs vêtements sales et débraillés reflètent parfaitement leur état second. Ils me fixent avec un sourire mauvais. Bon... Pas le choix.
D'un bond, je me jette sur eux, la dague au point. Pris au dépourvus, ils ne réagissent pas lorsque je tranche la gorge du premier. Le corps s'affale sur les dalles mais un sort violent me propulse contre l'avancée d'une corniche.
— Tu croyais qu'on ne pouvait pas se servir de magie ?
Ma tempe ouverte saigne abondamment et le liquide vital dégouline le long de ma joue pour se glisser dans mon cou. Devant moi, un des deux astres présents éteint le flux magique. Je n'ai jamais croisé une forme de sortilèges pareils.
— Nos Valas ont été endormis par nos sapiors, ricane-t-il, mais comme nous faisons partie de la nouvelle élite, nous bénéficions d'une magie technologique, haha.
Comme mon corps continue à tanguer, l'astre m'empoigne la gorge et me soulève douloureusement dans les airs. Je tente de me défaire de cette emprise en agitant mes pauvres petites jambes mais l'air qui me manquait déjà avant l'altercation, s'épuise totalement.
Conscient de mon malaise proche, mon agresseur me laisse m'éclater sur le sol avant que son complice m'attrape par le col et me traine derrière lui. Je reprends une grande goulée d'air mais ne trouve plus la force de me débattre.
Mon chapeau ridicule et ma dague s'éloignent au fond du couloir à mesure que les deux astres m'emmènent dans leur repère. La panique commence à pulser dans mon sang. Qu'est-ce qu'ils vont me faire ? S'amuser avec ma carcasse, sans aucun doute.
Comme une pauvre serpillère, je suis jeté violemment sur le tapis d'un salon. Dommage pour moi, d'autres salopards astres attendent gentiment que le repas soit servi. Et je n'ai guère envie de servir d'apéritif.
— Regardez ce que nous avons trouvé dans le couloir, cette sale crevure a tué Shoan.
— Il a l'air coriace, le gnome.
— Tu n'aurais pas pu en ramener d'autres, on va le finir en cinq minutes, celui-là.
— Allez vous en chercher, lui, il m'appartient.
Ah bah super, je ne cautionne pas vraiment cette déclaration. Encore une fois, on m'attrape par le collet et on m'aplatit sur une table. La bouteille qui trainait gentiment va enfin trouver une fin plus noble ; je m'en saisis et l'éclate sur la tête de l'autre connard.
Les astres, toujours avachis dans leur fauteuil ricanent de la scène alors que leur ami fulmine. Le sol se dérobe sous moi et je tombe sur le parquet avant de me relever en vue d'une fuite immédiate.
Mon deuxième ravisseur dégaine son épée et me tranche une cheville. Mon propre cri me déchire les tympans alors que le sang gicle de partout. Le tendon est sectionné, pas de doute. Impossible de marcher. Une main agrippe ma tignasse blanche pour me redresser et je sens la lame se loger sous ma gorge.
— Maintenant, le bouffon, tu vas arrêter de te payer plus longtemps notre tête.
Mon regard ne peut s'empêcher de s'attarder sur ma vilaine blessure : je vais me vider de mon sang !
— Tu te débrouilles comme un débutant, Riyul, glousse un de ses compagnons
Telle une poupée désarticulée, mon corps refuse de répondre correctement, même lorsqu'on aplatit mon visage dans les coussins d'un canapé afin de taire mes plaintes. Je crois que j'ai énervé le dénommé Riyul à en juger sa violence. Brusquement, il enfonce son épée dans l'épaule pour me clouer à même le sofa. D'un coup, je cesse de gigoter de peur d'empirer les blessures. À ce train-là, je finirai exsangue dans trois minutes. Au moins, je n'aurais pas le temps d'expérimenter la perversité de ces hommes. Terminer avec une bougie allumée dans le cul et de la merde dans la bouche, c'est pas pour moi. Même si je me serais bien passé des mains de l'astre sur mes fesses. De toute façon, la douleur m'empêche de vraiment réfléchir à ce qu'il m'attend.
— T'as intérêt à te magner, Riyul, il va bientôt crever.
— C'est pas vraiment un problème, haha, de toute façon, il n'aurait pas survécu après mon passage.
Je commence à partir, mes yeux se voilent et la douleur s'estompe dans mon sommeil croissant. Plus rien ne parvient à mes oreilles. Et pour cause ! Un silence de mort règne dans la pièce.
Je reprends une brusque respiration, étonné de ne plus sentir l'autre gros pervers se frotter contre mon postérieur.
Ma vision se stabilise sur l'état du salon : des giclées de sang recouvrent les murs et tous les astres gisent le crâne et les yeux éclatés. Un visage féminin entre soudain dans mon champ de vision réduit.
— Il est dans un sale état, mon oncle.
— Je le vois bien, Indil. Tu peux le soigner ?
— Je vais voir ce que je peux faire... Je ne promets rien...
Cette fois-ci, c'est une vraie magie qui se répand sur mes blessures et les panse avec douceur. Mes paupières s'alourdissent et se ferment pour de bon.
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